A l’automne 2011, le BVB, après un début de saison difficile, avait abordé le premier choc de la saison contre le Bayern en retard au classement. Mais, comme la saison précédente, le Borussia Dortmund, s’était régalé et avait régalé dans le crunch du foot allemand à Munich. Le BVB alignait son troisième succès d’affilé contre le Bayern et revenait à deux petites longueurs de son adversaire du jour, lequel devait attendre pour prendre sa revanche.
La saison dernière, lorsque le Borussia Dortmund caracolait en tête du classement, dirigeants et joueurs du Bayern Munich ont longtemps affirmé que ce n’était qu’un feu de paille et qu’une fois qu’ils auraient récupéré leurs blessés, les Rekordmeister allaient facilement renverser la situation. Ce discours était tombé à plat le 26 février 2011 lorsque le Bayern, avec toutes ses stars, avait été surclassé (1-3) sur sa pelouse de l’Allianz Arena par un BVB qui alignait un gardien junior faisant ses débuts en Bundesliga. L’arrogant Bayern avait dû reconnaître ce soir-là qu’il allait céder son titre à beaucoup trop fort pour lui et revoir ses objectifs à la baisse. Inutile de préciser qu’au pays du mia san mia, ce revers avait été dur à avaler et que, depuis lors, les Rekordmeister comptaient les jours avant de pouvoir prendre leur revanche contre cette insolente jeunesse dortmundoise. Samedi, l’occasion semblait belle : le Bayern restait, toutes compétitions confondues, sur neuf victoires d’affilé à la maison sur un goal-average de 36-2 ! Et c’était l’opportunité de repousser son plus grand rival dans la course au titre à huit longueurs, un gouffre.
La surprise Robben
L’entraîneur Jupp Heynckes devait craindre ce match entre les deux premiers du classement, les deux meilleures attaques et les deux meilleures défenses du pays. Don Jupp a en effet pris le risque de précipiter le retour au jeu d’Arjen Robben. Le risque n’a pas été payant : le Hollandais n’a absolument pas été décisif. Pire, Thomas Müller, éblouissant quatre jours auparavant contre la Hollande avec l’Allemagne qui avait prouvé là qu’elle avait sans aucun doute la meilleure équipe du monde actuellement, n’a jamais trouvé ses marques en étant repositionné en numéro 10 plutôt que sur un côté. Incontestablement, le jeu bavarois est plus efficace avec Toni Kroos en meneur de jeu et non en demi défensif comme samedi. Quant au buteur local Mario Gomez, qui avait affirmé qu’il était 100% sûr de la victoire du Bayern, il a été 100% inexistant.
Mario Götze est magique
Le match a été d’une intensité folle ; en revanche, les occasions de but n’ont pas été légion. Sans surprise, le Bayern possède davantage le ballon mais sans parvenir à inquiéter une monstrueuse défense du BVB avec un impeccable Felipe Santana, lequel a une nouvelle fois prouvé qu’il méritait mieux que son statut de remplaçant de luxe. Il faut attendre le début de la 2ème mi-temps pour voir la première grosse occasion du match, avec une sortie décisive de Manuel Neuer devant Shinji Kagawa suivie d’une reprise à côté de Mario Götze. On allait retrouver les deux virtuoses du BVB pour l’unique but du match avec une remise de Kagawa, une roue libre de Boateng et le but de Götzinho sur un tir qui ne ressemblait à rien mais qui finit au fond. Et au passage, après s’être détruit la voix en hurlant et avoir fait trois fois le tour du Gästeblock pour congratuler tout le monde, on a une pensée émue pour le brave président bavarois Uli Hoeness qui avait déclaré la semaine précédant le match : « Nous sommes la meilleure équipe. Sur le plan des individualités, Dortmund n’a aucune chance ». Bien vu Uli, continue à nous faire rire comme cela…
L’Allianz Arena est pathétique
C’est sûr que, mené au score, le Bayern ne peut pas compter sur ses supporters pour inverser la tendance. A 0-0, on n’entendait déjà pas la poignée de gamins qui compose le « kop » bavarois, alors, après l’ouverture du score, c’était plus que jamais un Heimspiel in München pour le BVB. Ceci dit, les dirigeants bavarois assument complètement cet état de fait : un spectateur n’est pas là pour encourager son équipe mais avant tout pour ramener du fric dans les caisses du club. Il y a davantage de places VIP que de places debout dans ce stade et les dirigeants munichois parlent régulièrement de diminuer le nombre d’abonnements, au motif qu’un abonné, qui ne va acheter qu’un ou deux maillots dans la saison, est moins rentable que les touristes qui ne viennent qu’une fois par année et s’en vont dévaliser la boutique. Chacun sa conception du foot mais tu auras compris qu’on ne partage pas trop celle du Bayern…
Amplement mérité
Dortmund marquera un deuxième but, justement annulé pour hors-jeu. Comme souvent lorsqu’il est en difficulté, le Bayern tente de s’en sortir avec quelques simulations grotesques ; fort heureusement, l’arbitre, excellent, ne se laisse pas abuser. Les Rekordmeister se créeront quelques occasions d’égaliser mais Roman Weidenfeller, qu’on n’avait rarement connu aussi sécurisant que samedi, s’interpose devant Luiz Gutavo et Franck Ribéry, alors que les frappes de Petersen et Ribéry n’ont pas trouvé le cadre. Au coup de sifflet final, le Borussia pouvait exulter en signant sa troisième victoire d’affilé contre le Bayern et en recollant à la tête du classement. Si le BVB a eu un peu de réussite sur le but, son succès est amplement mérité. Tactiquement, les Borussen ont fait tout juste et on n’a jamais vu venir la déferlante bavaroise annoncée. Incontestablement, sans Bastian Schweinsteiger, le collectif du Bayern n’est plus le même et les Munichois sont quasiment condamnés à attendre un exploit personnel de l’une ou l’autre de leurs individualités pour s’en sortir, exploit qui n’est jamais venu samedi.
Le jour le plus long
Tu te doutes bien que l’on n’a pas regretté le déplacement sur les bords de l’Isar, surtout qu’il s’est mérité, avec un réveil à 4h du matin pour aller prendre un train à 4h58 afin de rejoindre mon bus de supporters à Berne. J’aurai pu m’autoriser la grasse matinée jusqu’à 5h30 en allant à Berne en voiture mais je soupçonnais que le déplacement risquait d’être un peu alcoolisé et ça n’a pas raté, avec une première bière ouverte au passage du Grauholz à 7h30. En fait, le seul moment sobre de la journée, ça a été pendant le match lui-même puisqu’à Munich, comme en Angleterre, il est interdit d’emmener sa bière dans les gradins (ce stade est définitivement pathétique). Après un trajet de retour des plus festifs et une halte pour une soirée techno dans une espèce de squat en attendant le premier train du matin, j’ai retrouvé mon domicile 27 heures après l’avoir quitté, un peu fatigué mais avec un sourire vissé aux lèvres depuis le but de Götze.
Le BVB a démarré de la meilleure des manières sa semaine de vérité, qui va se poursuivre mercredi en Ligue des Champions dans un autre tombeau, à Londres contre Arsenal. Bien sûr, ce serait sympa d’aller gagner là-bas pour avoir une chance de prolonger l’aventure européenne mais ça reste secondaire. Le match qu’il faudra absolument remporter, le match le plus important de la saison, c’est bien sûr le Revierderby samedi prochain au Westfalenstadion contre Schalke 04. Battre le Bayern et Schalke la même semaine, ça ferait rentrer ce mois de novembre 2011 dans les annales de l’histoire du club. La semaine va paraître longue d’ici là…
FC Bayern Munich – Borussia Dortmund 0-1 (0-0).
Allianz Arena, 69’000 spectateurs (guichets fermés).
Arbitre: M. Gagelmann.
But : 65e Götze (0-1).
Bayern: Neuer; Rafinha (79e Petersen), Boateng Badstuber, Lahm; Luiz Gustavo, Kroos; Robben (72e Alaba), Müller (72e Olic), Ribéry; Gomez. Entraîneur: Jupp Heynckes.
Dortmund: Weidenfeller; Piszczek, Santana, Hummels, Schmelzer; Bender, Kehl (79e Leitner); Götze, Kagawa (89e Perisic), Grosskreutz; Lewandowski (90e Barrios). Entraîneur: Jürgen Klopp.
Cartons jaunes: 39e Luiz Gustavo, 59e Badstuber, 73e Kehl.
Notes: Bayern sans Tymoschchuk (suspendu), Schweinsteiger ni Breno (blessés), Dortmund sans Subotic ni Koch (blessés).
Classement (13 matchs): 1. Bayern 28 2. Dortmund 26 3. Mönchengladbach 26 4. Schalke 25 5. Werder 23 6. Stuttgart 21 7. Leverkusen 21 8. Hannover 19 9. Hoffenheim 17 10. Hertha 17 11. Köln 16 12. Wolfsburg 16 13. Kaiserslautern 13 14. Hambourg 13 15. Mainz 12 16. Nürnberg 12 17. Freiburg 11 18. Augsburg 8.
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