Après avoir passé le premier tour de la DFB-Pokal contre l’Eintracht Trier lord d’un excellent déplacement au bord de la Moselle, nos Jungs recevaient les Unionistes de Berlin. Une affiche de rêve qui s’annonçait bouillante avec la venue annoncée de plus de 10 000 supporters du FCU. Personnellement, j’admire le club de Berlin-Est. Non seulement pour ses valeurs et son histoire, mais également pour son stade avec pas moins de 75% de places debout. Si vous ne connaissez pas ce club, je ne peux que vous conseiller de lire cet article revenant sur son histoire et son lien au cœur de la ville avec le Hertha.
Ainsi, après une longue et pénible matinée d’étude à l’université de Dortmund dans l’impatience de retourner dans notre « Tempel », j’organise un petit apéro dans mon nouveau chez-moi avec les collègues du jour afin de décompresser et, enfin, passer en mode Fussball. Malheureusement, on me fait rapidement savoir que j’ai l’air totalement dépité en parlant de notre club, et c’est effectivement le cas. Je ne m’en cache pas.
Je n’ai pas peur de dire que l’ambiance du WF est devenue mauvaise par rapport au potentiel, dire que je suis contre l’internationalisation du club, contre la nouvelle politique de transfert et surtout, dire que je suis pour le départ de Tuchel et son jeu « langweilig ». En toute honnêteté, je préfère finir septième avec une équipe à laquelle je m’identifie, que deuxième avec un jeu autant somnolant et un pseudo barcelonesque. Si mon avis est cru et direct, il est au final fortement partagé dans notre discussion de biergarten. Bref, rendez-nous notre Borussia.
Les règles internes de la Südtribüne
Les matchs en semaine, ce n’est jamais facile. L’avant-match est souvent bien difficile à gérer, contrairement au samedi où tout est robotisé par habitude. On n’est pris par le temps et on se dépêche de monter dans U-Bahn. Heureusement, la station est juste à côté de mon nouvel appartement et, avec deux lignes allant directement aux alentours du stade, j’ai le droit à mon petit luxe.
Hélas, trop présenter de retrouver la Süd et le Bloc 13, dans lequel il est toujours conseillé de rentrer rapidement, pas le temps de faire la tournée des Biergarten cette fois-ci.
L’occasion de rencontrer des têtes nouvelles et inconnues pour la plupart des habitués. En effet, nous avons, pour l’occasion, juste derrière nous, des nordistes, parlant à moitié l’allemand, venant pour la première fois au Westfalenstadion et nous disant « être heureux d’être ici ». On peut le comprendre. Malheureusement, les places choisies, elles, ne sont pas les meilleures pour une première fois… Le bloc 12 et 13 étant réservé aux abonnements et aux fans club, il est inutile de demander comment ces derniers ont eu l’occasion de se retrouver ici pour une première.
Cette venue est l’occasion pour mes voisins et moi-même de prendre les paris afin de savoir en combien de temps ces derniers allaient être virés du bloc. En effet, dans les blocs 12,13 et 82 de la Südtribüne, les ultras, fans-clubs et groupes d’amis ont tous des places attribuées au fil du temps. Comme des petites habitudes de vie. Autant vous dire que vouloir s’incruster dans ces cercles fermés n’est pas forcément la meilleure idée du siècle et se positionner n’importe où sans être accompagné par un habitué l’est encore moins.
Évidemment, quelques minutes plus tard, les nordistes durent quitter le bloc avec l’arrivée de membres d’un fan-club ami du notre. Des amis qui n’ont pas hésité à les bouger brusquement, après leur avoir gentiment dit qu’ils se trouvaient à leurs places.
Après ce petit événement symbolique de l’état de notre tribune, la bonne surprise vient peu avant l’échauffement des gardiens, quand, au lieu d’entendre la musique « Black and Yellow » de Bürki, c’est … celle de Weindenfeller qui retentit. Eh oui. J’avais complément oublié que c’était notre bon vieux Roman qui avait le droit de jouer cette compétition, pour le plus grand bonheur de la Südtribrüne.
Tillykke-Larsen
Après cet échauffement, le match se trouve être retardé de 15 minutes ; les fans unionistes ayant essayé de forcer le contrôle de sécurité afin de faire entrer des engins pyrotechniques. Le temps pour mon ancien colocataire d’aller se ravitailler en bière.
Le match, lui, commence comme on l’avait pressenti avec un Union poussif et un Borussia qui semble peu concerné par l’évènement. Une équipe qui a plusieurs moments a bien failli nous surprendre, notamment par des remises pas franchement académiques pour Weindenfeller. De notre côté, rien d’intéressant, hormis des tirs peu dangereux, des corners à deux complètement inutiles et trente-six-mille dribbles devant la surface alors qu’il y a de la place pour placer une lourde. Du Tuchel, en somme.
On peut tout de même noter deux choses intéressantes dans cette première période. La première, l’excellente performance de Larsen qui, en une mi-temps, a montré plus de choses que certaines de nos recrues. La seconde, évidemment, les supporters de l’Union, tous habillés d’un k-way rouge pour l’occasion. Il faut le dire, ces derniers ont mis une leçon d’ambiance à notre Süd qui n’était pas dans un grand soir, de ce que j’ai pu entendre – je ne peux pas forcément juger, étant à l’intérieur. Ce même Jakob Bruun Larsen est récompensé de sa performance avant l’heure du thé avec un but sur une magnifique passe de Götze. Malgré que la balle soit déviée par le défenseur Parensen, cela n’enlève en rien le mérite du champion d’Allemagne U19 d’avoir pu marquer lors de son tout premier match.
Saleté de balles arrêtées…
La deuxième mi-temps reprend avec un magnifique show pyrotechnique des Allemands de l’Est. Celui-ci, était pourtant annoncé par une fuite, mais la sécurité n’a apparemment pas réussir à les en empêcher. Et ce ne sont pas les provocations débiles du speaker qui les empêchent de recommencer.
Sur le terrain, nous n’avons pas forcément l’impression que nos Jungs sont revenus avec de meilleures intentions, tandis que Weigl et Dembélé remplacent Larsen et Sahin à l’heure de jeu. Tout le monde espère voir l’équipe creuser l’écart, mais il n’en est rien. Bien qu’un but soit refusé pour une position de hors-jeu, on le dit, et one le répète, cette équipe, sous Tuchel, est catastrophique sur balle arrêtée et comme à le montrer à chaque match.
Ces matchs se suivent et se ressemblent. Des pseudos artistes voulant dribbler au lieu de passer, perdant régulièrement la balle et faisant des passes imprécises par la même occasion. Sans cesse. En s’acharnant alors que non, cela ne marche pas. Et que oui, cela commence à en énerver plus d’un. Je vais taire les noms, mais on peut notamment y retrouver un turc ou encore un ancien breton. Mais ça, il ne faut surement pas le dire trop fort, on risquerait de s’attirer les foudres de quelques supporters venant de Bretagne à force de critiquer les prestations actuelles de l’enfant du pays.
Viens la quatre-vingtième minute. Alors que le Borussia est totalement endormi, le corner du FCU est mal renvoyé par la tête de Weigl, l’occasion pour Steven Skrzybski de balancer une bombe dans les filets d’un Weindenfeller complètement masqué par ses coéquipiers. Ausgleich. On va vous épargner un nouveau commentaire sur les phases arrêtées. C’est également triste à dire, mais il a fallu attendre l’égalisation pour réveiller le WF, ainsi que les joueurs. Direction les prolongations.
Weindenfeller. Weindenfeller. HEY HEY!
Changement de capo dans la Süd et le match peut reprendre. Malheureusement, il ne s’y passe pas grand-chose, hormis un coup franc de Götze et une incompréhensible traversée de terrain dans toute sa largueur d’Emre Mor, tandis que la catastrophe passe pas loin, à la 99e, quand Weindenfeller se loupe totalement lors d’une sortie. Fort heureusement, les deux attaquants de la capitale manquent l’immanquable après une mésentente. Malgré cette boulette, difficile d’en vouloir à Roman au vu de la prestation globale de l’équipe.
Compte tenu de sa physionomie, ce match ne pouvait se terminer qu’aux pénaltys. Le soir d’avant, le Sportfreunde Lotte, en D4, sortait Leverkusen à ce même jeu des tirs au but, tandis que Freiburg, lui, se faisait sortir par Sandhausen, club de D2. La tension monte. Tout le monde se demande qui va bien pouvoir tirer.
Et puis, voilà que les tireurs s’avancent. Dembélé, Ginter et Mario marquent tandis que Roman, lui, sort les deux premières tentatives berlinois. Tel le héros qu’il est. Le dernier tireur berlinois touche lui la barre. Le moment choisi par tout le monde pour exulter. Un énorme bruit résonne dans tout le stade, au point de ne plus rien entendre d’autre dans mes oreilles. Le stade jubile et nous commençons alors avec les traditionnels chants d’avant derby. Mais l’image du soir reste celle de Weindenfeller. Héros du match, ce dernier revient des vestiaires, grimpe les barrières de la Süd et remercie alors chaleureusement les ultras et supporters encore présents. Notre Borussia, c’est celui-là.
Alexandre Fatton
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