Neuf siècles avant Hoppy Kurrat, Matthias Sammer, Sebastian Kehl, Sven Bender ou Thomas Delaney, la sentinelle de la Ruhr, c’était le château de Volmarstein qui dominait la rivière éponyme, au sud de Dortmund. Aujourd’hui, il n’en reste plus qu’une ruine mais c’est l’un des plus jolis coups d’œil du Ruhrpott et un lieu de festival. Du moins quand la sécheresse ne sévit pas sur la région…

Le château de Volmarstein a été érigé en 1100 de notre ère par l’Erzbishof Friedrich I. von Schwarzenburg, l’archevêque de Köln. C’était un point de contrôle important sur la route reliant Enneptal à Soest, le long de la Ruhr, au sud de Dortmund, juste avant Hagen. Le château a été assiégé et en partie détruit en 1288 après la bataille de Worringen par le comte Eberhard I. von der Mark, un lointain ancêtre du comte qui tentera, un siècle plus tard, de conquérir Dortmund, lors de l’attaque repoussée commémorée chaque année lors de la Pfefferpotthastfest. A partir de cette date, le château est passé sous le contrôle des Comtes de la Marck, qui l’ont reconstruit. Situé à la limite du territoire des Comtes de la Marck et de Brandebourg, idéalement perché sur un promontoire dominant toute la vallée de la Ruhr, le château a fait l’objet d’incessantes luttes de pouvoir entre le 13ème et le 14ème siècle, passant de mains en mains et étant plusieurs fois détruit et rebâti.

Toutefois, aux grés des alliances et des batailles, le château a peu à peu perdu de son importance dès le XVème siècle ; le dernier seigneur de Volmarstein, Johann von Volmestein, est mort en 1430 et le château est peu à peu tombé à l’abandon. En 1754, un incendie qui a ravagé le château et le village qui l’entourait a définitivement achevé sa déchéance, les habitants ayant utilisé les pierres pour reconstruire leurs maisons. Et, en 1830, un ouragan a emporté la moitié de la dernière tour restante… C’est pourquoi on ne parle plus aujourd’hui que de la Burgruine de Volmarstein.

(Schönes) Wetter

Pour découvrir Volmarstein, il faut se rendre à Wetter (Ruhr), quinze minutes de train régional au sud de Dortmund. Et si tu me passes le jeu de mots, il vaut mieux se rendre à Wetter par beau temps. C’est une petite ville située à l’endroit où la Ruhr quitte l’Hakortsee, l’un des deux lacs contigus, avec l’Hengsteysee, traversés par la rivière au nord d’Hagen, un lieu de loisirs bien connu des Dortmundois. A la sortie de la gare, on traverse la Ruhr puis le sentier monte à flanc de coteau dans la forêt.

Pour nous autres Suisses, habitués aux montagnes et aux paysages vallonnés, le côté désespérément plat du Ruhrgebiet nous désoriente parfois un peu alors nous sommes très contents quand nous pouvons grimper sur une aspérité, aussi modeste fut-elle. L’endroit est un peu inquiétant : le long du sentier, un grillage imposant traverse la forêt avec interdiction formelle de le franchir : danger de mort.

On n’a pas trop cherché à savoir ce qui se trouvait derrière mais cela ressemblait à des bunkers. On finit par sortir de la forêt pour déboucher dans les quartiers résidentiels de Wetter. Puis nous arrivons enfin en vue de château perché au sommet d’un joli quartier avec des maisons à colombages, une église, deux ou trois bars, un hôtel et un Biergarten qui avait l’air sympathique mais malheureusement fermé lors de notre visite.

Ruine

Comme son nom l’indique, il ne reste pas grand-chose du Burgruine Volmarstein. Une moitié de tour se dresse encore fièrement dans le ciel bleu estival du Ruhrpott mais c’est à peu près tout.

Il subsiste également quelques vestiges de remparts et, en contrebas, les restes des fondations laissent deviner que jadis le château avait dû être imposant.

L’endroit reste sympathique, avec le chant des crickets et la végétation qui recouvre peu à peu les vieilles pierres. Et puis, la vue est magnifique : au bas de la colline, la Ruhr sillonne langoureusement dans les champs, une écluse marque la fin de l’Hakortsee et, au loin, on distingue l’Hengsteysee et les collines d’Hohensyburg qui abritent une autre ruine célèbre du Ruhrpott.

Enfin, presque magnifique : comme c’est souvent le cas dans la Ruhr et contrairement aux idées reçues, il peut y avoir des endroits plutôt bucoliques mais il faut absolument qu’une affreuse verrue vienne gâcher le paysage. En l’occurrence, c’est une gigantesque cheminée en arrière-fond et une série d’entrepôts au premier plan qui font un peu tache dans le cadre.

Festival

Le Burgruine Volmarstein est surtout aussi célèbre pour les festivals qui s’organisent au pied de la tour rescapée, sur les fondations et les contreforts en ruine du défunt château : il y a eu le Rock auf der Burg, l’Irish Folk Festival et désormais le O’Reilly Open Air.

C’est pour ce dernier, un festival celtique au mois d’août, que nous avions entrepris le déplacement de Volmarstein. Pas de chance pour le côté celtico-médiéval pittoresque : la sécheresse régnait sur le Ruhrpott cet été et c’était trop dangereux de tenir le festival, avec son forgeron, ses cracheurs de feu et autres risques inflammatoires dans les décombres végétalisés du château.

Le festival a donc été déplacé en contrebas, sur les bords de l’Hakortsee. Le cadre était peut-être un peu moins pittoresque mais c’était très sympa quand même. Nous l’avions déjà constaté lors de l’ExtraSchicht : les Highland Games ont la cote dans le Nordrhein-Westfalen. Je m’essaie au porter du caillou à bout de bras : ça a l’air facile, la première minute ce caillou paraît léger comme une plume mais ensuite la douleur dans les bras devient insoutenable et je suis contraint de lâcher prise avant même les deux minutes.

Pas beaucoup plus de succès au lancer du caillou et au tir à la corde où l’équipe des infirmiers du festival s’avère imbattable.

Normal : ce sont les seuls à être sobres car la Guiness, la Kilkenny et l’hydromel coulent à flot. Un festival celtique, quoi ! Les groupes s’enchaînent sur la scène, notamment un groupe de rock celtique alsacien qui met le feu au public. Ce n’est pas forcément ma tasse de thé (ou d’hydromel) mais il faut reconnaître que c’est assez entraînant. C’est sûr : on reviendra, en espérant que cette fois-ci le festival puisse se tenir dans les ruines de Volmarstein.


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