Le 12 mai 2012, il y a huit ans… Le Borussia Dortmund a réussi le premier doublé Coupe – championnat de son histoire plus que centenaire en atomisant le Bayern Munich 5-2 en finale de la Coupe d’Allemagne. C’est le couronnement de la saison triomphale d’une équipe touchée par la grâce et qui règne désormais sans partage sur l’Allemagne. Battu pour la cinquième fois consécutive par le BVB, le Bayern devra compter sur sa Finale Daoham contre Chelsea en Ligue des Champions pour sauver sa saison.

« Wir machen Berlin schwarz gelb », avaient promis les dirigeants du Borussia Dortmund. Et ils ont tenu parole ; dès l’arrivée à la gare, un panneau monté sur une camionnette indique « désolé Paris mais Berlin est la ville de l’amour ».

Et il était uniquement fait référence à l’amour pour le club, rien d’autre, même si j’ai passé la moitié du week-end à trimballer une immense banane gonflable, en hommage aux héros de la victoire de 1989.

Dès le vendredi, une véritable marée jaune déferle sur la capitale. Le BVB a investi la Breitscheidplatz, au pied de la Gedächtniskirche pour y installer une place entièrement dédiée au club, avec scène, fan shops et bars. Entre le vendredi soir et le samedi après-midi, on y a passé pas mal d’heures à chanter debout sur les bancs au milieu du peuple dortmundois. Face à cette déferlante jaune et noire, les supporters du Bayern Munich se font bien discrets. Il faut dire que le Borussia Dortmund est moins habitué aux finales de la DFB-Pokal que son adversaire, seulement quatre disputée avant celle de samedi, la dernière en 2008 (perdue contre le Bayern), et deux remportées (la dernière en 1989 contre le Werder Brême).

Le rouleau compresseur

Une semaine avant la finale de la Ligue des Champions, le Bayern n’a pas l’intention de brader la rencontre, question de suprématie nationale. Après avoir laissé filer le Meisterschale à deux reprises du côté de Dortmund et concédé quatre défaites de suite contre le Borussia, l’heure est à la revanche. Avant le match, le président Uli Hoeness a affirmé que les deux finales sont aussi importantes l’une que l’autre (curieusement, le discours changera après le match). D’ailleurs, le Rekordmeister aligne une équipe sur le papier plus forte que celle qui affrontera Chelsea puisque là l’entraîneur Jupp Heynckes n’a aucun suspendu à déplorer. Il aurait peut-être mieux valu car c’est l’un des futurs suspendus de l’Allianz Arena, Luiz Gustavo, qui va précipiter la défaite bavaroise avec une affreuse passe en retrait qui permet à Kuba de servir Shinji Kagawa pour l’ouverture du score. On jouait depuis moins de trois minutes et le rouleau compresseur jaune et noir était lancé. Rien ni personne ne pourra l’arrêter, pas plus l’égalisation d’Arjen Robben sur penalty que la sortie sur blessure du gardien Roman Weidenfeller.

Comme dans un rêve

Le BVB va reprendre l’avantage sur un pénalty, pas franchement une spécialité du club puisque, sur les 147 buts inscrits lors des deux récentes Meistersaison, seul un l’a été sur un pénalty. D’ailleurs, Mats Hummels, l’ancien junior du Bayern Munich, qui ne lui a jamais donné sa chance, ne le tire pas très bien. Mais Manuel Neuer est bien moins inspiré que lors de la séance de tirs au but contre le Real à Madrid et sa main n’est pas assez ferme pour faire autre chose que détourner le ballon dans ses propres filets. L’ancien portier de Schalke 04 ne sera guère plus heureux juste avant la pause, déviant à nouveau dans son but un tir de Robert Lewandowski, bien lancé par une géniale passe à l’aveugle de Shinji Kagawa, pour son dernier match sous les couleurs du BVB avant son départ à Manchester.

La deuxième mi-temps se déroulera comme dans un rêve, Robert Lewandowski inscrira le numéro quatre après un contre rondement mené par Shinji Kagawa et Kevin Großkreutz. Le Bayern réduira le score sur un superbe exploit personnel de Franck Ribéry mais sans remettre en question le succès dortmundois. Au contraire, une bévue de Neuer permettra à Lukasz Piszczek de centrer pour Robert Lewandowski qui clôturera la fête de tir de la tête.

Surclassés

Cette victoire, on en avait rêvé mais on n’aurait jamais imaginé un score d’une telle ampleur. Après le match, les joueurs ont enfin droit au tour d’honneur qui leur avait été refusé par l’envahissement du terrain après la remise du Meisterschale la semaine précédente contre Freiburg. On reste près d’une heure dans le stade après le coup de sifflet, histoire de savourer ces moments historiques et magiques dans le cadre toujours grandiose de l’Olympiastadion berlinois.

La communion entre joueurs et supporters est totale, une forme d’aboutissement. Le BVB n’a pas dominé ni territorialement ni en terme de possession de balle, loin s’en  faut. Par contre, du côté bavarois, il n’y avait pas de vitesse, pas d’imagination, c’était stéréotypé et guère dangereux. A l’inverse, sur chaque accélération dortmundoise la défense du peut-être futur champion d’Europe était à l’agonie, complètement dépassée par la vitesse et la virtuosité jaunes et noires.

Le Borussia était animé d’une telle confiance qu’on a rapidement eu l’impression qu’il ne pouvait rien lui arriver, qu’il pouvait accélérer quand et comme il le voulait pour déborder la défense bavaroise. Les joueurs munichois, Schweinsteiger et Lahm en tête, se montreront particulièrement mauvais perdants, frustrés d’avoir été surclassés pour la cinquième fois d’affilée par un adversaire beaucoup trop fort pour eux. Karl-Heinz Rummenigge s’est montré plus classe, en admettant que le Bayern n’était clairement plus le numéro un en Allemagne. Le Rekordmeister devra se rabattre sur la moins relevée Ligue des Champions pour éviter une deuxième saison blanche de suite. Offensivement, Chelsea n’a peut-être pas la même puissance de feu que le BVB ; par contre, défensivement, ils vont poser le même genre de problème aux Bavarois et si ceux-ci commettent autant d’erreurs défensives que samedi, ils vont au devant d’une immense désillusion.

Tage wie diese

Après avoir quitté l’Olympiastadion, en pleurs, encore choqué par la démonstration éblouissante réussie par nos Pöhler, on n’était pas encore au bout de nos émotions. Après un nouveau passage à la Gedächtniskirche pour quelques heures de chants supplémentaires et une très courte nuit de sommeil, c’était le retour sur Dortmund pour la Meisterfeier.

Entre 200’000 et 300’000 fans célébreront leur équipe qui défile sur un camion avec le Meisterschale et la DFB-Pokal.

 

Quand on arrive, il y a déjà  tellement de monde que les rues sont fermées et la Borsigplatz, lieu de fondation du club et centre névralgique des célébrations, n’est plus accessible.

J’arrive toutefois à déjouer les contrôles de sécurité en me cachant derrière une ambulance pour débarquer au milieu d’une pure folie, les fans sont perchés dans les arbres pour voir passer leurs héros.

Après quelques tournées offertes dans un bar de la place à des vieux alcolos du coin, on finira ces trois jours de fête mémorables au Bierhaus Stade, lequel ne désemplira pas jusqu’au bout de la nuit, même si l’on était dimanche soir. Roman Weifenfeller, manifestement remis de sa blessure, lance les chants derrière le bar.

La sono diffuse presque en boucle ce qui restera, avec le « ein Schuss, kein Tor, die Bayern », le tube du week-end, le « Tage wie diese » de Toten Hosen. C’est sûr que ces jours durant lesquels notre club favori a écrit les plus belles pages de ses 103 ans d’existence, on ne va pas les oublier.

Borussia Dortmund – Bayern Munich 5-2 (3-1).

Olympiastadion, 75’708 spectateurs (guichets fermés).

Arbitre : M. Gagelmann.

But : 3e Kagawa (1-0), 25e Robben (pénalty, 1-1), 41e Hummels (pénalty, 2-1), 45e + 1 Lewandowski (3-1), 58e Lewandowski (4-1), 75e Ribéry (4-2), 81e Lewandowski (5-2).

Dortmund: Weidenfeller (34e Langerak); Piszczek, Subotic, Hummels, Schmelzer; Gündogan, Kehl; Blaszczykowski (84e Perisic), Kagawa (81e Bender), Großkreutz; Lewandowski. Entraineur: Jürgen Klopp.

Bayern: Neuer; Lahm, Boateng, Badstuber, Alaba (69e Contento); Luiz Gustavo (46e Müller), Schweinsteiger; Robben, Kroos, Ribéry; Gomez. Entraîneur: Jupp Heynckes.

Cartons jaunes: 23e Weidenfeller, 51e Badstuber, 70e Schweinsteiger, 83e Hummels.

Notes: Dortmund sans Koch (convalescent), le Bayern privé de Breno (blessé).

Catégories : Au StadeRetro

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