Après une Coupe du Monde déprimante sur fond de conflit ouvert entre les supporters et les dirigeants du foot allemand sur les orientations à suivre pour le futur, la Bundesliga reprend enfin ses droits. Avec son cortège de stades pleins, de buts à gogo, de bières et de saucisses. Das ist Fuβball ! On fait l’état des forces en présence.

Le Bayern Munich fait figure de grandissime favori à sa propre succession. Objectivement, même si c’est déprimant, on ne voit que peu de raisons de croire à une autre issue possible qu’un septième Meisterschale consécutif, avec aussi peu d’émotions, de ferveur et de suspense que les six précédents, pour le Rekordmeister. Ce n’est pas un manque d’ambitions de la concurrence, juste la triste réalité du football actuel qui creuse de plus en plus les écarts de budget entre une petite élite très fermée et le reste du monde.

Néanmoins, les dirigeants bavarois sont restés sages durant la pause : l’effectif demeure stable et c’est une transition en douceur qui s’effectue avec des Kimmich, Süle, Tolisso, Coman ou Goretzka qui vont prendre de plus en plus de place alors que les Ribéry, Robben ou Boateng s’effacent. L’effectif bavarois reste loin au-dessus de la concurrence, tant en terme de qualité que de quantité. Certes, à part Tolisso, les stars munichoises restent sur une Coupe du Monde ratée, entre ceux qui n’y sont pas allé et ceux qui l’ont quittée prématurément, à commencer par les Allemands. Mais un Bayern revanchard est souvent encore plus dangereux. On voit deux petits grains de sable qui pourraient enrayer la machine bavaroise : d’abord, il y a un nouvel entraîneur, c’est toujours une incertitude, avec le remplacement de Jupp Heynckes par Niko Kovac. Le Croate a réussi des miracles à Francfort, faisant passer l’Eintracht de relégable en puissance à double finaliste de la Pokal (dont la victoire 2018 contre… le Bayern). Il est clair que Kovac ne pourra pas adopter exactement le même jeu agressif et vertical à Munich qu’à Francfort, ne serait-ce que parce que le Bayern sera amené à posséder bien davantage le ballon que ne l’était SGE ; la victoire compliquée en Pokal (0-1) contre une Regionalliga a montré que le Bayern pouvait être accroché. Mais Kovac est un ancien de la maison bavaroise et le jeu direct qu’il va instaurer devrait achever, après Heynckes, de définitivement rompre et reléguer l’ennuyeuse ère Guardiola au rang des mauvais souvenirs.

L’autre interrogation, c’est l’attitude de Robert Lewandowski, qui a fait le forcing pour partir cet été mais n’a pas reçu le bon de sortie demandé. Lors de la Supercup à Francfort, le Polonais est paru irritable et d’une humeur détestable. Mais cela ne l’a pas empêché de claquer un triplé pour permettre au Rekordmeister d’atomiser 5-0 un adversaire qui l’avait battu 3-1 il y a trois mois en finale de Pokal. Et nous n’avons pas oublié qu’en 2013-2014, Lewa était aussi resté à Dortmund contre son gré et cela ne l’avait pas empêché de finir meilleur buteur de la Bundesliga… Une chose est sûre : si une équipe veut bousculer un peu le Bayern cette saison, il faudra absolument partir très fort et profiter du calendrier corsé des Bavarois en début de saison (Hoffenheim, Stuttgart, Schalke et Leverkusen) pour instiller un peu de doute ; si on les laisse partir en tête dès le début de saison, on ne les reverra plus.

Vizekusen à nouveau ?

Depuis quinze mois, le Bayer Leverkusen tente de construire quelque chose dans la durée sur le modèle du BVB de Klopp et non plus de se contenter des largesses de son sponsor Bayer. Et c’est plutôt une bonne idée, vu les incertitudes qui entourent le géant de la pharma depuis le rachat de Monsanto (et de ses procès…). Le projet de jeu mis en place par notre ancien attaquant Heiki Herrlich est vraiment intéressant, peut-être le plus élaboré après le Bayern la saison dernière, même s’il a manqué un peu de régularité et de solidité défensive pour accrocher la Ligue des Champions (manquée à la différence de buts derrière le BVB). Mais la Werkself paraît en mesure de franchir un pas supplémentaire en travaillant dans la continuité et sans départ vraiment significatif. Certes, le gardien Leno est parti mais il devrait être remplacé sans problème, voire même avantageusement, par Hradecky. Et l’emblématique Kiessling a pris sa retraite mais il ne jouait plus guère qu’un rôle symbolique. Surtout Neverkusen est parvenu à garder ses jeunes talents, Heinrichs, Havertz, Bailey, Retsos et surtout Tah et Brandt, pourtant convoités par le BVB et le Bayern. Mais la Werkself a aussi du muscle et de l’expérience, avec les frères Bender, Kohr, Baumgartlinger ou Aranguiz. En attaque, avec Volland, l’Argentin Alario, après une première saison prometteuse, peut devenir l’un des buteurs vedettes de la Bundesliga. Longtemps blessés la saison passée, Bellarabi et Pohjanpalo seront deux atouts supplémentaires. Et l’arrivée de Mitchel Weiser est l’un des gros coups du mercato allemand. Avec encore le renfort de l’espoir brésilien Paulinho (18 ans, payé 20M d’euros) et du Suédois Kiese Thelin, qui sort d’une grosse saison en Belgique, Leverkusen paraît armé pour viser une place sur le podium. Et le premier titre de son histoire ? N’exagérons rien, le Bayer n’est pas surnommé Vizekusen pour rien.

Le nouveau départ du BVB

Le Borussia Dortmund sort de deux saisons agitées. Les résultats n’ont pas été aussi catastrophiques qu’on pourrait le croire (3e et 4e, victoire en Pokal 2017) mais le club a connu beaucoup de remous extra-sportifs : attentat, suspension de la Südtribüne, boycotts, grèves des joueurs, changements d’entraîneur, style de jeu perdu, manque d’engagement… Clairement, à force de vouloir se voir trop grand, le BVB a oublié les valeurs d’abnégation, d’humilité et de combativité qui ont fait sa force. Le club entreprend donc un nouveau départ ou plutôt un retour aux sources. Il n’est plus question d’aller chasser le Bayern, il faut d’abord retrouver un style de jeu et une identité. Deux hommes portent ce nouveau projet : l’entraîneur Lucien Favre, avec son expérience et sa science tactique, doit redonner à l’équipe un système de jeu qui s’est complètement perdu, entre l’essoufflement de la méthode Klopp, les expérimentations ratées de Tuchel, les tactiques suicidaires de Bosz et l’approche timorée de Stöger. En parallèle, le responsable des joueurs Sebastian Kehl, avec son long vécu au club, doit rappeler aux joueurs que le BVB n’est pas une organisation comme les autres et que porter ce maillot implique des attitudes, une combativité et une discipline particulières. Le contingent a été renforcé, en particulier pour donner du muscle et améliorer le dramatique pourcentage de duels gagnés avec les arrivées de Diallo, Delaney, Witsel et Wolf.

Promu capitaine, Marco Reus doit emmener ce nouveau BVB où le talent ne manque pas avec les Akanji, Weigl, Dahoud, Pulisic, Larsen, Sancho, Philipp et compagnie. L’effectif paraît mieux équilibré et le nouveau tournant amorcé par la direction correspond aux attentes des fans qui veulent retrouver une équipe à laquelle ils puissent s’identifier. Néanmoins, les interrogations ne manquent pas : Bürki peut-il faire une saison plus régulière que la précédente et sinon Hitz peut-il constituer un plan B valable ? La charnière Diallo-Akanji ne sera-t-elle pas trop tendre ? Les latéraux Schmelzer et Piszczek ont-ils encore le niveau d’une équipe de tête de Bundesliga ? Mario Götze peut-il revenir à son meilleur niveau ? Lucien Favre parviendra t’il à trouver la bonne formule dans un milieu de terrain pléthorique ? Le club peut-il vraiment se passer d’un véritable attaquant dans son effectif ou peut-il trouver la perle rare d’ici au 31 août ? Ce BVB 2018-2019 est un chantier, avec des promesses et des doutes. La seule certitude, c’est qu’il faudra du temps pour tout mettre en place et qu’il ne faudra pas, comme cela a trop souvent été le cas ces dernières saisons, tout brûler au premier revers. Le Borussia doit s’affranchir des attentes déraisonnables de certains médias et Modefans qui ne parlent que titres, pognon et duel avec le Bayern. Ce n’est pas le sujet. Du moins pas maintenant. Il faut d’abord retrouver un style de jeu, une identité de club, une sérénité et une communion avec les fans. Se retrouver soi-même. Ensuite, on pourra commencer à causer d’ambitions.

Kumpel & Malocher

Un peu plus de deux ans après son arrivée, le manager de Schalke 04 Christian Heidel a accompli sa révolution puisque le 95% de l’effectif a été renouvelé en un temps record ! La doctrine est claire : moins de stars et de bling-bling, davantage de guerriers et de battants. Un retour aux Kumpel et aux Malocher, les mineurs et les travailleurs qui ont fondé le club d’Herne-West. Et avec l’improbable Domenico Tedesco (prolongé jusqu’en 2022), Heidel a trouvé l’entraîneur idoine pour appliquer son football de combat. Le recrutement estival (Mascarell, Serdar, Sané, Uth…) est du pur Heidel : pas de grands noms mais des joueurs relativement bon marché, voire gratuits, susceptibles de se fondre immédiatement dans le collectif de Tedesco. Beaucoup ont persiflé l’an dernier quand les Knappen ont recruté le vétéran Naldo mais le Brésilien a été élu meilleur joueur de la saison en Bundesliga et a amené les Königsblauen au 2e rang.

Il y a toutefois une faille dans la méthode Heidel : alors que son projet s’appuie sur l’identification aux couleurs et valeurs königsblaue, il n’arrive pas à conserver les meilleurs talents de la Knappenschmiede, le centre de formation. Meyer, Goretzka et Kehrer sont partis et, pire, gratuitement pour les deux premiers. Dès lors, l’effectif risque de manquer de talent et de créativité. Même les attaquants, Burgstaller, Di Santo ou Uth, sont plus des combattants que des artistes. Il y a bien l’Ukrainien Konoplyanka, mais il reste un intermittent du spectacle, alors que le Suisse Embolo peine à justifier l’investissement consenti sur son transfert. Et les six matchs, voire davantage, de Ligue des Champions vont représenter une charge conséquente, vu la débauche d’énergie qu’exige le jeu de Tedesco. Je serai donc surpris de voir les Knappen faire aussi bien que la 2e place de la saison passée ; une place dans le premier tiers du classement oui mais le podium cela risque d’être compliqué.

L’inconnue Nagelsmann

Si je traite conjointement Hoffenheim et Leipzig, ce n’est pas seulement parce qu’il s’agit de deux créations complètement artificielles mais aussi parce que leur grande inconnue de la saison 2018-2019 repose sur le même nom : Julian Nagelsmann. En décidant de rejoindre les Bullen à l’été 2019 seulement, l’entraîneur à succès d’Hoppenheim a placé son ex-futur club et son futur club dans l’embarras. On sait que le succès des Kraichgauer repose beaucoup sur la dynamique inspirée par Nagelsmann qui a réussi à faire passer la créature de Dietmar Hopp du statut de relégable en puissance à celui d’européen régulier. Le jeune entraîneur a réussi à donner une âme, une ambition et une combativité à un club du TSG Hoffenheim qui en était complètement dépourvu jusque-là. Mais le discours et la méthode fonctionneront-ils toujours aussi bien avec un entraîneur sur le départ ? L’effectif paraît légèrement supérieur à celui de la saison dernière, avec les départs d’Uth et Gnabry, largement compensés par les arrivées de Bittencourt, Brenet, Belfodil et Grifo. Mais, plus que la qualité du contingent, c’est surtout l’homogénéité, l’organisation et l’intensité imposées par Nagelsmann qui a amené Hoffenheim dans le premier tiers de la Bundesliga. On sait que l’entraîneur-hype du foot allemand se fait une très haute idée de sa personne, il se permet même de se vanter d’avoir refusé cet été le Real Madrid parce que c’était trop tôt dans son plan de carrière… Or, pour l’instant, il y a une tache sur le cv de Julian Nagelsmann : le parcours misérable des Kraichgauer en Coupe d’Europe la saison dernière, pour leur première participation. Pas tellement à cause de l’élimination en tour préliminaire de la Königsklasse contre Liverpool mais en raison du parcours ridicule en Europa League (dernier d’un groupe faiblard avec Braga, Ludogorets et Başakşehir). Cette saison, directement qualifiés pour la C1, Nagelsmann et Hoffenheim vont devoir prouver qu’ils peuvent faire davantage que de la figuration au plan européen et face à une adversité autrement plus redoutable. Sera-ce possible sans nuire aux résultats en Bundesliga, vu le jeu exigeant pratiqué ? Il est permis d’en douter mais, si cela devait peser sur le parcours national, la dynamique pourrait s’inverser et Hoppenheim pourrait redevenir, dans une ambiance de fin de règne, ce truc qui vivote dans l’anonymat du milieu de classement.

Au RB Leipzig aussi, l’arrivée différée de Nagelsmann pose un problème. Aucun entraîneur chevronné n’a accepté de venir assurer un intérim d’une saison et c’est finalement le directeur sportif Ralf Rangnick qui s’y colle, lui qui avait pourtant assuré de ne pas vouloir revenir sur un banc après le burn-out dont il avait été victime. La saison dernière, lorsque les négociations sur la prolongation de l’entraîneur Ralph Hasenhüttl ont trainé puis ont échoué, le jeu des Bullen a diminué en intensité et c’est devenu une équipe très ordinaire. Notamment défensivement, cela s’est vu lors de l’élimination largement évitable en Europa League contre Marseille. Et en Bundesliga, le jouet de Red Bull a dû sauver une qualification en Europa League lors de la dernière journée, alors que la Ligue des Champions lui semblait promise à l’automne. Rangnick parviendra-t’il à redonner le dynamisme et la vigueur perdus au jeu des Bullen ? Comme il le fait depuis plus de dix ans qu’il gravite dans la galaxie des Werksclubs de SAP et Red Bull, Rangnick va beaucoup miser sur la victimisation dont son équipe artificielle serait victime pour motiver ses troupes. Avec en prime une bonne dose de provocation et d’antijeu. Mais la méthode du « seul contre tous » a ses limites. En plus, l’effectif perd quand même Naby Keita alors que l’autre star de l’équipe, Emil Forsberg, est restée cotre son gré. Red Bull a réinvesti sur des jeunes joueurs (Cuhna, Saracchi et Mukiele) qui ont encore tout à prouver en Bundesliga, un craquage onéreux est encore possible pour Lookman mais le contingent montre déjà quelques signes d’essoufflement après les tours préliminaires d’Europa League. Il est donc tout à fait envisageable que le RB ne soit plus le monstre d’engagement et de rythme qu’il a été lors de ses 18 premiers mois d’imposture en Bundesliga. Et alors, les limites, notamment défensives, du groupe pourraient apparaître, comme au printemps. Surtout que Leipzig sera toujours accueilli dans une ambiance aussi hostile dans tous les stades d’Allemagne.

Les prétendants

Si l’un des six premiers de la saison dernière venait à défaillir, quatre clubs semblent en position d’aller taquiner une place européenne. Le mieux placé devrait être le Borussia Mönchengladbach. Malgré une victoire de prestige contre le Bayern d’Heynckes, les Fohlen sortent d’une saison assez anonyme, sans vraiment pouvoir accrocher les places européennes. Ils devraient avoir plus de mordant cette saison. Un seul départ significatif, le central danois Vestergaard. Mais il devrait pouvoir être remplacé à l’interne avec Ginter, qui s’affirme parmi les meilleurs défenseurs de Buli, le fidèle Jantschke et le prometteur suisse Elvedi, qui devrait pouvoir définitivement s’installer dans l’axe avec l’arrivée de son compatriote Lang à droite. Mais surtout, Gladbach a cassé sa tirelire pour s’offrir une vraie pointe, avec Alassane Plea, le transfert le plus cher de l’histoire du club. L’arrivée du Niçois devrait permettre à Hazard, Traoré et Drmic de se fixer sur les côtés et à Rafael et Stindl de retrouver une position plus en retrait qu’ils affectionnent davantage. Avec encore notre Dortmunder Jungs Jonas Hofmann, Michael Cuisance, Tobias Strobl, Florian Neuhaus, un espoir venu de Düsseldorf, le champion du monde Christoph Kramer et Patrick Herrmann, s’ils retrouvent leur meilleur niveau, et le très prometteur Denis Zakaria, le milieu de terrain a vraiment fière allure. Et l’entraîneur Dieter Hecking, s’il fait peu parler de lui, a déjà prouvé qu’il pouvait conduire un club au sommet de la Bundesliga, avec la deuxième place et la victoire en Pokal avec Wolfsburg en 2015. Bref, le faux Borussia est un sérieux client pour le top-6.

Le VfB Stuttgart nourrit lui aussi beaucoup d’espoirs. Le passage en Zweite Liga a vraiment généré un engouement inédit au Neckarstadion. La saison dernière, pour le retour en Bundesliga, seul un passage à vide automnal qui a coûté son poste à l’entraîneur Hannes Wolf, et la victoire surprise de Francfort en finale de Pokal contre le Bayern, ont privé les Souabes d’Europe. Mais depuis l’arrivée de l’entraîneur Tayfun Korkut et le retour de l’enfant prodige Mario Gomez, le VfB carbure à un rythme d’européen. Et si l’on excepte le départ de Ginczek, le recrutement est prometteur : l’expérience de Castro, les promesses Maffeo, Gonzalez et Sosa (26,5M d’euros à eux trois) et les arrivées libres du battant Kempf et surtout du virtuose Didavi permettent aux Souabes de disposer d’un contingent renforcé dans tous les secteurs. Et  Benjamin Pavard est resté. Clairement, on rêve d’Europe à Stuttgart.

On est plus modeste au FC Augsburg mais il y a aussi quelques raisons d’espérer une bonne saison. L’an dernier, le club bavarois a surpris en venant se mêler à lutte pour l’Europe mais aussi en proposant un jeu d’une qualité remarquable. L’entraîneur Manuel Baum est l’un des plus prometteurs d’Allemagne et il y a fort à parier qu’il se verra proposer prochainement un club plus huppé. L’autre atout majeur du FCA, c’est son manager Stefan Reuter, notre champion d’Europe 1997, qui, comme d’habitude, parvient à mettre en place une escouade compétitive avec peu de moyens. Aucun départ majeur à signaler cet été, sinon le gardien Marvin Hitz, en fin de contrat, qui a choisi de tenter l’aventure BVB. Pour le remplacer, Augsburg a fait appel à deux gardiens d’expérience, Giefer (ex-Schalke, Düsseldorf et Leverkusen) et Luthe (ex-Bochum), mais qui n’ont jamais réussi à s’imposer comme titulaires en Buli. C’est la principale incertitude. Pour le reste, le contingent est renforcé dans tous les secteurs. Avec quelques vieille connaissances : Julian Schieber, notre ex-buteur muet, Ji, notre ex-Coréen invisible, ou Felix Götze, 20 ans, frère de Mario, comme son frangin formé au BVB et déformé au Bayern. Mais le plus gros coup, c’est le retour d’André Hahn, l’homme qui avait inscrit le but de l’ascension en Bundesliga en 2011. Il sort d’une saison compliquée à Hambourg mais, à son meilleur niveau, il n’est pas loin de l’équipe nationale, clairement un renfort de poids pour Augsburg. Ce ne serait donc qu’une demi-surprise de voir le FCA batailler dans la première moitié du classement.

La saison dernière, le Werder Brême paraissait voué à se battre une nouvelle fois contre la relégation. Mais l’arrivée de l’entraîneur Florian Kohlfeldt a permis au Werder de terminer assez tranquillement en milieu de classement. Les Werderaner veulent poursuivre sur leur lancée et tenter de se rapprocher de leur ancien statut (qui commence à dater) de club abonné à la Coupe d’Europe. Le Werder perd deux titulaires à mi-terrain avec Delaney et Junuzovic. Mais l’argent versé par le BVB pour le Danois a permis au Werder de s’offrir un renfort de choix avec le Hollandais Davy Klaassen. Si l’on ajoute les arrivées d’Harnik, qui sort d’une bonne saison à Hanovre, du virevoltant Osako, et de l’éternel Pizarro, Brême paraît clairement renforcé. Avec le talentueux (quoiqu’un peu irrégulier) Pavlenka au but, sa légion scandinave en défense et le revenant Max Kruse en pointe, le Werder devrait avoir les armes pour s’éviter une nouvelle bataille contre la descente. Et même, pourquoi pas, venir se mêler à la lutte pour l’Europe.

Une saison tranquille ?

Depuis que l’emblématique Pal Dardai a pris place sur le banc, le Hertha Berlin ne joue plus l’ascenseur avec la Zweite Liga et s’est installé dans le milieu de tableau. Mais il peine à vraiment avancer dans la hiérarchie. Et le recrutement discret de l’été ne permet pas vraiment d’imaginer de rêver plus haut. Le départ de l’élément le plus prometteur, Mitchell Weiser, n’est pas vraiment un signe d’ambition. L’équipe est solide, elle joue ensemble depuis longtemps mais on ne voit pas trop de motifs d’exaltation. Et le contexte d’un Olympiastadion souvent à moitié vide ne contribue guère à la transcendance. C’est peut-être l’équipe la plus ennuyeuse de la Buli actuelle. Et à force de somnoler dans le milieu de classement, attention à ne pas s’endormir. En cas de blessure de l’un des tauliers, comme le gardien Jarstein, l’international Plattenhardt ou le trio offensif Kalou-Ibisevic-Selke, l’Alte Dame pourrait être amenée à regarder vers le bas plutôt que vers le haut du classement.

Le SC Freiburg a peut-être réussi le meilleur mercato de son histoire. Pas d’arrivée spectaculaire à signaler mais, pour une fois, les Breisgauer n’ont pas été dépouillés de leurs meilleurs éléments. Et l’entraîneur Christian Streich n’aura peut-être pas besoin de réussir un miracle avec des joueurs inconnus sortis des juniors du club ou de Zweite Liga pour assurer le maintien. Certes, le prometteur Söyüncü est parti vers la lucrative Premier League mais Freiburg a réussi l’une des bonnes affaires du mercato pour le remplacer avec l’arrivée de Dominique Heintz, qui disposait d’une clause libératoire très raisonnable après la relégation de Köln. Mais sinon, Freiburg a pu conserver ses meilleurs soldats, à commencer par le buteur Petersen et ses compères Niederlechner et Kleindienst, qui reçoivent même le renfort de Waldschmidt, un nom prédestiné pour jouer en Schwarzwald. L’effectif reste limité, Freiburg n’est pas à l’abri d’une mauvaise surprise mais, avec l’organisation, l’intensité et l’envie que parvient toujours à insuffler le magicien Streich, Freiburg paraît mieux armé que jamais pour atteindre son objectif : se maintenir avec les (modestes) moyens du bord en Bundesliga jusqu’à l’inauguration du nouveau stade en 2020, ce qui devrait autoriser de nouvelles ressources et des ambitions revues à la hausse.

Gare à la chute

Double finaliste sortant de la Pokal, victorieux en 2018 contre le Bayern, à la lutte pour les places européennes lors des deux dernières saisons, l’Eintracht Francfort risque de connaître des lendemains qui déchantent. SGE a perdu son entraîneur à succès, Nico Kovac qui l’a fait passer de presque relégué à vainqueur de la Coupe et candidat aux premières places. Mais ce n’est pas le seul départ : Boateng, Wolf, Mascarell, Hradecky et même le Fußballgott Meier ont déserté le Waldstadion. Il y a certes quelques arrivées  intéressantes, comme Nicolai Müller, et Ante Rebic a prolongé son contrat. Le nouvel entraîneur, Adi Hütter, a gagné le titre en Autriche et, en mai dernier, en Suisse, avec les Young-Boys Berne, un vrai exploit pour un club qui attendait un trophée depuis 1987. Mais il ne connaît pas la Bundesliga et il va devoir reconstruire une équipe avec un effectif affaibli, dans un contexte qui pourrait vite tourner au désenchantement. Et qui risque donc de rendre difficile le maintien du jeu hyper agressif qui avait fait le succès de Kovac. La défaite 0-5 en Supercup contre le Bayern, puis l’élimination en Pokal à Ulm (4e division) font déjà souffler un vent de panique sur la capitale économique de l’Allemagne, l’arrivée en catastrophe de Kostic, dont Hambourg cherchait à se débarrasser, en témoigne. Et les phases de groupe d’Europa League, plus qu’une récompense, risquent d’arriver comme une corvée dont il faudra se débarrasser au plus vite si la saison débute mal en Bundesliga.

La saison dernière, Hanovre avait une bonne tête de relégable en puissance. Heureusement pour eux, les Bas-Saxons avaient profité de l’euphorie du retour en Bundesliga pour mettre des points au chaud en début de saison et conserver une marge sur la zone rouge. Mais cette année, l’effet promotion ne fonctionnera plus et Sechsundneunzig perd un élément clé par ligne, Sané en défense, Klaus au milieu, et Harnik en attaque. Pour les remplacer, Hanovre va tenter de relancer des joueurs un peu en perdition comme Wimmer, Haraguchi, Walace ou Wood. Le pari est osé, surtout que le manager Horst Heldt, du côté de Schalke, était assez réputé pour investir sur des coups foireux. Et le contexte de guerre ouverte entre le président Martin Kind, l’homme qui veut abolir la clause 50+1, et les fans, qui ne veulent pas en entendre parler, pourrait vite rendre l’atmosphère irrespirable au Niedersachsenstadion. Il y a vraiment danger pour Hanovre.

Avec la relégation de Braunschweig en Dritte Liga, le football de Basse-Saxe vit des heures difficiles car le troisième grand club de la région, le VfL Wolfsburg, n’est pas non plus en pleine santé. En pleine crise des moteurs truqués, le club de Volkswagen vient de se sauver deux fois de la relégation en barrages. Le constructeur automobile a investi sur deux attaquants, notre ancien espoir Ginczek, et le Hollandais Weghorst, sensé devenir le nouveau Bast Dost. L’effectif est désormais pléthorique mais on peine vraiment à discerner une ligne directrice. En fait, on a l’impression d’un club qui vit dans la déprime permanente après sa deuxième place et sa victoire en Pokal en 2015. Et tout bon joueur qui débarque à Autostadt perd vite ses qualités dans cette atmosphère pesante et un peu glauque. Cela nous navre vraiment de voir notre cher Jakub Blaszczykowski embarqué dans cette galère, il mérite tellement mieux. Il y aurait sans doute assez de qualité dans l’effectif pour éviter de devoir trembler pour le maintien jusqu’au bout mais, plus que de renforts, Wolfsburg aurait besoin d’une nouvelle dynamique et d’un nouvel enthousiasme. Or, même s’il a sauvé les Wölfe de la relégation en mai, l’entraîneur Bruno Labbadia ne paraît pas vraiment l’homme de la situation, lui qui n’a jamais brillé par son charisme ou ses idées de jeu novatrices dans les nombreux clubs où il est passé, généralement avec un succès mitigé. Ou très éphémère. Si l’on devait miser sur le premier entraîneur viré en Bundesliga cette saison, on mettrait une pièce sur lui et c’est peut-être le meilleur espoir du VfL.

Si le FSV Mainz fait partie des meubles depuis une dizaine d’années en Bundesliga, c’est avant tout grâce à un manager compétent, Christian Heidel, et à une génération d’entraîneurs (dont Jürgen Klopp et Thomas Tuchel) formatée par le maître Wolfgang Frank. Sauf que Heidel n’est plus là et les idées et méthodes de Frank ont tellement essaimé en Allemagne que Mainz n’en a vraiment plus l’exclusivité, même si l’actuel entraîneur Sandro Schwarz est l’un de ses disciples. Résultat : déjà en difficultés la saison passée, le Karnevalsverein n’a jamais paru aussi menacé que cette année. Certes, le FSV a remplis ces caisses avec les ventes de Diallo, Muto et Serdar (50M d’euros) mais il va falloir les remplacer. Et les Mayencennois ont choisi de miser sur trois joueurs qui n’ont aucune expérience de la Bundesliga les Français Niakhaté et Mateta et la Camérounais Kunde (23,5 M d’euros). Ils n’auront guère le temps d’un apprentissage en douceur : si ses trois nouveaux renforts ne performent pas rapidement, alors Mainz devrait se retrouver dans les profondeurs du classement.

Après respectivement quatre et cinq ans d’absence, le 1. FC Nürnberg et le Fortuna Düsseldorf retrouvent la Bundesliga. Ils y ont leur place : ce sont deux clubs avec une histoire prestigieuse, des traditions et un fort engouement populaire. Pour l’un comme pour l’autre, ce n’est pas un retour qui avait forcément été planifié avec une grosse équipe bâtie à coup de millions. Ils ont juste essayé de mettre en place la meilleure équipe possible en attendant une opportunité de retrouver leur place. Et l’opportunité s’est présentée la saison dernière, avec une Zweite Liga sans cadors et avec plusieurs autres outsiders potentiels qui ont manqué de régularité. Ils ont su saisir leur chance mais tous deux débarquent dans l’élite avec des effectifs d’une bonne équipe de Zweita Liga, sans plus.

A l’image des deux buteurs : Rouwen Hennings à Düsseldorf et Mikael Ishak à Nürnberg, deux joueurs qui avaient tenté en vain de s’établir en Bundesliga par le passé. La stratégie a été différente durant l’été : les Flingeraner ont perdu quelques-uns des héros de la promotion qui étaient en prêt (Neuhaus, Usami, Haraguchi) mais ils ont pu emmener avec eux deux bons éléments de Zweite Liga, le Dortmunder Jungs Marvin Ducksch (meilleur buteur de deuxième division 2017-2018 avec Kiel) et le Bochumer Kevin Stöger et ont amené un peu d’expérience avec l’ancien Bavarois et Bordelais Diego Contento. A Nürrnberg, c’est resté plus calme : les Franconiens vont tenter l’aventure avec l’équipe qui a réussi la promotion. Le principal atout des deux promus, ce sera de miser sur la ferveur populaire et l’enthousiasme de l’ascension pour marquer rapidement des points. Mais ce serait une surprise si les deux parviennent à assurer leur maintien.

Je termine par le SV Hambourg… ah, non, pardon, le Dino der Liga n’est plus là, ils sont en Zweita Liga. C’était mesquin de ma part mais quand même, débuter une saison de Bundesliga sans le HSV, c’est quand même un choc.

Bonne saison à tous et Heja BVB !!!

Catégories : Nos Portraits

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