Malgré le boycott annoncé par les Ultras, les 4300 places disponibles en secteurs visiteurs pour le match de samedi à Leipzig ont tous été vendues en moins d’une demi-heure. Les supporters présents en Saxe sont-ils tous des traîtres à la cause et des suppôts du foot business ? Pas franchement, c’est juste une autre manière de mener le combat.


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Une seule et même cause

Je suis persuadé que la plupart des Borussen qui se rendront en Saxe samedi partagent complètement les critiques des Ultras sur le phénomène Leipzig et tout ce qu’il incarne de négatif pour le football tel qu’on l’aime. D’ailleurs, j’aurai adoré vivre la petite kermesse du Rote Erde avec les ultras, l’ambiance délirante des matchs des Amas, une ode au foot populaire, une séquence nostalgie dans notre ancien stade aux tribunes bien garnies, une soirée bières, saucisses et radio… Mais j’ai tout de même choisi de me rendre à Leipzig et il ne faut en aucun cas y voir un quelconque soutien au projet de Red Bull. Comme les 4299 autres fans du Gästeblock, nous partagerons tous le diagnostic des Ultras, des clubs comme Leipzig sont le cancer du football, nous divergeons juste sur le remède à appliquer.

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© Julien Mouquin / Génération WS

De l’inutilité du boycott

L’expérience nous a montré que ces boycotts ne servaient pas à grand-chose. En 2010, c’est devant un Gästeblock à moitié vide (je l’avais suivi ce boycott-là) que nous avions gagné un Derby de légende à Gelsenkirchen (le doublé de Shinji) pour protester contre le Topzuschlag (supplément sur le prix des billets pour les grands matchs). D’autres boycotts ont suivi les saisons suivantes pour protester contre cette majoration du prix des billets, une sortie spectaculaire des Ultras après cinq minutes de jeu à Hambourg pour aller écouter la suite du match à la radio sur le parking du stade, une opération bloc vide pendant 20 minutes à Wolfsburg, un boycott à Sinsheim la saison passée… Pour quel résultat ? Aucun. D’occasionnelle en 2010, la pratique du Topzuschlag s’est généralisée et est désormais même pratiquée au Westfalenstadion. Est-ce que vraiment Dietrich Mateschitz mettrait fin à son projet fou devant quelques places vides en bloc dortmundois ? Le manque à gagner de plusieurs milliers de billets invendus en Gästeblock péjorerait-il les finances d’un club riche à millions ? Clairement non.

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© Julien Mouquin / Génération WS

Partout et toujours

J’estime plus important de soutenir mon équipe. Partout et toujours. Enfin presque, dès que mon emploi du temps le permet et c’est assez souvent le cas. Si, à chaque fois qu’un adversaire, une compétition, un stade nous déplaît, nous boycottions, nous ne serions pas souvent dans les stades. Il y a déjà cinq Werksklub en Bundesliga, nous n’allons pas tous les boycotter. La plupart des fans du BVB déplorent la formule élitiste de la Ligue des Champions, ses stades aseptisés, ses affiches répétitives, son ennui sans fin et pourtant nous parcourons l’Europe avec notre Borussia malgré notre désapprobation pour ce truc commercial en plastique. D’ailleurs, je trouverai incohérent de boycotter ce déplacement à Leipzig puis de me ruer sur les billets lors d’un éventuel quart de finale de Königsklasse contre PSG (je n’ai pas parlé de demi-finale…) ou Manchester City, équivalents franco-qatari ou anglo-émirati de la créature austro-allemande de Saxe.

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© Julien Mouquin / Génération WS

Ne pas se défiler

Depuis l’invention macabre du RasenBallsport en 2009, les fans du BVB déploient régulièrement des banderoles anti-RB Leipzig. Mais c’est toujours à distance puisque nous ne nous sommes jamais retrouvés directement confrontés au jouet de Mateschitz. Sauf pour les quelques ravagés qui avaient suivi les deux duels de notre Nachwuchs avec le RBL en 2013-2014 (voire notre prochaine rubrique rétro). Là, nous avons enfin l’occasion de nous confronter directement à cette engeance, j’aurai trouvé dommage de rater l’occasion. Un peu comme un boxeur champion du monde qui défie et provoque son challenger pendant des années puis, le moment de l’affrontement venu, se défile sous un prétexte futile. Ou, puisque l’on parle de Red Bull, comme un  torero qui abreuverait d’insultes un taureau depuis les gradins mais se dégonflerait à l’heure d’entrer dans l’arène, même si les Bullen ressemblent pour l’instant davantage à une petite vachette surexcitée qu’à une terrifiante bête de combat. Il est clair que les moyens de contestation seront limités en Saxe : comme tous ces clubs artificiels (la France en sait quelque chose avec le PSG), RB Leipzig a sans doute une conception assez restrictive de la liberté d’expression et nous aurons droit à une fouille minutieuse à l’entrée du Zentralstadion pour éviter l’introduction de tous accessoires, banderoles, objets ou t-shirts hostiles (ou tête de taureau tranchée en mode Dresde) mais ils ne pourront pas nous confisquer nos cordes vocales. Tout au plus pourront-ils, comme à Hoffenheim, tenter des couvrir les slogans hostiles des Borussen avec une sirène à ultrasons ou la distribution des infects Klatschpappen aux fans locaux.

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© Julien Mouquin / Génération WS

Solidaires avec nos Jungs

Forcément, vu les nombreuses critiques énoncées par dirigeants et supporters dortmundois contre le RB Leipzig, l’accueil sera assez peu chaleureux du côté de la Red Bull Arena. Bien sûr, quand on a vécu les ambiances hostiles et bouillantes de Salonique, Mönchengladbach, Naples, Gelsenkirchen, St. Petersbourg, Donetsk, Braunschweig ou Galatasaray, nous n’allons pas craindre l’accueil des fils à papa opportunistes du RB qui viennent de découvrir l’existence du football et peinent encore à saisir toutes les subtilités de la règle du hors-jeu. Mais, d’expérience, on sait que si les choses tournent mal (et cela peut toujours mal tourner, surtout quand l’arbitre s’appelle Wolfgang Stark, comme ce sera le cas samedi), c’est toujours pénible ce genre d’ambiance de clubs artificiels. Même s’ils n’ont pas fait beaucoup de bruit pour encourager leur équipe, les opportunistes prennent toujours leur pied à allumer ces donneurs de leçons venus de de la Ruhr, une fois la victoire assurée (un peu comme les spectateurs français contre l’Irlande à Lyon lors du dernier Euro). Dès lors, je me serai mal vu laisser nos Jungs seuls affronter les 40’000 nouveaux clients de la Red Bull Arena, surtout que nos joueurs sont finalement moins concernés que nous par toutes ces histoires de traditions, de valeurs, de lutte des classes version football… J’ai donc estimé de mon devoir d’accompagner notre équipe dans ce déplacement en Saxe.

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© Julien Mouquin / Génération WS

Tous unis pour la victoire

Mais, au final, c’est bien la même cause que nous allons défendre : les uns vont juste incarner nos valeurs d’un football populaire au Rote Erde, les autres porter la lutte dans l’antre de l’ennemi. Tu l’as peut-être déjà constaté ou tu auras l’occasion de le constater, notre site n’a pas pour vocation de relayer servilement quelques dépêches d’actualité sur notre club favori mais bien de faire vivre et partager la passion schwarzgelbe au cœur des supporters et de nourrir les débats qui agitent la communauté jaune et noire. Au sein même de la rédaction, les avis sont partagés sur l’opportunité d’un boycott et nous serons donc présents samedi aussi bien pour le match BVB U-23 – Wuppertal au Rote Erde que pour RB Leipzig – BVB au Zentralstadion. N’hésite donc pas à liker notre page facebook et nous te ferons partager quelques instantanés et impressions de cette journée de revendication, de football et de passion. Au final, l’essentiel c’est que, sur le coup des 20h20, nous puissions célébrer tous ensemble, à quelques centaines de kilomètres de distance, certains derrière la radio au Rote Erde, d’autres en plein Gästeblock du Zentralstadion, une victoire du Borussia Dortmund contre le grand Satan autrichien ! Auf geht’s Jungs !

Julien Mouquin.


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