Le Borussia Dortmund ne sait plus gagner à Francfort ! Notre dernière victoire en Bundesliga dans l’antre de l’Eintracht remonte au 1er septembre 2013. Depuis lors, le Waldstadion représente une forêt imprenable pour nos Jungs. Avec à chaque fois l’impression de revoir le même mauvais film : un BVB dominateur, qui mène au score, galvaude une kyrielle d’occasions de se mettre à l’abri mais qui finit par concéder l’égalisation face à la pression furieuse de l’Eintracht.

Il y a certes cette victoire en 1/4 de finale de Pokal en 2014 mais, en Bundesliga, la dernière victoire du BVB au Waldstadion remonte au 1er septembre 2013. Une éternité. Il y a d’abord eu trois défaites, une avec Jürgen Klopp et deux avec Thomas Tuchel. Puis est venue l’ère des matchs nuls. D’abord en octobre 2017, le Borussia, leader de Bundesliga avec Peter Bosz, menait 2-0 sur la pelouse de l’Eintracht, Pierre-Emerick Aubameyang avait manqué une flopée d’occasions de prendre un avantage plus net et Francfort avait fini par revenir à 2-2. Le début de la descente aux enfers pour l’entraîneur hollandais dont on avait commencé ce jour-là à distinguer les limites du système. Puis, en février dernier, avec Lucien Favre, le BVB, également leader, bousculé en début de match, avait réussi à imposer sa supériorité technique et menait 0-1 mais Marco Reus avait raté la balle de break en ajustant la latte devant le but vide. Ensuite, Francfort avait égalisé et nous n’avions jamais réussi à reprendre le contrôle du match. Inutile de dire que dimanche, nous avons quitté le Waldstadion avec un vague sentiment de déjà-vu.

Un Eintracht de combat

Si l’on pouvait espérer profiter de deux jours de récupération supplémentaires depuis notre match contre Barcelone par rapport à Francfort après sa rencontre contre Arsenal, c’est raté : l’entraîneur autrichien de SGE Adi Hütter a changé la moitié de son équipe depuis le match d’Europa League. Contre les Gunners, l’Eintracht avait largement dominé, vendangé une kyrielle d’occasions mais avait laissé des boulevards dans sa défense à chaque fois que les Londoniens parvenaient à franchir le rouleau compresseur du milieu de terrain. Avec au final, une défaite 0-3. La leçon a porté : l’entraîneur Hütter a décidé, devant sa traditionnelle défense à trois d’où le capitaine Abraham, catastrophique contre Arsenal, a disparu, de sacrifier son meneur de jeu Kamada, pour évoluer à trois récupérateurs dans l’axe, Sow, Kohr et Gelson. En fait, Francfort n’aligne que trois joueurs à vocation offensive : les attaquants Paciencia et Silva et Kostic dans le couloir gauche. Car sur le flanc droit, c’est notre ancien latéral Erik Durm qui est titularisé. On le retrouve avec plaisir, à tel point d’ailleurs que, lors de la composition des équipes, en Gästeblock la plupart d’entre nous scandons son nom avec le speaker et les fans de l’Eintracht, plutôt que la traditionnel et peu élégant « Arschloch » dont nous affublons chaque joueur adverse, qui doivent donc être tous frères. Heureusement que Roxana Maracineanu et Marlène Schiappa n’étaient pas là : leurs chastes oreilles n’auraient guère apprécié… Bref, Francfort a d’abord mis en place une équipe pour défendre.

Au courage

La qualité première dont il faut faire preuve lors d’un déplacement au Waldstadion, c’est du courage. Une sono poussée à coin pour les chants du club et la composition des équipes, une ambiance survoltée, un adversaire au jeu très physique, tout est là pour intimider l’adversaire. Et si tu viens seulement pour subir et essayer de casser le rythme, tu finis immanquablement par te faire détruire par la pression et l’ambiance francfortoises, Strasbourg l’avait appris à ses dépens en qualification de l’Europa League. La clé au Waldstadion, c’est de ne pas avoir peur d’aller au combat et de jouer au football car c’est incontestablement en défense que SGE présente le plus de lacunes. Un combat, c’est d’ailleurs aussi valable en tribune et on répond largement présents en Gästeblock : on fait pas mal de bruit au début de match et Olli, le principal capo des Unity, multiplie les imprécations pour nous inciter à crier encore plus fort. Et quand Olli, avec ses bras tatoués aussi larges que les cuisses de Xherdan Shaqiri et ses biceps saillants, ordonne quelque chose, tu es assez enclin à filer droit. Pas très loin de nous, il y avait deux Japonais, atterris là on ne sait trop comment et complètement ébahis par la folie ambiante. Mais, comme, manifestement les mecs ne connaissaient rien des chants du BVB mais qu’en Gästeblock Stehplatz à Francfort, chaque voix et chaque bras comptent, les mecs se sont vus remettre un petit drapeau qu’ils ont agité d’un air extatique pendant tout le match.

Un but 100% belge

Du courage, notre équipe n’en a pas manqué. Certes, SGE se procure deux corners dans les quatre première minutes mais ensuite notre BVB a imposer sa qualité technique supérieure. Malgré son milieu de terrain renforcé, Francfort est rapidement submergé. Hakmi et Sancho alertent une première fois le gardien Trapp dont le renvoi du poing retombe sur Thorgan Hazard. Le centre du Belge trouve son compatriote Axel Witsel qui ouvre le score à bout portant. On s’attendait à être bousculés en début de match mais c’est nous qui mettons d’emblée la pression sur l’Eintracht. Nos Jungs répondent parfaitement présents face au combat physique imposé par SGE. Certes, tout n’est pas parfait dans le jeu : nous nous faisons quelques frayeurs sur une double relance manquée d’Akanji ou deux contrôles ratés de Guerreiro et Witsel. Mais, dans l’ensemble, le BVB a le match en main. Malheureusement, un manque de précision dans la dernière passe nous empêche de nous créer davantage d’occasions de but, à l’image de ce dribble complètement raté de Sancho qui finit en sortie de but.

La sieste dominicale

Mais, à force de maîtriser la balle (68% de possession en première mi-temps), nous finissons un peu par nous assoupir. Peut-être nos Jungs ont-ils été surpris de ne pas voir Francfort effectuer un pressing plus haut dans le terrain et plus agressif. On ne sait pas si c’est une volonté délibérée d’Adi Hütter mais, si les duels sont acharnés, il y a moins de rythme et d’intensité que d’habitude à Francfort. Et ce n’est pas forcément à notre avantage : le BVB est meilleur dans les matchs avec beaucoup de rythme et d’intensité que lorsque s’installe un faux-rythme, comme en fin de première mi-temps dimanche. Dans ce scénario de match, nous avons tendance à nous assoupir et à oublier de faire mal à l’adversaire, comme ces nombreux centres adressés par nos Jungs, plus au petit bonheur la chance que pour vraiment mettre en danger l’adversaire. Même en Gästeblock, l’intensité des chants baisse d’un ton. Certes, Paco Alcacer aurait pu partir seul au but mais l’arbitre, qui avait choisi de siffler au moindre contact, arrête l’action pour une faute préalable peu évidente d’Hummels. Et, à force de ronronner, on va finir pas être puni : l’action démarre pourtant assez mollement sur l’aile droite de l’attaque francfortoise, il n’y a aucune vitesse, ça paraît téléphoné mais le flanc gauche de notre défensive oublie de fermer la porte et, après une action assez laborieuse, le Suisse Djibril Sow finit par trouver l’espace pour centrer. André Silva est le premier sur la balle et il peut égaliser au premier poteau avec l’aide, justement, du poteau. Patatras, tout est à refaire et on atteint la mi-temps avec la désagréable impression de s’être laissé endormir par le faux-rythme de l’Eintracht et d’avoir peut-être cru un peu trop vite que le match allait pouvoir être gagné assez tranquillement. Grave erreur : un match à Francfort, ce n’est jamais tranquille ! Et les expériences des saisons précédentes auraient dû nous l’enseigner.

L’Aigle blessé mais pas achevé

Dès l’entame de la seconde période, l’intensité et le rythme montent de deux crans et le BVB est immédiatement plus à l’aise, même si Francfort est le premier en action avec un centre de Sow pour Durm, contré au dernier moment. Mais, ensuite, les occasions sont surtout pour le BVB. Sancho arrive seul devant Trapp mais l’ancien portier de Kaiserslautern sauve du pied. Puis c’est Alcacer et Witsel à qui il ne manque que quelques centimètres pour propulser au bon endroit un centre de Guerreiro. La pression dortmundoise monte et elle va finir par être récompensée sur un coup-franc pour une faute un peu idiote de Touré sur Alacacer plein axe alors que l’action se développait sur la droite. La frappe de Guerreiro est renvoyée par Trapp mais Witsel a bien suivi et sa remise peu académique trouve Jadon Sancho qui prend tout son temps pour inscrire le 1-2. Juste devant nous : c’est l’explosion en Gästeblock, Bierdusche et compagnie.

Malgré la sortie d’Hummels (pour problèmes musculaires et non par crainte d’un deuxième avertissement comme nous l’avions cru initialement), le BVB maintient sa pression. Hazard est tout proche d’inscrire le 1-3 sur un service de Reus mais sa frappe est juste trop croisée. On dit qu’un animal n’est jamais aussi dangereux que lorsqu’il est blessé. Surtout lorsqu’il s’agit de l’Aigle francfortois. Alors lorsque l’animal blessé est à terre, il faut l’achever sans pitié. Je sais, cela ne plaira pas aux antispécistes mais, de toute façon, sur un site qui fait chaque semaine l’éloge des Würste en tous genres, nous sommes déjà grillés avec ces gens-là.

La mauvaise semaine de Reus

Malheureusement, nous n’avons pas su tuer le match et l’aigle francfortois. Car celui-ci avait encore quelques ressources. Quand Adi Hütter a fait entrer le double-mètre de Bas Dost, on a bien compris que SGE allait tenter de mettre une grosse pression sur notre défense dans le dernier quart d’heure en bombardant notre surface, il aurait donc fallu continuer à jouer et, idéalement, marquer ce troisième but. Ce but, Marco Reus l’a eu au bout de soulier sur un excellent service de Mario Götze mais, seul à sept mètres du but, notre capitaine n’a pu qu’envoyer un ballon mou dans les bras de Kevin Trapp. La balle de match. On notera tout de même la bonne entrée de Mario Götze. On ne sera pas surpris de le retrouver très prochainement titulaire. Paco Alcacer n’a pas marqué depuis deux matchs et n’a pas été très bon à Francfort et l’on sait que Lucien Favre considère que Götze est plus complémentaire avec Reus qu’Alcacer. Le retour de Götzinho en pointe pourrait être une façon de relancer notre capitaine après ses deux soirées sans réussite contre Barcelone et à Francfort.

La tragédie grecque

Quand Marco a raté son occasion, on s’est retrouvé un peu comme dans une tragédie grecque : il y a la prophétie d’une issue funeste, le héros fait tout pour échapper à son destin mais il finit par être rattrapé par celui-ci. Et franchement, après l’échec de Marco, on sentait presque physiquement arriver l’égalisation. Le Waldstadion poussait avec son équipe, une pression désordonnée, brouillonne mais intense avec un BVB qui n’arrivait plus à ressortir la balle, laquelle voyageait dangereusement aux abords voir dans notre surface de réparation, souvent en direction de la tête chercheuse de Dost.

Nous avons toutefois cru que nos héros jaunes et noirs allaient échapper au funeste destin d’une égalisation lorsqu’Achraf Hakimi est parti en contre et s’est fait plaquer par Hasebe. Le Francfortois n’a pas joué une seule seconde le ballon et a déséquilibré notre Marocain, j’étais à quinze mètres de l’action et c’est juste invraisemblable que le juge de touche, qui lui était à cinq mètres, n’ait pas signalé la faute. Après, je ne saurai dire si la faute était à l’intérieur ou à l’extérieur du rectangle fatidique mais cela ne vaut pas la peine d’avoir un arbitre, un arbitre assistant et deux arbitres VAR pour ne pas signaler une telle faute. Et ce d’autant plus que, pendant une heure de jeu, M. Schmidt avait décidé de siffler le moindre contact avant de changer sa ligne et de ne plus rien siffler ou presque en fin de match. Je déteste ces arbitres qui ne sont pas capables de tenir une ligne de conduite pendant 90 minutes.Mais cela devait être un élément de la malédiction… Car la pression francfortoise a fini par porter ses fruits : après un long siège devant les buts de Roman Bürki sans que notre équipe ne parvienne à se dégager, la balle circule de gauche à droite et retour sur une succession de centres-tir plus ou moins ratés de Chandler, Hinteregger et Kamada mais, à force de naviguer devant notre but, le ballon finit par être malencontreusement propulsé dans celui-ci par Thomas Delaney. 2-2 : pour la troisième fois consécutive le BVB n’aura pas pu faire fructifier son avantage au Waldstadion.

 

Briser la malédiction

On espérait voir notre équipe repartir à l’abordage et reprendre l’avantage, un peu comme à Berlin ce printemps mais il n’en fut rien. C’est même SGE qui est passé le plus près du 3-2 sur une tête d’Hinteregger. Mais ça passe à côté, nous n’avons au moins pas bu le calice jusqu’à la lie. Néanmoins, c’est comme un sentiment de défaite qui planait sur le Gästeblock après le coup de sifflet final, la frustration d’avoir laissé échapper une victoire qui, une nouvelle fois, nous tendait les bras. Et d’avoir perdu deux points très précieux dans la course au titre. Cependant, malgré la déception, tout n’est pas à jeter dans notre prestation en Hesse. C’est toujours difficile d’aller jouer à Francfort et, globalement, nous avons dominé l’Eintracht. Il a manqué de la justesse dans la dernière passe, du réalisme devant le but et nous avons très mal géré nos temps faibles en fin de chaque mi-temps. Il n’y a pas lieu de tout remettre en question, l’entraîneur, le brassard de Marco Reus etc. comme l’ont fait certains, y compris schwatzgelb.de, que l’on a connu plus pertinent.

Il aurait suffi que notre capitaine soit un peu plus en réussite pour que notre semaine se boucle sur un bilan idyllique de trois victoires contre des adversaires aussi redoutables que Leverkusen, Barcelone et Francfort. Il y a quand même du positif sur lequel construire avant notre prochain match contre Brême après une semaine de pause. Assez curieuse d’ailleurs, pourquoi n’avoir pas placé là le match de Bundesliga prévu en semaine en décembre juste avant Noël, avec le risque de températures glaciales et de terrains détériorés ? Pour renouer avec la victoire en Bundesliga à Francfort, il faudra attendre la saison prochaine. Après trois défaites et trois nuls dans la cité du Maine, de l’Euro, du Römer et des buildings, il sera temps de briser la malédiction du Waldstadion et d’y entamer une série vertueuse de trois victoires, au moins. A condition de ne pas oublier de sortir le napalm quand il s’agira d’achever l’Aigle de Francfort.

Catégories : Au Stade

1 commentaire

Durocher Richard · 27/09/2019 à 15:21

C’est toujours le même problème contre les équipes bagarreurs comme Fribourg,Brême,Hoffenheim,Frankfurt,Dusseldorf,…
Tant qu’on insiste toujours sur ce football de beau jeu et de possession et qu’on manque d’intensité,ce sera toujours la même histoire.La Bundesliga se gagne au combat.
Il faut en finir avec cette philosophie d’Arsenal de Wenger.Comme disait Evra « Ça joue bien et à la fin on ne gagne rien »

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