C’était le week-end de reprise en Bundesliga mais, comme le préposé au calendrier nous avait fait patienter jusqu’au dimanche et que nous frétillions d’impatience, nous avions décidé d’anticiper avec un excellent derby entre Osnabrück et Münster. Première place de la Dritte Liga en jeu !

C’était la veille de la reprise en Bundesliga pour le BVB mais, malgré un temps un peu grisâtre, Dortmund était déjà en fête. Il n’était même pas midi et pourtant les jeunes dansaient déjà dans la gare aux rythmes de Mickie Krause, Ingo ohne Flamingo et autres Mia Julia. Non pas (encore) pour le football mais pour la Schlagerparty Dortmund Olé qui débutait quelques minutes plus tard au Revierpark Wischlingen. L’alcool coulait déjà à flot et l’ambiance était des plus joyeuses. Mais, si nous avions bien entendu nos billets pour la Party de Wischlingen, nous avons décidé de faire l’impasse sur les premiers concerts afin d’aller d’abord voir un peu du foot. Il y avait l’embarras du choix dans la région, Düsseldorf, Köln, Oberhausen, le Derby U17, Mönchengladbach, mais nous avons finalement opté pour un excellent derby VfL Osnabrück – SC Preußen Münster dont je t’ai déjà expliqué pourquoi il constituait l’une des rivalités les plus explosives du football allemand.

La Westphalie est magique

Nous quittons donc (temporairement) les « saufen morgens, mittags, abends » en partance vers Dortmund Ole pour nous retrouver dans une ambiance absolument identique dans le … train. En effet, il se trouve que l’IC pour Osnabrück poursuit ensuite sa route jusqu’à Hambourg. Ce n’est plus une étape de la Bundesliga (je ne m’y ferai jamais) mais ça reste une destination prisée des fêtards. Et donc, à peine quittée l’émeute de la gare, nous nous retrouvons dans une pareille ambiance à l’intérieur du wagon : musique, enterrements de vie de jeune fille ou de garçon, alcool, shots, ballons… Le genre de trajet qui n’engendre guère la morosité. Précision : il n’est même pas 13 heures. J’adore la Westphalie.

Groundhopping

Finalement, il faudra arriver devant le stade, pour l’un des derbys les plus chauds d’Allemagne, pour trouver un semblant de calme (mais éphémère). Nous avons la surprise de croiser deux Français, adeptes de Groundhopping des séries inférieures allemandes. Les mecs ont même visité des stades que je n’ai pas accrochés à mon palmarès comme Rostock ou Erfurt. Respect ; ça change des footix viagogo-Fanshop que l’on croise trop souvent au Westfalenstadion. On boit une bière sous une tonnelle avant de rentrer dans le stade, le Bremer Brücke, qui fait le plein pour l’occasion. L’atmosphère est un poil plus détendue que lors de notre précédent Osnabrück – Münster, il semble que les ultras du Preußen n’aient pas fait le déplacement. Mais c’est quand même dans une superbe ambiance que les deux équipes pénètrent sur le terrain. Les deux clubs ont bien débuté la saison et, après le match nul du KFC Uerdingen de Kevin Großkreutz la veille, la première place est promise au vainqueur de ce derby.

Le hold-up

Pendant trente minutes, on ne va voir que les visiteurs du Preußen Münster. Les attaques se multiplient juste devant le kop d’Osnabrück. Deux dégagements en catastrophe, deux arrêts miracles du gardien Körber, une tête sur le poteau, le SCP doit encore se demander comment il a fait pour ne pas atteindre la demi-heure avec deux buts d’avance, surtout qu’en face, à part une frappe timide, Osnabrück ne montrait rien du tout. A ce rythme, cela devait bien finir par rentrer. Et c’est rentré. Mais de l’autre côté. Le VfL va trouver la faille à la 40e sur un dégagement de la défense après un corner, une frappe improbable à 16 mètres dans le paquet, un renvoi du gardien et une frappe à bout portant du dénommé Trapp, non pas Kevin mais Maurice. Un but tout moche pour donner un avantage assez inespéré aux Osnabrücker. 1-0 à la mi-temps, c’eût été déjà bien payé mais cela fera même 2-0 sur un coup franc de Marco Alvarez juste avant la pause qui surprend le gardien sur son côté d’une frappe ras-terre. Il n’avait pas dû placer son mur comme il faut… Le Bremer Brücke est en transe.

L’euphorie

Münster avait laissé passer sa chance et n’avait pas les moyens de revenir dans une ambiance désormais bouillante. Pire, le Preußen boira le calice jusqu’à la lie avec une faute de main synonyme de pénalty et de carton rouge, Marcos Alvarez transforme. 3-0, la fête est totale. Les bières défilent, le stade se lève, les chants partent dans tous les sens : forcément, après avoir vu leur équipe pareillement surclassée en début de match, les fans d’Osnabrück ne s’attendaient sans doute pas à vivre une deuxième mi-temps où ils ont pu célébrer leur victoire, la première place de la Dritte Liga et surtout allumer leur rival de toujours, désormais réduit à l’impuissance.

On entend trop souvent que, dans le football, il faut absolument gagner des titres et jouer la Ligue des Champions pour être heureux. Rien n’est plus faux. Le VfL Osnabrück ne gagnera sans doute jamais de titres, n’a que peu d’espoir de rejoindre la Bundesliga à court ou moyen terme. C’est un petit stade de 15’000 places, de la troisième division, une qualité technique assez médiocre et pourtant, il suffit d’un derby gagné, un bon début de saison pour susciter un enthousiasme, une ferveur, une ambiance comme n’en voit plus du tout dans les arènes blasées de Munich, Manchester ou Barcelone. Pour débuter la saison, il n’y avait rien de tel qu’un bon vieux derby de Dritte Liga pour se souvenir que le football, ça doit d’abord sentir la bière, la Currywurst et la passion.

Catégories : Au Stade

1 commentaire

Tom · 10/09/2018 à 21:50

Woo deux français adeptes de Groundhopping et notamment dans les divisions inférieures ! Venez poster ici les gars, j’en ai un peu ma claque de faire tous mes déplacements tout seul =)

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