La saison de Bundesliga du Borussia Dortmund a débuté de manière à la fois cauchemardesque et idyllique contre le FC Augsburg. Cauchemardesque comme ce but encaissé après 31 secondes, idylliques comme cette victoire 5-1 qui nous permet déjà de nous retrouver là où nous voulions être : à la première place du classement.

31 secondes. Trente et une secondes ! C’est le temps qu’il aura fallu au Borussia Dortmund pour encaisser son premier but de la saison 2019-2020. Un ballon récupéré par Augsburg, un une-deux sur le flanc droit, une défense complétement figée, sept Bavarois à l’assaut et Florian Niederlechner, le transfuge de Freiburg qui surgit entre Akanji et Hummels pour crucifier Hitz au pied de la Südtribüne. Comment expliquer une entame pareillement ratée ? Un excès de confiance après une présaison tellement réussie ? L’effet de surprise de voir Augsburg démarrer avec autant d’allant offensif ? Un manque de concentration ? On n’en sait rien mais toujours est-il que ce but précoce a éveillé en nous de funestes souvenirs. Car des entames de saison complètement foirées au Westfalenstadion, on en a connues. On pense à cette défaite 1-3 contre le MSV Duisburg en 2007-2008 qui avait donné le ton à une saison complètement ratée et au départ de Thomas Doll, remplacé par Jürgen Klopp. Il y avait eu aussi cette défaite 0-2 contre Leverkusen en 2010-2011, laquelle n’avait pas empêché le BVB de remporter le Meisterschale en 2010-2011. Mais, bien sûr, la parallèle le plus flagrant, c’est 2014-2015 : nous avions aussi abordé la saison avec beaucoup d’espoirs et d’ambitions, la préparation avait été convaincante et nous avions battu le Bayern 2-0 en Supercup. Exactement comme cette année. Puis était arrivé ce but de Karim Bellarabi après neuf secondes lors de l’ouverture de saison contre Leverkusen au Westfalenstadion. Nous avions finalement perdu 0-2 et il avait fallu six mois, une dernière place du classement en février, pour enfin remettre notre championnat sur de bons rails. On a craint de revivre pareil cauchemar. Enfin, seulement pendant deux minutes…

Freiheit für Owo und Nobby !

Ce but a d’autant plus fait figure de douche froide qu’il y avait beaucoup d’effervescence à Dortmund samedi. Une reprise de saison, quoi. On débute par un premier apéro dans mon musée officieux du BVB dans l’Innenstadt-Nord, puis un deuxième apéro sous forme de Käseparty (le formage suisse a toujours autant de succès à Dortmund) sur un parking du Westfalenstadion, quelques haltes dans les Biergarten.

Puis c’est l’entrée dans le stade, les bars sont pris d’assaut, on retrouve tous les potes, les tournées s’enchaînent, le YNWA claque dans le ciel un peu gris du Ruhrpott puis vint la Mannschaftsaufstellung de Norbert Dickel. On est content que notre Nobby soit bien là comme speaker. On avait craint qu’il soit privé de micro suite à la polémique stupide après son commentaire avec Patrick Owomoyela contre Udinese. A notre sens, le club aurait dû se contenter d’une simple réprimande, il n’était pas nécessaire de les priver de commentaires. Leurs blagues n’étaient peut-être pas du meilleur goût mais il n’y avait pas non plus de quoi crier au scandale : ceux qui écoutent la radio du club le font justement pour trouver des commentaires décalés et partisans. On espère qu’ qu’après avoir laissé bêler les dictateurs de la pensée unique et de la bien-pensance, Nobby et Owo retrouveront leur place et continueront de régaler les fans avec leurs commentaires. Cette expérience leur aura bien fait comprendre qu’en 2019 on ne peut pas rire de tout avec tout le monde. Parenthèse close. Des bières, du fromage suisse, des amis, Nobby, le plus beau stade du monde, une ambiance de feu, un magnifique hommage rendu à Manni Burgsmüller, tout était réuni pour un bel après-midi de football. Puis vint ce but…

La riposte immédiate

Notre grande chance, ça a été d’égaliser très rapidement. Il n’a fallu que deux minutes au BVB pour gommer ce faux-départ. Le temps pour Jadon Sancho de passer en revue la défense bavaroise, servir Marco Reus dont le centre, après un renvoi hasardeux du pied du gardien Koubek, trouve Paco Alcacer. Le Westfalenstadion respire un peu mieux ! C’était vraiment important d’égaliser rapidement : si cet avantage au score du FCA avait perduré, nos Jungs, avec la pression, les attentes, le stress, auraient pu se crisper et tomber dans la précipitation, à 1-1, nous pouvions déjà jouer de manière plus relâchée. Le FC Augsburg avait les deux dernières saisons initié un projet de jeu ambitieux et offensif. Mais une série de mauvais résultats a eu raison de cette audace ,avec le limogeage de l’entraîneur Manuel Baum, et le FCA a opéré un retour à des méthodes plus défensives pour assurer le maintien. Ce devrait à nouveau être le cas cette saison. Le nouvel entraîneur du FCA, le Suisse Martin Schmidt, a préparé son équipe en mode commando avec un camp de préparation dans son Valais natal avec au programme nuits dans le confort rustique des cabanes alpines, loin des luxes du Grand Resort de Bad Ragaz où nos Jungs ont préparé leur saison, réveils aux aurores et longues marches dans les montagnes. En termes de jeu, cela se traduit par une équipe regroupée devant son but. Passé cet assaut massif de la première minute, en mode Blitzkrieg, Augsburg n’a plus tenté la moindre attaque et ne s’est plus créé la moindre occasion de but. La suite du match s’est résumée à un long siège du but bavarois en mode attaque-défense. Stérile en première mi-temps, après l’égalisation d’Alcacer. Le BVB domine, archi-domine même, mais se heurte au gardien tchèque du FCA Tomas Koubek. L’ancien portier du Stade Rennais se détend superbement sur une frappe de Weigl, et sauve encore devant Reus et Alcacer.

Une histoire de gardiens

Depuis 15 mois, entre le BVB et le FCA, c’est une histoire de gardiens. Rappel : jusqu’au printemps 2018, Augsburg disposait d’un gardien solide avec Marwin Hitz. Puis le gardien suisse, en fin de contrat en Bavière, est venu proposer ses services au Borussia. Alors qu’il prévoyait initialement de confier le rôle de deuxième gardien au jeune Reimann, Hans-Joachim Watzke et Michael Zorc se sont ravisés devant l’opportunité de disposer d’un deuxième portier confirmé, sans avoir à payer d’indemnité de transfert. Et Marwin Hitz a posé ses valises à la Strobelallee. Privé de son titulaire et sans argent pour le remplacer, Augsburg avait alors choisi de confier ses cages à deux gardiens qui n’étaient jamais parvenu à s’imposer en Bundesliga, Fabian Giefer et Andreas Lüthe. Ni l’un ni l’autre n’ont donné satisfaction. Aucun d’entre nous n’a oublié le coup-franc légendaire de Paco Alcacer à la 93ème du match contre Augsburg en octobre dernier pour nous donner la victoire 4-3. Mais on n’oubliera pas que ce fameux coup-franc n’était pas si bien tiré et ne serait jamais rentré sans le positionnement douteux du gardien Lüthe. Au deuxième tour, le FCA avait obtenu en catastrophe le prêt d’Hoffenheim de Gregor Kobel. Le jeune Suisse avait excellé, on n’a pas oublié les miracles qu’il avait réalisés lors de notre défaite dans la Fuggerstadt (2-1), et il avait grandement contribué au maintien. Mais, cet été, Kobel a préféré s’engager en Zweite Liga avec Stuttgart plutôt que prolonger l’aventure à Augsburg. Retour à la case départ donc pour le manager Stefan Reuter, se retrouvant à nouveau avec son peu rassurant duo Giefer-Lüthe. Il a donc décidé, un peu en catastrophe en mode panic buy, juste avant la reprise, de s’attacher les services de Tomas Koubek pour huit millions d’euros, une somme relativement conséquente pour Augsburg. Samedi au Westfalenstadion, le moins que l’on puisse dire, c’est que le retour sur investissement n’a pas été évident. Ceci dit, on n’accablera pas le portier tchèque et on ne saurait lui imputer la responsabilité de la défaite bavaroise : en première mi-temps, il a retardé l’échéance à lui tout seul et il a été complètement abandonné par sa défense, on pouvait rêver mieux comme débuts en Bundesliga. En face, Marwin Hitz, au chômage technique depuis la 1ère minute, a fêté  se septième victoire en sept matchs officiels avec Dortmund.

La démonstration

Si le malheureux Koubek avait bien retardé l’échéance en première mi-temps, il va complètement craquer devant la déferlante jaune et noire en début de deuxième période, devant le mur jaune. A la 51e, c’est tout d’abord Axel Witsel qui s’offre un débordement tout en finesse sur la gauche, Koubek ne peut qu’effleurer le ballon et Jadon Sancho surgit au deuxième poteau pour marquer d’une frappe croisée dans le contre-pied du gardien. On s’est dit que ce but allait contraindre le FCA à sortir de son attitude ultra-défensive mais même pas. Le BVB a continué à mette la pression sur le mur augsbourgeois et les buts sont tombés comme des fruits mûrs. Un ballon relâché par Koubel permet à Paco Alcacer de servir Marco Reus pour le 3-1. Le gardien tchèque n’allait être guère plus heureux quelques minutes plus tard sur une frappe de Paco Alcacer qu’il ne peut qu’accompagner dans ses filets. 4-1, trois buts en huit minutes. Ce match, si mal engagé, était plié avant même l’heure de jeu ! Le Westflaenstadion pouvait sautiller, chanter et célébrer les siens. Nous avons constaté avec bonheur que le nouveau positionnement des groupes ultras en Blocks 12, 13 et 14 avait un effet positif sur l’ambiance. Même après l’ouverture du score, passé les quelques secondes de stupeur, le mur jaune n’a jamais cessé de pousser son équipe. Cela fait plaisir de retrouver le Westfalenstadion avec cette atmosphère-là après l’ambiance un peu tronquée de la Supercup. Et cela n’annonce que du bon pour la suite !

La fête

Dans la dernière demi-heure, nous avons donc surtout célébré notre équipe. Alors que dans les matchs amicaux, de nombreux joueurs avaient trouvé le chemin des filets, nos huit premiers buts en matchs officiels ont été inscrits par le trio infernal Reus-Sancho-Alcacer. Il a fallu attendre le neuvième pour trouver un quatrième buteur : Julian Brandt. Un peu perturbé par une blessure en fin de préparation, le transfuge de Leverkusen a fait samedi ses débuts en match officiel avec Dortmund. Quatorze minutes plus tard, il inscrivait son premier but en scellant le score à 5-1 en reprenant en centre d’Axel Witsel, déjà son deuxième assist de l’après-midi. Finalement, on a pu remiser au placard les souvenirs funestes des entames de saison ratée et nous souvenir que, douze mois plus tôt pour l’ouverture de la Bundesliga 2018-2019, le but concédé précocement contre le RB Leipzig n’avait pas empêché une victoire fleuve (4-1). On fait encore mieux cette année, même si l’adversaire n’est pas du même calibre, et cet après-midi si mal commencée s’est terminée dans la joie, la bonne humeur et les effluves de bière dans ces moments de communion avec nos Jungs que nous adorons tant.

Un message

Jamais depuis la prise du pouvoir du duo Hans-Joachim Watzke – Michael Zorc en 2005, le BVB n’avait aussi clairement formulé ses ambitions de Meisterschale que cette saison. Et dès la première journée, nous nous installons là où nous voulions être, soit à la première place du classement. Un message fort à la concurrence, même si seule compte vraiment la première place du classement après 34 matchs. Mais on préfère débuter ainsi que déjà sous pression avec deux points de retard, comme le Bayern Munich après son nul liminaire contre le Hertha Berlin. Mais c’est aussi un message envoyé à tous les entraîneurs qui, comme celui d’Augsburg, pourraient être tentés de parquer le bus devant leur goal pour contrer le rouleau compresseur jaune et noir. La manière dont le FCA s’est fait détruire, malgré sa défense regroupée, a démontré que ce n’était pas la solution miracle. Espérons que cela convaincra nos futurs adversaires de tenter leur chance avec un peu plus d’audace car on n’est pas très motivés à l’idée de voir une succession de matchs de handball cette saison. Première réponse ce vendredi à Köln. Cela fait très plaisir de retourner au Müngersdorf et de retrouver nos amis du Effzeh après une saison de purgatoire. Mais nous avons vu lors de quelques-uns de nos derniers déplacements dans la Domstadt que, une fois le match commencé, il n’y a plus d’amitié qui compte. La saison passée, les cinq points égarés sur la pelouse de deux néo-promus, Düsseldorf et Nürnberg, avaient beaucoup manqué au décompte final. On va maintenant jouer deux promus, Köln et Union Berlin, pleins d’enthousiasme dans des ambiances survoltées. Deux belles occasions de prouver que ce BVB 2019-2020 est encore plus fort que celui de la saison dernière…

Catégories : Au Stade

2 commentaires

EconomieSuisse · 23/08/2019 à 23:23

Méchamment envie de revenir voir un match du BVB avec toi. C’était contre qui le premier ? Y a une place pour moi contre Mainz ? Ou mieux a Mainz ?

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