Pour vaincre le leader Mönchengladbach, le Borussia Dortmund a dû faire trembler trois fois les filets pour finalement qu’on veuille bien daigner lui accorder un seul malheureux petit but. Mais un but qui vaut de l’or puisque il permet au BVB de s’imposer de manière méritée au terme d’un match crispant. Tout n’a pas été parfait mais, dans un contexte difficile, c’est un premier pas vers des jours meilleurs.
Avec ses trois matchs nuls consécutifs 2-2 en Bundesliga, dont surtout deux mauvaises dernières prestations contre Werder Brême et à Freiburg, le Borussia Dortmund ne s’était pas vraiment assuré la plus tranquille des trêves internationales. Les critiques ont plu durant deux semaines et, comme souvent, c’est l’entraîneur qui a encaissé le plus de commentaires déplaisants. Curieux hasard de l’histoire, presque dix ans jour pour jour après un autre entraîneur, qui, comme Lucien Favre, était arrivé 15 mois plus tôt. En octobre 2009, le BVB avait raté son début de saison, avec notamment des défaites 4-1 à Hambourg, 5-1 à domicile contre le Bayern, un Derby perdu 0-1 au Westfalenstadion et surtout une affreuse élimination en Pokal sur la pelouse d’une troisième division, Osnabrück. Entraîneur trop jeune, qui n’a jamais joué en Bundesliga, qui n’a jamais entraîné un club plus prestigieux que Mainz… nombreux étaient ceux qui réclamaient à hauts cris la tête de l’entraîneur. Mais, curieusement, aujourd’hui, les détracteurs d’alors ont subrepticement oublié leurs critiques de l’époque : cet entraîneur si décrié qui n’était, d’après les autoproclamés experts, pas l’homme de la situation, c’était Jürgen Klopp… Alors si, aujourd’hui, on laissait un peu travailler notre entraîneur, notre staff et nos Jungs ? Bien sûr, après un mauvais match comme celui de Freiburg, il est possible d’établir une analyse critique mais, malheureusement aujourd’hui, ce n’est plus de cela qu’il est question : on ne cherche plus à analyser ce qui pourrait être amélioré, la génération biberonnée à la téléréalité habituée à envoyer des sms pour éliminer les candidats qui lui déplaisent préfère se cantonner dans la recherche de coupables et de boucs émissaires. Quand la critique constructive cède la place au défouloir gratuit, cela ne peut qu’être nuisible pour le club et on espère que notre staff gardera la tête froide et ne cédera pas à la vox populi qui réclame juste des têtes plutôt que des solutions susceptibles de faire avancer notre club.
Le contexte : difficile
C’est donc un Lucien Favre sous pression qui accueillait son ancien club de Mönchengladbach. Les Fohlen ont parfaitement réussi leur début de saison puisqu’ils débarquent en leader au Westfalenstadion. Leur nouvel entraîneur, Marco Rose, est une vieille connaissance, puisque que c’est lui qui entraînait le Red Bull Salzburg quand celui-ci avait éliminé le BVB en pleine déprime de Peter Stöger en Europa League lors de la saison 2017-2018. Nous avions donc tout à craindre du jeu engagé et direct mis en place chez le falsche Borussia. Le contexte s’est encore tendu avec la suspension interne de Jadon Sancho, rentré trop tard de son équipe nationale. Voilà qui ne rappelle pas que des bons souvenirs et les départs tumultueux de Dembelé et Aubameyang après moult épisodes pénibles. Il appartient maintenant à Sebastian Kehl de déminer la situation avec notre prodige anglais : c’est pour gérer ce genre de cas que son poste un peu insolite a été créé, à lui de prouver maintenant son utilité pour que le départ, probablement inéluctable à moyen terme, de Sancho du BVB se fasse par le grande porte et non après un long feuilleton d’épisodes puériles et nuisibles à l’esprit de groupe. Pour ne rien arranger, Paco Alcacer est toujours blessé, Mario Götze est grippé et Marco Reus a dû prendre le risque de jouer, également grippé. Lucien Favre a donc du rebattre ses cartes avec une charnière Hummels-Weigl, Akanji décalé comme latéral droit, le retour de Schulz à gauche, Hakimi et Hazard en demi offensif extérieurs et le duo Reus-Brandt dans l’axe. Soit une défense inédite et un quatuor offensif tout aussi original. Pas franchement l’idéal pour affronter un leader en pleine confiance.
En net progrès
C’est un vrai temps d’automne qui règne sur le Ruhrpott. Ciel gris et bas, météo pluvieuse, même si les averses ont eu la bonne idée d’épargner notre Biergartenrunde, une température fraîche. Comme souvent, c’est le Westfalenstadion qui va constituer notre lueur d’espoir dans la grisaille. Dès l’entrée au stade, nous constatons que le peuple jaune et noir n’a pas lâché son équipe et que, malgré les critiques des dernières semaines, les fans, ceux qui se rendent au stade, sont toujours mobilisés à 1909% derrière notre Borussia. Et surtout quand l’adversaire est un vrai rival, le falsche Borussia de Gladbach. Et notre équipe a su répondre présente. Là encore, c’est un constat connu et reconnu mais nos Jungs sont beaucoup plus à l’aise contre les ténors que contre des adversaires réputés plus faibles. Dans l’engagement, dans les duels, dans les idées, dans le jeu, dans la concentration, notre BVB évolue clairement deux tons au-dessus de ce qu’il avait montré à Freiburg. Tout n’est pas parfait mais c’est quand même nettement meilleur. Thomas Delaney allume une première banderille avec une tête smashée qui rebondit juste au-dessus de la barre avant que le gardien suisse des Fohlen Yann Sommer ne détourne du bout des doigts une frappe croisée de Julian Brandt, bien servi par une passe géniale de Marco Reus.
La VARmine
Néanmoins, Gladbach n’est pas leader pour rien et, bien que dominé, va rester dangereux durant tout le match. Roman Bürki réussit deux parades de grande classe, d’abord sur une reprise à bout portant de Lainer puis en sauvant du pied devant son compatriote Embolo qui se présentait seul. Il les fallait, ces parades car, dans ce contexte un peu troublé, il était vraiment préférable de ne pas se retrouver mené au score ! Peu après un coup de tête d’Hummels dévié sur sa barre par Sommer, la délivrance va survenir une première fois à la 33ème. Enfin, croyait-on. Le gardien suisse des Fohlen est bien moins inspiré en détournant une frappe de Thorgan Hazard dans ses propres filets, explosion du Westfalenstadion, Torhymne, annonce de Nobby, 1-0 au tableau d’affichage, on congratule tout le Block, la délivrance. Puis la stupeur, l’annulation du but après consultation de la VAR. Très honnêtement, dans le stade, personne n’a compris cette décision ubuesque. Il s’est avéré que, non pas sur l’action du but mais trente bonnes secondes auparavant, Marco Reus était sur la même ligne que le dernier défenseur de Glabdach mais son talon dépassait de quelques centimètres. L’arbitre décide de revenir à ce pseudo-hors-jeu. Incompréhensible !
Ihr macht unser Sport kaputt
On avait cru comprendre que la vidéo devait servir à corriger des erreurs manifestes mais ça n’avait pas été le cas sur le pénalty non-retiré contre Barcelone alors qu’il y avait une triple infraction évidente du FC UEFA avec deux défenseurs un mètre dans la surface et le gardien un mètre devant sa ligne ; par contre, là pour une décision très litigieuse qui avait échappé à tout le monde très en amont du but, on utilise la VAR pour deux millimètres très discutables. Unglaublich. Comment le chantent le Westfalenstadion et, chaque week-end, tous les stades d’Allemagne, « ihr macht unser Sport kaputt », vous tuez notre football, la VAR est en train de massacrer notre beau sport plus sûrement que le hooliganisme, le racisme et la violence réunis. Le football, c’est d’abord de l’émotion et celle-ci est en train de complètement disparaître avec ces décisions à retardement après un usage dévoyé de la vidéo. Bientôt, on n’osera plus célébrer un but, sachant qu’un mec qui n’est même pas dans le stade pourra décider complètement arbitrairement de l’annuler pour une faute intervenue plusieurs minutes auparavant. Autre conséquence, l’arbitrage est complètement déshumanisé. Avant, on connaissait tous les arbitres de Bundesliga, la génération des Stark, Drees, Gagelmann, Kircher, Weiner, Perl… on pestait souvent en voyant pénétrer sur le terrain la dégaine de l’un ou l’autre (au hasard, Wolfgang Stark) mais ils avaient leur style et prenaient leur responsabilité, parfois pour le pire. Il reste encore MM. Brych, Aytekin ou Gräfe mais les autres, la nouvelle génération, on ne les connaît et reconnaît plus, nous avons l’impression qu’il s’agit de robots interchangeables qui n’osent plus prendre de décision et se contentent d’attendre servilement que les mecs de Köln (où se trouve la salle vidéo) prennent les décisions à leur place. Ce n’est juste plus tenable. Le plus simple, ce serait de faire ce que réclament les fans, soit renoncer à la vidéo, mais, si vraiment les instances dirigeantes du football veulent maintenir leur gadget, alors il faut qu’ils redéfinissent de manière beaucoup plus claire et stricte ses règles d’engagement. Car actuellement, ce truc qui était sensé amener davantage d’objectivité dans le football est surtout en train de faire régner l’arbitraire le plus total.
En vrai capitaine
Après une fin de première mi-temps un peu dans l’énervement, le BVB reprend sa domination après la pause. Julian Brandt, tout comme Thorgan Hazard, bien meilleur que lors de ses dernières sorties, ne trouve que la Südtribüne sur sa frappe plein axe. C’est finalement de notre capitaine que va venir la délivrance. Brandt et Hazard combinent bien pour lancer Marco Reus qui trouve l’espace entre les jambes de Sommer pour ouvrir le score. Et cette fois-ci, les partiaux de Köln n’ont pas trouvé une broutille des plombes auparavant pour annuler la réussite ! Toutefois, nos mésaventures des dernières semaines nous ont appris à rester prudents et à redouter une égalisation jusqu’au bout. On sent d’ailleurs que la crispation et la fébrilité commencent à hanter nos Jungs. Et la sortie sur blessure de Roman Bürki à vingt minutes de la fin ne va rien arranger. Un deuxième but aurait bien sûr libéré tout le monde. Mais Sommer sauve devant Brandt. Et notre transfuge de Leverkusen va se voir annuler un but par la VAR – justement cette fois-ci, Reus, en position de hors-jeu, masquant le gardien Sommer. Néanmoins, pour l’émotion, c’est de nouveau raté puisque nous avions largement eu le temps de célébrer le but avant d’apprendre son annulation. Pourquoi le juge de touche n’avait-il pas signalé le hors-jeu puisque celui-ci était cette fois net ? Encore une fois, il n’a pas osé prendre ses responsabilité, préférant attendre la décision de la vidéo, c’est très frustrant pour les supporters dans le stade et c’est surtout en train de radicalement modifier notre sport.
Soulagement !
Faute de deuxième but, nous avons donc tremblé jusqu’à la fin. Comme à Freiburg, notre BVB a reculé et a accepté la domination des Fohlen dans les dernières minutes, cela aurait pu mal se terminer. Par chance, Thuram ne trouve que le petit filet extérieur et, à la 89ème, Marwin Hitz prouve qu’il est une doublure de première classe avec un arrêt déterminant devant Neuhaus. Ouf ! A la fin du match, l’heure était davantage au soulagement qu’au triomphalisme béat. Néanmoins, battre le leader de façon complètement méritée et revenir à deux petites longueurs de la tête du classement, c’est que tout ne va pas aussi mal dans notre club que ce que certains voudraient faire croire. Maintenant, il va s’agir de confirmer car la constance n’est pas notre qualité première depuis le début de la saison. Mais cette victoire va calmer un peu les esprits, c’est un premier pas dans la bonne direction. Avant même la fin de ce Borussenderby, les chants du Westfalenstadion étaient déjà tournés vers un autre Derby, le plus important, celui de samedi à la Turnhalle d’Herne-West. C’est clairement notre grand rendez-vous de la semaine mais, auparavant, il y a quand même ce déplacement à San Siro contre l’Inter Milan, qui pourrait nous permettre d’effectuer, en cas de victoire ou même de match nul, un pas de géant vers une qualification en Ligue des Champions. Ce serait évidemment la meilleure manière de préparer notre court déplacement chez les Blauen.
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