Tous les éléments étaient réunis en ce premier samedi du mois de mai pour passer une magnifique journée : le soleil, les copains, les bières et bien sûr le BVB. Malheureusement, l’équipe est tombée face à une équipe de Mainz qui a sorti probablement son meilleur Auswärtsspiel de la saison pour venir gâcher la fête et les célébrations autour de notre monument et « capitaine » emblématique : Roman Weidenfeller. Décryptage vu de l’intérieur avec Diego.
Comme on dit : jamais 2 sans 3 ! Je suis de retour pour la troisième fois de la saison dans la Fußballhauptstadt après l’incroyable Revierderby de novembre et la défaite contre Bremen en décembre ayant coûté la tête à Peter Bosz. Aujourd’hui, c’est le 1. FSV Mainz 05 qui se présente au Westfalenstadion et je compte bien rentrer de mon week-end avec une victoire, joie que je n’ai pas encore vécue cette saison lors de mes visites précédentes. Vous avez sûrement pu lire mes mésaventures dans les transports dans les précédents articles, mais aujourd’hui, c’est en voiture que nous prenons le chemin de l’Allemagne avec l’un de mes amis français, Romain. Et pour une fois, tout se passe au mieux ! Près de 6 heures de route pour faire Paris-Dortmund, le temps peut paraître long mais la route se fait plutôt bien, surtout quand on est entre passionnés… Enfin bref, venons-en au concret.
Une belle journée s’annonce…
Au réveil, j’ai un bon pressentiment. Aujourd’hui, nous allons continuer dans la lignée de nos précédentes sorties, cette fois-ci à domicile. L’objectif de la Ligue des Champions sera atteint et nous allons faire une belle fête pour la dernière de la saison au Tempel. Et surtout, nous allons dire « au revoir » à Roman Weidenfeller, seize ans sous le maillot schwarz-gelb, une personne magnifique et loyale qu’il est impossible de détester, encore moins en tant que fan du BVB. Il a tant apporté pour le club et aura vécu des moments inoubliables durant son passage. Respect, mon capitaine (car c’est ce que Weidi a toujours été dans le vestiaire, même s’il n’a jamais été capitaine officiel de l’équipe, ne portant le brassard que par délégation lors de la saison 2010-2011 en l’absence du titulaire Kehl).
Une rapide promenade matinale m’emmène jusqu’à la Borsigplatz et jusqu’à la maison où notre club a été fondé, deux lieux où je ne m’étais encore jamais rendu lors de mes visites à Dortmund, cela me permet de mettre de nouvelles images sur l’histoire de notre club préféré. Des drapeaux du BVB sont accrochés partout autour de la place, la ferveur autour du club ne se raconte plus, elle se vit tout simplement. C’est donc avec un bon état d’esprit que j’entame ma descente vers le stade, toujours bien accompagné avec même un troisième ami qui nous rejoint en provenance de France. Direction la gare où nous rejoignons notre fan-club des Tremonia Bullfrogs. La bonne humeur règne également chez eux, nous sommes tous confiants aujourd’hui quant à une issue positive au coup de sifflet finale… C’est un vrai plaisir, surtout en tant que francophones, de pouvoir partager notre passion avec des locaux. Nous empruntons ensuite le métro, Richtung Stadion. Sans surprise, le public est présent en masse, les Biergarten sont remplis, la bière coule à flots, les saucisses se succèdent sur le grill, bref, le bonheur tout simplement…
Weidenfeller… ou pas ?
Aujourd’hui, pas d’accès dans le mur jaune, je prends un peu plus de hauteur et ça faisait bien deux ans que je n’avais pas vu un match assis. Nobby prend la parole et annonce l’arrivée de notre capitaine pour l’échauffement, première standing ovation mais déjà des frissons ! Je peux donc effectuer la transition sur un débat qui s’est lancé depuis le début de la semaine : faut-il titulariser Weidenfeller pour ce dernier match ? Ma réponse est simple, je suis POUR. C’est le dernier rendez-vous de la saison, notre situation au classement commence à se figer, nous finirons très probablement dans les 4-5 premiers, même si l’enjeu de la Champion’s League reste d’actualité. Quoi qu’il arrive en fin de saison, lorsque nous pourrons faire un décryptage de la saison du BVB, ce ne sera certainement pas sur ce match contre Mainz que nous aurons tout perdu… Car la clé du match du jour n’est certainement pas le poste de gardien. Curieux de connaître la composition à l’avance, je regarde l’application du BVB sur mon téléphone, le couperet tombe, pas de Weidenfeller titulaire ! On commençait à s’en douter lors de son échauffement, mais je ne vous cache pas ma grande déception à ce sujet. Pour finir sur la composition, c’est tout ce qu’il y a de plus classique depuis deux matchs, le même onze de départ : Akanji latéral gauche, Sancho-Pulisic sur les ailes, la doublette Reus-Götze installée au cœur de ce 4-1-4-1.
Côté Mainz, là aussi du classique depuis quelques matchs en 4-3-3 avec un trio d’attaque composé de Muto, De Blasis et Öztunali. Deux français : Diallo latéral gauche et Gbamin au milieu. Barragistes en avril, ils ont su se remobiliser dans le sprint final en battant Freiburg à la maison, et plus récemment, le RB Leipzig (contre qui ils n’ont pas perdu à l’aller comme au retour cette année) sur le score sans appel de 3-0. Au niveau comptable, avec 33 points, la descente directe n’est plus un risque, le barrage par contre reste une menace. Mainz ne s’est jamais imposé au Westfalenstadion : au vu des enjeux respectifs, on se dit honnêtement que ce match est pour nous, que le FSV est une victime idéale, les bookmakers nous donnant grandissimes favoris de ce match.
Côté ambiance d’avant-match, c’est plutôt intéressant, ça démarre bien. On a tendance à entendre un peu plus les visiteurs parce que nous sommes relativement proches d’eux contrairement au mur qui se situe en face de nous, mais cela n’empêche que nous continuons d’être confiants. J’ai pu retrouver de l’émotion avec le You’ll Never Walk Alone que j’avais perdue lors de ma dernière visite, c’est parfait, le coup de sifflet retentit, auf geht’s Jungs !
Cueillis à froid
Après une première phase de possession, nous perdons la balle au profit des visiteurs. Diallo envoie une belle passe pour casser la ligne, Gbamin plein axe décale Öztunali qui lui remet à l’entrée dans la surface, les défenseurs sont quasiment spectateurs de cette percée et de cette subtile talonnade de Gbamin pour Baku qui crucifie Bürki, parti à contre-pied. 0-1, 3 minutes de jeu. On ne l’avait pas vu venir celle-là tiens ! Mainz est bien rentré dans son match avec plus d’agressivité et joue très bien les coups avec un maximum de précision. Nous sommes complètement hors sujet en ce début de match ! La déferlante continue, Diallo, encore lui, décale De Blasis sur le côté gauche et envoie un centre parfait pour Muto qui coupe de la tête, Töprak est complètement en retard sur l’action et ça ne pardonne pas : 0-2 en moins d’un quart d’heure pour les Mainzer, euh… Les joueurs du BVB ont déjà joué le match avant dans leurs têtes ? Nous ne répondons plus ! Chaque match est un combat et celui-ci démarre plutôt mal ! Soyons francs, même nous, on s’était déjà vus vainqueurs avant le début. On tombe des nues. 3 minutes plus tard, Sancho provoque sur la gauche comme il sait si bien le faire et sert Philipp entre les 6 mètres et le point de penalty, l’ancien Fribourgeois se retourne et marque assez facilement, 1-2, belle réaction de la part du Borussia, il faut pouvoir surfer sur cette dynamique pour tenter de recoller avant la mi-temps. Sauf que c’est Mainz qui envoie des belles banderilles en contre et on est plus proche du 1-3 que du 2-2… heureusement qu’ils pêchent dans la finition ! Töprak se blesse et Schmelzer (désormais, l’ex-capitaine, l’ex-banni également…) rentre en jeu. On se dit peut-être que son apport peut convenir à l’équipe afin de trouver de la vitesse en complément de l’ailier, il n’en sera rien au cours de cette première mi-temps. Sous les sifflets, les joueurs retournent au vestiaire sur le score de 1-2.
Pas même une réaction
Que dire de la seconde mi-temps ? Finalement pas grand-chose, Mainz se replie correctement derrière et ferme le jeu et profitant de quelques occasions de contre, le Borussia se casse les dents littéralement sur la défense, le gardien adverse n’a pas eu de grosse parade à effectuer, excepté une prise de balle rassurante sur une tête de Schmelzer à la 89ème. Stöger consacre ses deux derniers changements à l’apport de joueurs offensifs, Pulisic (qui n’a rien réussi cet après-midi) est remplacé par Schürrle, Götze (peu influent dans le jeu) est remplacé par Yarmolenko. Pas de Weidenfeller donc, très déçu ; pour le symbole, cela aurait été beau de le voir mais il faut avouer que la priorité était d’égaliser et en plus, nous avions grillé un changement sur blessure d’un joueur. Mais c’est d’autant plus rageant car il méritait d’être titulaire dès le début. Le coup de sifflet final retentit. Les Mainzer explosent de joie. Ils sont sauvés et je les félicite sincèrement, ils auront été bien meilleurs que nous et méritent amplement cette victoire. Pour les avoir vu jouer face à l’Eintracht Frankfurt au mois de mars, je vous garantis que c’était une équipe bien mal au point qui avait sombré à la Commerzbank-Arena sur le score sans appel de 3-0 (score déjà acquis à la mi-temps en plus…).
Là encore des sifflets pour nos joueurs. Mais bon, rien d’étonnant. Ça fait plusieurs matchs qu’il existe une cassure entre la Süd et les joueurs. Dernièrement, après la belle victoire sur le Bayer Leverkusen, les joueurs s’étaient présentés à l’entrée de la surface mais très vite, ils sont rentrés au vestiaire sans célébrer avec le mur après avoir reçu des sifflets… Très vite, l’enthousiasme revient puisque Weidenfeller est célébré. Il a eu le droit à son tifo de la part du mur, il a même eu un tifo sur le rond central pendant l’échauffement. Tout était prévu aujourd’hui pour fêter Weidi. Même si l’on a perdu, tout le monde chante à sa gloire, il se permet même de rentrer dans la tribune avec les fans, c’est vraiment beau à voir. Des joueurs sont restés sur la pelouse, d’autres sont même déjà rentrés au vestiaire. Où sont les autres ?! Heureusement que certains cadres sont venus les chercher pour qu’ils reviennent… Là encore, c’est quelque chose qui m’énerve profondément. Après un tour du stade sous les applaudissements nourris du public (et même des Mainzer…), les joueurs lui font une haie d’honneur. Sauf que Weidi doit sûrement en avoir gros sur la patate des sifflets sur ses coéquipiers. Alors il refuse dans un premier temps de franchir cette haie d’honneur et appelle tous ses coéquipiers pour venir voir et communier avec le public. La Süd siffle, Weidi fait signe d’arrêter. Cela me fait mal au cœur car son intention est vraiment belle, mais du coup, il n’y a aucune envie pour célébrer avec les fans la dernière sortie à domicile de cette saison. Cela aura été bref et assez peu suivi, moi je ne retiendrai que sa volonté d’avoir voulu apaiser les tensions.
En tant que fan cette année, on en a tellement vu alors il est vraiment temps que ça se termine, la colère qu’on ressent n’est pas due qu’à ce match, mais plutôt à la saison entière que l’on a vécue. L’ambiance a beaucoup baissé, nous avons énormément de mal à digérer la gestion de la direction par rapport à l’après-Peter Bosz. Stöger aura été vraiment notre solution de secours, le point positif est que cela a permis de relancer l’équipe, jusqu’au naufrage du Bayern. Nous n’accepterons jamais ce Derby perdu sans âme il y a bientôt un mois, des choix parfois controversés, une identité de jeu qui ne colle pas au BVB… Nous voulons des joueurs qui se battent comme des guerriers jusqu’à la dernière seconde, quitte à sortir lessivé… et on n’en a pas vu cette année. Et ce match contre Mainz en est la pure preuve.
A l’année prochaine !
Cette défaite nous pousse à jouer un dernier match à enjeu face à Hoffenheim la semaine prochaine. Mais lorsque nous consultons les résultats, finalement, cette défaite face à Mainz n’a pas de conséquences dramatiques. Hoffenheim a perdu, Leverkusen a fait match nul, Frankfurt et Leipzig ont gagné, mais ne pourront plus nous rejoindre. Ce qui valide quasiment notre ticket en Champion’s League, sauf déroute lors du dernier match de cette année… Et nous pouvons nous inquiéter car Hoffenheim finit en trombe ce championnat et a doublé tous ses concurrents quand ceux-ci ont flanché, ils les ont même battus parfois lourdement (je pense bien sûr à ce 1-5 face au RBL…). Hoffenheim qui était 10ème il y a plusieurs journées se retrouve en passe de finir 3ème et nous griller sur le finish. Il faudra montrer vraiment un autre visage dans cette « finale pour la 3ème place », ce dernier élan d’honneur nous permettra au moins de finir sur le podium, la 2ème étant validée d’office pour l’ennemi juré d’Herne-West…
J’espère également sincèrement que le conflit joueurs-fans pourra se résoudre d’ici le début de la saison prochaine. C’est une saison compliquée qui va enfin se terminer et il est temps qu’on en finisse pour toutes les parties. Nous sommes connus pour avoir une communion sacrée avec nos joueurs et ce n’est plus le cas. Il faudra impérativement remédier à cela et ça va passer par un énorme travail, sur le terrain mais aussi du côté de la direction qui va devoir revoir beaucoup de choses. A commencer par l’arrivée probable d’un nouveau coach (Favre ?), d’un nouvel attaquant (Batshuayi ?) et de pouvoir rechercher l’alchimie nécessaire pour nous montrer ce qu’on attend réellement de notre Borussia : de la combativité, du beau jeu et plus de respect envers l’institution.
Finalement, le cœur n’est plus trop à la fête alors nous décidons de rentrer sur Paris dans la nuit plutôt que le lendemain matin. Malgré la fatigue, le retour se passera bien, sans parler trop du BVB. On reste derrière eux quoi qu’il arrive, on aime profondément ce club donc les moments durs, on les accepte malgré tout.
Bis zum nächsten Saison !
Diego
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