Comme en octobre 2011, le BVB débarque samedi  à Stuttgart juste après la fermeture de la Cannstatter Wasen. On ne sait pas si c’est le démontage en cours des tentes et attractions foraines de la Cannstatter Wasen, la fête de la bière locale, juste à côté du Neckarstadion, qui avait inspiré le Borussia Dortmund ce jour-là : le BVB s’était créé pas moins de huit occasions du but rien que dans les cinq premières et les cinq dernières minutes mais avait dû au final se contenter d’un point à Stuttgart au terme d’un match de haut niveau.

Depuis le début de la saison et après deux ans de travaux, le VfB Stuttgart évolue dans un stade entièrement rénové. Les deux virages derrière les buts ont été rasés et reconstruits beaucoup plus près du terrain ; du coup, la piste d’athlétisme n’est plus qu’un mauvais souvenir. Ce n’est pas très loin de chez nous, je te conseille vivement d’aller y faire un tour à l’occasion : quand c’est plein comme samedi, c’est vraiment devenu un bel endroit pour jouer au foot. Ce qui n’a pas changé en revanche, c’est le Biergarten de la Polizei juste à côté de l’entrée du Gästeblock où la Stuttgarter Hofbräu est toujours servie dans des choppes en verre. Comme si la police tenait à fournir elle-même aux émeutiers potentiels les projectiles qui lui seront lancés en cas d’éventuelles échauffourées. En revanche, à l’intérieur du stade, la Krombacher remplace la locale Dinkelacker ; comme j’étais préposé à la conduite, ça ne m’a pas trop gêné samedi mais l’on va quand même de désillusions en désillusions cette saison dans nos pérégrinations germaniques, en voyant que les mastodontes Bitburger et Krombacher sont en train de réussir leur offensive contre les bières locales dans de plus en plus de stades allemands.

La renaissance du VfB Stuttgart

Rayon foot, le VfB Stuttgart renaît à l’ambition après avoir flirté avec la relégation au printemps dernier. Habitués aux débuts de championnat calamiteux, les Souabes réussissent leur meilleure entame de saison depuis leur titre en 2007. Pourtant, les coûts de la reconstruction du stade ont limité les moyens à disposition pour les transferts mais on a bossé intelligemment du côté du Neckarstadion. Notamment avec l’engagement de l’excellent Danois William Kvist, qui remplace avantageusement et à moindre coût l’international allemand Christian Träsch, parti à Wolfsburg contre espèces sonnantes et trébuchantes. C’était donc un vrai bon test pour le Borussia Dortmund après quatre victoires consécutives en championnat.

Tamas Hajnal est toujours magique

Malgré l’arrivée tardive de son car, le BVB va entamer le match tambour battant. Et se créer trois grosses occasions dans les cinq premières minutes : un tir de Lewandowski sur le poteau et deux frappes juste à côté de Götze et Perisic. Le match va ensuite s’équilibrer et Stuttgart quelque peu s’enhardir, notamment avec une frappe de Molinaro détournée par Weidenfeller. Il y a un joueur que je craignais particulièrement dans les rangs du VfB, c’est Tamas Hajnal, l’ancien meneur de jeu du BVB où il ne s’était jamais imposé, notamment parce que son style de jeu ne cadrait pas vraiment avec la philosophie de l’entraîneur Jürgen Klopp. Mais personnellement, je n’ai jamais douté de son talent et le Hongrois va démontrer qu’il n’a rien perdu de son coup de patte magique en déposant un coup franc sur Martin Harnik. La reprise de l’Autrichien heurte le poteau mais Serdar Tasci a bien suivi pour l’ouverture du score.

Le BVB va accuser le coup et connaître un quart d’heure difficile, le 2-0 n’était pas loin, notamment sur un coup de tête à côté de Cacau. Le capitaine du VfB n’a manifestement pas encore récupéré d’une longue blessure et a constitué le maillon faible de son équipe samedi, ne parvenant pas vraiment à exploiter les excellents services du duo Tamas Hajnal – Martin Harnik. Lorsque le prometteur Julian Schieber sera de retour, le VfB risque d’être encore plus redoutable.

Des latéraux d’attaque

Dortmund va refaire surface juste avant la pause avec une faute de Molinaro sur Götze qui avait le poids d’un pénalty pour toute l’Allemagne sauf pour Manuel Gräfe. Le problème, c’est que c’est à ce dernier que revenait de prendre la décision, en l’occurrence erronée. On peut donc voir une forme de justice immanente lorsque le BVB a égalisé dans les arrêts de jeu de la 1ère période sur une magnifique action entre Mario Götze et Shinji Kagawa dont le centre a trouvé Lukasz Piszczek. Le latéral polonais s’est rappelé qu’il avait débuté en Bundesliga comme attaquant dans le Hertha Berlin de Lucien Favre pour venir égaliser dans le but vide en position de centre-avant.

Lors de la Meistersaison, les latéraux du BVB n’avaient inscrit aucun but (officiellement du moins, j’en avais attribué un à Marcel Schmelzer, lors de Stuttgart – Dortmund précisément), cette saison ils en sont déjà à quatre (Piszczek 2, Schmelzer 1, Owomoyela 1). Comme quoi, tout arrive : après tout, si Micheline Calmy-Rey, après huit ans de gouvernement, a enfin fini par faire quelque chose de positif pour la Suisse, en démissionnant, les latéraux du BVB peuvent bien commencer à cartonner.

Faszination Bundesliga !

C’est le même topo après la pause : un stade plein, une superbe ambiance, un rythme effréné, une intensité folle, deux équipes tournées vers l’avant, un engagement total mais sans mauvais coups ni simulations, des occasions en veux-tu en voilà, quelques gestes de classe, surtout lorsque le ballon transite par les pieds de Tamas Hajnal ou Mario Götze, et quelques imprécisions aussi. Mais la Bundesliga ne serait pas ce qu’elle est sans quelques relances dans les tribunes ou centres derrière le but. Ce choc au sommet de la 11ème journée a tenu toutes ses promesses et, quand on voit un tel spectacle, on comprend que la Bundesliga soit en train de pulvériser tous les records d’affluence (45’544 spectateurs par match depuis le début de la saison !), alors que tous les autres grands championnats (ou présumés comme tels) sont à la baisse.

Les deux équipes auront l’occasion de reprendre l’avantage. Stuttgart se heurte au portier Weidenfeller sur deux frappes de Kuzmanovic et Traoré. Pour Dortmund, c’est Shinji  Kagawa qui s’est procuré deux occasions : sur la première, rien dire, sa frappe a été bien détournée par le gardien Ulreich ; sur la deuxième en revanche, le petit Japonais avait fait le plus dur en éliminant toute la défense souabe mais n’a pas cadré son tir, seul à huit mètre du but. On n’a pas encore retrouvé le Shinji de l’automne dernier.

Rush final inutile

Si, jusqu’à la 80e, le nul était équitable, en revanche la partie aurait clairement dû basculer en faveur du BVB dans les dix dernières minutes. Alors que Stuttgart se contentait de ce score de parité, le Borussia a mis une incroyable pression sur la fin. Il y a eu un coup franc de Schmelzer bloqué par Ulreich, une frappe de Piszczek contrée in extremis, un tir de Götze détourné par Ulreich et un essai de Piszczek au-dessus. Et surtout un incroyable arrêt de Sven Ulreich en deux temps, d’abord de la main sur un coup de tête à bout pourtant de Neven Subotic, puis du pied pour soustraire le ballon aux deux joueurs jaunes qui se précipitaient au rebond.

Les réactions au coup de sifflet final ne trompaient pas : alors que, côté souabe, le Cannstatter Kurve célébrait ses joueurs comme s’ils venaient de gagner la Ligue des Champions, les mines d’enterrement étaient de mise parmi les quelques 8000 fans en jaune au cœur desquels nous nous trouvions. C’est bien joli d’avoir assisté à un super match de foot et de rentrer avec des courbatures et la voix un peu cassée à force d’avoir trop sautillé et chanté (on ne dirait pas mais c’est physiquement éprouvant un match dans le Gästeblock du BVB). Mais, au final, Dortmund fait quand même la mauvaise opération du week-end avec ce match nul, couplé aux victoires du Bayern Munich et de Schalke 04. C’est dommage car, au vu des huit occasions du début et de la fin du match, il y avait moyen de repartir avec les trois points.

VfB Stuttgart – Borussia Dortmund 1-1 (1-1).

Mercedes-Benz Arena, 60’000 spectateurs (guichets fermés).

Arbitre : M. Gräfe.

But : 22e Tasci (1-0), 45e +1 Piszczek (1-1).

Stuttgart: Ulreich; Boulahrouz, Tasci, Maza, Molinaro; Kvist, Kuzmanovic; Harnik, Hajnal (92e Gentner), Okazaki (70e Traoré); Cacau (78e Hemlein). Entraîneur : Bruno Labbadia.

Dortmund: Weidenfeller; Piszczek, Subotic, Hummels, Schmelzer; Bender (46e Leitner), Sahin; Götze, Kagawa, Perisic (76e Grosskreutz);  Lewandowski (78e Barrios). Entraîneur: Jürgen Klopp.

Cartons jaunes: 2e Cacau, 28e Kehl, 46e Kuzmanovic, 83e Schmelzer, 84e Maza.

Notes: Coup d’envoi retardé de 15 minutes suite à l’arrivée tardive du car du Borussia Dortmund, bloqué dans les embouteillages. Stuttgart sans Delpierre, Audel, Pogrebnyak ni Schieber (blessés). Dortmund sans Owomoyela ni Koch (blessés).

Classement (11 matchs)  : 1. FC Bayern 25 2. Schalke 21 3. BVB 20 4. Brême 20 5. Mönchengladbach 20 6. Stuttgart 18 7. Hanovre 18 8. Leverkusen 17 9. Hoffenheim 16 10. Hertha 16. 11. Köln 16 12. Wolfsburg 13 13. Kaiserslautern 12 14. Nürnberg 12 15. Mainz 9 16. Hambourg 9 17. Augsburg 8 18. Freiburg 7.

Catégories : Au StadeRetro

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