A seize minutes de la fin de la saison 2001-2002, le Borussia Dortmund est encore troisième de la Bundesliga. Puis Ewerthon a surgi au deuxième poteau pour reprendre le centre de Dede et marquer le but de la victoire. Et du Meisterschale, devant le finaliste de la Ligue des Champions et le Champion d’Europe sortant !

Le contexte. 2002, ce devait être l’année Leverkusen. Egalement finalistes de la Ligue des Champions et de la DFB-Pokal, les Rheinländer se sont retrouvés avec cinq points d’avance à trois journées de la fin de la Bundesliga. Et un calendrier plutôt favorable pour terminer, deux matchs à domicile entrecoupés d’un déplacement sur la pelouse du mal classé Nürnberg. La voie royale pour un premier Meisterschale en 98 ans d’existence. Mais le Bayer n’est pas surnommé Neverkusen par hasard. Le plus grand loser du football allemand (encore plus que Schalke, c’est dire…) se vautre à domicile contre Brême puis va perdre à Nürnberg. Pendant ce temps-là, le BVB, qui semblait avoir abandonné tous ses rêves de titre après sa défaite à Kaiserslautern lors de la 31ème journée, arrache deux victoires, 2-1 à la 89e contre Köln au Westfalenstadion et 4-3 à Hambourg, au terme d’un match de folie.

La Bundesliga s’offre donc un final royal puisque trois équipes peuvent encore prétendre au Meisterschale avant la dernière journée : le Borussia Dortmund, leader, le Bayer Leverkusen qui suit à un point, et le Bayern Munich, troisième à deux points. Soit le finaliste de la Coupe UEFA, la finaliste de la Ligue des Champions et le Champion d’Europe en titre ! Difficile de rêver plus bel épilogue pour une saison de Bundesliga…

Le match. Le BVB est donc maître de son destin : une victoire et le titre est assuré. Et en plus, il joue à domicile. Le Westfalenstadion a donc revêtu ses habits de lumière pour aller chercher un Meisterschale qui paraissait perdu trois semaines plus tôt. Mais l’adversaire, le Werder Brême, est coriace, et il a besoin de points car il lutte toujours avec Kaiserslautern pour une place européenne. Et, d’ailleurs, les Brêmois ouvrent le score par le Canadien Stalteri. Jan Koller égalise peu avant la mi-temps mais c’est insuffisant : Leverkusen et Bayern mènent au score, le BVB est virtuellement relégué à la troisième place du classement. Le suspense est total, ce final complètement fou est resté dans l’histoire comme la Herzschlagfinale, la finale des battements de cœur. Et des battements de cœur il y en a eu dans une seconde mi-temps d’anthologie : Addo tire sur le poteau pour le BVB, le gardien brêmois Rost multiplie les prouesses et le Borussia a failli tout perdre lorsque, sur un contre, le Brêmois Tijkuzu expédie une frappe sur la latte. Mais, à un gros quart d’heure de la fin du championnat, le BVB est toujours troisième. L’entraîneur Matthias Sammer décide alors de faire entrer son joker brésilien Ewerthon.

Le but. A peine rentré, Ewerthon va faire chavirer le Westfalenstadion. L’action démarre sur le flanc gauche, face à la Südtribüne. Dede sollicite le relais avec Lars Ricken mais celui-ci est balancé par un défenseur brêmois. Le Westfalenstadion hurle mais l’arbitre ne bronche pas. Qu’à cela ne tienne, le ballon revient sur le petit Mozart Tomáš Rosicky dont la merveille d’ouverture retrouve Dede. Le centre acrobatique de notre légendaire n°17 était trop enlevé, même pour le double mètre de Jan Koller et les gants du gardien brêmois Frank Rost, qui ne peut qu’effleurer le ballon. Mais Ewerthon Henrique de Sousa, entré en jeu 43 secondes plus tôt, surgit alors au deuxième poteau et sa reprise en bout de course heurte la base du montant du but du Werder, longe la ligne et finit par rentrer, avant même de pouvoir être reprise par notre géant tchèque. 2-1, le BVB tient sa victoire et ne la lâchera plus. En une seconde, il est passé de la troisième à la première place du classement et, quinze minutes plus tard, s’offre le sixième titre de champion d’Allemagne de sa glorieuse Histoire au terme de l’une des saisons les plus folles de la grande aventure de la Bundesliga. Vizekusen finit deuxième et le Bayern troisième. Bierdusche !!!

La suite. Pour Leverkusen, c’est la grande déprime : la Werkself perd un titre qui lui tendait les bras, la finale de la DFB-Pokal contre Schalke et la finale de la Ligue des Champions contre le Real Madrid (la volée de Zidane). Et la finale de la Coupe du Monde, pour les nombreux internationaux de l’équipe !

Le BVB n’a guère eu le temps de savourer ce titre puisque, quatre jours plus tard, il devait jouer la finale de la Coupe UEFA sur la pelouse du Kuip à Rotterdam, malheureusement perdue 2-3 contre les locaux de Feyenoord. Tant pis pour le doublé. Mais le titre a néanmoins été dignement fêté. Ce fut la dernière grande célébration d’un titre sur la Friedensplatz, la place située à proximité du Rathaus qui abritait traditionnellement les réceptions suivant les grandes victoires. Pour les célébrations suivantes, celles du Meisterschale 2011 et du Double 2012, la place a été considérée comme trop exigüe pour accueillir tous les fans et il a fallu trouver d’autres lieux pour permettre au public d’exprimer son enthousiasme. Malgré le suspense et les émotions qu’il a procurés, ce Meisterschale 2002 a longtemps fait figure de chant du cygne pour le BVB. Car il a été obtenu avec une équipe qui vivait au-dessus de ses moyens et, peu de temps après, les problèmes financiers ont commencé à s’amonceler au-dessus du club. Après avoir flirté avec la disparition pure et simple, le Borussia mettra neuf ans pour retrouver une équipe à nouveau capable de lutter pour le titre.

Le héros. Sur Ewerthon Henrique de Sousa, je crois que je t’ai déjà tout dit ou presque.

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