A la suite du match nul de notre Borussia face au Werder, nous nous sommes rendus le lendemain à la Merkur-Spiel-Arena pour voir l’opposition entre le Fortuna Düsseldorf et le SC Freiburg. L’occasion pour nous de découvrir l’atmosphère qui règne autour de Düsseldorf, l’un des nombreux clubs du Nordrhein-Westfalen, juste en dehors du Ruhrpott, et qui est de retour en Bundesliga depuis deux saisons ; mais aussi de superviser le futur adversaire de Dortmund le week-end prochain qui sera donc le SC Freiburg, surprenant troisième de Bundesliga, club qui a aussi fait l’ascenseur entre Zweite Liga et Bundesliga ces dernières années.
Après une courte nuit de sommeil, nous nous levons tous la tête dans le gaz pour se préparer et reprendre le chemin en direction de Düsseldorf, capitale du Land de Nordrhein-Westfalen et seconde plus grande ville de celui-ci derrière Köln, l’éternelle rivale. Après avoir accompli les quelques dizaines de kilomètres sous des trombes d’eau comme la veille, nous voici enfin arrivés aux abords du stade trpos heures avant le coup d’envoi. Force est de constater que l’ambiance semble un chouïa moins accueillante… Le stade est situé en plein milieu du Messe (parc des expositions) et l’armature de celui-ci s’intègre bien aux bâtiments modernes qui l’entourent. Pas de doute, c’est bien à l’image de la ville de Düsseldorf.
Nous décidons de partir à reculons sur la ligne d’U-Bahn sur bon conseil de notre ami Julien pour aller faire notre avant-match. Bingo, un restaurant a transformé sa terrasse en Biergarten, il y a du monde malgré le temps de cochon, l’emblème du Fortuna trône au pied d’un arbre, c’est bon, on a trouvé notre spot. Cela nous permet de goûter la Pils locale ainsi que de la bière ambrée (Alt) tout aussi bonne. Au moment de se rendre au stade, un nouvel orage se déclenche, décidément, ce week-end, le temps ne nous a pas gâté et n’a sans cesse changé toutes les heures…
Entrée dans l’Arena
Nous arrivons cette fois-ci au stade assez en avance par rapport au coup d’envoi. Après avoir testé la Stadionwurst et la Schümacher Alt (de la bière ambrée dans un stade, yes !), j’en profite pour me prendre une écharpe du Fortuna pour pouvoir m’intégrer pleinement à la tribune.
Des places debout en vente libre avec les Ultras du Fortuna, ça ne pouvait pas se louper… En tout cas ça fera un beau souvenir à ramener pour ma collection. Le temps passe doucement mais sûrement, nous prenons place dans la Südtribüne (malheureusement, pas aussi chargée que celle du Borussia) et nous nous installons assez proche du terrain. Le stade ne sera aujourd’hui pas plein mais on notera tout de même une affluence de 39 000 personnes environ pour cette affiche de la sixième journée de Bundesliga.
Focus sur le SCF
Justement, rentrons un peu dans le détail de ces deux équipes que nous allons voir s’affronter aujourd’hui en commençant par les visiteurs, le SC Freiburg. Une équipe qui démarre tambour battant sa saison avec une place parmi les premiers de Bundesliga. Le SCF n’a pas toujours été de ces équipes qui trustent les sommets ; fondé en 1904, le club au griffon est en Bundesliga depuis 2016 après avoir remporté la Zweite Liga, sa quatrième depuis sa fondation. Coaché par un entraîneur atypique, Christian Streich, depuis 2011 en tant qu’entraîneur principal, celui-ci a amené Freiburg deux fois en Europa League sans toutefois obtenir de résultats probants en C3 mais pour un club qui a régulièrement fait l’ascenseur dans les années 2000 et même avant, c’est plutôt intéressant. Pour l’anecdote, la première participation en C3 des Breisgauer remonte à la saison 95-96 où ils ont été malheureusement éliminés par… le Slavia Prague !…que nous affrontons ce mercredi. A ce jour, Joachim Löw, sélectionneur de la Mannschaft, est toujours le meilleur buteur du club. Enfin, des joueurs comme Sebastien Kehl, Klaus Allofs ou encore Roman Bürki et Maximilian Philipp ont porté ce maillot. Pour conclure ce focus, sachez que le Schwarzwald Stadion, l’un des stades les plus petits (25 000 places) et le plus rustique de Bundesliga, antre du SCF, va fermer ses portes très prochainement pour intégrer une nouvelle arène toute neuve avec 10 000 places supplémentaires. Ce sera donc le dernier déplacement du Borussia Dortmund là-bas et nous ne manquerons pas de vous raconter cela en détail !
Focus sur le F95
Les hôtes du jour, le Fortuna Düsseldorf, commencent difficilement cette Bundesliga. Après une belle victoire du côté du Werder dans la première journée de Bundesliga, les Flingeraner marquent le pas et ne se sont pas imposés depuis. Aujourd’hui, les Ultras ont placardé un message assez clair même pour ceux qui ne comprennent pas l’allemand : ramenez les trois points ! Tout comme le SCF, le Fortuna a fait l’ascenseur aussi ces derniers temps mais ils enchaînent leur deuxième saison consécutive dans l’élite après avoir réalisé une bonne première saison et quelques coups d’éclat notables comme la victoire face à un Dortmund jusque-là encore invaincu ou bien ce 3-3 inouï décroché à Munich grâce à un Dodi Lukebakio intenable… Tiens, en parlant de coup d’éclat, saviez-vous que le Fortuna a été sacré champion de Zweite Liga 2017-2018 après un scénario extraordinaire ? Dernière journée, Düsseldorf se déplace à Nürnberg, les deux équipes sont leaders ex-aequo, déjà assurées de la promotion mais duel pour l’honneur et le « titre » de champion de Zweite Liga. Une partie bouillantissime, le titre va se jouer à la dernière journée avec les deux acteurs principaux, on en salive d’avance : à la 6ème minute, Nürnberg ouvre déjà le score, 6 minutes plus tard, ça fait 2-0 pour les locaux. Düsseldorf recolle à 2-1 avant la mi-temps, 2-2 à l’heure de jeu. Kaan Ayhan (défenseur central et titulaire aujourd’hui d’ailleurs) s’envole plus haut que ses adversaires et pique sa tête pour le 2-3, on jouait alors la 91ème minute… Enorme ! Friedhelm Funkel exulte en compagnie de son staff, l’ex-coach de Köln, du Hertha ou encore de Bochum signera là sa sixième montée dans l’élite, plus que tout autre coach allemand. Cette joie immense pour les fans a dû être intense quand on sait que le club avait failli faire faillite au début des années 2000 (comme Dortmund tiens…). Aujourd’hui, on aimerait vivre aussi de belles émotions !
Première mi-temps diesel
Coup d’envoi imminent ! L’ambiance monte d’un cran dans le stade, on sent bien qu’aujourd’hui les fans ne lâcheront rien et joueront leur rôle de 12ème homme derrière le Fortuna. Les locaux proposent un 4-4-2 avec le jeune Zack Steffen (prêté par Man City) dans les barres, Rouwen Hennings le buteur maison est bien là et fera la paire avec Karaman devant. Au milieu, Erik Thommy et Dawid Kownacki, deux jeunes ailiers sont prêts à frapper fort sur les côtés. Les visiteurs se disposent en 3-4-3 avec la présence d’un français, Jonathan Schmid, aligné piston droit, et devant, l’international allemand Nils Petersen sera chargé d’animer l’attaque des Breisgauer en compagnie de Lukas Höler et Janik Haberer. C’est parti !
Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’on s’observe pas mal en ce début de match… Pas de véritables occasions d’un côté comme de l’autre, ça manque de justesse technique mais on sent Freiburg légèrement plus convainquant avec la possession et des mouvements de jeux plus intéressants. Côté Fortuna, on essaie tant bien que mal de contrer mais ça ne va pas assez vite, on notera tout de même que tous les centres venus de la droite dans cette première mi-temps ont été envoyé au troisième voire quatrième poteau… Le public, lui, chante sans cesse, mais le chant met vraiment du temps à chauffer, comme les joueurs en fin de compte, ce n’est qu’après avoir répété une dizaine de fois le couplet que le public commence à donner un peu plus de voix. Ambiance spéciale mais aucunement hostile, pour une équipe qui a du mal à avoir des résultats on soulignera que le soutien du public était sans faille.
Vient alors la 42ème minute et ce corner rentrant de Thommy pour le Fortuna, Schwölow, le portier de Freiburg se manque dans sa sortie et c’est Rouwen Hennings qui place sa tête au second poteau dans le but, c’est l’ouverture du score ! Enfin, le match va pouvoir se débrider ! Trois minutes plus tard, c’est Freiburg qui se lance à l’assaut, une longue ouverture est tapée à destination d’Höler étonnamment seul. Contrôle, reprise acrobatique, c’est contré mais Petersen récupère et décale Günter sur la gauche, sa frappe croisée est manquée ou son centre au cordeau est bon, le français Schmid la pousse au fond ! 1-1, deux buts en trois minutes, le Fortuna paie son manque de concentration après avoir scoré : dès le début de l’action, la défense a semblé être perdue et n’a pas su gérer les déplacements des attaquants adverses, Schmid se retrouve seul pour l’égalisation. On rentre aux vestiaires sur ce score de 1-1.
Le tournant du match
Au retour des vestiaires, les équipes se lâchent un peu plus et prennent quelques risques pour forcer la décision. Coup franc pour les visiteurs, la balle plonge vers la surface, un Freiburger se retrouve à terre, Düsseldorf éloigne le danger. Appel de la VAR tenue aujourd’hui par Bibiana Steinhaus (oui, il y a aussi des femmes arbitres) dans l’oreillette de Daniel Siebert. On soupçonne une faute, une main… ? Aucune information dans le stade si ce n’est ce petit logo indiquant la vidéo-assistance. Herr Siebert va voir lui-même les images, après quelques minutes d’attente, c’est un penalty qui est sifflé ! A noter qu’à la suite de cette décision, un petit message viendra préciser la nature de la demande de VAR, c’est bien aussi d’avoir ce genre d’infos quand on est dans le public.
Nils Petersen prend le ballon mais le donne à Lukas Höler, je suis surpris car le buteur maison, ce n’est pas lui, d’autant plus qu’il avait marqué deux penaltys lors de ce match dantesque sous la neige à Köln en décembre 2017 (oui, j’y étais…). Höler s’élance… mais la frappe est trop molle, Zack Steffen plonge du bon côté et bloque la balle, on reste à 1-1 ! Cela a le mérite de bouger un peu le stade et de pousser derrière son équipe, et si Freiburg avait laissé passer sa chance ? La double entrée de Tekpetey puis d’Ampomah pour F95 apporte de la fraîcheur et de la vivacité sur les côtés, c’est d’ailleurs le premier cité qui envoie Karaman en profondeur, frappe à ras de terre, parade, deuxième chance encore mieux placée… Au-dessus ! Quel dommage de ne pas l’avoir mise au fond celle-là !
A 20 minutes de la fin, Streich lance Gian-Luca Waldschmidt, son jeune attaquant de 23 ans qui avait brillé à l’Euro Espoirs en s’illustrant par de grosses frappes terminant au fond des filets. La pépite du SCF va s’illustrer dix minutes après son entrée avec un raid solitaire de 20 mètres, il percute la défense, rentre plein axe à l’entrée de la surface et envoie une belle frappe dans le petit filet de Steffen qui ne pouvait pas mieux faire, c’est le SCF qui prend les devants ! Finalement, c’est plutôt Düsseldorf qui va avoir des regrets dans ce match… Après 10 minutes de siège de la cage adverse, aucun n’est capable de prendre le dessus dans les airs ou dans les duels, malgré le soutien puissant de la Südtribüne, le Fortuna va s’incliner une nouvelle fois à domicile et garde ses 4 petits points. Freiburg lui récupère son podium et continue de surprendre, prochain match face au Borussia Dortmund, un duel qui verra deux équipes ayant un classement assez rapproché, ce qui n’a pas été trop le cas les années précédentes, l’enjeu sera donc important !
Fortuna ‘Til I Die
Les amateurs de Netflix auront sûrement reconnu la référence aux Black Cats de Sunderland mais le Fortuna Düsseldorf s’est aussi approprié la maxime. Et effectivement, si le résultat n’est aujourd’hui pas au rendez-vous, on n’a pas senti les fans du Fortuna avec un mauvais comportement. Ils n’ont pas cessé de chanter et ont poussé au maximum les joueurs mais malheureusement, la différence n’a pas été faite. Cela a été un match assez frustrant et certainement pas le plus beau que l’on ait vu, mais il faudra rester soudés pour que le Fortuna passe ce difficile début de saison et continuer de travailler fort. L’année dernière, Jovic et l’Eintracht avait marché sur Düsseldorf 7-1, le Fortuna trustait les places de fond de classement à ce moment-là. Mais ils avaient su retrouver de l’allant et récupérer des points importants pour finalement terminer à la dixième place avec la bagatelle de 13 victoires tout de même en 34 matches. Pour un club que l’on qualifiait de parfait candidat à la descente, il a pris de court les observateurs pour se maintenir facilement. Maintenant, il faut que ça dure car le Fortuna doit se donner les moyens de rester dans l’élite, c’est là où est sa place.
Conclusion du week-end
Après le match, nous quittons directement Düsseldorf et prenons la direction de la France. Cela nous laisse le temps de débriefer tout ce que l’on a vu. On notera que les deux matches que l’on a vu n’ont pas vu les équipes à domicile s’imposer, effectivement, ce week-end, il ne valait mieux pas recevoir : toutes les équipes jouant à domicile ont perdu ! Y compris Düsseldorf bien sûr, mais sauf Dortmund, exception à la règle… Le dernier match de la journée était prévu à la base de notre programme mais, faute de billets, nous avons changé nos plans. Le FC Köln recevait le Hertha Berlin et s’est fait laminer 0-4… Dommage de ne pas avoir pu vous conter la sublime ambiance colonaise mais dommage également que le score ait fini si lourdement. Enfin soit, si d’autres ambiances de Bundesliga vous intéressent à proximité de Dortmund, Düsseldorf est une bonne idée pour sortir des habitudes, c’est un déplacement que je recommande. Après avoir rallié la France, nous sommes heureux de pouvoir rentrer de ce week-end harassant où l’on a vu des buts, bu des bières, fini trempé, vu du soleil, crié et chanté à la gloire du Borussia, dansé sur la Schlagermusik (Rote Pferd !), mangé des saucisses, râlé contre le but de Freiburg, poussé les joueurs du Fortuna à égaliser, vibré pour ce football allemand si unique… Bref, un week-end irrégulier en émotions, en météo, en scénario de match… Mais bon, on remet ça quand ?
Diego
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