Face au Bayern Munich, le BVB n’a pas livré un mauvais match et n’a été inférieur au Rekordmeister ni dans le jeu ni au décompte des occasions de but. Mais la différence s’est faite au niveau de la réussite, de la confiance et des individualités. Il y a un mois, ce match, nous l’aurions probablement gagné mais, depuis lors, la dynamique des deux clubs s’est inversée. Et c’est nous qui sommes dans une spirale négative dont il s’agit de sortir de toute urgence. Mais avec intelligence et sérénité.
Au risque que mon opinion apparaisse comme incongrue dans le climat de sinistrose et de catastrophisme dans lequel certains veulent enfoncer notre club, je trouve que notre équipe n’a pas si mal joué dans ce Spitzenspiel contre le Bayern Munich. En fait, notre performance a été, dans son contenu, bien meilleure samedi dernier que lors notre demi-finale de Pokal victorieuse au printemps dernier à l’Arroganz Arena où nous avions été surclassés pendant la moitié du match avec une équipe complétement désarticulée ; nous n’avions alors dû notre salut qu’à la maladresse des attaquants bavarois, à quelques sauvetages homériques de Bürki et Bender pour ne pas subir une déroute monumentale avant de miraculeusement retourner la situation sur la fin. Samedi, notre plan de jeu était plus cohérent, mieux maîtrisé. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : le BVB est devant dans toutes les statistiques : tirs, corners, passes réussies, duels gagnés, occasions de but… Toutes sauf une, malheureusement la plus importante : le tableau d’affichage. Et dans un football moderne où, de plus en plus, ne compte que l’immédiateté du résultat, où l’on ne prend même plus la peine d’analyser ni même de regarder les matchs, cela suffit à donner à cette défaite des allures de naufrage, malgré la réalité de ce qui s’est passé sur le terrain.
Nuages et obscurité sur le Westfalenstadion
Les derniers résultats et performances des deux formations ne parlaient guère en faveur de nos Jungs avant le match. Mais, en découvrant notre stade plus beau que jamais sous le ciel bleu azur de l’été indien du Ruhrpott, je tente de me persuader que l’exploit est possible. J’y reviendrai mais nous avons une équipe de « beau temps » et c’est surtout par météo perturbée que nous avions égaré des plumes cette saison en Bundesliga, Freiburg, Frankfurt, Hannover… Sauf que le vent qui balaie la Strobelallee finit par ramener les nuages sur notre Heimat et, horaire d’hiver oblige, l’obscurité envahit le Westfalenstadion avant même que nous ne parvenions devant le Gelbe Wand. Il en ira malheureusement de même sur le terrain.
La zone faible
Pourtant, le début de match est équilibré, Aubameyang et Lewandowski ont l’occasion de partir seul au but mais sont rattrapés par un tacle salvateur de Süle d’un côté, Sokratis de l’autre. Avant le match, nous nous disions que, vu la fragilité mentale de nos Jungs, il fallait absolument éviter d’encaisser le premier but trop rapidement. Patatras, le Bayern marque sur sa première occasion. A l’origine, il y a peut-être une petite faute sur Weigl, le redressement spectaculaire du Bayern doit d’ailleurs sans doute autant à une série de cadeaux du corps arbitral qu’à l’effet Heynckes mais, soyons honnêtes, ce match nous l’avons pas perdu à cause de M. Ittrich, même si celui-ci nous a souvent irrité, notamment dans sa distribution très partiale des cartons. Bref, toujours est-il qu’une fois le ballon récupéré, Rodriguez transmet à Robben qui marque de sa sempiternelle frappe enroulée au deuxième poteau. Faute ou pas à l’origine, ce but permet de constater nos faiblesses à la récupération dans cette zone fatidique à la sortie de la surface de réparation, que ce soit devant nos buts ou celui de l’adversaire. C’était l’une des grandes forces du BVB de Jürgen Klopp, ces ballons récupérés à vingt mètres de nos buts, pour empêcher l’adversaire de repartir à l’attaque et nous-mêmes lancer une rupture éclaire, ou à vingt mètres du but adverse pour poignarder dans le dos une défense en train de remonter. C’est à l’endroit même où Weigl perd ce duel fatidique que Kevin Großkreutz avait récupéré le ballon permettant à Lewandowski de marquer le but du Meisterschale contre ce même Bayern en 2012… Malheureusement, en l’absence de vrais milieux récupérateurs, nous sommes devenus très vulnérables dans cette zone. L’autre grief que nous pouvons faire à nos Jungs sur cette action, c’est que cela fait dix ans qu’Arjen Robben marque le même but et pourtant, malgré un surnombre jaune et noir, il ne s’est pas trouvé un seul des nôtres pour fermer au Hollandais le seul angle de tir qu’il pratique. Il y a vraiment des choses à revoir dans cette défense…
La scoumoune
Nos Jungs n’ont pas trop mal encaissés ce coup dur. Yarmolenko aurait pu et dû égaliser mais il oublie de piquer son ballon seul devant un Ulreich déjà à terre. Et puis la réussite nous boude en ce moment : le tir de Kagawa est dévié sur l’extérieur du poteau, celui de Lewandowski est dévié hors de portée de Bürki. Au lieu de 1-1, cela fait 0-2, forcément ce n’est plus le même match. Et la suite est de la même veine : Yarmolenko échoue une nouvelle fois devant Ulreich après s’être lui-même fermé l’angle de tir, Aubameyang perd lui aussi son duel face au gardien bavarois et nos deux héros malheureux gabonais et ukrainiens du jour parachèvent leur œuvre maléfique en se gênant alors qu’ils étaient à sept mètres du but. Le Bayern lui, implacable, marque, sans même le faire exprès, un centre d’Alaba qui abuse tout le monde pour le 0-3. Mais si l’on excepte deux belles parades de Bürki, sur un tir de Lewandowski en première mi-temps, une tête en seconde, le Bayern n’a pas été si dangereux que cela. Mais eux, ils ont marqué. Contrairement à nous. Sinon sur une frappe magnifique de Marc Bartra, copie conforme du but qu’il avait inscrit en ouverture de saison à Wolfsburg, mais c’était trop tard. Même s’il n’a manqué que quelques centimètres à Castro pour nous ramener à une longueur dans les arrêts de jeu. Mais notre chance nous l’avions laissée passer bien avant.
Ils sont où, les Mentalitätsspieler ?
Si, en soi, cette défaite n’a rien d’infamant, rien à voir avec le naufrage d’Hanovre, forcément elle interpelle par la répétition des mauvais résultats. Notre avance de cinq points sur le Rekordmeister est passée en quatre journées à un retard de six points. Dans ce contexte, on ne peut pas simplement évoquer la malchance, le manque de réussite, les petits détails qui tournent en notre défaveur. Car quand tous les petits détails tournent en ta défaveur, c’est qu’il s’agit de plus que des petits détails. La réussite, cela se provoque aussi et force est de constater que notre équipe ne provoque pas grand-chose en ce moment. Nous avons une équipe de beau temps, qui peut se montrer irrésistible et merveilleuse à voir jouer quand tout rigole. Mais dès que le temps vire à l’orage, c’est en vain que nous attendons des signes de révolte. Notre équipe manque clairement de caractère, de leaders, de patrons mais aussi d’individualités capables de tirer un groupe comme Robben ou Lewandoswski au Bayern. En juillet, lorsque le recrutement paraissait bouclé après les arrivées de Dahoud, Toprak, Philipp et Zagadou, Hans-Joachim Watzke avait expliqué qu’il envisageait encore d’engager un Mentalitätsspieler, un joueur de caractère, mais que ce type de profil était dur à trouver. Manifestement, il ne l’a pas trouvé. Le départ de Dembelé a entraîné les arrivées de Yarmolenko, Toljan et Sancho mais nous attendons toujours notre ou nos Mentalitätsspieler. Et cela se ressent : alors que nous aurions dû profiter d’un début de saison réussi au-delà de toutes espérances, notre équipe s’est laissée bêtement déstabilisé par quelques critiques un peu idiotes et infondées, a perdu confiance et depuis paraît accepter les événements avec fatalisme : « on a essayé, cela ne nous a pas souri, tant pis, on tentera de faire mieux la prochaine fois. »
La soirée maudite
Ce n’est pas comme cela que nous allons inverser cette spirale devenue négative. A un moment donné, il faut faire preuve de caractère, savoir inverser la courbe de destin, passer outre les événements contraires et les faire tourner en notre faveur. Cette équipe en a-t-elle la force ? Nous n’en sommes pas convaincus mais on l’espère de tout cœur car, sinon, la saison va être un long calvaire. Ceci dit, nous devons aussi faire notre autocritique. Samedi, le Westfalenstadion n’a pas non plus joué son rôle de douzième homme comme il savait si bien le faire à l’époque, même quand nos Jungs étaient malmenés. Où l’on reparle de tous ces Modefans attirés par le prestige du pseudo « Klassiker ». Derrière nous, en Südost Tribüne, il y avait même des fans du Bayern, dans un secteur pourtant réservé aux jaunes et noirs. C’est déjà pénible de côtoyer des touristes viagogo déguisés en fans du BVB usurpant nos couleurs, alors imagine avec des fans du Rekordmeister, qui avaient laissés écharpes et maillots à la maison mais ne se sont pas gênés pour afficher leurs attaches partisanes lors des buts bavarois. Même mon pote et fidèle voisin de place Karli, pourtant la crème des hommes, a fini par s’énerver quand ces parasites nous a demandé de nous asseoir alors que nous tentions, en vain, de pousser nos Jungs à la révolte. L’arrogance bavaroise n’est pas qu’un mythe…
Et maintenant ?
Avec six points de retard sur la tête du classement, nos rêves de Meisterschale ont bien sûr du plomb dans l’aile. Désormais, nous ne sommes plus maîtres de notre destin et il faut arrêter de se mettre la pression avec cela, d’écouter les mécréants qui nous expliquent que ne pas gagner le titre serait un drame. Ce n’est pas comme cela que cela marche en Bundesliga. Il faut d’abord penser à gagner notre place dans le haut du tableau et on voit seulement en fin de saison s’il y a possibilité d’aller chercher quelque chose. Pour l’instant, l’urgence c’est de renouer avec la victoire et de sortir de cette dynamique négative qui conduit notre équipe à jouer bien en dessous de son réel potentiel. Pour au contraire construire une série positive qui nous permettra de maximiser nos qualités. Et cela commence par une victoire vendredi à Stuttgart pour aborder le rendez-vous le plus important de la saison, le Derby le 25 novembre, avec les idées claires et une confiance retrouvée, pas avec la peur au ventre et des doutes pleins la tête comme nous avons appréhendé ce match contre le Bayern. Avec les conséquences néfastes que l’on sait : saborder une performance finalement plutôt bonne parce que nous étions habités par des idées noires dans tous les moments clés du match.
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