Le BVB a bouclé sa campagne des matchs amicaux sur un bilan immaculé : six matchs, six victoires, trente buts marqués par treize buteurs différents, cinq buts encaissés… Le dernier amical disputé à Saint-Gall aura été mis à profit par nos Jungs pour faire le plein de confiance, à défaut d’avoir permis aux fans retardataires de s’empiffrer du fameux Schüblig local.
Comme la saison précédente, Lucien Favre aura créé une petite surprise (qui n’en est plus vraiment une…) en organisant au pied-levé un match amical, en matinée, en secret et à huit-clos, à Bad Ragaz contre le FC Zürich, le club avec lequel il est devenu deux fois champion de Suisse, désormais entraîné par son ancien poulain d’Echallens et Yverdon Ludovic Magnin. L’objectif était de permettre à tout l’effectif ou presque d’avoir un match entier dans les jambes avant le début des choses sérieuses. Notre entraîneur n’a donc pas effectué beaucoup de changements dans ces deux matchs du jour mais il a aligné deux équipes différentes dans chacun des deux matchs du jour. En panachant car a priori ni l’équipe alignée le matin contre le FCZ ni celle du soir à Saint-Gall ne peut être considérée comme l’équipe-type. Autant que je puisse en juge, dans aucun des six matchs amicaux disputés, Lucien Favre n’a aligné ce qui devrait être son onze idéal. Il a sans doute déjà son équipe type déjà plus ou moins en tête mais il attend sans doute la Supercup samedi contre le Bayern Munich pour l’expérimenter une première fois. C’est bien la preuve que cette Supercup, malgré le caractère officiel du match, est davantage considérée comme un dernier match amical qu’autre chose. Et qu’il ne faudra pas tirer de conclusions trop hâtives sur ce match, ni dans un sens ni dans l’autre, pour la suite de la saison.
St. Gallen
Même si les irréductibles fans du FC St. Gallen 1879 sont sans doute encore un peu nostalgiques de leur mythique Espenmoos, j’aime bien ce nouveau kybunpark, un vrai stade de football, aux dimensions parfaitement adaptées aux besoins du club local. Ce stade a toutefois un inconvénient : depuis chez moi, le trajet passe par l’autoroute qui relie Berne à Zürich, l’artère la plus encombrée et embouteillée de Suisse. J’avais pourtant pris de la marge mais pas assez et, quelques bouchons plus tard, le match a déjà commencé depuis 15 minutes lorsque j’accède enfin aux tribunes du kybunpark. J’ai donc manqué l’ouverture du score d’Achraf Hakimi sur un centre de Nico Schulz. En revanche, à peine arrivé, j’ai failli assister à l’égalisation saint-galloise mais Marvin Hitz s’interpose avec brio devant un attaquant vert qui se présentait seul. Le stade a presque fait le plein, 13’207 fans, en majorité jaune et noirs, même si nous sommes théoriquement en terrain adverse. Le BVB continue de mobiliser les foules : il n’y avait sans doute pas énormément de supporters venus exprès depuis Dortmund mais le Borussia possède une base importante de sympathisants en Suisse et en particulier dans la partie orientale du pays où avait lieu le match.
La boulette de Klinsmann
Nonobstant la petite alerte précitée, le BVB domine et double la mise sur une longue ouverture d’Axel Witsel pour Jacob Bruun Larsen qui effleure la balle de la tête. Cela suffit à tromper le gardien Klinsmann, Jonathan de son prénom, fils de Jürgen, qui laisse passer le cuir entre des bras et ses jambes. C’est un schéma que l’on a vu à de nombreuses reprises en ce mardi soir ensoleillé en Suisse Orientale : une longue ouverture qui permet de prendre à revers toute la défense adverse. Nous ne l’avons pas toujours mis à profit, notamment en raison d’un manque de précision dans le dernier geste, mais il est clair que c’est une arme que Lucien Favre entend développer pour la saison à venir : aspirer la défense adverse vers le haut du terrain pour ensuite trouver un attaquant dans son dos sur une passe longue. Et la qualité de relance longue de Mats Hummels sera un réel atout dans ce domaine. L’objectivité nous pousse toutefois à relever que St. Gall avait fait tourner son effectif par rapport à la victoire de prestige obtenue trois jours plus tôt en championnat de Suisse au Parc Saint-Jacques contre le FC Bâle (1-2), le héros du Jöggeli, le buteur Itten, étant notamment laissé au repos. Dès lors contre une équipe de milieu de classement suisse remaniée, il était logique que le BVB, même privé des Akanji, Sancho, Alcacer, Piszczek, Wolf, Dahoud, Delaney, qui avaient explosé Zürich 6-0 quelques heures plus tôt, Brandt ou Hazard (légèrement blessés), l’emporte assez facilement.
Une bonne répétition
En fin de première mi-temps, St. Gall a essayé de serrer le jeu en défendant plus bas. Et a durci les débats. Dans les rangs des Brodeurs évolue un certain Vincent Rüfli, peut-être le footballeur le plus détesté de Suisse. Et son passage à Dijon ne lui a manifestement pas permis de s’acheter un cerveau : amical ou pas, le sieur Rüfli vient mettre une vilaine semelle, heureusement sans gravité, qui lui vaudra un avertissement. Heureusement, l’entraîneur allemand de St. Gall, Peter Zeidler, l’a sorti à la mi-temps et, comme par hasard, l’agressivité est redescendue d’un ton après la pause. Mais cette fin de première mi-temps nous a permis d’expérimenter un scénario de match que l’on risque de retrouver souvent en début de saison, en Pokal à Uerdingen ou en Bundesliga face à Augsburg ou sur le terrain des promus Köln ou Union Berlin : soit un adversaire qui défend très bas et de manière agressive. Et pour contourner le mur, il faut absolument faire preuve d’une précision absolue dans les transitions au sein d’une défense renforcée. Cela n’a pas toujours été le cas mardi soir mais cela a tout de même passé une fois peu avant la pause, sur un magnifique relais entre Götze et Schulz qui offre le 0-3 à Bruun Larsen. Dans l’enchaînement, St. Gall va réduire la marque. Sur coup-franc, encore et toujours. Moreno Costanzo, l’ancien enfant prodige du foot suisse, trouve le poteau mais le défenseur Milan Vilotic est le plus prompt à réagir et ramène le score à 1-3 juste avant que l’arbitre ne renvoie les deux équipes aux vestiaires. Déjà contre Udinese, c’est sur coup-franc que nous avions encaissé notre seul but. Il faudra vraiment trouver une solution sur ces balles arrêtées : on connaissait déjà nos problèmes sur corners défensifs mais on encaisse également trop de buts sur coup-francs. Je ne sais pas si c’est un problème de placement du mur, de positionnement du gardien, de manque de réactivité de la défense ou autre. Mais d’une manière ou d’une autre, si l’on veut gagner quelque chose cette saison, il faudra absolument encaisse moins de goals sur balles arrêtées !
Le drame du Schüblig
Les organisateurs semblent avoir été dépassés par l’affluence car une longue file se forme au bar à la pause. Et quand vint enfin mon tour, c’est le drame : ils sont en rupture de stock du Schüblig, la fameuse saucisse locale, réputée la meilleure de Suisse. Et pas même une Olma-Wurst pour le remplacer, juste une vulgaire Kalbsbratwurst. Un match à St. Gall sans Schüblig, je ne m’en suis pas encore remis. Je me console en assistant au splendide quatrième but du BVB sur une subtile déviation du talon de Götze qui met dans le vent quatre défenseurs st. gallois et permet à Reus d’inscrire le 4-1 avec beaucoup de sang-froid devant Klinsmann. Sinon, la deuxième mi-temps s’est jouée un ton au-dessous de la première, St. Gall a effectué beaucoup de changements et nos Jungs avaient sans doute les jambes un peu lourdes après une dure semaine de préparation. Les deux gardiens ont toutefois pu se mettre en évidence, Marvin Hitz avec une double parade devant Costanzo, Klinsmann avec deux parades devant Bruun Larsen. Mais on en restera là avec une victoire 4-1 pour clore cette campagne de préparation.
Quelques enseignements
10-0 contre Schweinberg, 3-1 contre Seattle Sounders, 3-2 contre Liverpool, 4-1 contre Udinese, 6-0 contre Zürich, 4-1 contre St. Gall : c’est le bilan de notre campagne de préparation. Il est bien sûr trop tôt pour céder au triomphalisme béat. Néanmoins, à l’heure du premier bilan, on peut faire quelques constats : déjà, Lucien Favre semble vouloir rester fidèle à son 4-2-3-1, alors que certains supposaient que les arrivées de Brandt et Hazard allaient amener un passage au 4-1-4-1. Ensuite, les nouveaux semblent déjà bien intégrés : Schulz et Hummels devraient partir titulaires en défense. Brandt et Hazard, malgré leur petit pépin de santé, semble déjà avoir trouvé quelques automatismes. Enfin, la bonne surprise, c’est Mateu Morey : déjà, il est très sympathique et souriant lors des signatures d’autographe mais surtout ce garçon a du foot plein les pieds et beaucoup d’intelligence. Il faudra voir quelle garanties il offre défensivement contre des adversaires plus robustes mais il peut constituer une vraie alternative à Lukasz Piszczek à droite. En revanche, si Achraf Hakimi a été très actif à St. Gall, le fait que Lucien Favre l’a ligné dans un couloir au milieu et non pas latéral, signifie peut-être qu’après les quelques erreurs défensives dont notre Marocain a été coupable au printemps, notre entraîneur n’a plus entière confiance en lui derrière. Même constat pour Dan-Axel Zagadou, auteur d’une entrée hésitante à St. Gall : le Français a moins joué que Toprak et même Balerdi en préparation. Cela peut indiquer que, dès lors que cette saison l’objectif est clairement de gagner le titre et non plus de reconstruire une équipe, le calme et l’expérience d’Ömer Toprak pourraient être préférés en défense centrale à la relative inconstance du Parisien en cas d’absence des plus que probables titulaires Akanji ou Hummels.
Grau is’am Leben alle Theorie…
J’ai aussi bien aimé Julian Weigl, tant contre Udinese qu’à St. Gall. Notre milieu de terrain semble décidé à donner davantage de volume à son jeu avec plus de prises de risque et de projections vers l’avant. S’il continue sur cette voie, il peut y avoir une vraie alternance dans le Doppesechs entre Witsel, Delaney et Weigl, surtout dans les matchs où notre équipe sera amenée à faire le jeu où la qualité de passe de l’Allemand pourrait être préférée à la présence physique du Danois. Enfin, pour le quatuor offensif, si le 4-2-3-1 se confirme, on devrait assister à énormément de permutation entre nos Jungs. A priori, Paco Alcacer, qui a enchaîné les buts en préparation, tient la corde comme attaquant de pointe, avec Thorgan Hazard en back-up. Cela signifierait que Mario Götze, qui avait été le plus souvent aligné en pointe la saison passée, pourrait voir son temps de jeu se réduire considérablement, dans un rôle de doublure de l’intouchable Marco Reus. Alors que le négociations sur une prolongation de son contrat traînent pour des questions salariales, Götzinho semble plutôt faire partie des perdants de l’été. Sur les côtés, derrière Sancho et Brandt, Wolf et Bruun Larsen ont montré quelques belles choses en préparation.
Bref, une chose est sûre : Lucien Favre a l’embarras du choix pour composer son équipe. Mais cela reste des théories foireuses d’avant-saison. Comme le disait le légendaire Adi Preißler : Grau is’am Leben alle Theorie – aber entscheidend is’auf’m Platz. Avec ou sans Schüblig (et donc sans, hélas), ces matchs de préparation ne constituaient qu’une aimable mise en bouche avant le début des choses sérieuses, une mise en bouche dont nos Jungs auront profité pour engranger le maximum de confiance. Samedi contre le Bayern en Supercup, ce sera déjà un peu plus significatif, avec un premier trophée à aller chercher, avant le vrai début des choses sérieuses, le 9 août en Pokal à Düsseldorf contre le KFC Uerdingen.
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