Trois jours après la démonstration réussie contre Neverkusen, le BVB a une nouvelle fois prouvé que ce n’était pas le vrai Borussia qui avait perdu à l’Alte Försterei. Nos Pöhler ont largement dominé le FC Barcelona et avaient toute les cartes en main pour l’emporter. Toutes sauf une : un coup de poker fou tenté au printemps 2011 par Lucien Favre, celui de lancer un jeune gardien inconnu de 18 ans pour sauver Mönchengladbach de la relégation, Marc-Andre ter Stegen. Huit ans plus tard, le mur blond, l’ancien pari insensé de Lucien Favre, nous a privés d’une victoire qui eût été cent fois méritée.

Parfois, les hasards des tirages au sort peuvent réserver des résultats assez curieux. Ainsi, depuis notre retour en Ligue des Champions, nous avons été submergés de matchs contre le Real Madrid. Mais, jusqu’à mardi, jamais de Barcelone. On peut d’ailleurs faire le même constat avec les équipes londoniennes : nous avons largement avalé notre quota d’Arsenal et de Tottenham mais jamais de Chelsea… Mardi, c’était le premier BVB – Barcelone de l’histoire en Ligue des Champions, notre seul précédent contre les Blaugranas, c’était une finale de Supercup d’Europe, perdue en 1997 en match aller retour, alors que le BVB était tenant de la Königsklasse alors que le FCB n’arrivait qu’en position de vainqueur de la « petite » C2.

L’eau et le vin

C’est dommage d’ailleurs que le BVB et le FC Barcelone ne se soient pas rencontrés lorsqu’ils étaient entraînés par Klopp et Guardiola. Soit deux conceptions assez radicales du jeu, deux conceptions surtout radicalement opposées. L’opposition de style eût été intéressante. Aujourd’hui, avec Lucien Favre et Ernesto Valverde c’est beaucoup plus nuancé dans l’approche du jeu et le match de mardi l’a prouvé : Dortmund peut aussi assumer la possession du ballon et est aussi capable de repartir tranquillement depuis ses bases arrières alors que Barcelone est aussi capable de plus direct. En revanche, les deux clubs, eux, continuent de représenter deux approches très différentes du football : à Dortmund, on reste très marqué par les origines minières du club et les fans apprécient toujours autant les vertus du combat et de l’amour du maillot, alors qu’à Barcelone on s’est complètement converti au sport-spectacle et au bling-bling. D’un côté, on flatte la fidélité des fans, de l’autre on a largement exclu les classe populaires du stade au profit de clients et touristes (le fait que Barcelone n’a utilisé que 1800 des 3600 billets qui lui étaient réservés à Dortmund, affiche sans doute pas assez prestigieuse pour les clients, l’atteste). Le Schwarzgelb est resté assez fidèle à ses valeurs, les Blaugranas ont totalement renié les leurs et on les a trouvés mêlé à toute sorte d’affaires assez peu reluisantes depuis une quinzaine d’années. Bref, en général, si tu es fan du BVB, tu détestes Barcelone, et cela explique pourquoi les Blaugranas ont été tant hués mardi soir au Westfalenstadion, alors qu’il n’existe pas de rivalité historique entre les deux clubs.

Choreo

Le BVB réussit un début de match de rêve, comme boosté par le somptueux Choreo organisé en Südtribüne avec une avalanche de confettis dessinant un logo du BVB en Südtribüne : simple (mais tellement compliqué à mettre en place), éphémère mais efficace Pendant dix minutes, nos Jungs gagnent les duels, ça joue vite, souvent à une touche de balle et il y a quelques très beaux schémas, même s’il manque la précision dans la dernière passe. Mais, ensuite, Barcelone reprend le contrôle du match. Les Blaugranas s’y entendent encore lorsqu’il s’agit de faire tourner la balle et notre équipe est le plus souvent privée de ballon. Heureusement, la présence athlétique de notre Doppelsechs Witsel-Delaney et la performance impeccable de notre défense empêchent cette domination barcelonaise de déboucher sur trop d’occasions de but. Tout juste a-t-on connu quelques frayeurs sur une tête décroisée après l’un des nombreux corners barcelonais. Les nombreuses simulations catalanes nous ont aussi un peu fait perdre le fil du jeu. Nous devons rester plus zen face à ce genre d’attitudes et répondre à l’antijeu par le jeu. Alors que là nous avons l’impression que nos Jungs se sont un peu trop dispersés en s’énervant contre la complaisance de l’arbitre qui sanctionnait les chutes barcelonais au moindre courant d’air. Et ils étaient nombreux mardi, l’automne semble être bien arrivé sur le Pott. Néanmoins, les deux meilleures occasions de la première mi-temps sont pour nous : une passe délicieuse d’Hazard pour Reus qui se heurte au réflexe miraculeux du pied de ter Stegen alors que Sancho rate sa frappe après avoir été mis en bonne position suite à une combinaison entre Reus et Alcacer.

 

 

La défense de fer

Barcelone se procure sa seule occasion dans le jeu de la soirée en début de deuxième mi-temps mais Bürki ferme parfaitement son angle devant Suarez. On a suffisamment critiqué notre défense après Union Berlin pour lui adresser un sincère compliment. Souvent mis en cause pour leur jeu trop offensif, nos latéraux Guerreiro et Hakimi ont parfaitement su boucler les couloirs. Quant à notre charnière centrale, Hummels-Akanji, à la rue à Köpenick, elle a tout simplement été impériale. Griezmann a été inexistant, Suarez n’a souvent eu d’autres solutions que de faire les mauvaise choix et l’entrée de Messi est passée (presque) inaperçue. On peut faire les théories tactiques que l’on veut mais la base du foot, cela reste l’engagement et gagner les duels. En jouant avec la nonchalance et la facilité du duo Hummels-Akanji à Union Berlin, tu vas forcément être en difficultés, même face à une tactique adverse relativement simpliste et un attaquant nommé Marius Bütler venu des bas-fonds de la Zweite Liga. En revanche, en jouant avec la concentration, la détermination et l’engagement dont ils ont fait preuve contre Leverkusen et Barcelone, nos défenseurs ont la capacité de réduire au silence l’une des attaques, certes encore en rodage, les plus puissantes et le plus chères du monde. Ce sera vraiment notre grand défi cette saison : aborder tous les matchs avec cette détermination, même loin des lumières de la Königsklasse et de l’ambiance survoltée du Westfalenstadion, sur des terrains plus provinciaux et face à des adversaires moins prestigieux. Si ce message arrive à passer, alors on peut réussir quelques truc pas mal cette saison.

Il n’a manqué que les buts

Mais, nonobstant l’alerte liminaire évoquée ci-dessus, la deuxième mi-temps a été totalement à l’avantage du Borussia. Avec la flexibilité chère à Lucien Favre, en alternant des phases de pressing bas dans le terrain pour lancer des contres éclairs et des phases de pression avec une équipe résolument installée dans le camp barcelonais. On frémit une première fois lorsque le BVB obtient un coup-franc à 20 mètres du but, devant la Südtribüne, la zone de prédilection de Paco Alcacer mais sa frappe n’a pas la même réussite que l’an dernier contre Augsburg et termine sa course dans le mur. Dommage, ça aurait été tellement beau de le voir marquer contre ce club qui ne lui a pas vraiment fait confiance. Puis c’est Delaney qui ne trouve pas le cadre après un coup franc de Sancho. La pression monte, l’ambiance devient complètement folle au Westfalenstadion et Barcelone craque avec une faute de Semedo sur Sancho. Pénalty clair !

Un peu d’histoire

[Mode digression on] A la fin de l’hiver 2010-2011, le Borussia Mönchengladbach est au bord de la relégation. La situation est tellement désespérée qu’une clause est incluse dans le contrat du nouvel entraîneur qui vient d’arriver pour sauver ce qui pouvait encore l’être, Lucien Favre : son contrat reste valable en cas de relégation en Zweite Liga, afin de construire le club après une relégation considérée comme probable. Le Suisse parvient toutefois à redresser un peu la situation, aidé notamment par ex-espoir du football allemand, Marco Reus, qui avait longtemps tardé à concrétiser les espoirs placés en lui. Mais Gladbach reste plombé par l’irrégularité de ses deux gardiens, Logan Bailly et Christoph Heimeroth. Alors que tout paraît perdu après une bourde du Belge dans un match décisif contre Kaiserslautern, Lucien Favre tente un pari fou : titulariser un jeune gardien sans la moindre expérience professionnelle venu des U19 : Marc-André ter Stegen. Le pari est gagnant : le jeune homme se révèle être un roc. A quatre journées de la fin, Mönchengladbach, toujours scotché en bas du classement, reçoit Dortmund, en route vers le Meisterschale. Le miracle s’accomplit, Gladbach l’emporte 1-0 grâce aux miracles réussis par son gardien ter Stegen, parfois assisté par la chance et ses montants. Cela n’a pas empêché le BVB de Jürgen Klopp d’être sacré champion d’Allemagne une semaine plus tard contre Nürnberg mais, grâce à cette victoire, le Gladbach de Lucien Favre, Marco Reus et Marc-André ter Stegen a pu arracher une place en barrage où ils se sauveront contre le VfL Bochum. La carrière des trois hommes venait de prendre une autre dimension. [Mode digression off]

La VAR, cet instrument d’oppression au service des puissants

Cette fois-ci, Marco Reus et Marc-André ter Stegen se retrouvent face à face. Même si c’est notre tireur attitré, ce n’était pas la meilleure des idées que Marco s’élance : ter Stegen le connaît très bien. Avant d’être titularisé par Lucien Favre chez les Fohen, il était gardien des U19 et on sait que, lors des séances de tirs au but qui permet aux meilleures gâchettes du club de s’exercer, c’est souvent le gardien des juniors qui est préposé à encaisser le canardage en règle. Ce n’est donc pas une surprise que le portier du Barça a parfaitement su lire le pénalty de Marco, pourtant pas si mal tiré. Faire tirer Paco Alcacer, vu ses envies de revanches contre Barcelone, n’aurait pas non plus été une génial mais l’expérience d’un Hummels ou l’insouciance d’un Sancho ou d’un Hakimi auraient pu faire l’affaire. Ceci dit, nous n’aurions pas à faire cette théorie si l’arbitre et le préposé à la VAR avaient fait leur job. Ce pénalty devait être retiré. Et plutôt trois fois qu’une : deux joueurs barcelonais étaient largement à l’intérieur de la surface et ter Stegen un bon mètre devant la ligne au moment de la frappe de Marco. Une triple infraction, pénalty clairement à retirer, aucune discussion possible. Et ce d’autant plus que les consignes en début de saison étaient d’être plus stricts sur ce genre d’infraction.

On a vu lors de la Coupe du Monde féminine avec quelle rigueur la règle était interprétée. C’est le même problème que pour les fautes de mains dans la surface : la saison dernière, on nous a expliqué que la VAR allait permettre de sanctionner toutes les mains, même complètement involontaires, nous l’avions appris à nos dépens à Berlin et dans le Derby. Mais lors d’un récent Schalke – Bayern, deux mains bavaroises manifestement volontaires dans la surface étaient ignorées par une VAR fortuitement aux abonnés absents. Au final, ce gadget nuisible n’a été introduit en aucun cas pour rendre le football plus juste mais pour avantager encore plus les riches et les puissants. On use et abuse de la VAR lorsqu’il s’agit de rendre service aux clubs chéris des instances dirigeantes du football, on l’oublie quand on pourrait rétablir un peu de justice en faveur d’un club moins prestigieux. Et s’il y a un club au monde qui a été choyé et a construit son palmarès sur les faveurs arbitrales lors de la dernière décennie, c’est bien le FC Barcelone. Preuve en a encore été faite mardi soir : le délégué polonais à l’assistance vidéo a arrêté le match en première mi-temps pour faire examiner si une faute anodine ne devait pas conduire à l’expulsion d’un joueur du BVB, il n’a pas levé le petit doigt pour signaler une erreur d’arbitrage manifeste en faveur des Catalans.

Maudit ter Stegen

Ceci dit, malgré ce coup du sort, il y avait encore le temps et la place pour aller chercher ce but et cette victoire. Nous n’étions pas encore remis des émotions du pénalty que ter Stegen, le pari fou de Lucien Favre en 2011, devenu l’un des tous meilleurs gardiens du monde, allait faire à nouveau notre malheur et celui de Marco Reus avec un double arrêt réflexe du pied incroyable devant notre capitaine. Reus allait encore tenter sa chance avec deux frappes détournées, une autre à côté de cadre et encore une sauvée par la muraille ter Stegen. Il y a des soirs où cela ne veut pas rentrer… Et, comme lors de ce fameux Gladbach – BVB de 2011, lorsqu’enfin le roc du Niederrhein était battu, il était sauvé par sa latte, sur une frappe somptueuse de Julian Brandt. Rageant mais pas tout à fait autant que si Barcelone avait réussi le parfait hold-up sur un rush de Messi dans les arrêts de jeu, heureusement stoppé avant son terme par Delaney.

Bien sûr, c’est frustrant de laisser échapper la victoire après avoir galvaudé autant d’occasions et d’avoir manqué un succès de prestige qui nous tendait les bras. Mais, à tête froide et après avoir découvert le résultat nul entre l’Inter Milan et le Slavia Prague, ce n’est finalement pas un si mauvais résultat. A condition d’aller gagner à Prague lors de notre prochaine soirée de Königsklasse et ce ne sera pas aussi facile que certains auraient pu le penser lors du tirage au sort. Mais c’est de la musique d’avenir. D’abord, il y a le combat qui nous attend dimanche à Francfort, probablement l’équipe qui met le plus d’engagement dans son jeu en Bundesliga. Il faudra être prêt à une bataille de tous les instants pour avoir une chance de tenir le choc et d’ensuite profiter des lacunes de la défense francfortoise. Histoire de ne pas laisser s’envoler les belles promesses entrevues en première partie de semaine contre Leverkusen et Barcelone.

 

Catégories : Au Stade

2 commentaires

Mampionona Ralandi · 20/09/2019 à 18:22

Je suis un fan du BVB depuis 2011, je suis malgache et vit à Antananarivo, je pense que vous faites vraiment du bon bon boulot ! Je vous encourage pour la suite 🙂 on a vu l’importance d’un Mats Hummels, il peut vraiment nous faire passer un cap cette année !

Thierry Schaeffer · 22/09/2019 à 06:08

Article complet! Merci encore
Je suis le groupe de Favre avec passion

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