Le symbole de la ville de Dortmund, c’est le « U ». U comme Union-Brauerei, la brasserie de l’Union Bier. Mais aussi comme l’union sacrée qui doit prévaloir dans un club de mineurs et d’ouvriers dans les moments difficiles. Dimanche, après cinq matchs sans victoire, on l’a mis en pratique pour retrouver, dans la douleur, le chemin du succès.
Depuis sa création, le Borussia Dortmund a été habitué aux coups durs. Et dans ces cas-là, c’est l’union sacrée autour de notre club et de notre équipe qui doit toujours prévaloir. On laisse les critiques et les pleurnicheries aux médias et aux Modefans, les supporters, eux, font bloc avec leur club favori pour la première phase un peu plus compliquée de l’ère Lucien Favre. Je le mets en pratique dès la samedi matin en passant au Getränkemarkt de mon quartier pour acheter une caisse d’Union Siegel Pils. Dans mon Fanclub, Borussenstern 1996, on s’est aussi demandé comment faire pour aider notre équipe à retrouver le chemin du succès. L’un d’entre nous a constaté que les grandes victoires de l’automne au Westfalenstadion, Augsburg, Bayern etc, avaient à chaque fois été précédées d’une Würstchenparty sur la place qui nous est réservée sur le parking du Westfalenstadion. Mais, avec l’hiver, le froid et la pluie, nous avions un peu diminué le rythme des Würstchenparty. Avec l’arrivée précoce du printemps, nous nous sommes dits, par superstition, que ressortir le gril et les saucisses, pouvait être une modeste contribution pour aider nos Jungs. Résultat : 80 saucisses grillées et dévorées avant le match et le BVB à nouveau victorieux ! Quelque chose me dit qu’on va organiser une Würstchenparty avant tout les matchs restants cette saison…
L’appel à la mobilisation
Dans le stade aussi, l’heure est à la mobilisation générale. Dans le programme de match, notre directeur sportif Michael Zorc rappelle que c’est dans ces moments là, un peu délicats, que notre équipe a besoin de la folie du Westfalenstadion. L’appel est relayé, via un flyer scotché sur tous les sièges du stade, par les Unity et autres groupes de la Südtribüne. Le constat est, sans surprise, sombre : l’ambiance au Westfalenstadion n’est plus tout à fait à la hauteur. L’appel est martial : celui qui va en Südtribüne vient là pour chanter, sinon il n’a rien à faire là.
Et le reste du stade est instamment prié de participer plus activement aux chants. Est-ce que cela a fonctionné ? Oui et non. Il y a effectivement eu des chants qui ont bien claqué dès l’échauffement, il y a eu des moments de grosses poussées, notamment en fin de première mi-temps, mais aussi quelques creux, en particulier juste après la pause. Mais, globalement, c’était encourageant pour un dimanche, où l’ambiance a traditionnellement toujours été un peu plus faible qu’un samedi 15h30. On dira que la reconquête est en marche ; néanmoins, il sera difficile de renouer avec la magie d’antan en constatant le troupeau de touristes qui se massaient devant le Fanshop avant le match, notre stade devient bientôt plus touristique que Barcelone au mois de juillet ; dans ce contexte, il sera difficile de retrouver la même folie qu’avant la finale de Ligue des Champions 2013. Mais il faut au moins essayer, cela peut être un atout décisif pour cette fin de saison.
Peter Bosz, fidèle à lui-même
Il faut reconnaître deux qualités à notre ancien entraîneur Peter Bosz, aujourd’hui à Leverkusen : il ne manque ni de courage ni de constance dans ses idées. Il joue sur le terrain du leader, devant 81’000 fans dans l’immense majorité hostile mais cela ne l’empêche pas de mettre en place son jeu offensif avec un Leverkusen qui prend d’emblée résolument le jeu à son compte. Etait-ce la bonne tactique ? Je n’en suis pas persuadé : au premier tour, les équipes qui sont venues nous chercher haut et ont pris le contrôle du ballon sont toutes reparties battues et avec pas mal de buts dans les valises : Leipzig, Leverkusen, Augsburg, Bayern, Atletico en deuxième mi-temps…
Je pense que, dans le contexte actuel, nous aurions été davantage embêtés par une équipe qui nous aurait attendus devant son but. Néanmoins, nous n’en menons pas large pendant les 25 premières minutes. 70% de possession de balle pour la Werkself, un BVB largement dominé, heureusement que notre défense a su faire le gros dos dans ces moments là. On a apprécié le retour de Manuel Akanji, c’est lui le vrai patron de notre défense et son absence a sans doute été au moins aussi préjudiciable que celle de Marco Reus. Lorsqu’il aura retrouvé le rythme de la compétition, cela devrait stabiliser notre arrière-garde et éviter des couacs du genre Brême ou Hoffenheim. Néanmoins, nous devons concéder à Vizekusen les trois premières occasions, heureusement elles se soldent par trois frappes non cadrées.
Noch Fragen, Herr Volland ?
On imagine qu’en grand perfectionniste qu’il est, Lucien Favre n’a guère dû goûter à la manière peu convaincante dont nous avions tirés nos corners à Nürnberg. Et que nos Jungs ont dû avoir droit à quelques séances prolongées de rattrapage en la matière. Cela fonctionne : sur notre premier Eckball, nos deux centraux sont à la réception du centre de Sancho, Akanji est trop court mais ouvre l’espace pour Dan-Axel Zagadou qui ouvre la marque à bout portant. Le dix-huitième buteur schwarzgelb cette saison. On jouait depuis trente minutes. Clairement, les balles arrêtées vont être l’une des clés de cette fin de saison ; la veille, le Bayern s’était sorti du piège berlinois sur corner, il va falloir que nous aussi nous retrouvions une certaine efficacité dans ce domaine.
On espérait que ce but libérerait nos Jungs mais malheureusement, sept minutes après l’ouverture du score, Volland va égaliser d’une frappe un peu surprenante à 18 mètres. L’ex d’Hoffenheim s’empresse de venir stupidement et gratuitement allumer la Südtribüne. Fort heureusement, cette provocation idiote va rapidement recevoir la meilleure réponse possible : un but du BVB moins d’une minute plus tard. Je suis toujours assez circonspect sur le positionnement d’Abdou Diallo comme latéral gauche mais, sur le coup, le Français adresse un centre parfait pour son premier assist avec le BVB. La volée croisée de Jadon Sancho est somptueuse et nous permet d’atteindre la mi-temps avec un but d’avance.
Ihr macht unserem Sport kaputt
Après la pause, Leverkusen est moins dominateur dans la possession de balle, nos Jungs paraissent mieux contrôler le jeu. Et vont même prendre deux longueurs d’avance à l’heure de jeu, après un centre dévié d’Hakimi qui permet à Mario Götze de marquer le 3-1 d’une frappe précise. Confirmant ainsi son retour en forme, lui est impliqué sur six buts dortmundois lors des sept derniers matchs. Le stade est en liesse et explose même quand Paco Alcacer inscrit le 4-1 trois minutes plus tard. Sauf que le juge de touche a signalé tardivement un hors-jeu. J’étais à peu près persuadé que la passe avait été donnée dans le bon timing et que la VAR allait – pour une fois – servir à quelque chose. Même si je chante le « ihr macht unseren Sport kaputt » avec la Südtribüne pour protester contre la VAR, j’avais bon espoir que ce gadget nous amène une fois un but. Espoir déçu : alors même que les images semblaient démontrer l’absence de hors-jeu, le but demeure annulé. Ce truc ne sert vraiment à rien !
Tous ensembles
Du coup, avec « seulement » deux buts de retard, Vizekusen a continué à y croire. Bürki réussit deux parades de classe devant Volland et Alario mais il doit s’avouer vaincu sur un coup de tête de Tah après un coup-franc. Après Hoffenheim et Brême, c’est le troisième but que nous encaissons devant la Nordtribüne après un coup-franc au milieu de notre camp de défense, encore un motif de cogitation pour Lucien Favre. 3-2, quinze minutes à jouer, le spectre d’Hoffenheim plane sur le Westfalenstadion où l’atmosphère commence à devenir irrespirable. Et ce d’autant plus que l’arbitre se met à faire n’importe quoi, en ne sanctionnant pas plusieurs interventions plus que limites de Neverkusen. On tremble lorsque Sancho et Witsel restent à terre après des ruades adverses non-sanctionnées, on tremble à chaque fois que les Rheinländer s’approchent de nos buts, on tremble lorsque Bruun Larsen manque la balle de 4-2 à quatre minutes de la fin, on tremble lorsque l’arbitre annonce cinq interminables minutes d’arrêts de jeu. Mais finalement, on a tenu bon, nos Jungs sur le terrain et nous en tribunes avec nos encouragements et nos sifflets pour un adversaire assez détestable dans les dernières minutes. On avait presque failli oublier la joie simple de célébrer une victoire avec notre équipe après une victoire…
A nouveau sur la bonne voie
C’est d’ailleurs une équipe ce Leverkusen 2018-2019, capable du meilleur comme du pire, avec Heiko Herrlich comme avec Peter Bosz. Une équipe qui a déclassé le Bayern Munich mais s’est faite sortir sans gloire par Heidenheim en Pokal et Krasnodar en Europa League. Il n’empêche : c’était la meilleure équipe du deuxième tour, depuis l’arrivée du Hollandais. C’est donc une grosse performance qu’ont réalisé nos Jungs, même si notre performance a été assez inégale, avec un début et une fin de match assez compliqués. Et puis c’était important de montrer qu’on est aussi capable de gagner sans Marco Reus. J’adore Marco et je souhaite, comme tout le monde, le revoir le plus vite possible sur un terrain. Mais ce feuilleton hebdomadaire « jouera, jouera pas » puis le concert de lamentations à l’annonce de son forfait me fatigue : aucun joueur, tout Marco Reus qu’il fusse, n’est plus grand que le club et, même s’il n’est bien sûr pas possible d’avoir un joueur de sa classe pour le remplacer, on doit pouvoir trouver des solutions pour compenser son absence sans trop de dégâts. Nous l’avons fait contre ce redoutable Leverkusen après un match finalement mieux maîtrisé qu’à l’aller.
Un vrai soulagement après cinq matchs sans victoire : non, le BVB n’est pas en crise. D’ailleurs, je constate qu’il y a trois semaines, il y avait trois prétendants au Meisterschale. Après notre période de « crise », nous ne sommes plus que deux : certes, le Bayern s’est rapproché mais nous avons tout de même profité de cette période délicate pour écarter sans doute définitivement Mönchengladbach. Pas mal pour un club en « crise ». Après il ne faut pas être dupes : de même que nous n’avions pas complètement perdu notre jeu pendant notre série sans victoire, de même tous les problèmes ne sont pas résolus avec cette victoire. Mais nous sommes repartis dans le bon sens. Prochain étape : Augsburg, toujours un déplacement compliqué et l’un des adversaires qui nous a posé le plus de problème au premier tour. Mais tous ensembles, nous allons descendre en Bavière pour franchir une marche supplémentaire vers notre rêve. Tous unis. Comme le proclamait le flyer des ultras : Auf dem Weg zum Ziel, keiner kann uns halten !
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