L’automne a déjà débuté et il est bien chargé: le Borussia Dortmund caracole en tête de la Bundesliga et de sa poule en Ligue des champions. Trois jours après un retentissant 4-0 contre l’Atletico Madrid (vainqueur sortant de la Ligue Europa), le Hertha Berlin se présente au Westfalenstadion avec la ferme intention de casser une dynamique fantastique sur laquelle nos Jungs surfent depuis l’arrivée de Lucien Favre. Celui-ci avait prévenu: « Il est très difficile de jouer contre Berlin »… Julien aussi dans son article paru la veille du match sur Generation WS. C’est sans grande surprise que leurs témoignages se sont avérés vrais. Retour sur le match de la 09ème journée de Bundesliga.

Voyage, voyage…

Un an et demi, un an et demi sans victoire dans notre Tempel. Je me demande si je ne suis pas devenu un chat noir aux yeux de mes amis fans du Borussia. Si je me suis délecté de vois nos Jungs derrière ma télé, il fallait bien que je me libère du temps pour revenir au stade et pouvoir profiter à nouveau de cette atmosphère si particulière. Il y a presque un an, j’étais déjà venu à la même période: un automne rude, autant sur le plan météorologique que sportif: un Derby au scénario fou avec finish douloureux, puis une nouvelle défaite précipitant la chute de Peter Bosz sous la neige, laquelle m’avait causé bien des soucis

C’est donc dans la grisaille parisienne que je pars rejoindre mon pote Romain pour faire le trajet en voiture. Si René et sa remorque tentent de nous empêcher de partir, nous finissons tout de même par traverser la capitale dans les monstrueux bouchons, direction la Belgique, puis l’Allemagne, dans la nuit noire et sous la pluie… Il était temps d’arriver et c’est toujours un plaisir de revoir Julien et son bel appart’ décoré de nos couleurs : Schwarz und Gelben. Après avoir regardé Sky Sport News quelques minutes, nous nous endormons. Prêts pour le lendemain, motivés… mais surtout avec une certaine sérénité (assez inhabituelle pour ma part). Bonne nouvelle ce soir : le Falsche Borussia a perdu son match contre Freiburg et nous offre l’opportunité de placer la concurrence à 4 points d’écart. Morgen, wollen wir siegen…

Directement dans le bain

Après une bonne nuit, nous émergeons tardivement et on se prépare dans la foulée pour le match. Aujourd’hui, c’est un temps bien vilain qui nous accompagne, ciel chargé et air frais, pas de doute, l’automne est bien là. Et dire qu’au début du mois, nos amis étaient là pour le match contre Augsburg sous un temps printanier pour ne pas dire estival… Ça met un peu la déprime, honnêtement, on ne cracherait pas sur un Glühwein (mit Schuss, évidemment) pour nous réchauffer. On démarre l’avant-match à 11h30 avec une petite bière puis on part au point de rencontre de notre fan-club où nous retrouvons nos amis allemands, je radote sûrement car j’ai dû en parler dans mes précédents articles mais, en tant que fan du Borussia, c’est un réel plaisir de partager sa passion et de parler Fußball avec nos copains allemands, ça nous intègre immédiatement dans l’ambiance. C’est vraiment un conseil que je peux donner à vous, francophones : n’hésitez pas à faire le premier pas, et dans l’idéal, avec quelques mots d’allemand, ça fait toujours plaisir… D’autant plus que ceux avec qui j’ai discuté ne sont pas franchement rancuniers, n’oublions pas que la France vient d’affronter deux fois l’Allemagne (0-0 ; 2-1), c’est l’une des premières choses qu’ils nous disent : Frankreich, sehr gute Mannschaft ! Mbappé, gute Spieler !… Enfin, voilà ça reste toujours bon esprit.

Focus sur les deux équipes

Nous partons ensuite en direction du Westfalenstadion, où nous découvrons les compositions d’équipes. Commençons par l’opposition : le Hertha Berlin. On le répète à nouveau mais on reçoit aujourd’hui un adversaire coriace qui s’affirme de par sa force collective, fruit du travail acharné de Pál Dárdai le coach berlinois. Sa colonne vertébrale : Rune Jarstein dans les buts – un des meilleurs gardiens de Bundesliga ; Fabian Lustenberger – le Suisse, déjà présent au Westfalenstadion lorsque Lucien Favre y était sur le banc, aux commandes dans l’axe d’une défense à cinq avec notamment Karim Rekik et Niklas Stark ; Per Skjelbred – l’international norvégien en position de milieu récupérateur ; Vedad Ibisevic – l’attaquant incontournable du Hertha ces dernières années. Tous les quatre sont alignés aujourd’hui, on notera la présence également d’Ondrej Duda, le numéro 10 déjà cinq fois buteur cette saison, le vrai renfort de l’été au Hertha puisque, après deux sans perturbés par des blessures il peut enfin montrer son talent, et des deux pistons : Mittelstädt et Lazaro, deux jeunes très vivaces, ainsi que de Salomon Kalou qui n’a pas encore débloqué son compteur mais qui a souvent fait mal au Borussia ces dernières années, que ce soit à Berlin ou au Westfalenstadion.

Côté Dortmund, on annonçait dans la compo probable Reus et Witsel sur le banc (source : site officiel du BVB). Il n’en est rien puisque les deux joueurs sont alignés dans le traditionnel 4-2-3-1 : un secteur défensif identique à mercredi avec un Hakimi très décisif en ce moment, replacé à gauche, un axe 100% jeunes français : Diallo et Zagadou, Piszczek à droite et Bürki dans les cages. Dahoud remplace Delaney ; Guerreiro et Sancho, tous deux remplaçants (et auteurs d’une entrée décisive) face à l’Atletico sont alignés en lieu et place de Bruun Larsen et Pulisic. Si Guerreiro arrive à retrouver une bonne santé musculaire, je le vois bien rentrer dans une rotation avec les trois autres joueurs cités. En attendant le retour de Schmelle, Guerreiro ne devrait pas occuper un rôle défensif prochainement, sauf nouvelle(s) blessure(s). Son entrée face à l’Atletico fut remarquable : un doublé et une débauche d’énergie très intéressante, c’est fort logiquement qu’il fête aujourd’hui sa première titularisation. Et enfin, en l’absence d’Alcacer, lui aussi fragile musculairement, le tandem Götze-Reus est aligné pour une deuxième fois consécutive.

Première mi-temps intense

Après avoir pas mal discuté avec des amis, j’arrive tout juste pour le coup d’envoi qui sera légèrement retardé par les fans du Hertha. Aujourd’hui, le Gästeblock est de 5 000 fans (ce qui est énorme si on compare à la France) et le tifo et les Pyros sont de sortie pour fêter les 15 ans des ultras de la Hauptstadt Mafia… et ils ont peut-être voulu montrer qu’il existait une Fanszene au Hertha, sachant que trois jours plus tard, le rival local, les cheminots de Berlin-Est, Union Berlin, vont débarquer deux fois plus nombreux au Westfalenstadion, dommage que tout cela se solde par une intervention très musclée de la police.  Allez, c’est parti, auf geht’s Dortmund, kämpfen und siegen !

 

Sans grande surprise, le BVB met son jeu en place et se crée les premières occasions, les situations se créent assez facilement dans une défense du Hertha pas bien sereine en ce début de match, Sancho voit sa frappe repoussée sur la ligne dès la 4ème minute, une frappe d’Hakimi rase le poteau dix minutes plus tard… Reus lancé déborde et centre pour Sancho qui effectue une sublime Madjer : TOOOOOOOOOOR ! Le Westfalenstadion explose, 1-0 et c’est clairement mérité. Mais je vois l’arbitre faire de grands signes, suite à l’appel de la VAR, le but est refusé pour un hors-jeu au départ de l’action, un hors-jeu de quelques centimètres, très frustrant… On repart à 0-0.

Nouveau coup de boutoir à la 27ème minute, Zagadou relance sur Guerreiro au milieu de terrain, il dévie subtilement de l’extérieur pour Dahoud dans le rond central qui dévie du droit pour Götze lancé à pleine vitesse, le Hertha défendait très haut et c’est un trois contre un qui se dessine, Götze fixe le gardien et décale sur sa droite Sancho qui n’a plus qu’à la pousser au fond, cette fois-ci, c’est bon ! TOOOOOOOOOR ! Le Borussia mène fort logiquement et doit continuer à pousser pour breaker. Le Hertha reprend néanmoins le jeu à son compte, une frappe des 20 mètres de Duda échoue de peu à côté, mais, à 5 minutes de la mi-temps, Dahoud rate son renversement et Mittelstädt part en contre, sprint de 40 mètres, il effectue une transversale sur Kalou qui est seul, il résiste au retour de Witsel et bat Bürki de près… Egalisation des visiteurs et c’est très amer au vu du potentiel offensif que Dortmund a montré, il devrait y avoir plus d’un but au compteur du BVB… De plus, on soupçonne un contrôle illicite de Kalou, pas de VAR, va comprendre pourquoi… Mi-temps : 1-1.

Seconde mi-temps stressante

Le coup d’envoi de la seconde mi-temps est donné et c’est le Hertha qui se crée la première occasion avec une reprise de volée de Kalou dans les nuages. Le Borussia laisse passer l’orage et reprend le jeu à son compte, un gros coup de casque de Piszczek sur corner… Jarstein bloque. Un subtil jeu vers l’avant initié par Witsel qui décale Hakimi dans la course, le public croit au but mais non ! Le petit filet… Fichue illusion d’optique ! Hakimi encore sur le côté gauche, décalé par Witsel, sollicite le une-deux avec Guerreiro à l’entrée de la surface, il centre à ras de terre pour Reus qui manque sa frappe, Jarstein parade mais dans le vide, la balle roule toujours et Sancho en profite, seul à un mètre des cages pour la pousser au fond ! TOOOOOOOOOOOOR ! Le 2-1 est marqué à l’heure de jeu, là encore, amplement mérité… C’est le moment pour tuer le match mais le Borussia pêche dans la finition. A un quart d’heure de la fin, Dahoud récupère un ballon dans son camp et envoie une chandelle vers l’avant… Guerreiro, parti à la limite du hors-jeu, se retrouve complètement seul face à Jarstein et il faut un magnifique réflexe digne d’un gardien de handball pour que la balle ne rentre pas. Un nouveau contre initié par Götze qui décale Reus et qui centre pour Bruun Larsen quasiment seul… A côté ! Presque un but tout fait, ça me rappelle la première égalisation d’Alcacer contre Augsburg…

Et là, je me dis qu’il va falloir rester solide, j’ai confiance en l’équipe et même si on vient de gâcher le break, je nous sens capable de tenir or je ne peux pas m’empêcher de stresser… Quelques secondes plus tard, Lazaro centre au deuxième poteau et il faut un super Bürki pour sortir la tête de Selke… On commence à prendre le bouillon, sur coup de pied arrêté une minute plus tard, Bürki sort pour intervenir mais percute un de ses coéquipiers, il relâche la balle, Kalou envoie un missile et Diallo fait corps pour empêcher que ça rentre… C’est dur il faut tenir ! Selke est lancé sur le côté gauche, sa première touche est un peu longue, Zagadou passe devant… mais se refait doubler par un coup de filou de Selke qui rentre dans la surface avec le contrôle de la balle, faute et penalty indiscutable, on joue la 91ème minute. A chaud, je ne conteste pas, je suis juste extrêmement déçu et m’enfonce sur mon siège en bougonnant… Aujourd’hui quand je revois cette action, je constate simplement que Zagadou doit défendre avec beaucoup plus de sécurité quand il prend les devants, lorsqu’il se fait berner, il ne doit plus intervenir et laisser l’attaquant tenter quelque chose. C’est une erreur de sa part dont il apprendra beaucoup, j’en suis persuadé. Kalou s’élance et prend facilement Bürki à contre-pied. 2-2, c’est dur, vraiment ! Un ultime rush nous fait frissonner, il faut un sauvetage in extremis de Lazaro devant Bruun Larsen pour qu’il n’effleure pas ce ballon et qu’il aille au fond. Fin du match !

Les pieds sur terre

Forcément, je quitte le stade avec un goût amer. Je n’ai pas brisé ma mauvaise série… mais j’essaie de voir surtout le positif et de rester dans un bon état d’esprit parce que j’aimerai vraiment profiter de mon temps ici. Si nous perdons clairement deux points ce soir, le Borussia reste toujours invaincu et est toujours leader (et le restera malgré la victoire du Bayern qui recolle à la place de dauphin). C’était un bon match même si on peut y trouver plusieurs choses à redire, Dortmund joue tous les trois jours, il y’a une rotation à mettre en place, il est possible d’avoir par moment des défaillances physiques, c’est humain. La série de victoires se stoppe mais elle fera du bien à Favre et son collectif pour continuer à bosser. Après avoir reçu une pluie de louanges de la part des médias du monde entier, il faut que ce groupe garde les pieds sur terre (Favre et Zorc l’ont bien rappelé en conférence de presse avant le match) et reste focalisé sur ses objectifs, en prenant les matchs les uns après les autres… Ce sont des hommes, pas des machines. Et je pense aujourd’hui que Favre est un bon manager pour faire passer ce message-là, son projet de jeu se met assez bien en place, il faut continuer de le roder avec l’aide de tout l’effectif. La Pokal mercredi soir sera l’occasion de faire tourner quelques joueurs (Diallo, Witsel, Reus…) et d’en relancer d’autres (Wolf, Weigl, Alcacer…), nous recevrons l’Union Berlin, jouant en Zweite Liga, que nous avions éliminé aux penaltys en 2016-2017 (danke Weidenfeller !) sur la route de notre finale victorieuse contre Francfort ; pour l’anecdote, le club joue la montée et n’a toujours pas perdu (mais n’est pas leader de son championnat). Cette Berliner Woche ne sera pas de tout repos !

Après notre départ du stade, nous retrouvons nos amis suisses pour boire quelques bières et jeter un coup d’œil au Topspiel : Hoffenheim-Stuttgart ; on en profite pour voir les résultats et le classement : comme je le disais plus haut, le Bayern gagne à nouveau et enchaîne après un passage à vide et quelques secousses, ils reprennent la deuxième place du classement à Gladbach (qui avait perdu vendredi) et Bremen (qui s’est fait laminer dimanche par Neverkusen). Dortmund-Bayern dans deux semaines s’annonce bouillantissime, mais avant il faudra aller faire le travail avec sérieux chez les loups de Wolfsburg et essayer d’aller ramener un petit quelque chose du Wanda Metropolitano. Mais tout de même, vivement la suite ! Il reste tellement de choses à voir… il nous reste à affronter une moitié de la Bundesliga et la phase retour de la ligue des champions avant de pouvoir analyser cette première partie de saison. Les voyants sont  actuellement au vert mais la vérité de l’automne n’est pas celle de l’hiver, ni celle du printemps, alors j’en trépigne d’impatience !

C’est donc en « famille » que nous partons dîner tous ensemble en centre-ville, puis, après un bon repas, un passage obligé au Lütge-Eck pour chanter à la gloire de notre club préféré. C’était un super moment de revoir nos amis suisses, même si l’on passe notre temps à les chambrer… Aujourd’hui, quand on vient à Dortmund, ces personnes-là font partie de cette atmosphère si particulière, de même que tous ces gens que tu croises dans le métro en direction du stade, qui chantent avec toi avec (presque toujours) une bière à la main, tes voisins de siège qui deviennent, l’espace d’un match, les personnes avec qui tu vibreras pendant le match, avec qui tu partageras des moments de joie… Au final, toutes ces connaissances liées à Dortmund et au foot, c’est un peu comme des cousins germains que je vois deux fois par an avec la certitude de passer des moments formidables, inoubliables. Grâce aussi à vous, le foot allemand (particulièrement Dortmund et sa Fankultur) est devenue une réelle passion depuis maintenant plusieurs années et à chaque fois, même après une défaite, on n’a qu’une envie, c’est de pouvoir revenir voir un match…

Au lendemain, le réveil est dur, nous devons rentrer en France, la route sera longue. J’ai toujours hâte de rentrer chez moi après un bon week-end mais c’est un peu triste de quitter l’Allemagne.  Et comme un signe, notre véhicule tombe en panne à la frontière germano-belge… Ce n’est pas nouveau, j’enchaîne souvent les galères de transport quand je viens ici ! Heureusement sans gravité puisque nous réussissons à rentrer. Après 1 100 kilomètres de voiture en 48 heures et des émotions fortes vécues grâce au Borussia Dortmund, je me sens fatigué mais heureux et toujours amoureux de ce club si particulier à mes yeux. Ce sentiment qui est tout simplement l’Echte Liebe.

Diego.

Catégories : Au Stade

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