Et si l’on retrouvait le Westfalenderby au Westfalenstadion la saison prochaine ? La question peut paraître incongrue mais, en battant Aue, l’Arminia Bielefeld a sans doute assuré son maintien en Zweite Liga et peut même caresser l’espoir fou d’un retour en Bundesliga en fin de saison. On ne sait jamais, sur un malentendu, cela peut fonctionner… et l’euphorie est telle sur l’Alm que tout paraît possible. Même l’impensable.
Nous t’avons déjà parlé de l’Arminia Bielefeld, ancien club de Bundesliga victime de graves problèmes financiers il y a une dizaine d’années et qui, depuis, tente courageusement de remonter la pente. Avant de penser à retrouver l’élite, l’Arminia doit déjà penser à se stabiliser en Zweite Liga après avoir fait plusieurs fois l’aller-retour ces dernières saisons entre deuxième et troisième division. Cette saison, cela semblait plutôt bien parti pour les Arminen, qui constituent l’une des bonnes surprises de cette Zweite Liga.
La bouteille à encre
Oui mais voilà, cette année la Zweite Liga est complètement folle. Düsseldorf et Nürnberg sont en tête depuis des mois, tout le monde s’attend à les voir remonter mais ils peinent à conclure. Derrière ces deux grandes Traditionsvereine, l’improbable néo-promu Holstein Kiel s’accroche à la troisième place synonyme de barragiste, tout le monde s’attend à les voir s’écrouler mais, emmené par notre ancien buteur espoir Marvin Ducksch, il est toujours là. En bas de classement, malheureusement, le Darmstadt de Kevin Großkreutz et le grand 1. FC Kaiserslautern paraissent bien mal en point et auront de la peine à éviter le culbute en Dritte Liga, même si un espoir demeure pour les Lilien. Et les 13 autres équipes se tiennent en un mouchoir de poche si bien qu’un club peut passer en quelques semaines de course à la promotion à la lutte contre la relégation et inversement. C’est le cas des visiteurs du jour, l’Erzgebirge Aue, qui paraissait sérieusement menacé il y a quelques semaines mais qui est revenu se placer en milieu de tableau grâce à une bonne série. Bielefeld est un peu dans la dynamique inverse mais au final l’enjeu dans cette trentième journée pour les deux formations est le même : une victoire et c’est la garantie de quatre dernières journées assez tranquilles avec même l’espoir d’aller taquiner une place de barragiste pour la promotion, une défaite et c’est le retour dans le combat pour éviter la descente.
Wismut
Dès lors, les deux équipes abordent la partie assez prudemment. Il n’y pas énormément de rythme et peu d’occasions de but. Néanmoins, l’après-midi est plutôt agréable sous le soleil de l’Alm, les bières descendent les unes après les autres et il y a une belle ambiance avec 16’605 fans dont 500 venus des Monts Métallifères, près de la frontière tchèque, la région d’où vient Aue, comme son nom l’indique. Puisque nous sommes dans les patronymes, on rappelle que ce club d’Aue, avant de prendre le nom des montagnes de l’Erzgebirge après la chute du Mur en 1990, a connu ses plus belles heures de gloire sous le nom de Wismut. Wismut Aue mais aussi Wismut Karl-Marx-Stadt puisque, sans délocaliser le club, le régime communiste l’avait rebaptisé du nom de sa ville emblématique, l’actuelle Chemnitz. Mais le Wismut Karl-Marx-Stadt, quart de finaliste de la Coupe d’Europe des Clubs Champions 1958-1959, éliminé par les Suisses de Young-Boys Bern en match d’appui, correspond bien à l’actuel Erzgebirge Aue. C’est compliqué le football en ex-RDA…
Le tournant du match
Mais nous sommes assez loin de la Ligue des Champions en ce samedi après-midi : l’ambiance est beaucoup plus authentique et sympathique, une vraie ambiance passionnée de Westphalie, par contre pour la qualité de jeu ce n’est évidemment pas tout à fait la même chose. Bielefeld se crée la première occasion mais l’essai de Kerschbaumer est stoppé par le gardien et capitaine emblématique d’Aue Martin Männel. Erzgebirge va laisser passer sa chance à la 36ème sur un corner qui conduit à un cafouillage devant le but et un quadruple sauvetage du gardien Ortega et de deux défenseurs devant la ligne, un vrai miracle. Et sans doute le tournant du match car peu avant la mi-temps, Bielfeld a pris l’avantage sur un bon décalage de l’Autrichien Konstantin Kerschbaumer pour Andreas Voglsammer qui conclut au premier poteau. L’Alm exulte
Le héros
Après être encore montée d’un cran lorsque Voglsammer a tiré sur le poteau, l’ambiance va carrément virer au délire vingt minutes avant la fin. L’Arminia contrôlait plutôt bien son match et les quelques tentatives de retour d’Aue lorsque Fabian Klos inscrit le 2-0 après un centre en retrait de Voglsammer. Fabian Klos, c’est l’idole de l’Alm, le buteur trentenaire emblématique du club, qui a connu toutes les joies et galères, les promotions et les relégations mais a toujours refusé de quitter son club de cœur malgré de nombreuses offres de clubs plus huppés. Ce but est son 111ème sous le maillot de l’Arminia, ce qui lui permet d’égaler le vieux record du plus grand nombre de buts dans l’histoire du club, détenu depuis 1971 par Ernst « Johnny » Kuster. Fabian Klos aurait même pu devenir seul détenteur du record quelques minutes plus tard mais cette fois sa frappe n’est pas cadrée. Qu’à cela ne tienne, il a pu sortir sous les vivats de l’Alm et Aue, malgré un dernier tir sur le poteau de Wydra, a eu le bon goût de ne pas venir gâcher la fête de Fabian Klos et des Arminen.
Joie et espoir
A la fin de match, Fabian Klos et ses coéquipiers escaladent le kop de la Südtribüne locale pour de longues minutes de célébration. C’est quand même génial qu’une simple victoire en Zweite Liga offre de telles émotions et pareille joie. Et puis cette victoire offre quelques perspectives réjouissantes pour la fin de saison de Bielefeld, qui se retrouve 5e du classement, avec six points de retard sur la 3ème place de barragiste pour la promotion et six d’avance sur la 16ème place synonyme de barrage contre la descente. Mais il y a tellement d’équipes derrière eux que les Arminen peuvent plutôt regarder vers l’avant, surtout que lors des quatre dernières journées ils n’affronteront plus que des équipes de la deuxième moitié de classement alors que l’actuel troisième, Kiel, doit encore affronter les deux leaders Düsseldorf et Nürnberg ainsi qu’Ingolstadt, autre sérieux prétendant à la promotion. L’objectif de la saison, le maintien, presque assuré, Bielefeld n’a donc plus rien à perdre et tout à gagner dans cette fin de saison. Et si, sur l’euphorie, l’impensable promotion devait arriver, c’est avec plaisir que l’on reviendra là la saison prochaine avec le BVB pour le Westfalenderby. Et même sans promotion, on y reviendra avec plaisir car c’est un stade sympa, une belle ambiance, des chouettes Biergarten et une jolie ville. C’est un peu idiot mais au final, notre meilleur moment de football de ce week-end, cela aura été l’obscur match de deuxième division en apéritif le samedi plutôt que le Derby le plus attendu d’Allemagne du dimanche.
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