Après le titre et les célébrations grandioses du printemps, le BVB va subir un violent contrecoup au début d’automne 2011. Le club découvre les affres du football business, le retour en Ligue des Champions tourne au fiasco et la conservation du titre paraît illusoire après un début de saison raté en Bundesliga.
Le succès a un coût et le BVB va rapidement en faire l’amère expérience. On ne parle pas encore de l’invasion de troupeaux de touristes attirés par le nouvelle hype Dortmund qui vont envahir les tribunes et casser la magie du Westfalenstadion à grands renforts de billets achetés à prix d’or sur des sites illégaux, le phénomène deviendra surtout effectif à partir de la campagne de Ligue des Champions 2012-2013. Non, c’est d’abord la convoitise des grands et des riches d’Europe pour nos Jungs que va découvrir le Borussia. Et le premier à partir sera notre maître à jouer, le meilleur joueur de la Bundesliga 2011-2012, Nuri Sahin, qui quitte le club après le Meisterschale 2011 pour le Real Madrid. Pour remplacer le natif de Lüdenscheid, le BVB va chercher un enfant de… Herne-West, Ilkay Gündogan, qui sortait d’une saison grandiose à Nürnberg. Il raconte comment Klopp l’a convaincu de signer au Westfalenstadion lors d’une rencontre entre quatre yeux à l’aéroport de Düsseldorf : « Il m’a demandé « Quels seraient tes objectifs si tu viens ? » J’ai répondu : « Jouer aussi souvent et aussi bien que possible » Il m’a alors dit : « Tu vois, c’est la première erreur. Il ne s’agit pas de jouer le plus possible mais de donner le meilleur de toi-même quand tu joues. Je ne peux pas te promettre de jouer beaucoup. Cela ne va pas. Mais ce que je peux te promettre, c’est que tu peux apprendre beaucoup et, si nous exploitons tout notre potentiel, de connaître beaucoup de succès. » C’était la première fois dans le monde du football que quelqu’un me parlait aussi ouvertement et n’essayait pas de me peindre un ciel tout bleu. Il disait les choses ouvertement et directement et cela m’a fasciné. »
Mais, habitué à jouer dans un rôle plus offensif en Franconie, Ilkay Gündogan mettra six mois à s’imposer et s’adapter aux méthodes de Jürgen Klopp, notamment les interminables séries de sprint : « C’était extrêmement exigeant, c’était terrible. Mais les moments où l’on a surmonté une telle séance nous unissent encore plus étroitement à l’équipe. Mats Hummels râlait toujours mais il a toujours été au bout. Sur le terrain, j’avais peur de faire des fautes. Quelque fois, je n’avais pas compris ce qu’il voulait de moi et comment je devais intégrer le collectif, jusqu’à ce que le déclic se produise. J’avais remplacé Sven Bender, blessé, après 9 minutes contre Hanovre en février 2012. Je suis entré et tout a marché. C’est le moment qui a tout déclenché. J’étais prêt. Tout devenait naturel : Le style et la manière de jouer au football, avec les coéquipiers, avec Jürgen et son système. »
A l’automne 2011, le BVB retrouve aussi la Ligue des Champions et cela ne se passe pas comme prévu. Le club débute par un match nul contre Arsenal, sauvé sur une volée de Perisic à la dernière minute après avoir raté beaucoup d’occasions en début de match. Puis, il y a cette défaite à Marseille, un sec et sonnant 3-0, alors même que le BVB avait dominé dans la qualité de jeu et le nombre d’occasions : « Nous n’avions aucune expérience de la Ligue des Champions, raconte Hans-Joachim Watzke. Ni l’entraîneur ni l’équipe. Nous avons joué à Marseille, à Athènes, à Londres comme en Bundesliga. Mais on ne peut pas comparer les deux compétitions. En Champions League, chaque erreur est punie. Nous avons pressé comme nous le faisions depuis longtemps. Mais cela ne fonctionnait pas. Parce que ces équipes avaient plus de routine. C’était toujours le même scénario. Nous étions toujours clairement la meilleure équipe, nous avions les occasions mais nous ne marquions pas et nous perdions 0-2 ou 0-3. C’est pourquoi nous avons adapté notre style de jeu la saison suivante. »
Ilkay Gündogan confirme : « Nous étions encore trop naïfs. Nous étions tous très jeunes et en Ligue des Champions les équipes sont plus réalistes et sereines qu’en Bundesliga. Mais nous avons appris de nos erreurs et aussi dans mon propre jeu. » Après une nouvelle défaite au Pirée contre Olympiakos, le BVB décide de mettre un peu la Königsklasse entre parenthèse et les deux derniers matchs, à Londres contre Arsenal, juste entre les chocs contre Bayern et Schalke, et Bayern, sont un peu bradés. Le BVB finit dernier de son groupe avec quatre points et n’est même pas repêché en Europa League.
Si le retour en Ligue des Champions a été aussi compliqué, c’est aussi que le BVB n’était pas au mieux en championnat. Le départ de Sahin, les attentes beaucoup plus élevées sont difficiles à digérer. La saison commence par une défaite en Supercup à Herne-West contre le rival de toujours, Schalke 04 : c’est une compétition anecdotique mais un Derby c’est toujours un Derby et la défaite avait fait mal car nos Jungs avaient largement dominé la partie, sans pouvoir marquer, et avaient fini par s’incliner aux tirs au but. Puis, malgré une victoire en ouverture de saison contre Hambourg dans une ambiance grandiose, les résultats ne suivent pas. Mario Götze est expulsé à Leverkusen, le BVB concède trois défaites à Hoffenheim, Hanovre et même à domicile contre Hertha… Après six journées, le Borussia occupe la 11ème place, accuse huit longueurs de retard sur le Bayern Munich et semble avoir déjà perdu son titre. Beaucoup d’observateurs considèrent alors le BVB comme un champion sans lendemain, à l’instar de Stuttgart en 2007 et Wolfsburg en 2009. Lors de la septième journée, le BVB paraît devoir encore abandonner deux nouveaux points sur la pelouse de Mainz mais un tir dévié de Lukasz Piszczek à la dernière seconde offre une victoire miraculeuse aux Pöhler. Le début d’une remontée fantastique puisque le BVB ne perdra plus aucun match en Bundesliga jusqu’à la fin de la saison…
Si tu as manqué le début:
1er décembre : Revolution 09
2 décembre : Une défaite salutaire
3 décembre: Un rendez-vous presque manqué
4 décembre: A la conquête des cœurs
5 décembre: Goldene Zukunft braucht Vergangenheit
6 décembre: Un employé comme les autres
7 décembre: L’apprentissage
8 décembre: Le premier Derby
9 décembre: La désillusion
10 décembre: Les ruelles sombres
11 décembre: L’irrésistible ascension
12 décembre: En route pour la gloire
13 décembre: La consécration
Adaptation libre de « Ich mag, wenn’s kracht » Jürgen Klopp. Die Biographie. De Raphael Honigstein, éd. Ullstein extra, 2017.
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