Enfin, le BVB s’est offert une victoire nette et sans bavure contre le club en plastique de Leipzig. Le score de 4-1 est flatteur car il reste encore beaucoup de choses à améliorer mais c’est paradoxalement très prometteur : nous pouvons à nouveau gagner sans bien jouer, à l’énergie, à la volonté, ça laisse entrevoir de belles perspectives lorsque le collectif sera au point.

Depuis que Red Bull s’est mis en tête de créer une équipe de Bundesliga de toutes pièces, les fans du BVB ont été à la pointe de la contestation. Dès les premières tentatives, avortées, de Dietrich Mateschitz de racheter les historiques Lokomotive et Sachsen Leipzig, puis sa décision de finalement phagocyter l’anonyme SSV Markranstädt, des banderoles hostiles à ce projet débile ont fleuri en Südtribüne. Et la contestation s’est poursuivie au fur et à mesure que le jouet de Red Bull gravissait, à coup de dizaines de millions d’investissements, la hiérarchie du foot allemand. Mais, bien sûr, c’est sur le terrain et en confrontation directe que nous rêvions d’affirmer notre hostilité à la création de ce genre de clubs complètement artificiels.


Sauf que, jusque-là, lors de nos quatre premiers duels avec le RB, notre message avait été un peu brouillé : lors du premier match des Bullen à domicile en Bundesliga, notre équipe s’était inclinée sans vraiment combattre, premiers signes de la fracture qui n’allait que grandir entre Thomas Tuchel et certains cadres de l’équipe. Au retour, notre victoire 1-0 avait malheureusement été un peu reléguée au second plan par les incidents intervenus devant le stade et la campagne médiatique mensongère qui avait suivi. La saison dernière, à l’aller, la défaite au terme d’un match houleux au Westfalenstadion marquait le début de la fin pour Peter Bosz. Au retour, en Saxe, le duel s’était terminé sur un match nul un peu terne. Dimanche, nous avons enfin pu fêter cette victoire sans tache que nous attendions contre le RB Leipzig. Et rien que pour cela, nous devons déjà remercier notre équipe 2018-2019. Car, même si la contestation s’est faite un peu plus discrète (malgré quelques banderoles rafrachîssantes : « Tolérance zéro pour le RB Leipzig », « Red Bull donne des ailes, les pierres aussi » ou encore « Sept à l’international, la honte de l’Allemagne »), l’opinion de la Fanszene n’a pas changé : des machins complètement artificiels de ce genre n’ont rien à faire en Bundesliga.

L’histoire se répète

Et pourtant, c’était mal parti : après 31 secondes, Augustin profite d’un cafouillage entre Diallo et Witsel pour ouvrir le score. Rien de tel pour doucher l’enthousiasme primesautier qui sied toujours à un début de saison : le rendez-vous au U anti-RB, la joie de retrouver les potes, les Biergarten et notre cher Westfalenstadion, les espoirs d’une saison réussie, un Choreo haut en couleurs… Et patatras, toute cette joie, cette Vorfreude est douchée après moins d’une minute.

Le scénario est connu, on avait même fait pire en 2014-2015 avec Klopp et le but encaissé de Bellarabi contre Leverkusen après 9 secondes. On se souvient aussi que débuter le championnat à domicile un dimanche, cela ne nous a que rarement réussi, comme lors de Sonntagsspiele inauguraux en 2007-2008 avec Doll (1-3 contre Duisburg) ou 2010-2011 avec Klopp (0-2 contre Leverkusen). Et la manière dont notre équipe a géré les premières minutes nous a vraiment fait craindre un nouveau faux-départ. Pourtant, on savait que Leipzig, qui avait l’avantage d’avoir déjà six matchs officiels dans les jambes (cinq d’Europa League, un de Pokal) allait venir très fort, avec un pressing très agressif. Et il est clair que le système de jeu voulu par Lucien Favre, avec une exigence constante de repartir en passe courte depuis le but, est vulnérable face un adversaire qui vient nous chercher aussi haut. Il n’y aura sans doute pas beaucoup d’adversaires pour exercer un pressing aussi offensif mais j’ai l’impression qu’on va quand même trembler quelque fois en voyant des relances naviguer dangereusement devant Roman Bürki. En revanche, lorsque nous parvenons à déjouer le premier rideau adverse, on s’aperçoit que nous trouvons souvent des situations offensives et des espaces intéressants. Mais en attendant que le système soit vraiment rodé, il faut s’attendre encore à quelques frayeurs…

Les revenants Schmelzer et Dahoud

Mais même en étant empêtré dans le pressing des Bullen, le BVB va parvenir à égaliser sur sa deuxième vraie offensive, avec un centre parfait de Schmelzer pour une tête acrobatique de Dahoud. Ou quand deux joueurs très critiqués la saison passée nous remettent dans le sens de la marche avec un but superbe. Schmelle semble avoir été libéré par l’abandon du brassard de capitaine. Quant à Dahoud, c’est clairement un pari de Lucien Favre qui l’avait déjà lancé à Mönchengladbach et le tient en très haute estime. Forcément, notre entraîneur prend des risques en le privilégiant à des figures emblématiques du club comme Götze, Kagawa ou Sahin mais le Germano-Syrien dispose désormais d’un contexte idéal pour s’affirmer : un entraîneur qui lui fait confiance, deux gros travailleurs à ses côtés avec Witsel et Delaney, des flèches à lancer devant… Le talent il l’a, s’il peut acquérir un peu plus de lucidité et de justesse dans la dernière passe, il peut être l’une des révélations de la saison, après un premier exercice mitigé à la Strobelallee.

Le jeu plus que l’antijeu

Cette égalisation n’a pas complètement libéré nos Jungs. Il a fallu un miracle de Bürki, resté droit sur ses appuis et auteur d’un réflexe salvateur devant Augustin, pour empêcher Leipzig de repasser devant. Depuis son arrivée en Bundesliga, le RB se distingue par un jeu qui fait la part belle à la provocation, la simulation et l’antijeu. Et ce n’est pas avec l’arrivée de l’imbuvable Rangnick sur le banc que cela va changer. On en a eu la preuve ce dimanche : les Bullens multiplient les actes peu fair-play : les fautes s’enchaînent, Augustin vient allumer la Südtribüne puis sa lance dans des roulades que n’auraient pas renié Neymar. La saison dernière, le BVB en plein confiance de Bosz menait 1-0 et maîtrisait le sujet mais il était sorti de son match, notamment avec l’expulsion d’Aubameyang, face aux provocations des Bullen. Cette fois, nos Jungs ont su faire preuve de maturité et garder leur calme. Mieux : ils ont puni l’antijeu par le jeu. Sur une énième faute d’Upamecano, Marco Reus nous donne l’avantage sur coup franc. Nobby s’enflamme et annonce le centième but de notre capitaine en Bundesliga, il s’avère que sa frappe a été déviée dans ses propres filets par Sabitzer, le centième but devra attendre un peu. Mais pas trop longtemps… Nous allons même atteindre la mi-temps sur un score de 3-1 grâce à un corner de Pulisic, repris par Delaney, renvoyé par le gardien Gulacsi mais propulsé au fond par une bicyclette d’Axel Witsel.

Les balles arrêtées, enfin…

3-1 à la pause, c’était forcément un salaire royal après une première mi-temps tout sauf maîtrisée. Mais ce n’est pas complètement un hasard non plus : ce BVB semble disposer d’armes dont nous ne disposions pas les saisons précédentes. On commence par Axel Witsel. Le Belge a souvent été décrit comme un joueur vénal, décrié pour ses choix de carrière exotiques et ses déclarations de « vouloir mettre sa famille à l’abri ». Et pourtant, en un bout de match et un but libérateur à Fürth, une apparition aux Westfalenstadion, il a conquis le peuple jaune et noir. Dimanche, alors qu’il vient d’arriver et qu’il a manqué une bonne partie de la préparation, il s’est affirmé comme le patron à mi-terrain : il était partout, à la hauteur de ses centraux pour relancer, au pressing sur le gardien adverse, à la conclusion sur le 3-1… A ses côtés, Thomas Delaney est plus discret mais sa présence au duel est également très précieuse. Aki Watzke semble enfin avoir trouvé les Mentalitätspieler que nous réclamions depuis si longtemps… Et quand il s’agit de relever le défi physique d’une équipe comme Leipzig, c’est indispensable. Et puis, nous avons enfin pu compter sur les balles arrêtées pour faire la différence que nous n’arrivions pas à provoquer dans le jeu. Le deuxième but tombe après un coup franc, le troisième après un corner… Lucien Favre a toujours accordé beaucoup d’attention à ce secteur de jeu, si cela peut devenir une arme et non plus un handicap, cela nous permettra de gagner des matchs que nous perdions avec Tuchel, Bosz ou Stöger qui n’ont jamais vraiment trouvé la solution sur les Standardsituation. Défensivement aussi, nous nous sommes montrés beaucoup plus solides sur le balles arrêtées : Leipzig a tiré neuf corner, plusieurs coup francs et à chaque fois ou presque c’était un maillot jaune à la tombée du ballon pour écarter le danger. Cela aussi, c’est relativement nouveau…

 

Reus x 100

La deuxième mi-temps a été un peu plus décousue. Leipzig n’est jamais parvenu à vraiment prendre le match en main mais a plutôt poussé par ruades. Il est néanmoins toujours resté dangereux et il a fallu deux parades de classe mondiale de Roman Bürki pour s’éviter une fin de match tendue. Tant à Fürth que contre le RB, notre portier suisse a justifié la confiance de son entraîneur et prouvé qu’il appartenait à cette catégorie de gardiens qui peuvent gagner des matchs. Mais dimanche, il a aussi commis deux petites étourderies, un dégagement directement sur un attaquant adverse et un coup-franc curieusement relâché, pour nous rappeler le Bürki hésitant. A lui de gommes ces quelques petites fautes de concentration pour définitivement faire taire les aigris…
Le BVB n’a pas vraiment géré son avantage inespéré de manière souveraine. Nos Jungs paraissaient hésitants sur la stratégie à tenir, faire tourner le ballon, miser sur le contre, continuer à attaquer… Finalement, à part une magnifique action de jeu conclue par un gros raté de Dahoud devant le but ouvert, notre équipe n’a pas produit grand-chose après la pause. Et notre jeune charnière Diallo-Akanji a montré qu’elle devait encore trouvé ses marques alors que notre 4-3-3 laisse parfois entrevoir des boulevards béant sur les côtés. Mais cela a tenu, avec une grosse débauche d’énergie et finalement Marco Reus a mis à profit un délicieux service de Jadon Sancho pour inscrire le but de la délivrance dans les arrêts de jeu. Et cette fois, les statisticiens de la DFL ne pourront le priver de son centième but en Buli.

 

Spitzenreiter, Spitzenreiter, hey, hey !

Nous avions tous suivi d’un œil les résultats de la journée de Bundesliga, la défaite de Schalke, le deux premiers (malheureusement de loin par les derniers…) points offerts au Bayern par le corps arbitral et nous savions qu’une victoire par trois buts d’écart nous propulserait en tête du classement. Nobby avait à peine fini d’annoncer le but de Marco que le Westfalenstadion sautillait aux cris de Spitzenreiter, Spitzenreiter hey, hey… N’y voit aucune fanfaronnade ni projection sur l’avenir, juste la joie de retrouver une équipe dont on puisse être fiers. A la sortie du stade d’ailleurs, pas d’euphorie mais des sourires sur tous les visages. Je sais combien le BVB compte pour nous tous et c’était toujours douloureux la saison dernière de quitter notre temple en voyant la déception, la colère, la tristesse se lire sur tous les visages d’un peuple qui ne reconnaissait plus et ne se reconnaissait plus dans son équipe. C’était donc éminemment plaisant de revoir toute cette joie à la sortie du stade.

Des difficultés prometteuses

Pourtant, tout n’a pas été parfait et le score de 4-1 est très flatteur. Mais c’est, paradoxalement, riche en promesses. Lors des débuts de Thomas Tuchel et Peter Bosz, nous avions réussi des démonstrations éblouissantes face à des adversaires résignés et lors de matchs à sens unique. Mais lorsque les choses s’étaient compliquées, avec des adversaires plus agressifs, l’enchaînement des matchs, les terrains difficiles, notre équipe s’était retrouvée sans plan B. Lucien Favre a débuté directement dans le dur, tant à Fürth que contre Leipzig : un but de retard au tableau d’affichage, un adversaire mieux en jambes, un collectif pas encore au point… Et pourtant, à chaque fois, nous sommes repartis avec la victoire. Et quelque part, savoir qu’on peut gagner en ne jouant pas très bien, à l’énergie, à la rage, sur balles arrêtées, c’est très positif, c’est ce qui nous a souvent fait défaut les saisons passées. Lorsque le système de Lucien Favre sera mieux maîtrisé, avec un vrai attaquant de pointe, avec un Reus et un Pulisic qui peuvent apporter davantage que ce qu’ils ont montré dimanche, cela peut vraiment ouvrir des perspectives intéressantes. Pour une mise en bouche, 4-1 contre Leipzig, ça nous a mis en appétit et on se réjouit vraiment de la suite…

Catégories : Au Stade

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