Dans la tempête médiatique et sportive que traverse actuellement le Borussia Dortmund, la vague Hertha Berlin apparaissait comme un beau traquenard pour finir cette semaine anglaise. Mais les hommes de Lucien Favre se sont déchirés comme rarement on l’a vu cette saison pour repartir avec les trois points de la victoire. Résumé de ce week-end dans la Hauptstadt.

Wir fahren nach Berlin…

J’approche désormais du cap des quatre ans de visites régulières à Dortmund mais jamais je n’avais trouvé jusque-là l’occasion de faire un déplacement avec notre BVB ; pourtant, j’ai pu me rendre déjà à Köln, Frankfurt et plus récemment Düsseldorf, mais le BVB n’était jamais l’équipe visiteuse. Alors quoi de mieux qu’un petit week-end dans la capitale allemande pour démarrer, j’espère, une belle série ?

Au départ de Paris vendredi soir, peu de choix pour se rendre à Berlin : on part donc sur un bon gros périple en bus, 12 heures 30 en voyage de nuit… bon, y’a plus confortable je vous l’accorde mais j’ai la bonne petite surprise de voir dans la nuit que nous passons à proximité de Dortmund, un petit signe du destin … ? C’est donc avec le mal de dos et un début de torticolis que je débarque dans le froid de canard de Berlin après des micro-siestes mouvementées.

Promenade d’avant-match

Je ne suis pas un grand fan des voyages en Allemagne en automne et hiver, ça ne m’a pas toujours porté chance et ça m’a aussi mis dans l’embarras pour rentrer en France, m’enfin… Aujourd’hui, on a vraiment de la chance, malgré les gelées, il fait assez beau donc pas de risque de neige, c’est donc avec un grand plaisir que je m’attaque à une « visite expresse » de Berlin que je connais déjà un peu puisque j’ai déjà eu l’occasion de visiter la capitale deux fois. Et quel bonheur d’être ici aujourd’hui ! Je pars donc au pied de la Brandenburger Tor où je croise l’un des deux ours mascottes du Hertha Berlin (je lui ai soufflé dans l’oreille que Dortmund gagnerait)…

Puis, après deux crochets auprès du petit marché de Noël, de la Potsdamer Platz et du célèbre Checkpoint Charlie, mon chemin vers le stade passe tout d’abord par la Breitscheidplatz. Cette place est assez particulière pour tout fan de Dortmund puisque c’est sur cette place qu’était installée la « fan-zone Dortmund » lors de toutes les finales de Pokal, notamment celle de 2012 remportée face au Bayern mais aussi celle de 2017 où nous avions battu l’Eintracht. Pour trouver un avantage à mes visites hivernales en Allemagne, j’avoue être complètement fan de l’ambiance des Weihnachtsmärkte (marchés de Noël), les odeurs de Glühwein, de Lebkuchen (pain d’épice) mais aussi de saucisses sont toutes plus alléchantes les unes que les autres, mais enfin, laquelle choisir ? On signe pour la Currywurst, trésor local qui possèdait même son propre musée (que j’ai visité, oui oui…) à quelques pas du Checkpoint Charlie.

La marée jaune et noire en pèlerinage

Ah oui, un détail. Depuis mon arrivée, j’ai vu un conducteur de bus avec le bonnet du Hertha BSC, mais c’est vraiment bien le seul… Il n’y a que des Dortmunder qui se promènent dans Berlin ce matin ! On en voit de partout, seul comme moi ou en petit groupe, c’est une véritable déferlante jaune et noire qui a débarqué aujourd’hui dans la Hauptstadt. J’ai toujours considéré que tous les supporters adverses qui venaient jouer ici étaient un peu ici en « pèlerinage » pour pouvoir visiter Berlin et jouer dans le célébrissime Olympiastadion, c’est particulièrement le cas pour les fans du BVB, en particulier depuis la finale 1989 et cette victoire contre le Werder Brême qui mettait fin à une période de 23 ans sans trophée. La finale de DFB-Pokal est aussi une autre occasion de revenir en pèlerinage, il y a désormais l’Union Berlin qui vient d’arriver en Bundesliga mais ce déplacement prend une tournure quelque peu différente et ça, Julien vous l’a raconté il y a 3 mois (et 30 degrés de plus) après notre première défaite en championnat…

C’est l’heure de prendre la direction de l’Olympiastadion et c’est dans un S-Bahn bondé de Dortmunder que l’on fait le chemin assez rapide vers la partie Ouest de la ville. Je connais ce stade pour l’avoir visité il y a maintenant trois étés de cela, mais je peux enfin l’admirer en jour de match.

Deux heures avant l’ouverture des portes, je prends le temps de faire un quart de tour du stade pour me rendre sur l’Olympischerplatz avec ses célèbres anneaux olympiques et on peut enfin apercevoir des fans du Hertha ! Je n’exagère qu’à moitié en disant cela mais quand même. On pourra noter que c’est l’une des rares fois où vous verrez des gars en jaune et noir se marrer, boire des bières et échanger sur le football avec des gars en bleu et blanc !

Hauptstadt gegen Fussballhauptstadt

C’est un duel qui sent la poudre aujourd’hui. La capitale du pays contre la capitale du football allemand. Deux entraîneurs sous le feu des projecteurs : Jürgen Klinsmann ist zurück sur un banc de touche en Bundesliga après le limogeage d’Ante Covic, il aura pour mission principale de sortir le Hertha d’une situation délicate de barragiste au coup d’envoi de ce match ; Lucien Favre joue sa « dernière chance », les critiques ont pris une dimension assez considérable ces derniers jours, après la déroute face au Bayern, un match nul lunaire face à Paderborn et une défaite logique mais amère face au Barça (l’article suivra bientôt…), aujourd’hui, il faut victoire et rien d’autre.

D’un point de vue qui m’est personnel, j’ai énormément de mal à voir ce Dortmund-là, celui qui fait tourner la balle en ronronnant sans pouvoir trouver d’inspiration, celui qui n’a pas de répondant dans les duels, celui qui ne peut s’empêcher de maintenir sa cage inviolée. Favre est sûrement un excellent tacticien mais j’ai l’impression qu’il est à court d’idées avec l’effectif pourtant bien fourni dont il dispose… Même s’il faudrait récupérer un autre attaquant en back-up de Paco Alcacer, qui est malade et absent de la feuille de match aujourd’hui. Il faut trouver de nouvelles solutions, de nouvelles inspirations !

Tactique

Les compositions tombent, et voici enfin quelque chose qui m’intrigue. La réaction face à Barcelone est intervenue quand on est passé à trois derrière, même si le Barça a un peu relâché sa fin de match, nous avons eu le mérite de nous être créés de vraies occasions avec nos joueurs. Favre a voulu capitaliser sur ce point, il aligne (enfin) Zagadou dans une défense à trois avec Hummels et Akanji. Pas de Weigl, absent du groupe, c’est Brandt qui descend d’un cran avec Witsel, Guerreiro & Hakimi sont alignés en pistons et je trouve que ces deux gars peuvent très bien marcher dans ce rôle ; enfin, Hazard est de retour dans le onze ainsi que Sancho avec Reus en pointe, j’aime cette équipe et cette idée et je suis curieux de voir ce que ça donnera.

La première compo de Klinsmann est la même au niveau du dispositif, sauf qu’il ne pourra pas compter sur son gardien n°1 Jarstein, exclu la semaine dernière. Trois défenseurs derrière : Boyata, Rekik et Stark, on notera aussi la présence du joueur prêté par Dortmund, Marius Wolf sur le piston droit et un duo d’attaque assez intéressant composé de Selke et Lukebakio, deux profils très complémentaires qui pourraient causer bon nombre de problèmes aux défenses de Bundesliga. Des premiers choix sont faits par le nouveau coach : il peut laisser Dilrosun, Ibisevic, Maier ou encore Plattenhardt sur le banc, mais surtout Kalou qui adore particulièrement jouer contre Dortmund, lui qui avait marqué les quatre buts du Hertha la saison dernière entre les matches aller et retour : on peut craindre son entrée en jeu !

Le stade se remplit doucement mais sûrement, j’ai la chance d’avoir pu me prendre une place à proximité du Gästeblock par la billetterie du Hertha (et effectivement, c’est super facile d’avoir des billets !), ce qui me permet d’avoir de la vraie bière, contrairement aux collègues qui sont passés par le BVB et qui doivent se contenter de Clausthaler alkoholfrei. Comme j’avais pu le constater en ville, il y a franchement plus de 10 000 Borussen aujourd’hui présents au stade, le bloc visiteurs est plein mais on décèle du jaune un peu partout dans l’Olympiastadion, excepté dans l’Ostkurve. Auf geht’s Jungs, c’est parti !

Plat du pied, sécurité

Après un début de match où les défenses se sont créées toutes seules des frayeurs inutiles, on sent un Dortmund beaucoup plus inspiré avec la balle. Il faut dire que le Hertha presse fort et haut, mais la qualité du Borussia est au rendez-vous, Witsel mais surtout Brandt sont excellents dans la distribution sur les ailes, le jeu coulisse bien et les phases de conservation sont intéressantes.

A l’entrée du camp adverse, Hakimi sert Reus qui dévie de justesse pour Brandt, celui-ci se retrouve avec de l’espace intéressant à exploiter, il choisit une passe en profondeur délicieuse côté gauche pour Sancho qui rentre plein axe, Wolf ne pourra pas revenir, la pépite anglaise prend Kraft à contre-pied, 1-0 ! Le peuple jaune et noir célèbre cette ouverture du score dans un stade médusé. 90 secondes après le but, Zagadou récupère un ballon et distribue intelligemment sur Akanji, la fusée Hakimi est mise sur orbite par une nouvelle passe en profondeur, le Hertha est complètement pris de court par ce mouvement face à un Dortmund qui se projette rapidement, mais surtout en masse… Il sert Hazard à la limite du hors-jeu, qui n’a plus qu’à la pousser au fond, le break est fait : 2-0 !

On n’était pas retombé de la joie du premier but que le second vient dans la foulée, les Dortmunder explosent, on a l’impression de jouer à la maison mais à l’extérieur… Quelle ambiance, c’est incroyable, et ça l’aurait été encore plus si Akanji avait mieux placé sa tête sur une remise de Guerreiro après une géniale combinaison sur coup de pied arrêté, dans la foulée du break. Comme quoi, Dortmund peut aussi être dangereux sur coup de pied arrêté, mais pourquoi n’insistent-ils pas sur ce sujet ?!

Coup du sort, vraiment ?

Lukebakio est très en vue dans ce match et je le trouve intéressant et dangereux, après avoir enrhumé son vis-à-vis, il oblige Bürki à faire une parade à la 30ème minute. Il remet ça trois minutes plus tard : après une transversale, il percute sur le côté droit et rentre plein axe, ni Witsel, ni Zagadou n’interviennent, il décoche une frappe tendue croisée déviée, plus ou moins volontairement, par son camarade Darida, Bürki est pris à contre-pied… 1-2. C’est vraiment rageant de prendre un but, mais encore plus de cette manière « involontaire ». Juste avant la mi-temps, Grujic récupère la balle face à Guerreiro, Lukebakio dévie intelligemment vers l’un de ses partenaires qui lance dans la foulée Selke en profondeur. Lancé comme une balle, il se retrouve face à Hummels qui tente désespérément de l’arrêter… en position de dernier défenseur… ce qui offre un bon coup-franc mais surtout un deuxième jaune pour Mats qui se retrouve exclu. Dortmund à 10 contre 11 pendant une mi-temps. Faites-moi mentir, mais je ne la sens pas cette histoire. Le dispositif à trois derrière fonctionnait très bien, on breake vite sur les deux premières occasions par un réalisme sanglant, mais voilà, ça semblait trop facile donc on se tire deux balles dans le pied. C’est terrible.

Le Mur de Dortmund

Le Hertha revient légitimement avec des velléités offensives et va faire moucher à la 50ème minute, Selke reçoit une superbe passe en profondeur et la défense dortmundoise n’intervient pas, l’enthousiasme est clairement douché sur place et je peste contre la défense, pourquoi n’a-t-elle pas joué l’interception ou au moins de dissuader l’attaquant ? Et pour le coup, merci la VAR qui va annuler ce but pour hors-jeu ! C’est alors un changement radical de scénario de match qui arrive et pas vraiment celui que l’on attendait. Dortmund, même à un joueur de moins, va s’appliquer techniquement lors des rares possessions, quelques situations ont pu se créer en faisant bien tourner le ballon et ce fut vraiment intéressant à voir, il n’aurait même pas été choquant de nous voir breaker à nouveau.

Par contre, le Hertha s’est vu couper les pattes après ce but refusé, ils n’ont cessé de se casser les dents sur la défense du Borussia qui a fini à quatre derrière avec une charnière Zagadou-Akanji. Tous les assauts sont repoussés, malgré l’entrée en jeu de notre terreur Kalou, et l’équipe forme un vrai mur devant sa surface, c’est assez rare pour le souligner d’ailleurs. Il y aura bien cette frappe cadrée de Grujic à la 75ème mais Bürki veille. Les supporters poussent très très très fort Dortmund par leurs encouragements, c’était impressionnant d’entendre ça et j’ai pris un réel plaisir à crier, chanter, comme si moi aussi je défendais avec les gars. Une dernière situation dangereuse intervient dans le temps additionnel, au second poteau Kalou remet de la tête, Dortmund se dégage tant bien que mal, un joueur berlinois frappe à ras de terre, il y avait trois joueurs proches de la ligne pour sauver ce ballon dangereux et ce fut une image symbolique de la débauche d’énergie et l’envie de défendre ensemble pour sauver les trois points que nous avions virtuellement dans la musette. Une dernière intervention aérienne de Bürki pour plier définitivement le suspense, et c’est fait ! Auswärtssieg !!!

Garder cet état d’esprit

Une performance qui revient au mérite de tout le monde aujourd’hui. Mine de rien, Bürki aura sorti deux parades importantes ; le retour de Zagadou qui était réclamé par certains a dû convaincre le coach, mais aussi d’autres sceptiques ; Akanji a livré sûrement sa meilleure prestation depuis le début de sa saison. Guerreiro et Hakimi sont très bien dans ce positionnement de piston avec une défense à 3 derrière eux mais plus globalement, ce dispositif est une vraie idée à creuser pour la suite, je pense que Favre va capitaliser sur ce point. Devant, j’ai adoré Brandt, plus dans le cœur du jeu, sa vision du jeu et sa technicité ont permis aux joueurs de couloir d’être lancé dans les meilleures conditions ; Witsel a été archi-important dans la récupération aussi. Enfin, Sancho a été excellent dans la lignée de son entrée face au Barça ; si contre Paderborn, je n’avais pas aimé sa prestation car il avait eu vraiment beaucoup de déchet dans ses dribbles, il faut reconnaître qu’il avait été décisif à des moments-clés et ça, c’est la marque des grands. Bravo à tous les autres joueurs non-cités également, en espérant que cette victoire permettra une semaine de travail plus sereine avant de recevoir Düsseldorf que j’ai pu superviser il y a deux mois, et très franchement, la victoire est obligatoire.

Pour conclure l’année, il y aura un match tous les trois jours jusqu’à Noël : le Slavia Prague à la maison pour essayer de récupérer la deuxième place qualificative de LDC, un déplacement à Mainz qui fait un début de saison archi-moyen mais qui vient d’en coller cinq à Hoffenheim chez eux alors qu’ils étaient un de moins, réception de Leipzig qui est pour moi la meilleure équipe de la phase aller et que je crains beaucoup plus que Gladbach et un ultime voyage du côté d’Hoffenheim et ses résultats schizophrènes comme aller taper le Bayern chez eux et se faire éclater par Mainz en supériorité numérique…

Nur nach Hause… gehen wir nicht…

L’hymne du Hertha est un chant sympa de Frank Zander que j’ai beaucoup aimé et également, il est symbolique pour moi. Le refrain principal dit « nous ne rentrons pas à la maison » et effectivement, quand on vit des après-midis comme celle-ci, on ne veut pas rentrer à la maison, mais je pense que tout fan de football allemand pense comme ça et c’est ce qui rend cette ferveur unique et qui se doit d’être vécue avec les codes qu’elle contient. D’ailleurs, ce n’était pas du chambrage lorsque j’entendais les fans du Borussia chanter aussi cet hymne, ou du moins ces paroles lors du refrain. C’est une belle conclusion pour ce week-end que de parler de cela puisqu’après le match, et ne voulant pas rentrer à l’hôtel, j’en profite pour me faire une petite nocturne au marché de Noël qui est encore plus joli avec toutes ces illuminations et fêter ces trois points hyper importants dans la course à la première place, puisque le championnat est hyper serré. Et d’ici Noël, les choses vont encore bouger mais si le classement reste aussi condensé qu’il l’est aujourd’hui, on risque de vibrer comme l’année dernière jusqu’au dernier match. Mais en tant que fan de Dortmund et vu les émotions que l’on vit à chaque match, je crois qu’on est tous prêts à vivre et ne faire qu’un derrière eux !

Bis bald, Diego

Catégories : Au Stade

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