Pour cette demi-finale aller de Coupe d’Europe des vainqueur de Coupe contre Dortmund, West Ham United, tenant du titre, alignait trois joueurs qui deviendront trois mois plus tard des légendes du football anglais en apportant au pays la seule Coupe du Monde son histoire, la capitaine Bobby Moore et les auteurs de quatre buts de la finale de Wembley contre l’Allemagne Geoff Hurst et Martin Peters. Mais, dans cette demi-finale, c’est un authentique Dortmunder Jungs qui tiendra la vedette : Lothar Emmerich.
Le contexte. Le BVB joue la deuxième demi-finale de Coupe d’Europe de son Histoire, deux ans après celle de 1963-1964 perdue en Coupe d’Europe des clubs champions contre l’Inter Milan. Cette fois-ci, c’est la Coupe d’Europe des vainqueurs de Coupe. Mais l’adversaire n’est pas moins redoutable : West Ham United. Le club londonien est tout simplement le tenant du titre après sa victoire l’année précédente contre 1860 München (2-0). C’est d’ailleurs à ce titre que les Hammers participent à la compétition puisque c’est Liverpool, que nous retrouverons en finale, qui a remporté la Coupe d’Angleterre. Pour se hisser jusque-là, le BVB a tour à tout évincé Floriana La Valette, CSKA Sofia et Atletico Madrid.
Mais West Ham, c’est encore une pointure supérieure. Nous sommes en 1966, l’année de gloire de l’Angleterre, celle de son seul titre mondial. Et West Ham aligne ceux qui deviendront les trois héros de la Perfide Albion lors de la finale remportée 4-2 après prolongation contre l’Allemagne à Wembley : Bobby Moore, le capitaine des Three Lions et tous les buteurs anglais de la finale de Wembley Geoff Hurst (trois buts) et Martin Peters (un but). Une très grosse équipe.
Le match. Le match aller à lieu à Upton Park (Boleyn Ground). L’ambiance est complétement survoltée, avec des spectateurs très proches du terrain, une expérience inédite pour nos Jungs habitués au Rote Erde, où l’ambiance n’était pas moins chaude mais avec des fans beaucoup plus loin de la pelouse. Le capitaine Wolfgang Paul confessera : « Ce stade était une expérience. Normalement, il m’est égal de jouer sur le terrain de Schwerte ou à Hampden Park. Mais à West Ham, le stade m’a impressionné. Un stade très étroit, tu pouvais entendre les spectateurs mot pour mot, c’était si proche. Tu avais le contact avec le public. Cela m’a stimulé. » Parmi les Anglais, 3000 Borussen parviendront à faire entendre notre familier « Bee-Vau-Bee ». Et nos Jungs en ont besoin : le gardien Tilkowski et le défenseur Paul doivent faire des miracles pour arriver à la pause sur un score de 0-0. Le match, déjà intense, gagne encore en rythme après la pause. Et ce qui devait arriver arriva : sur un tir de Martin Peters, le gardien Tilkowski est masqué et apprécie mal la trajectoire, la balle finit au fond. 1-0 pour les Hammers. Les Anglais ne relâchent pas la pression et tentant de prendre une avance plus conséquence dans la perspective du match retour au Rote Erde. Mais, à quatre minutes du terme, Libuda trouve le buteur Lothar Emmerich dans l’axe. Totalement invisible jusque-là, le buteur vedette du Borussia contrôle du pied gauche et marque du droit pour l’égalisation. Upton Park est abasourdi.
Le but. Et les Anglais n’avaient encore rien vu : West Ham se rue l’attaque mais Wolfgang Paul s’interpose et lance la contre-attaque vers Siggi Held. L’éclair blond dortumundois prend de vitesse toute la défense britannique et, après un sprint de soixante mètre et neuf touches de balle, centre au deuxième poteau. Bien entendu, l’inévitable Lotahr Emmerich est à la réception et marque d’une volée. En quatre minutes, le buteur dortmundois vient de renverser le tenant du titre West Ham United (1-2). C’est la première victoire du BVB sur sol anglais.
La suite. Le Borussia finit le travail au Rote Erde lors du match retour. Lothar Emmerich ouvre le score dès la première minute, puis double la mise à la demi-heure. West Ham réduira la pause mais Gerhard Cyliax scellera le score à 3-1 en fin du match. 5-2 sur l’ensemble des deux rencontres, le BVB tient la première finale européenne de son histoire. Avec le succès que l’on sait contre Liverpool. Les stars anglaise Bobby Moore, Martin Peters et Geoff Hurst prendront toutefois leur revanche en finale de la Coupe du Monde à Wembley contre l’Allemagne où Lothar Emmerich et Hans Tilkowski sont titulaires, 4-2 après prolongations, avec ce fameux but victorieux dont on ne saura jamais s’il avait vraiment franchi la ligne ou non.
Le héros. Pour les jeunes supporters, Emma, c’est le nom de notre mascotte. Pour les fans un peu plus authentiques, Emma c’est abord celui qui est peut-être le meilleur attaquant de l’Histoire du BVB, Lothar Emmerich, dont le surnom a inspiré ensuite notre mascotte. Emma est un pur Dortmundois puisqu’il vient de Dorstfeld, un quartier du nord-ouest de la ville. Après des débuts au Dorstfelder 09 FC, il rejoint le BVB en 1960. Pour une histoire d’amour qui durera neuf ans. Il était le « Bomber mit der linken Klebe » allusion à l’adhésif jaune qu’il portait toujours. Il réclamait toujours le ballon auprès de ses coéquipiers avec l’expression « Gib mich die Kirsche », donne-moi la cerise. Et des cerises, il en a reçu lors de ses années dortmundoises : 11 buts en 31 matchs d’Oberliga, 115 buts en 183 matchs de Bundesliga, 15 buts en 21 matchs de Coupe d’Europe. Attaquant racé, élégant, c’était un vrai buteur, du genre à passer inaperçu et à surgir quand on ne l’attendait plus, comme lors de cette demi-finale aller d’Upton Park. Il n’a connu que cinq sélections en équipe d’Allemagne mais il y a inscrit un but considéré comme « le but du siècle » en phase de groupe contre l’Espagne à la Coupe du Monde 1966. Il a également joué la finale mais le but litigieux de Geoff Hurst l’a privé d’un titre de champion du monde.
Meilleur buteur de la Bundesliga en 1966 (31 buts) et 1967 (28 buts, à égalité avec Gerd Müller), il détient également le record de buts, et pour l’éternité depuis la suppression de cette compétition, dans une édition de Coupe d’Europe des vainqueurs de Coupe : 13 buts lors de l’épopée victorieuse du BVB en 1965-1966 ! Lothar Emmerich a quitté le BVB en 1969, lorsque les problèmes financiers ont commencé à apparaître et le club à dégringoler dans la hiérarchie. Mais la suite de sa carrière, en Belgique, en Autriche et dans des clubs de seconde zone allemande, n’aura pas le même retentissement. Il a ensuite embrassé une carrière d’entraîneur pendant une vingtaine d’années, surtout avec des clubs amateurs, pour le plaisir. Il a également œuvré au Borussia pour les relations avec les fans aux côtés de son vieux compère Aki Schmidt jusqu’à son décès d’un cancer le 13 août 2003. Legende.
Si tu as raté le début:
0 commentaire