Le BVB restait sur douze victoires consécutives contre le SC Freiburg. Lors de ces succès à répétition, surtout en Breisgau, le Borussia avait toujours été bousculé mais avait à chaque fois réussi à déjouer le traquenard mis en place par les Fribourgeois. Sauf que, samedi, le piège s’est refermé sur nos Jungs dès que lors de Freiburg s’est retrouvé à dix et que le match a basculé dans un scénario attaque-défense que nous détestons tant.

Par un hasard du calendrier, notre début de saison en Bundesliga s’apparente à une tournée des Burg, le château, ou, plus précisément, la ville fortifiée : Wolfsburg, Freiburg, Hamburg et Augsburg sont nos quatre premiers déplacements en Bundesliga. Et on peut y rajouter une deuxième fois Freiburg puisque nous y avions joué notre premier tour de Pokal contre le FC Rielasingen-Arlen. Ainsi, curieusement, plus d’un mois après notre premier match officiel, nous avons disputé autant de matchs au Schwarzwald-Stadion que dans notre antre du Westfalenstadion ! Note, cela ne nous dérange pas plus que ça car Freiburg, c’est le déplacement le plus court de la saison pour moi. Et en plus, c’est une ville magnifique, au pied des collines de la Forêt-Noire, avec ses portes fortifiées, ses gargouille, ses Bächle (caniveaux à ciel ouvert) sa cathédrale, ses brasseries… Pour ne rien gâter l’atmosphère est conviviale, chaleureuse et festive, nous avons donc passé un excellent week-end. Seul bémol : le match lui-même et c’est un peu embêtant car c’était quand même l’objectif prioritaire de notre voyage. Mais la ville libre fortifiée de Freiburg s’est révélée être une forteresse autrement plus imprenable que le château des Loups de Wolfsburg.

Kloppo 2.0

Depuis que Jürgen Klopp est devenu l’entraîneur allemand le plus médiatisé, la presse germanique lui cherche régulièrement un successeur. Thomas Tuchel bien sûr mais aussi Markus Weinzierl, David Wagner, Hannes Wolf ou encore Julian Nagelsmann se sont tous vus affublés une fois ou l’autre de l’épithète Kloppo 2.0. Mais pour moi, l’entraîneur qui se rapproche le plus de notre cher Kloppo, c’est bien celui de Freiburg, Christian Streich. L’entraîneur des Breisgauer est certes plus âgé et n’a pas le même charisme que son homologue de Liverpool. Mais leur personnalité et leur approche du jeu sont très similaires : même système basé sur un pressing intense et une projection rapide vers l’avant, même tempérament volcanique sur le banc, même intérêt pour l’extra-sportif et la défense d’un football authentique, même humour pince sans rire, même langage sans langue de bois, même rapport fraternel voire paternel et protecteur avec les joueurs, même fidélité au club… Peter Neureurer, ancien entraîneur emblématique du foot allemand, devenu consultant très apprécié, a déclaré un jour : « Christian Streich deviendrait champion avec le Bayern. En revanche, Josep Guardiola ne serait sûrement pas capable de ramener Freiburg en Bundesliga puis de l’amener en Coupe d’Europe. » Sauf que Christian Streich n’envisage pas vraiment de quitter son SC Freiburg où il est actif depuis…1995, avec les U-19 d’abord puis, depuis 2011, à la tête de l’équipe première, il d’ailleurs refusé les offres de plusieurs clubs  prestigieux dont Schalke 04.

(Hé)las Christmas

Du coup, connaissant le système de Christian Streich, nous n’avons pas été surpris de voir le BVB bousculé en début de match, par un adversaire bien plus agressif que ne l’avaient été Wolfsburg et Berlin lors des deux premières journées. Enfin, quand j’écris voir, c’est une façon de parler car c’est toujours le même problème à Freiburg : malgré l’amitié entre fans du BVB et du SCF, il n’y a pas d’alcool en Gästeblock ; du coup on a tendance à traîner assez tard aux Biergarten, surtout que celui du PTSV Jahn Freiburg est l’un des plus sympas de la saison de Bundesliga.

Et quand je débarque en bloc visiteurs, celui-ci est déjà bondé et je me retrouve au milieu des ultras avec une vision très parcellaire du terrain, entre grillages et drapeaux. Du coup, on se préoccupe surtout d’encourager nos Jungs. Je ne sais pas si c’est l’atmosphère automnale et bucolique de la Forêt Noire qui a donné quelques idées à nos ultras mais le tube du jour, c’est la reprise de Las Christmas en sautillant bras dessus-bras dessous. Cela peut être aussi physique pour les fans, un match du BVB ! Je profite de la mi-temps pour trouver un emplacement un peu plus paisible et moins fatigant, permettant même d’apercevoir presque tout l’aire de jeu. En attendant, j’ai quand même pu distinguer le début de match compliqué de nos Jungs. Tout aurait pu être plus facile si l’arbitre n’avait pas ignoré une main fribourgeoise annihilant une percée de Christian Pulisic et ayant largement le poids d’un pénalty. Mais M. Cortus n’a même pas daigné demander l’arbitrage vidéo, pour une fois que ce truc inutile aurait pu servir à quelque chose…

Avant cela, le BVB s’était fait une grosse frayeur quand un petit service dans l’axe permet à Tim Kleindienst de partir seul au but mais Roman Bürki montre à son ancien club qu’il est devenu l’un des meilleurs portiers de Bundesliga en gagnant son duel. Ce sera la seule occasion fribourgeoise du match. En dehors de cette alerte, nous n’étions pas trop inquiets de ce début de match timoré de notre BVB : cela s’est toujours déroulé ainsi à Freiburg, le début de match est compliqué mais, tant avec Jürgen Klopp qu’avec Thomas Tuchel, nous avions toujours trouvé la parade : il faut laisser passer l’orage et se montrer patients, le jeu des Breisgauer demande une grosse débauche d’énergie, il suffit d’attendre que le pressing baisse d’intensité pour faire parler notre qualité individuelle. Hélas, un événement imprévu va bousculer le cours du match.

Chappi 2.0 (en fait, pas vraiment…)

A Freiburg, c’était les débuts d’un certain Yorick Ravet, joueur arrivé en toute fin de mercato. Yorick Ravet, c’est un ancien espoir du foot français qui n’avait pu se faire sa place en ligue 1, notammant du côté de Sochaux et St. Etienne. Il a alors tenté de relancer sa carrière en Suisse, au Lausanne-Sport. Le LS, c’est le club de ma ville et de mon enfance. C’était aussi le club d’un certain Stéphane Chapuisat et c’est depuis son transfert au BVB en 1990 (après un passage infructueux de six mois à Uerdingen) que je me suis attaché au Schwarzgelb, même si je ne me considère vraiment fan que depuis l’époque, quelques années plus tard, où j’ai commencé à aller régulièrement au Westfalenstadion. Quelques bonnes performances à Lausanne ont permis à Yorick Ravet de signer au Grasshopper Zurich, le club pour lequel Stéphane Chapuisat avait quitté le BVB. Puis Yorick Ravet est encore monté en grade en signant pour les Young-Boys Berne, le club où Chappi a fini sa carrière en première division (il a joué une dernière année en deuxième division à Lausanne avant la retraite) et où il est toujours actif dans le recrutement. Mais les analogies entre Chappi et Ravet s’arrête là car le Français va débuter sa carrière en Bundesliga par un carton rouge pour une vilaine semelle sur Marcel Schmelzer, qui devra quitter le terrain, blessé.

Dans un premier temps, l’arbitre n’avait sorti qu’un carton jaune mais il s’est ravisé sur instruction de l’arbitre vidéo. S’il a ironiquement contesté la décision pendant le match, Christian Streich a adouci sa position en ayant revu les images : « Le carton rouge est défendable mais cela n’aurait pas été un scandale si on était resté au carton jaune. » Je partage son analyse : il n’y avait sans doute pas de volonté de blesser du Français, juste l’engagement excessif d’un joueur désireux de bien faire en débarquant dans un nouveau club et un nouveau championnat mais son geste non maîtrisé représentait néanmoins un vrai danger pour l’intégrité physique de notre capitaine. Ce que je regrette, c’est qu’une décision de ce type soit finalement prise par des mecs enfermés dans un bureau à 400 kilomètres du stade (l’arbitrage vidéo en Bundesliga est centralisé à Cologne !) et donc dans l’incapacité de sentir l’atmosphère du match, l’électricité, l’agressivité ambiantes, essentielles pour sanctionner une faute de ce type. J’aurai encore l’occasion de le répéter mais cet arbitrage vidéo est une ânerie monumentale.

Le piège handball

Le BVB se retrouvait donc à 11 contre 10 pendant une heure. On pensait que cette décision allait nous aider dans un match jusque-là mal emmanché. Ce fut le contraire : le piège venait de se refermer sur nous. Freiburg a alors adopté la tactique du hérisson en retranchant ses 9 joueurs de champ restant devant son but. Et dans une ville naguère fortifiée par Vauban, on sait construire des forteresses !

Le BVB s’est retrouvé devant son pire cauchemar : une possession de balle stérile, un match de handball attaque-défense face à un adversaire recroquevillé devant son but. Jürgen Klopp s’était retrouvé à court de solutions quand les entraîneurs adverses ont commencé à adopter cette tactique pour contrer son jeu de mouvement et c’est l’une des raisons de son départ. Thomas Tuchel a tenté de mettre en place un système de jeu ambitieux pour contourner l’obstacle, il a échoué et s’est retrouvé en porte à faux avec ses joueurs. C’était au tour de Peter Bosz de se retrouver face à cette équation et il n’a pas connu plus de réussite que ses prédécesseurs. Aubameyang s’est retrouvé privé d’espace pour exprimer sa vitesse, Pulisic était émoussé par son long voyage en Amérique Centrale avec les Etats-Unis et Philipp n’a pas les mêmes facultés que Dembelé pour faire des différences dans un périmètre restreint. Je reste persuadé que nous avons bien fait de laisser filer notre gréviste français vers la Catalogne mais c’est sûr que dans ce type de match, il pouvait servir d’ouvre-boîte. Et Sahin et Götze n’ont jamais pu trouver les lignes de passe pour mettre la forteresse de la Forêt Noire hors de position. Au fil du match, nos Jungs ont un peu perdu de leur lucidité et de nombreuses passes ou centres se sont perdus dans la grisaille du Breisgau. Je déteste le handball !

L’arbitrage vidéo, c’est définitivement nul

Malgré une possession de balle de 84% excédant les pires délires de Guardiola ou Tuchel, le BVB ne s’est finalement procuré qu’un minimum d’occasions de buts, deux frappes de Sahin et Pulisic brillamment arrêtée par le gardien Schwolow, une tête de Piszczek juste à côté.  Ceci dit, si nous ne méritions pas forcément la victoire sur le volume de jeu présenté, nous aurions quand même dû l’emporter avec un arbitrage un peu plus crédible. Car le BVB a fini par trouver la faille grâce à Aubameyang à dix minutes du terme mais M. Cortus n’a pas validé le but pour avoir sifflé une faute préalable en omettant de laisser l’avantage. Kraß ! Le lendemain, Bibiana Steinhaus, première femme à arbitrer en Bundesliga lors du match Hertha – Werder, n’a elle pas oublié la règle de l’avantage et permis à l’Alte Dame d’ouvrir le score. Je n’irai pas jusqu’à dire que la femme est l’avenir de l’arbitrage mais elle l’est sans doute davantage que ce gadget nuisible d’arbitrage vidéo qui a encore prouvé son inutilité totale à la dernière minute : M. Cortus demande l’assistance des images, un fol espoir envahit le Gästeblock mais l’arbitre finit par désigner seulement le point de corner. Pourtant, après avoir revu les images, le coup de coude sur Lukasz Piszczek avait dix fois le poids du pénalty, comment les inutiles de Cologne ont-ils fait, sur la base de ces images, pour ne pas nous le donner ?

Deux points perdus

Au final, nous quittons le stade la tête basse pour aller tenter d’oublier ce match maudit dans la convivialité des Biergarten et bars du Breisgau. Certains pourraient être tentés de croire que l’on ne fait pas une si mauvaise opération : le Bayern a perdu et nous gardons la tête du classement. C’est ridicule, il faut arrêter de croire que la Bundesliga se résume à un duel entre le Rekordmeister et nous. On l’a vu avec les nouveaux riches de Leipzig et Hoffenheim la saison dernière et qui semblent confirmer leur montée en puissance, Schalke n’a pour une fois pas trop raté son début de saison… Au décompte final, chaque point perdu peut compter et nous avons clairement perdu deux points à Freiburg. La force des grandes équipes c’est de gagner en jouant mal ; nous ne sommes donc pas encore une grande équipe, puisque nous n’avons pas su forcer le verrou fribourgeois. Et, une fois de plus, nous n’avons pas pu compter sur les balles arrêtées pour forcer la décision dans un match verrouillé, avec sept corners et plusieurs coup francs, tous aussi mal tirés les uns que les autres, sans le moindre danger pour l’adversaire.

Il est vrai que les sorties prématurées sur blessures de Bartra et Schmelzer n’ont guère permis à Peter Bosz d’influer le cours du match par son coaching. Il n’a pu faire entrer que Yarmolenko comme cartouche supplémentaire et notre nouveau renfort ukrainien s’est surtout distingué par un centre complètement raté. Mais notre entraîneur va devoir rapidement trouver des solutions pour contrer ce type d’adversaire massé devant son but car c’est un scénario qui se risque de se répéter quelques fois dans la saison. Pas forcément en Ligue des Champions à Wembley contre Tottenham mais probablement dès dimanche au Westfalenstadion contre Köln, lequel a complètement raté son début de saison et va probablement débarquer à la Strobelallee dans un dispositif très prudent. A nos Jungs d’imaginer une parade pour nous éviter de revivre trop souvent ce type de match de handball car on déteste ça !

Catégories : Au Stade

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