Au cœur du complexe qui symbolisa jadis la folie des grandeurs puis la destruction du IIIème Reich, le Borussia Dortmund a lui aussi pu mesurer que la frontière qui sépare le succès de l’échec est parfois mince. Face à un adversaire battu 7-0 à l’aller, le BVB doit se contenter d’un misérable score nul et vierge. Et, alors que deux semaines plus tôt, tout semblait lui sourire, il craint maintenant de tout voir s’écrouler après cinq matchs sans victoire.

Nuremberg est à nouveau à l’affiche de la Bundesliga. Et cela fait plaisir. Dans l’ombre de son château qui domine la ville, la cité franconienne est l’une des rares qui a pu préserver toutes ses portes historiques.

A chaque coin de rue, tu tombes sur une église ou un monument médiéval.

La ville est traversée par deux rivières, la Rednitz et la Pegnitz, se séparant en divers canaux parcourus de nombreux ponts aussi pittoresques les uns que les autres.

Comme la température est printanière, les terrasses et les Biergarten sont de sortie, on en profite pour prendre un peu de bon temps. On ne regrette pas d’avoir coché ce déplacement à notre programme, c’est vraiment une ville très agréable et on n’est vraiment pas sûr qu’elle sera toujours à l’affiche de la Bundesliga la saison prochaine.

Non aux matchs le lundi

Mais quand vient l’heure de partir pour le stade, la nuit est tombée. Et la température aussi, d’une vingtaine de degrés. Même l’architecture est plus glaciale : le Max-Morlock-Stadion est situé au cœur du Reichsparteitagsgelände, le complexe pharaonique du IIIe Reich, là où avaient lieu les gigantesques parades nazies immortalisées par Leni Riefenstahl. Le Frankenstadion est un fait l’un des derniers vestiges restants de cet endroit démesuré, le « petit » stade du complexe, qui servait pour les défilés de jeunes hitlériennes. Mais je te ferai la visite une prochaine fois, lors d’une venue prochaine, diurne cette fois, du côté de l’antre du FCN.

Drôle d’endroit donc et drôle d’ambiance : comme à chaque match du lundi, des boycotts sont organisés. Nos ultras et de nombreux groupes de la Südtribüne ont boudé le déplacement. Nous sommes tout de même 6’000 Borussen mais beaucoup font la grève des chants, même quand il s’agit de rappeler aux fans locaux leur amitié avec Schalke 04. Il y a bien eu quelques tentatives de faire démarrer des chants mais force est de constater que ce n’était vraiment pas le soutien habituel que nos Jungs ont reçu.

Ce n’était guère mieux pour les locaux : même si son stade, avec sa piste d’athlétisme, n’a jamais fait partie des ambiances les plus réputées d’Allemagne, le 1. FCN possède l’une des stades ultras le plus actives du pays. Mais eux aussi étaient en mode boycott : grève des chants, à part quelques poussées, drapeaux en berne, Choreo noir un peu sinistre, jets de balles de tennis, Pyros noirs…

Ces matchs du lundi sont vraiment la plaie du football. Heureusement, les clubs ont déjà annoncé qu’ils allaient y mettre un terme dès la saison 2021-2022 mais, en attendant, il faudra se les coltiner, à raison de cinq par saisons. On pourrait au moins espérer que le préposé au calendrier répartisse ce fardeau entre les différents clubs mais ce serait trop demander. Après Augsburg la saison dernière, c’est déjà notre deuxième Monntagsspiel. C’est encore pire pour Nürnberg : sur les trois matchs du lundi organisés jusque-là cette saison, c’est déjà la deuxième fois qu’ils en sont victimes. Alors que d’autres clubs en sont exempts… Les dirigeants du foot allemand sont vraiment à pleurer.

Le bus

C’est dans ce contexte un peu étranger que notre équipe devait tenter de se rassurer après les désillusions d’Hoffenheim, Brême et Tottenham. Pas le contexte idéal, surtout que le Glubb venait de changer d’entraîneur. Exit Michael Köllner et son jeu plutôt ouvert, qui nous avait un peu facilité la tâche au match aller. Dernier du classement, avec un duo d’entraîneurs intérimaires, Nürnberg cherchait surtout à se rassurer. Et la manière la plus facile de le faire, c’était de poser le bus devant le but.

On y’a attendait, c’était prévisible mais nous n’avons pas su déjouer le piège. Pourtant, même avec les absents, même contre un adversaire regroupé, nous aurions dû être capables de faire la différence. Mais, rapidement, nous nous retrouvons avec le scénario de match que nous redoutions : une possession stérile dortmundoise, sans rythme, sans idées, avec peu d’occasions. Il faut même un grand Bürki pour éviter l’ouverture du score du Glubb sur une frappe de Behrens. Nous reprenons espoir dans le dernier quart d’heure avant la pause, mais Mario Götze voit ses frappes détournées à deux reprises par le gardien Mathenia, très décrié jusque-là mais qui avait décidé de jouer les héros ce lundi soir.

Rien à signaler

Cette timide accélération de fin de première mi-temps ne s’est pas poursuivie après la pause. A part une nouvelle parade de Mathenia devant Götze et un but de Bruun Larsen annulé pour hors-jeu, il n’y a vraiment rien à retenir de notre seconde période. Juste une balle qui tourne dans la vide sans rien produire ni rien tenter pour déstabiliser le bunker adverse. Bref, à une belle journée dans la cité franconienne, a succédé une triste soirée au stade. Le match se termine sur un score nul et vierge finalement assez conforme à la physionomie du match. Nous ne méritions sans doute pas plus que cela dans un match cadenassé à double tort et où nous n’avons pas su nous donner les moyens de forcer le verrou adverse. Même pas sur balles arrêtées : nos nombreux corners n’ont, à nouveau, débouché sur aucune occasion dangereuse et, pourtant, dans un match aussi fermé, avec autant de difficultés à nous créer des occasions dans le jeu, qu’est-ce qu’un but « gratuit » sur corner nous aurait fait du bien !

La loi des séries

C’est souvent comme cela que ça se passe dans le football : il y a des périodes où tout rigole et, où même sans très bien jouer, tout tourne de ton côté. Nous l’avons vécu l’automne dernier. Ce sont des corners qui rentrent, un arbitre qui donne un coup franc généreux et le laisse tirer au-delà du temps additionnel contre Augsburg, un gardien adverse qui se troue, des poteaux qui tournent de ton côté… A l’inverse, dans une période creuse, c’est l’inverse : un arbitre qui ne va pas regarder la VAR après une intervention très litigieuse sur Sancho ou ne laisse pas tirer un corner en raison des balles de tennis alors que le temps additionnel n’était pas échu, des poteaux qui ne rentrent pas comme contre Hoffenheim, des blessures qui s’enchaînent… Actuellement, nous sommes dans une telle période et les petits détails qui faisaient la différence pour nous au premier tour tournent en ce moment en notre défaveur.

Kopf hoch, Jungs !

Ceci dit, il ne sert à rien de tomber dans la sinistrose ni de pleurnicher sur la malchance. Notre équipe réalise une saison magnifique jusque-là et personne ne pourra nous enlever toutes les belles émotions déjà vécues. C’est vrai qu’il y a trois semaines, nous étions encore en course en Pokal, en Königsklasse et largement en tête de la Bundesliga. Nous devons désormais remiser nos rêves en Coupe et, probablement, en Ligue des Champions, alors que la Bundesliga s’est nettement resserrée. Et alors ? En début de saison, nous aurions tous signé pour nous retrouver là où nous en sommes ce stade-là du championnat. Nous avons toujours été conscients que notre réussite avait été maximale à l’automne et que notre bonne fortune ne tenait pas qu’à la qualité du jeu présenté ou de l’effectif à disposition. Maintenant, c’est à nos joueurs, mais aussi à nous, de forcer le destin : nous vivons une très belle saison mais si nous voulons mettre une cerise sur le gâteau en mai prochain, il ne tient qu’à eux sur le terrain, à nous en tribunes, d’inverser cette spirale négative.

Et sans attendre le retour de Marco Reus comme le Messie : on savait que Marco est fragile et qu’il a besoin de pauses dans une saison, on doit pouvoir être capable de gagner sans lui ; son retour ne résoudra pas tous les problèmes, d’ailleurs le match de Nürnberg a beaucoup ressemblé à celui d’Hanovre en début de saison et notre capitaine était bien présent ce jour-là. Donc, avec ou sans Marco, il faut que chacun en fasse un peu plus. Les trophées, ils ne se gagnent jamais quand tout rigole et que ton équipe aligne les démonstrations de football. Ils se gagnent dans la difficulté et la douleur, là où il faut montrer sa force de caractère. Dimanche, nous recevons Leverkusen, redoutable depuis le début du deuxième tour et l’arrivée de Peter Bosz. Mais aussi, sauf si notre ancien entraîneur a pas complètement changé sa vision du football pendant son année sabbatique forcée, un adversaire qui ouvre le jeu et qui aura un match d’Europa League dans les jambes moins de 72 heures plus tôt. Si on entre dans le match en pleurnichant sur les blessés, notre avance qui a fondu au classement ou le manque supposé d’ambitions de notre club, on n’aura aucune chance. En revanche, si on montre qu’on peut être forts et qu’on a tous ensemble envie d’écrire une page glorieuse de notre club, alors il reste encore la place de reprendre notre marche en avant et de conclure par un épilogue heureux la belle histoire qu’écrit notre équipe depuis le début de la saison. Grandeur ou décadence, c’est maintenant qu’il faut choisir.

Catégories : Au Stade

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