Grande ville Dortmund mon rêve. C’était l’inscription du somptueux Choreo déployé avant le match en Südtribüne. Et, cette fois, nos Jungs ont su se mettre au diapason de leurs fans en livrant un match de rêve. L’Eintracht Francfort n’a pas eu l’ombre d’une chance. Le parcours en montagnes russes se poursuit…
La légende de la Südtribüne s’est aussi écrite grâce aux Choreos qui y sont régulièrement déployés. Si, à chaque fois, les tifos du mur jaune font le tour du monde, c’est bien sûr par la taille gigantesque de la tribune mais aussi par leur originalité, la discipline impeccable des fans pour assurer un rendu optimal, la précision du travail de mise en place, l’inventivité des ultras mais aussi parce qu’ils interviennent presque toujours par surprise : c’est rarement dans les matchs les plus prestigieux que la Südtribüne se pare de ses plus beaux atours, on n’a quasiment jamais vu de Choreo contre Schalke, Bayern ou Mönchengladbach, c’est en général dans des matchs « ordinaires » que sont organisées les plus belles animations parce que, justement, il n’y a jamais de match ordinaire au Westfalenstadion : chaque rencontre dans notre temple, quel que soit l’adversaire, est un événement, une fête et un rêve. Et clairement, le Choreo organisé vendredi avant le match contre Francfort va entrer dans le grande Histoire du Borussia : d’abord l’emblème de la ville avec l’aigle sur fond rouge et blanc puis celui du club sur fond jaune et noir, le tout derrière les endroits les plus emblématiques de Dortmund : un Biergarten, la Reinoldikirche, le Dortmunder U, le Rathaus, le capitainerie du Hafen, l’opéra, le silo Hoesch de Phoenix-Ost, le Westfalenstadion, le Rote Erde et la Florianturm. Contrairement à la plupart des grands d’Europe qui deviennent de plus en plus des clubs hors-sol, avec des propriétaires étrangers, un public touristique et des traditions oubliées, le BVB reste un club profondément enraciné dans la ville qui l’a vu naître. Et si l’on ne connaît pas un peu cette ville, on n’arrivera jamais à vraiment comprendre son club.
Un signal fort
Un match au Westfalenstadion, c’est une routine, à chaque fois on emprunte un parcours bien précis, il faut être à tel endroit à telle heure : le départ pour le stade, être dans tel Biergarten à tel moment pour rencontrer tels amis, à tel instant entrer dans le stade, à tel moment gagner nos places en tribunes etc. Or, l’organisation du Choreo a quelque peu troublé la routine : le YNWA et la composition des équipes de Nobby sont intervenus quinze minutes avant le coup d’envoi contre sept à huit minutes habituellement. Nous étions tout perturbés avant de finalement comprendre la raison. Mais, malgré notre trouble, la principal information de la composition ne nous a pas échappé : la non-titularisation de Manuel Akanji. J’imagine que c’est un choix qui démangeait Lucien Favre depuis un moment, probablement depuis la défaite contre Union Berlin à l’Alte Försterei en août dernier. Mais il n’avait jamais osé franchir le pas. Jusqu’à vendredi et remplacement du Suisse, le joueur le plus utilisé de l’effectif jusque-là, par Lukasz Piszczek. Attention, Manuel Akanji n’est pas seul responsable de nos problèmes défensifs : comme je l’ai souvent écrit, c’est un souci collectif.
Mais la saison de l’ancien Bâlois est très décevante. Pourtant, l’an passé, il avait plutôt bien assuré comme patron de la défense, dans un contexte difficile avec un partenaire dans l’axe central qui changeait à chaque match ou presque. L’arrivée de Mats Hummels aurait dû amener plus de stabilité mais il n’en a rien été. On ne sait pas si Akanji s’est vexé ou déresponsabilisé par l’arrivée de l’expérimenté défenseur mais il est méconnaissable depuis le début de la saison, on a toujours l’impression qu’il ne joue qu’à 80% de ses possibilités et ne s’engage pas franchement. Je reste persuadé qu’il a un grand potentiel et que c’est un joueur autour duquel doit s’écrire notre avenir. Mais il doit clairement en faire plus que ce qu’il a montré jusque-là cette saison. Espérons que le message de cette mise au banc va passer et qu’il va travailler plus fort pour retrouver une place de titulaire à son meilleur niveau. Il a parfois été reproché à Lucien Favre d’être trop gentil avec ses joueurs mais, en reléguant l’un de ses titulaires sur le banc, il envoie un signal fort à tout l’effectif : celui qui ne livre par la marchandise peut sortir du onze de base et c’était sans doute un message nécessaire pour des joueurs qui, trop souvent cette saison, ont donné l’impression de ne pas s’engager au maximum de leurs capacités.
Une classe d’écart
Et le BVB a été à la hauteur de l’accueil grandiose que lui avaient réservé ses fans. Francfort n’a tout simplement pas existé. Et pourtant, l’Eintracht était l’une des meilleures équipes d’Allemagne depuis la reprise, avec notamment deux victoires contre le RB Leipzig, une en Bundesliga et un en Pokal et, en dernier lieu, un impressionnant 5-0 contre Augsburg. Une équipe réputée comme la plus combative et la plus physique d’Allemagne, connue pour ne jamais renoncer.
Et pourtant, vendredi SGE n’a tout simplement pas existé au Westfalenstadion. A aucun moment, ils n’ont été capables de se créer la moindre occasion de but et n’ont jamais donné l’impression de pouvoir espérer autre chose que de limiter l’ampleur du score. La statistique des tirs au but est révélatrice : 17-1 pour le BVB ! Ce ne fut peut-être pas notre match le plus flamboyant mais sans conteste l’un des plus aboutis et les mieux maîtrisés. Une fois n’est pas coutume, nos Jungs ont su maintenir le même niveau de concentration et d’intensité pendant 90 minutes et ça change des sautes d’humeur auxquels ils nous ont trop souvent habitué. Très clairement, un match référence.
La fête de tirs
Il a toutefois fallu une grosse demi-heure pour prendre l’avantage. Le temps pour Raphaël Guerreiro de placer une première banderille avec un coup franc sur le poteau. Mais c’est de notre capitaine Lukasz Piszczek (sans doute bien plus légitime que Mats Hummels dans ce rôle en l’absence de Marco Reus) qu’est venue la délivrance. Le Polonais profite d’un centre en retrait d’Achraf Hakimi pour ouvrir le score d’une frappe au ras du poteau. En deuxième mi-temps, face à la Südtribüne en ébullition, le tsunami jaune et noir a fini par emporter l’Eintracht. Bien lancé par Axel Witsel, Jadon Sancho s’amuse avec le défenseur Abraham avant de conclure au premier poteau. La démonstration continue avec une superbe triangulation entre Achraf Hakimi, Jadon Sancho et Erlig Haaland permettant au Norvégien d’inscrire son pion habituel. Raphaël Guerreiro bouclera la fête de tirs d’une frappe sèche. 4-0, un match à sens unique, une ambiance grandiose, le Choreo n’avait pas menti, Dortmund est vraiment « mein Traum » dans ces soirées-là et nous avons pu fêter la victoire jusque tard dans la nuit.
Poursuivre sur cette voie !
Nous avons plusieurs fois cru cette saison au déclic, que notre équipe avait enfin compris le niveau d’exigence et la constance dans la performance que nous devons atteindre pour rêver d’un Meisterschale, notamment après la victoire en septembre contre Leverkusen qui ressemblait beaucoup à celle contre Francfort. Mais chaque fois, elle a replongé dans ses travers peu après. Donc on se gardera de tirer des conclusions hâtives mais nous avons au moins la preuve que notre vulnérabilité défensive n’est pas une fatalité, que notre équipe peut complètement réduire un adversaire du calibre de Francfort à l’impuissance quand tous les Jungs font les efforts et restent concentrés pendant tout le match. Et en ce sens, peut-être que le duo Emre Can – Axel Witsel en Doppelsechs, s’il offre peut-être moins de projection vers l’avant qu’avec Julian Brandt, peut nous amener l’équilibre que nous cherchons depuis si longtemps.
Mais ce BVB est tellement schizophrénique qu’il reste capable d’aller balancer son match à Brême samedi prochain et on a appris à nos dépens en Pokal que, même au fond du bac, le Werder pouvait nous poser des problèmes si on n’aborde pas le match à 100%. Mais avant le déplacement sur les bords de la Weser, il y a ce match contre le PSG. Finalement, un match de gala presque secondaire : nous nous sommes vu plusieurs fois éliminés dans cette compétition et nous faisons un peu figure de miraculés, nous n’aurons strictement rien à perdre contre un adversaire qui joue sa saison sur cette double confrontation. Depuis le début de la saison et l’objectif si ouvertement affiché de gagner le titre, nous jouons chaque match avec la pression du résultat et du classement ; pour une fois toute la pression sera sur l’équipe adverse (sauf celle dans le Brinkhoff’s), alors à nos Jungs d’en profiter pour se faire plaisir et nous faire plaisir. Au pire, ça se passe mal et on pourra se concentrer sur notre priorité, la Bundesliga, mais si nos Jungs peuvent nous faire plaisir comme contre Francfort, on ne s’en plaindra pas.
0 commentaire