Ce vendredi 4 août s’ouvre la 582ème Cranger Kirmes. Késako ? Tout simplement la plus grande fête populaire du Ruhrpott qui déroule ses fastes chaque année du côté d’Herne. Découverte de l’une de ces grandes kermesses populaires dont les Allemands raffolent et qui fait partie des virées incontournables pour tout résident du Ruhrpott.
Les Allemands adorent se rassembler et faire la fête. Il existe dans chaque région, dans chaque ville, dans chaque village, une kyrielle de kermesses, festivals et autres fêtes en tous genres dont parfois personne ne sait très bien ce qu’ils sont sensés commémorer, sinon de s’amuser. Si l’on excepte les carnavals, comme ceux de Köln ou de Mainz, qui se déroulent dans toute une ville et où il est difficile d’évaluer le nombre de fêtards, la plus grande de ces fêtes est la Wies’n (Oktoberfest pour les touristes), la fête de la bière de Munich, les deux dernières semaines de septembre, qui attire entre 6 millions et 6,5 millions d’amateurs de Maßbier chaque année. Derrière la Wies’n, trois événements se disputent le titre de deuxième plus grande fête populaire du pays avec entre 4 et 4,5 millions de fêtards par année : la Cannstatter Wasen, la fête de la bière de Stuttgart, qui débute une semaine plus tard que celle de Munich, la Größte Kirmes am Rhein, en juillet sur les bords du Rhin à Düsseldorf, et la Cranger Kirmes d’Herne, au début du mois d’août. Mais, alors que les fêtes de Munich et Stuttgart déroulent leurs fastes sur deux semaines et trois week-ends, celle d’Herne ne dure que 10 jours, du vendredi au dimanche suivant. A quatre millions et demi de visiteurs, imagine combien cela représente par jour, sachant que les jours de week-end sont beaucoup plus fréquentés que ceux de la semaine, tout simplement la plus grande fête d’Allemagne en terme de fréquentation quotidienne. Kolossal !
Herne
Tu ne connais probablement pas la ville d’Herne car son club de football, le SC Westfalia Herne, a disparu des avant-postes depuis pas mal d’années. Pourtant, il s’agit d’un grand club de tradition, ancien champion d’Oberliga-West en 1959 (devant Köln, Düsseldorf, Bochum et Dortmund) et qui évoluait encore en deuxième division (et donc jouait contre le BVB) dans les années 1970. C’est aussi le club d’origine du légendaire Hans Tilkowski, notre gardien lors de la victoire en Coupe d’Europe des vainqueurs de Coupe 1966 et aussi celui qui a encaissé la même année le but le plus controversé de l’histoire du foot, avec l’Allemagne en finale de la Coupe du Monde à Wembley contre l’Angleterre. Aujourd’hui, le Westfalia, malgré un vieux stade de 32’000 places (Stadion am Schloss Trünkede), ne joue plus qu’en Oberliga Westfalen, la cinquième division.
Mais nous sommes quand même en terre de football car Herne, 150’000 habitants, se trouve au nord de Bochum, à l’ouest de Dortmund (environ 10-15 minutes de Regio ou de S-Bahn) et à l’est de Gelsenkirchen. C’est donc en référence à cette ville de Herne que nous avons surnommé nos rivaux de Schalke Herne-West ; depuis le sommet des attractions les plus élevées, nous pouvons même apercevoir l’antre maudit de la Veltins Arena. Cependant, les citoyens d’Herne ne penchent pas forcément du côté obscure de la Force, le Königsblau, d’ailleurs ce sont bien les couleurs de la Dortmunder Union-Bier qui décorent la gare locale. Et à la Kirmes, tu croises des fans de tous les clubs du Pott et même d’ailleurs.
L’origine
Même si officiellement nous célébrons cette année la 582e Cranger-Kirmes, personne ne sait très bien quand elle a vraiment commencé ni ce qu’elle était censé célébrer à la base. Il semblerait qu’à la base, au XVème siècle, il s’agissait d’un marché aux chevaux, auxquels se sont peu à peu joints jongleurs, forains, danseurs, diseuses de bonne aventure, magiciens… Puis les chevaux ont disparu et c’est devenu juste une tradition populaire où l’on vient pour s’amuser sans trop se préoccuper de savoir ce que l’on est censé célébrer même si, comme dans toute fête populaire allemande qui se respecte, il y a une partie officielle avec discours, costumes, drapeaux…
Le Cranger Kirmes se déroule sur une surface de 83’000m2, soit l’équivalent d’environ 110 terrains de football, le long du Rhein-Herne-Kanal. L’entrée est bien sûr gratuite et différentes Tor (portes) permettent de pénétrer sur le site de la fête.
La fête foraine
Une fois à l’intérieur, la Cranger Kirmes ressemble aux autres fêtes populaires allemandes, c’est-à-dire une grande fête foraine. Les attractions sont innombrables, pour les jeunes et les moins jeunes, pour les plus paisibles et les plus intrépides, il y en a pour tous les goûts : Medusa, Geisterschaft, Fighting the Lopp, Rotor, Rio Rapido, Super Rutsch, Panic Room, Autoscooter Millenium Drive, Heroes, Piraten Fluss, Viva Cuba, U3000, Hangower the Tower, Predator, Gladiator, Spinning Racer, Disco Jet, Voodoo Jumper, Big Monster, Olympia Looping, Apollo 13, Infinity…
Le nom des différentes attractions est évocateur. Il y a des auto-tamponneuses et des trains fantômes en veux-tu en voilà, toute une série de montagnes russes plus ou moins aquatiques, de la chute libre, il y en a pour tous les goûts et les amateurs de sensations fortes seront servis : tu peux aller te confronter aux mineurs et fils de… éméchés du Ruhrpott avec une voiture, te faire secouer, tourner retourner dans tous les sens, danser sur une piste en mouvement, tomber dans le vide, effectuer toutes sortes de looping et autres figures acrobatiques, croiser une kyrielle de monstres, il n’y a que l’embarras du choix, à condition d’avoir l’estomac bien accroché…
Pour avoir plus ou moins essayé toutes les attractions les plus suicidaires, les montagnes russes sur les anneaux olympiques sont de loin celles qui m’ont le plus secoué.
Glück auf Crange
Jusque-là, cela ne diffère guère des fêtes de la bière de Munich et Stuttgart, avec en prime une orgie de stands plus ou moins gastronomiques où la saucisse, déclinée sous toutes ses formes, tient évidemment la vedette. La grande différence, c’est qu’à la Wies’n et à la Cannstatter Wasen, la fête se déroule essentiellement sous les Festzelte, ces gigantesques tentes de 6’000 à 12’000 places (une quinzaine à Munich ou Stuttgart) qui affichent déjà complet et où l’ambiance monte déjà dès l’ouverture à 9h ou 10h du matin. La Cranger Kirmes se tient début août, par des températures souvent caniculaires, et il n’est donc pas question d’aller s’enfermer toute la journée sous une tente. L’essentiel de la partie festive, en journée, se tient donc dans les innombrables bars et Biergarten en plein air.
Une journée à la Cranger Kirmes consiste donc à alterner Biergarten et attractions foraines sans tomber malade, un vrai défi. Il y tout de même une Festzelt à Herne ; l’ancienne Festzelt a tiré sa révérence en 2016 et une nouvelle a été organisée pour cette édition.
Nous avons choisi son nom et le vote s’est porte sur le nom de Glück auf Crange, en référence au salut traditionnel des mineurs. C’est là que se regroupent les rescapés en début de soirée pour finir debout sur les bancs et déguster Maßbier, Jägermeister et kleiner Feigling dans une ambiance survoltée au son de l’orchestre.
Informations
Cranger-Kirmes Herne : du 4 au 13 août 2017.
Cérémonie d’ouverture : vendredi 4 août à 14h.
Horaires :
Vendredi et samedi : 13h-2h.
Dimanche : 11h-0h
Lundi au jeudi : 13h-0h.
Le Cranger, cela fait partie des visites incontournables que se doit de faire au moins une fois tout citoyen du Ruhrpott et, pour ceux seront prochainement dans le Pott, par exemple pour la Supercup, je ne saurai que trop vous recommander d’aller y faire un tour, on ne s’y est jamais ennuyés !
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