En Français, quand on tire sur le poteau ou la latte, on touche du bois, en Allemand, de l’aluminium. Mais au final, cela ne fait toujours pas but. Le BVB n’a pas brillé à Hanovre et s’est créé un minimum d’occasions mais, si Marco Reus et Maximilian Philipp, n’avaient pas trouvé que les montants, ce déplacement d’Hanovre dans une ambiance grandiose aurait été parfait.
On a adoré
Le Berggarten. Le Jardin de la Montagne du château d’Herrenhausen est un très bel endroit : une végétation luxuriante, des espèces rares, des petits étangs, le chant des oiseaux, les écureuils qui courent dans les feuillages, des arbres magnifiques, le bruit des ruisseaux… Même s’il n’y a pas une seule montagne à des kilomètres à la ronde, le Berggarten c’était une oasis de verdure, de poésie et de quiétude avant l’excitation des Biergarten.
Les Biergarten. Le Niedersachsenstadion est vraiment l’un des stades les mieux pourvus d’Allemagne en matière de Biergarten. Et comme la météo était favorable, ils étaient bondés, notamment le célèbre Waterloo, avec ses petits chalets au milieu des arbres. Il fallait juste s’armer de patience pour avoir ses bières, l’action 11 bières pour le prix de 10 faisait fureur et ça prenait un moment pour les tirer. Il nous a juste manqué un peu de temps pour aller flâner sur les terrasses voisines du Maschsee. De la Bundesliga comme on l’aime, où le match commence plusieurs heures avant le coup d’envoi.
L’ambiance. L’an passé, nous avions été frustrés de notre déplacement dans la cité d’Ernst-August, pour le retour en Bundesliga : outre la défaite, entre le boycott des chants des fans locaux contre leur président Martin Kind et le refoulement de nos ultras après les incidents du voyage, l’ambiance était un peu sinistre. Vendredi, on a retrouvé la vraie ambiance du Niedersachsenstadion. Les locaux sont toujours en guerre contre leur président mais ils ont recommencé à chanter et ils ont fait pas mal de bruit. En face, nous étions près de 10’000 Borussen, une vraie marée jaune, avec des chants ininterrompus, un Choreo magnifique, des Pyros, de la bière, bref de la Bundesliga comme on l’aime. Hanovre, Derby, Düsseldorf, Francfort, Berlin, Brême, Gladbach… on a déjà coché la liste des déplacements à ne rater sous aucun prétexte cette saison. On entend pas mal de théories sur le déclin du foot allemand, on ne va pas nier les problèmes de gouvernance, la suprématie du Bayern etc. Mais tant que la Bundesliga nous offrira dans des déplacements de ce type, elle restera trois tons au-dessus de tous les autres championnats.
On a aimé
Abdou Diallo. Forcément, vu les prix du marché actuel (je déteste ce terme, on parle de foot, bordel), le montant déboursé par le BVB pour l’acquisition d’Abdou Diallo a interpellé. Mais, maintenant, la saison a débuté et on se concentre sur le terrain. Et le Français nous a beaucoup plu à Hanovre : une belle assurance, deux sauvetages décisifs, du tibia en première mi-temps sur un centre-tir menaçant et surtout à la 88e d’un tacle parfait pour empêcher Wood de partir seul au but marquer le but du hold-up et permettre à Bürki de s’interposer. Avec en prime une magnifique roulette juste devant nous pour enflammer la marée jaune. Si le Suisse était un poil en-dessous en Basse-Saxe, le duo que Diallo forme avec Akanji est très prometteur pour la suite.
La sécurité défensive. Relation de cause à effet, le BVB affiche beaucoup plus de sécurité défensive. Rien à voir avec le naufrage et les quatre buts encaissés dans ce même stade l’automne dernier. Face à Sechsundneuzig, unser Borussia n’a concédé qu’un minimum d’occasions. C’était l’an des premiers défis de Lucien Favre : retrouver une stabilité défensive et les premiers signes en ce sens sont encourageants. Après, c’est aussi plus facile pour notre défense de jouer derrière deux vrais milieux récupérateurs qu’aucun, on l’a assez répété ces dernières saisons. L’ennui, c’est que cela limite un peu notre créativité en phase offensive, ce sera le défi suivant pour Lucien Favre. Mais ce n’est déjà pas si mal si on peut commencer par retrouver un peu de sécurité derrière et ne plus trembler à chaque perte de balle à mi-terrain.
On a moins aimé
La chandelle de Roman Bürki. Roman n’a pas été très sollicité à Hanovre mais il nous a fait une grosse frayeur avec une affreuse balle en chandelle plein axe sur une relance pourtant sans difficultés. Sans conséquence mais il faut vraiment qu’il fasse preuve de plus d’assurance et de concentration sur ce genre de ballons.
Marius Wolf. Avec plus de 13 kilomètres parcourus, Marius Wolf est le joueur qui a le plus couru sur la pelouse du Niedersachsenstadion. C’est sûr que pour un latéral, c’est plus facile de défendre derrière un tel joueur que derrière un Dembelé… Mais, offensivement, comme ailier dans le système en 4-3-3 de Lucien Favre avec deux récupérateurs, il n’amène pas suffisamment, notamment dans les dribles à un contre un. C’est un joueur d’impact, il était excellent dans le jeu de rupture de Kovac à Francfort la saison dernière mais il n’a pas encore trouvé sa place dans notre système. Certes, il marque un goal annulé pour hors-jeu et centre pour Philipp quand celui-ci a trouvé le poteau mais, face à un adversaire qui joue compact comme Hanovre et laisse peu d’espaces, il faut que nous deux extérieurs soient capables de faire plus de différences.
Nos difficultés à faire jeu. C’est un autre grand défi de Lucien Favre : parvenir à redéfinir un style qui nous permette de prendre le jeu à notre compte et de bouger un adversaire supposé inférieur mais surmotivé, bien organisé et compact. Klopp lors de sa dernière saison, Tuchel, Bosz et Stöger n’ont jamais vraiment trouvé la solution. Favre ne l’a pas encore trouvée non plus à ce jour. On l’avait déjà constaté à Fürth, c’était encore plus flagrant à Hanovre : lorsqu’il s’agit de trouver des failles dans des attaques placées face à une défense positionnée très bas, nos Jungs sont très vite empruntés. Nos rares occasions sont survenues soit après une récupération haute face à une défense pas encore replacée, soit après une balle arrêtée. C’est sûr que Witsel et Delaney sécurisent la défense mais offensivement laisser à la manœuvre le seul Dahoud, pas toujours très précis dans sa dernière passe, limite nos possibilités de bouger le bloc adverse, surtout avec des ailiers comme Reus et Wolf qui cherchent des espaces qu’on ne trouve pas. Il y a encore clairement un équilibre à trouver et il s’agira de le faire rapidement car, cette saison, nous allons plus souvent être confrontés à des adversaires comme Hanovre qu’à un Leipzig qui était venu nous chercher très haut. Et nous n’avons pas les individualités pour faire seules la différence contre ce type d’opposition. Les balles arrêtées pourraient constituer une roue de secours mais, à Hanovre, nos Jungs ne se sont procurés qu’un seul corner : c’est bien la preuve que nous n’avons pas réussi à mettre suffisamment Sechsundneunzig sous pression.
Le peu d’occasions. Corolaire : les occasions ont été peu nombreuses. Très nettes certes mais pas assez nombreuses pour prétendre qu’Hannover a volé son point. Bien sûr, avec la même réussite que contre Leipzig, ça finissait 0-2 et le déplacement était parfait. Mais un entraîneur aussi cartésien que Lucien Favre sait très bien qu’on ne doit pas compter sur la réussite mais la provoquer. Et on ne l’a pas suffisamment fait à Hanovre.
Le résultat. On ne peut être satisfait du premier 0-0 de l’histoire entre Hanovre et le BVB. Surtout dans le foot actuel. On sait que notre équipe est en pleine reconstruction et qu’il lui faudra un peu de temps. Sauf que du temps, on n’en a plus vraiment dans des compétitions confisquées par une petite élite friquée qui a mis en place un système inique pour tout rafler. Il fut un temps où un championnat se jouait sur 34 matchs et où un retard de 8 ou 10 points concédé en début de saison n’était pas rédhibitoire pour gagner le titre. Cette époque est malheureusement révolue. Aujourd’hui, les écarts de budget sont tels que, si tu laisses partir les machines à fric en début de championnat, tu ne les revois plus. On voit régulièrement, dans les différents championnats européens, des clubs finir 2e ou 3e, loin de la tête du classement, avec des totaux de points qui, il y a 10 ou 20 ans, leur auraient permis de finir champions. A l’époque, on pourrait se rassurer en calculant que, la saison dernière, on avait deux matchs / zéro points entre la venue de Leipzig au Westfalenstadion et le déplacement à Hanovre ; avec quatre points on est largement en avance sur notre tableau de marche. Sauf que là, on ne voit déjà les deux points de retard sur la tête et le risque de constater que la lutte pour le Meisterschale est pliée dès le mois d’octobre.
Le Großer Garten. Après ces fastidieuses digressions tactico-économico-comptables, on revient à une parenthèse touristique. On n’a que moyennement apprécié le grand jardin du château d’Herrenhausen, le Versailles allemand. Il s’agit de jardins à la française, tout est droit carré, rectiligne, uniforme. Même les jeux d’eaux sont minutés. C’est imposant mais ça manque cruellement de vie, de fantaisie. Même si, dans l’immensité, on a repéré un buis qu’un jardinier avait taillé différemment que les autres, quelle audace ! Et l’ensemble est saturé jusqu’à la nausée de sculptures d’un goût plus que douteux. Par contre, on mange très bien au restaurant gastro du château.
On a détesté
Le hors-jeu. On a quand même vibré une fois, lorsque Marius Wolf a fait trembler les filets en première mi-temps. Las, il était hors-jeu. Comme c’était à l’opposé du bloc borusse, on a espéré que c’était une erreur et que, pour une fois, la VAR allait servir à quelque chose de positif. Mais a priori, cela ne souffrait d’aucune discussion et ce gadget nuisible n’a même pas été utilisé.
L’Aluminium. En Français, quand on tire sur le poteau ou la latte, on touche du bois. En Allemagne, de l’aluminium. C’est une curieuse différence sémantique dès lors qu’en matière de football, les Allemands sont plus attachés aux traditions que les Gaulois. Toujours est-il qu’on a détesté l’Alu-Pech vendredi soir. Marco Reus a envoyé un obus sur le dessus de la latte en fin de première mi-temps après une magnifique remise de Dahoud et Maximilian Philipp a vu son coup de tête dévié sur le poteau après un centre de Wolf en deuxième. Avec encore un tir de Reus dévié miraculeusement du bout du pied par le gardien Esser, nous aurions très bien pu repartir avec les trois points. C’est finalement tout ce qu’il manqué dans ce sympathique déplacement à Hanovre.
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