C’était au printemps 2012 et, comme il en avait pris la (bonne) habitude depuis deux saisons, le Borussia Dortmund avait offert un samedi de football absolument parfait à ses fans : non seulement le BVB avait battu Mainz et établi un nouveau record dans l’histoire du club avec huit victoires consécutives en Bundesliga mais en plus les résultats de la concurrence étaient plus que favorables. Et la Brinkhoff’s est toujours excellente. Que demander de plus ?

Il y a des jours comme ça où tout sourit, du début à la fin de la journée. La première bonne nouvelle, on l’a apprise à la réception de l’hôtel : en tout début d’après-midi, la deuxième garniture du Borussia Dortmund a battu son homologue de Schalke 04, le rival honni, 2-1 en Regionalliga West (4e division) devant 7384 spectateurs. A relever dans les rangs du BVB II la présence de la révélation Terrence Boyd, réserviste à Dortmund mais suffisamment bon pour terrasser les stars du calcio avec l’équipe A des Etats-Unis ! Alors que l’on était en train de célébrer cette victoire dans les Biergarten, d’immenses clameurs s’élèvent, saluant les buts encaissés et les défaites du Bayern Munich et de Schalke 04. Dès lors, sur le coup des 18h30, lorsque ce fut son tour de jouer, le BVB pouvait réaliser la bonne opération du siècle en creusant son avance en tête du classement.

Kuba fait oublier Götze

Restait à battre Mainz et ça n’avait rien d’évident puisque le Karnevalsverein n’avait plus perdu au Westfalenstadion depuis 2005. Si les Pöhler prennent immédiatement le match en main, ils peinent à se créer des occasions, à part un centre de Piszczek que Grosskreutz ne peut reprendre. Il faut dire que Mainz est une équipe difficile à manœuvrer et que son entraîneur Thomas Tuchel est souvent considéré comme une sorte de Jürgen Klopp, l’entraîneur dortmundois pour les non-initiés, version 2.0. Il a donc quelques idées sur la manière de freiner le rouleau compresseur jaune et noir. Il devra toutefois d’avouer vaincu sur un premier tir contré de Shinji Kagawa repris par Jakub Blaszczykowski qui ouvre le score d’un missile en pleine lucarne. Le capitaine de l’équipe de Pologne est tellement éblouissant depuis le début de ce deuxième tour qu’il fait presque oublier le fait que le Borussia vole de victoire en victoire tout en étant privé de son meilleur joueur, Mario Götze.

Après cette ouverture du score, le match va basculer dans un scénario connu et archi-connu avec un Dortmund dominateur et concentré, qui ne laisse quasiment aucune chance à l’adversaire de s’approcher du but mais qui n’arrive pas à se mettre à l’abri. Les lobs de Lewandowski (deux fois) et Kagawa sont trop longs, alors que le gardien Wetklo sauve devant Lewandowski et Kuba.

Zidan il a (encore) marqué

Le 23 octobre 2009, Dortmund se déplaçait à Leverkusen, alors leader de la Bundesliga. Le BVB avait mal entamé son championnat, se traînait dans la deuxième moitié de classement et son entraîneur Jürgen Klopp était contesté. Ce dernier décide ce soir-là, en raison des nombreuses blessures qui affectent son équipe, d’abandonner son sempiternel 4-4-2 pour passer en 4-2-3-1. Le changement de système fonctionne, le Borussia ramène un bon nul et depuis lors Jürgen Klopp reste fidèle à son 4-2-3-1. Si ce système a si bien fonctionné, c’est aussi parce qu’il y avait un joueur, Mohamed Zidan, qui s’était instantanément imposé comme numéro 10, en soutien de l’attaquant de pointe Barrios. Dans son nouveau poste, l’Egyptien réussira une très bonne saison et contribuera à la remontée du BVB jusque vers les places européennes au printemps 2010, prélude aux succès que l’on sait.

Malheureusement pour lui, Mohamed Zidan s’est gravement blessé en avril 2010 et a été éloigné de longs mois des terrains. En son absence, un jeune Japonais inconnu sorti de nulle part, Shinji Kagawa, s’impose comme numéro 10 du BVB, si bien qu’à son retour il n’y a plus vraiment de place pour la pauvre Zidan dans l’alignement dortmundois. Avec un temps de jeu réduit à sa portion congrue, l’Egyptien a donc décidé cet hiver de quitter la Ruhr pour retrouver Mainz, dont il avait déjà porté le maillot en 2005 et 2007, sous la houlette d’un certain Jürgen Klopp, qui avait fortement insisté pour l’amener au Westfalenstadion, en échange de Mladen Petric. Ce retour est couronné de succès puisque, pour ses quatre premiers matchs depuis son retour à Mainz, Zidan a à chaque fois marqué un but. Il débarque donc au Westfalenstadion avec l’étiquette d’ennemi public numéro 1, ce qui n’empêche pas le temple jaune de lui réserver une ovation monstrueuse avant le match. Mais le petit Egyptien va tout de même plonger le peuple jaune et noir dans la stupeur en concrétisant la seule et unique occasion mayencennoise, une remise d’Adam Szalai ponctuée d’un tir sec et précis de Mohamed Zidan, lequel ne célébrera pas son but, par respect pour ce public qui l’a tant aimé. La grande classe.

De – 3 à +7 !

On croyait revivre le scénario du printemps dernier où Mainz était venu piquer un point à Dortmund dans des circonstances troubles. Mais le Westfalenstadion voulait la victoire et surtout les sept points d’avance. Dès l’égalisation concédée, les chants ont redoublé d’ardeur pour pousser les Pöhler à aller reprendre l’avantage. Et comme, en ce moment, le BVB est animé par une confiance illimitée, habité par la conviction que rien ne peut lui arriver et mu par une inextinguible soif de victoire, il ne faudra pas attendre trop longtemps pour être exaucé. Moins de trois minutes après l’égalisation, une percée rageuse d’Ivan Perisic permet à Lukasz Piszczek de centrer pour Shinji Kagawa qui redonne l’avantage au BVB d’une reprise à bout portant sous la latte. Le Borussia tenait son os et cette fois-ci n’allait plus le lâcher.

Pour la première fois de son histoire, le BVB a enchaîné huit succès consécutifs en Buli. Sur les 18 derniers matchs, il a pris 48 points sur 54 possibles. Avec la défaite de Mönchengladbach à Nürnberg, Dortmund se retrouve nanti de sept points d’avance sur son dauphin. Rien n’est encore fait, il reste encore pas mal de matchs compliqués mais disons que sept points d’avance, ça paraît plus confortable que les trois longueurs de retard que le BVB accusait encore sur le Bayern à l’entame du deuxième tour. Inutile de préciser qu’on a dignement fêté cet écart qui s’accroît. Décidément, il y a vraiment des samedis où tout rigole.

Borussia Dortmund – FSV Mainz 05 2-1 (1-0).

Signal Iduna Park, 80’720 spectateurs (guichets fermés).

Arbitre : M. Gagelmann.

Buts : 26e Blaszczykowski (1-0), 74e Zidan (1-1), 77e Kagawa (2-1).

Dortmund: Weidenfeller; Piszczek, Subotic, Hummels, Schmelzer; S. Bender, Gündogan; Blaszczykowski (72e Perisic), Kagawa (80e da Silva), Grosskreutz (90e Owomoyela); Lewandowski. Entraîneur: Jürgen Klopp.

Mainz: Wetklo; Zabavnik, Bungert, Noveski, Fathi (59e Szalai); Caligiuri, Polanski (59e Baumgartlinger), Soto; Müller, Choupo-Moting (80e Ujah); Zidan. Entraîneur: Thomas Tuchel.

Carton : aucun.

Notes: Dortmund sans Kehl (suspendu), Leitner (malade), Koch ni Götze (blessés), Mainz sans Kirchhoff (suspendu), Bell, Pospech, Risse ni Svensson (blessés).

Classement (24 matchs) : 1. BVB 55 2. Bayern 48 3. Mönchengladbach 47 4. Schalke 44 5. Leverkusen 40 6. Brême 36 7. Hanovre 35 8. Stuttgart 32 9. Nürnberg 31 10. Hoffenheim 30 11. Wolfsburg 28 12. Mainz 27 13. Hambourg 27 14. Köln 25 15. Hertha 23 16. Augsburg 22 17. Freiburg 21 18. Kaiserslautern 19.

Catégories : Au StadeRetro

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