Le Borussia Dortmund a perdu samedi la tête de la Bundesliga qu’il occupait depuis le 29 septembre dernier. Et pourtant, le match s’est terminé dans la joie et l’allégresse. Car, compte tenu des difficultés rencontrées contre le VfB Stuttgart, c’est finalement un moindre mal que de ne perdre la première place que pour une petite question de différence de but.
Le 29 septembre dernier, le BVB, grâce à une victoire magique 4-2 à Leverkusen, couplée à une défaite la veille du Bayern Munich 2-0 à Berlin, s’installait en tête de la Bundesliga, une position déjà très brièvement occupée après la première journée. C’était la sixième journée et nous avons tenu cette pole-position jusqu’à cette 25ème journée. Laquelle nous voit donc laisser à nouveau la tête au Rekordmeister. Pour deux malheureux goals à la différence de but. C’est un peu regrettable, on n’était pas si mal tout en haut du classement mais, au vu du déroulement de la journée, nous devons surtout nous féliciter d’être toujours à égalité de points avec les Bavarois. Car, à dix minutes de la fin du match contre Stuttgart, c’était loin d’être une évidence…
Le déluge
Il a fait un temps étrange en ce samedi sur le Ruhrpott. Un vent violent balayait la grande plaine industrielle de l’Ouest de l’Allemagne. A tel point que les nuages défilaient à grande vitesse dans le ciel, faisant alterner épisodes ensoleillés et sombres nuages noirs. Mais nous sommes passés entre les gouttes pour la Biergartenrunde et c’est au sec que nous avons pu pénétrer dans le stade, comme d’habitude environ 45 minutes avant le coup d’envoi, pour le traditionnel apéro de l’entrée de l’échauffement. C’est à ce moment-là que, sans crier gare, le déluge qui menaçait depuis le début de la matinée, a éclaté. Des trombes d’eau, parfois même des murs d’eau, s’abattent sur le Westfalenstadion. L’ondée était telle que, fait rarissime, la traditionnelle cérémonie des drapeaux a dû être annulée pour l’entrée des équipes. Pourtant, les 24 porteurs de drapeaux étaient en place sur le bord du terrain mais ils ont dû rentrer sans même pénétrer sur la pelouse : d’une part, pour ne pas abîmer une pelouse rapidement gorgée d’eau, d’autre part parce que ces drapeaux sont déjà suffisamment lourds au sec, détrempés ils seraient devenus tout simplement impossible à agiter. Le ton était donné : durant tous le match, des épisodes d’averses violentes ont alterné avec des périodes de rémission et même quelques rayons de soleil. Par moment, l’averse et le vent étaient si violents que l’eau remontaient jusqu’au haut des tribunes couvertes et très encaissées du Westfalenstadion. Bref, des conditions difficiles.
Au fond de l’abysse
Le match aussi a été compliqué. Stuttgart était venu pour défendre et il l’a fait beaucoup mieux qu’au match aller où leurs erreurs défensives nous avaient facilité la tâche. Vainqueurs du toss, les Souabes choisissent de débuter dos à la Südtribüne, on déteste cela mais on espérait bien les punir en profitant d’attaquer devant notre mur jaune pour faire rapidement la différence. Il n’en fut rien, loin de là. Il n’y a pas grand-chose de positif à retenir de notre première période. Même si mon accompagnateur du jour, qui a fêté une promotion en Suisse avec Lucien Favre il y a un quart de siècle, est impressionné de voir notre entraîneur mettre en place, dans le cadre grandiose du Westfalenstadion, les mêmes principes de circulation de balle qu’en troisième division helvétique il y a 25 ans.
Mais en tant que fan, je vois surtout une domination stérile, une possession de balle souvent écrasante mais rien au bout. Nos Jungs étaient en panne de rythme, d’idées, d’intensité, de jeu. Il n’est guère utile de camper dans le camp adverse si c’est pour ne se procurer aucune occasion de but. Ou si peu, un tir lointain de Guerreiro détourné par le gardien Zieler et c’est tout. C’est même le VfB qui se procure la meilleure occasion lorsque Gonzalez part au but mais, gêné par Hakimi, il voit son tir passé juste à l’extérieur du poteau de Bürki. A la pause, les mines n’étaient pas vraiment rassurées dans les travées du Westfalenstadion, nos Jungs paraissaient sans solution et sans venin, dans la lignée des matchs de Nürnberg et Augsburg. Et en deuxième mi-temps, il allait falloir attaquer du « mauvais » côté, devant la Nordtribüne.
Maudits coups francs
Nos Jungs sont revenus avec un peu plus de détermination après la pause, l’intensité est montée d’un cran. Mais il faudra attendre l’heure de jeu et une faute commise juste à l’intérieur de la surface par Castro sur Sancho (merci la VAR sur ce coup) pour enfin débloquer la situation. Marco Reus ne tremble pas et ouvre le score sur pénalty. On respire un peu mieux : Stuttgart allait devoir sortir de sa réserve. Les espaces commencent enfin à s’ouvrir mais Alcacer n’en profite pas avec un lob trop court. Et, lorsque Stuttgart obtient un coup franc sur la gauche à vingt minutes de la fin, on sent venir la mauvaise blague, tant notre équipe est vulnérable sur ce genre d’action. J’ai à peine le temps de faire part de mes craintes à mon fidèle voisin Karli en Block 85 que notre ex-Gonzalo Castro trouve la tête de Marc Oliver Kempf, au milieu d’une défense une nouvelle fois figée. On a un vrai problème sur ce genre d’actions, il faudra vraiment trouver une solution. Et vite !
La libération
Heureusement, nos Jungs ont pu compter sur l’appui d’un Westfalenstadion qui n’avait pas envie que notre belle aventure en tête du classement se termine en ce samedi. Pas comme ça, pas à domicile contre Stuttgart. Le peuple jaune et noir a poussé son équipe pour un rush final désordonnée, rageur, à l’énergie, à l’orgueil… Pour l’esthétisme on repassera mais ce n’était pas vraiment à l’ordre du jour ; on n’est vraiment pas dans une phase où nous allons nous préoccuper de la manière. Et cette pression de nos Jungs et des tribunes a fini par payer. A force de persévérance. A force de balancer des ballons en direction de la défense souabe, un centre est ressorti sur Marco Reus. Notre capitaine écrase son tir mais la balle revient sur le joker Christian Pulisic dont la percée dans la défense adverse finit par trouver Paco Alcacer qui place le ballon à ras le poteau. Un vrai but de centre-avant, un but qui résulte plus d’une pression collective que d’une action vraiment construite mais un but qui a sonné comme une véritable libération au Westfalenstadion. Il ne restait que six minutes à jouer, le stade explose de joie, on fait le tour du Block pour congratuler tous les potes, c’est fou comme parfois un but de raccroc contre un adversaire mal classé après un match médiocre peut nous remplir de joie. Mais c’est cela aussi la magie du football.
On perd la tête, et alors ?
Il restait encore à ne pas encaisser une nouvelle fois l’égalisation dans les dernières minutes, notre défense offre tellement peu de garanties que le risque est toujours présent. Et on se fait effectivement une ultime frayeur sur un coup de tête souabe qui se balade dangereusement devant notre but. Mais finalement, au bout des arrêts de jeu, une belle action entre Axel Witsel, Mario Götze et Christian Pulisic permet à l’Américain d’inscrire le but de la sécurité. 3-1, c’était complètement inespéré dix minutes plus tôt quand on séchait encore sur un résultat nul. Mais insuffisant pour garder la tête du classement, puisque le Bayern, vainqueur 6-0 de Wolfsburg, nous dépasse à la différence de buts. Mais c’est un moindre mal : au vu du match, nous aurions très bien pu quitter le stade avec deux ou trois points de retard, ce qui eût sans doute signifié le glas de nos rêves de Meisterschale. On aura gagné le droit de prolonger notre rêve d’au moins une semaine.
Au pied du mur
On espérait voir le Bayern égarer quelques plumes en jouant deux formations du haut de classement, Mönchengladbach et Wolfsburg, ils gagnent 5-1 et 6-0… Il est clair que la dynamique actuelle et le calendrier des neuf dernières journées parlent clairement en leur faveur. Une projection réaliste laisse à penser que le titre en Bundesliga cette saison pourrait bien se jouer aux alentours des 80 points. A titre de comparaison, le grand Borussia Dortmund champion d’Allemagne 1995-1996, l’équipe qui deviendra ensuite championne d’Europe l’année suivante, avec un entraîneur en place depuis 5 ans, des joueurs très expérimentés qui avaient joué dans les plus grands clubs italiens et allemands, une armada de champions du monde, un Ballon d’Or, des légendes du clubs, avait gagné le titre avec 68 points. Et donc, notre équipe 2018-2019 en pleine reconstruction, avec un nouvel entraîneur, des joueurs inexpérimentés, un effectif très jeune, devra faire une grosse dizaine de points de plus que les Hitzfeld, Klos, Kohler, Sammer, Reuter, Zorc, Heinrich, Chapuisat, Riedle, Möller, Cesar et compagnie à l’époque, pour aller chercher le titre. C’est dire l’ampleur du défi et la hauteur du mur que doit affronter notre équipe.
L’espoir fait vivre
Mais on a envie d’y croire, de prolonger notre beau rêve. Objectivement, les faits ne parlent pas pour nous, rationnellement nos chances de titre sont faibles. Mais le BVB a toujours eu un côté irrationnel et c’est souvent cela qui a fait sa force. Alors on va s’attaquer à l’immense défi de ces neuf derniers matchs. Avec la même rage, la même énergie, la même union entre les fans et l’équipe qui nous ont permis de renverser Stuttgart dans un match pourtant mal engagé. Et cela commence samedi à Berlin : nous n’avons plus gagné là-bas en Bundesliga depuis mai 2014, depuis lors notre bilan c’est deux défaites et deux nuls. Le Hertha de Pal Dardai n’est pas très sexy ni très spectaculaire, il n’est pas si bien classé parce qu’il peine à faire le jeu contre les mal-classés mais il s’y entend à merveille pour faire trébucher les leaders : cette saison Mönchengladbach (4-2), Bayern (2-0) et Francfort (1-0) sont tombés à l’Olympiastadion, nous-mêmes nous nous étions cassés les dents sur l’Alte Dame au match aller au Westfalenstadion (2-2). C’est donc un premier obstacle d’envergure qui se dresse sur notre route. Mais nous y allons y aller, comme d’habitude avec au moins 15’000 Borussen pour le traditionnel pèlerinage annuel de l’Olympiastadion, pour aider nos Jungs à prolonger la belle aventure. Samedi, contre Stuttgart, après avoir longuement célébré notre équipe sous le déluge, un rayon de soleil a accompagné notre sortie du Westfalenstadion. Comme un signe d’espoir encore bien vivace et que nous avons su maintenir in extremis contre le VfB.
1 commentaire
Romeo · 14/03/2019 à 11:39
L’erreur fatale s’est de vouloir finasser à la Barça,City,PSG,…notre football.Le jour où on n’est plus combatif,c’est la fin du BVB.
On est le charbon et l’acier,on a été conçu dans le combat.Laissons le beau jeu aux autres car ce n’est pas notre ADN.
Les salons de la mode c’est à Paris,Londres,Milan,Madrid,Munich,.. En Westphalie c’est le salon de la sidérurgie.