Dans son Histoire, le BVB n’a disputé que cinq demi-finales de DFB-Pokal à domicile. La dernière, c’était le 15 avril 2014. En disposant du VfL Wolfsburg au terme d’un match splendide disputé dans une ambiance phénoménale, le Borussia Dortmund s’est qualifié pour sa deuxième finale de DFB-Pokal en trois ans. Comme en 2012, les Pöhler retrouveront le Bayern Munich en finale à l’Olympiastadion berlinois promis à une nouvelle invasion des quelques 50’000 Borussen an der Spree et de leurs bananes gonflables.
En soi, être supporter du Borussia Dortmund, c’est déjà un privilège avec la garantie d’assister tous les week-ends à des matchs dans des stades combles avec une ambiance magnifique. Mais en plus, depuis quatre saisons, les nombreux fans du club le plus populaire du monde ont droit en fin de championnat à une petite gâterie, un événement à fort potentiel festif et émotionnel, le susucre qui vient exalter un quotidien déjà plutôt trépidant. En 2011, c’était le Meisterschale, en 2012 le Meisterschale et la DFB-Pokal, en 2013, la finale de la Ligue des Champions et donc en 2014 à nouveau la DFB-Pokal. Vu de l’extérieur, n’avoir « qu’» une finale de Coupe d’Allemagne à se mettre sous la dent pour cette fin de saison peut paraître comme une forme de régression par rapport aux exercices précédents. Mais tous ceux qui ont déjà eu la chance de vivre un jour un DFB-Pokal Endspiel à Berlin, surtout avec la présence du Borussia Dortmund, savent combien cet événement est grandiose avec trois jours de fiesta et de chants dans une ville envahie par des dizaines de milliers de fans et où règnent le foot, la fête et la bière dans un esprit de joyeuse communion. Avec en apothéose le match du samedi soir dans un stade entièrement aux couleurs partisanes, rien à voir avec la fade et lugubre finale de la Ligue des Champions et sa moitié de stade remplie de touristes venus juste pour le prestige du truc mais guère concernés par les équipes en présence. Bref, tu l’auras compris, pour nous, l’événement footballistique de cette année 2014, ce sera le samedi 17 mai à Berlin et rien d’autre.
Confettis Party
Pour que le rêve devienne réalité, encore fallait-il passer le cap de la demi-finale et ça n’avait rien d’évident contre un Wolfsburg revanchard après la défaite subie ici même en championnat il y a dix jours et bien décidé à accéder à la deuxième finale (après celle perdue en 1995 contre Mönchengladbach) de sa très artificielle histoire. Une demi-finale de DFB-Pokal à domicile, c’est un événement rare puisque ce n’est que la cinquième en cent cinq ans d’existence du Borussia Dortmund. Les quatre premières avaient toutes été remportées, en 1963 contre Brême, en 1965 contre Nürnberg, en 1989 contre Stuttgart et en 2008 contre Jena, il n’était pas question de faire mentir cette statistique. Pour perpétuer le mythe, les fans jaunes et noirs ont vu les choses en grand avec quatre tonnes de confettis venus de la Südtribüne lors de l’entrée des joueurs, nonante minutes de chants ininterrompus et une ambiance de folie. Cela faisait longtemps que l’on n’avait pas passé un match entier debout dans notre bien aimé Block 85. En Angleterre, on aurait risqué l’interdiction de stade pour un tel forfait mais, fort heureusement, l’Allemagne est l’un des derniers bastions où ferveur, chants, ambiances et bières sont encore les bienvenus dans les tribunes.
La stratégie perdante
Lors du récent match de Bundesliga entre Dortmund et Wolfsburg, les Wölfe avaient copieusement dominé la première mi-temps (0-1) avant de s’écrouler après la pause en défendant dos au Gelbe Wand (2-1). Alors, cette fois, ils décident de commencer par jouer avec le mur dans le dos. La stratégie était finement pensée mais elle s’avérera inefficace : le tarif est identique à celui du championnat : 2-0 pour la mi-temps où les Pöhler ont attaqué en direction des 25’000 furieux de la Südtribüne. Une semaine auparavant, lors du match retour de Ligue des Champions contre le Real Madrid, Henrikh Mkhitryan avait été montré du doigt pour avoir manqué trois occasions de but en or qui auraient pu et dû entraîner les Merengue dans une prolongation de tous les dangers. Il n’en fallait pas plus pour que certains médias s’acharnent sur l’Arménien, avec des théories sur un flop onéreux, des spéculations sur un prochain retour de Shinji Kagawa ou des reproches à la direction du club d’avoir jeté leur dévolu sur le meilleur buteur du championnat d’Ukraine plutôt que sur Eriksen, De Bruyne ou un autre afin de remplacer Mario Götze. Mikhi n’aura mis qu’une semaine à confondre ses détracteurs. Déjà décisif trois jours plus tôt à Munich avec l’ouverture du score et une chevauchée fantastique sur le 0-2, l’Arménien va à nouveau jouer les détonateurs en longeant la ligne des seize mètres avant de faire exploser le temple de la béatitude d’une frappe précise au premier poteau. C’était cruel pour un Wolfsburg qui avait réussi la meilleure entame de match et s’était procuré la première escarmouche avec une frappe de Kevin De Bruyne contrée par l’incroyable Erik Durm dont le nom est de plus en plus souvent cité pour un petit voyage au Brésil en juin prochain.
Réalisme jaune et noir
Le réalisme était dortmundois en cette belle soirée d’avril car les Wölfe ne parviennent pas à concrétiser leurs nombreuses opportunités d’égaliser : Naldo et Olic sont contrés lors de cafouillages dantesques, De Bruyne voit se frappe détournée par le pied de Weidenfeller avant de manquer le cadre suite à un coup de tête de Malanda renvoyé par le poteau. Et en face ? Rien, sinon une tête contrée de Mats Hummels mais tout de même deux longueurs d’avance à la pause grâce à une superbe triangulation entre Milos Jojic, Marco Reus et Robert Lewandowski qui conclut d’un coup de fusil pleine lucarne. Si le BVB s’était montré aussi réaliste en Ligue des Champions, gageons qu’il ne serait aujourd’hui plus question de Decima du côté de Bernabeu.
Le BVB aurait pu tuer le match dès la reprise mais Lewandowski n’est pas parvenu à couper la trajectoire d’un centre de Mkhitaryan, a ajusté le poteau puis s’est vu refuser un but pour hors-jeu. Du coup, Wolfsburg a pu y croire jusqu’au bout mais il devait être écrit que ces Wölfe valeureux mais maladroits rentreraient bredouilles à Autostadt : Arnold, Olic et surtout Malanda, seul à cinq mètres du but, ne parviennent pas à trouver le cadre. Et quand le poteau puis Weidenfeller renvoient des essais de Junior Malanda et Luiz Gustavo, on a compris qu’il ne pourrait plus rien arriver de fâcheux à nos Bubis et que l’on pouvait s’adonner aux bruyantes et joyeuses célébrations de la qualification.
Berlin, Berlin, wir fahren nach Berlin !
Au vu du scénario et du décompte des occasions de but, il est clair que le résultat est plutôt flatteur pour le BVB qui était habité par une réussite insolente. Mais l’essentiel est acquis : « Berlin, Berlin, wir fahren nach Berlin !», c’est ce qu’il fallait retenir de cette superbe demi-finale pleine d’intensité, de rythme, d’occasions, de gestes techniques et d’émotions, une magnifique publicité pour le football allemand dans l’atmosphère et le cadre toujours enchanteurs du Westfalenstadion. Le BVB accède à la finale de la Coupe d’Allemagne sans avoir encaissé le moindre but. Comme en 2012. Il y retrouvera le Bayern Munich. Comme en 2012. Avec le même résultat ? Nous, on veut bien !
Après un long rappel des héros, le peuple jaune et noir a déferlé vers les bars de la ville où la bière a coulé à flot jusque tard dans la nuit et où les bananes étaient de sortie. N’y vois-là aucune allusion graveleuse. La banane, c’est le sourire radieux qui s’est affiché sur les mines épanouies des fans jusqu’au bout de la nuit, même au moment de rater l’avion aux aurores après une nuit blanche, mais surtout les bananes gonflables, symboles des pèlerinages dortmundois massifs dans la capitale depuis la victoire mythique de 1989 contre le Werder Brême. Le 17 mai prochain, nous serons à nouveau des dizaines de milliers dans les rues berlinoises, dans les parcs, sur les places, au stade pour les plus chanceux, dans l’espoir d’écrire une nouvelle page glorieuse de la Légende de notre club favori. On commence déjà à compter les jours, heures, minutes et secondes qui nous séparent de ce week-end magique qui pourrait illuminer pour l’éternité une saison faite jusque-là de haut et de ba(nane)s.
Borussia Dortmund – VfL Wolfsburg 2-0 (2-0).
Signal Iduna Park, 80’200 spectateurs (guichets fermés).
Arbitre : M. Gräfe.
Buts: 12e Mkhitaryan (1-0) 43e Lewandowski (2-0).
Dortmund: Weidenfeller ; Piszczek, Papastathopoulos, Hummels, Durm; Kehl, Jojic; Mkhitaryan (72e Kirch), Reus (93e Schieber), Groβkreutz; Lewandowski (85e Aubameyang).
Wolfsburg: Grün; Träsch (69e Ochs), Naldo, Knoche, Schäfer; Malanda (83e Caligiuri), Luiz Gustavo; Perisic, Arnold (63e Vieirinha), De Bruyne; Olic.
Cartons jaunes: 7e Luiz Gustavo, 66e Kehl, 90e Aubameyang.
Notes: Dortmund sans Subotic, Blaszczykowski, Schmelzer, Bender ni Gündogan (blessés), Wolfsburg sans Benaglio, Dost (blessés) ni Rodriguez (suspendu).
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