Après Axel Witsel, auteur de deux buts pour ses deux premiers matchs officiels avec le BVB, trois autres recrues estivales n’ont pas attendu longtemps pour ouvrir leur compteur en Schwarzgelb : Abdou Diallo et Marius Wolf, pour leur respectivement deuxième et première titularisation au Westfalenstadion, et Paco Alcacer, pour sa première apparition en jaune en noir. Suffisant pour battre l’Eintracht Francfofrt, malgré une qualité de jeu qui laisse toujours à désirer.

L’été jouait les prolongations sur le Pott. Après quelques fraîcheurs matinales, bien vite dissipée par un footing dans mon antre de l’Innenstadt-Nord, là où se trouvent les racines du BVB, c’est une température estivale qui régnait sur Dortmund pour cette troisième journée de Bundesliga. Les terrasses de l’Alter Markt et les Biergarten affichaient donc complets et un bel enthousiasme avant la venue de l’Eintracht Francfort.

A la fin des étés 2015 et 2017, Thomas Tuchel et Peter Bosz avaient connu pareille embellie météorologique pour leurs débuts sur le banc du Borussia. Et ils avaient su prolonger le beau temps sur le terrain avec un début de saison flamboyant. Lucien Favre n’en est pas encore là. Le jeu du BVB est toujours en chantier. Son équipe ne déchaîne pas encore vraiment l’enthousiasme. Mais elle gagne… Et quelque part, mal jouer et gagner, c’est rassurant. Si elles avaient déclenché l’enthousiasme par la qualité du spectacle présenté en début de saison, les équipes de Bosz et, dans une moindre mesure, de Tuchel, étaient des équipes des beaux temps qui s’étaient effondrées avec les arrivées des terrains gras, de l’enchaînement des matchs et des adversaires plus physiques. Ce BVB paraît mieux armé pour affronter l’automne, avec la capacité à gagner des matchs sur balles arrêtés, à la fierté, à l’envie… Et comme on sait que Lucien Favre est un perfectionniste qui ne saurait se satisfaire du jeu actuel, cela laisse entrevoir des perspectives intéressantes pour la suite, quand notre équipe commencera à trouver ses marques sur le plan offensif.

La composition

Au coup d’envoi, la surprise de notre entraîneur suisse, c’est la non-titularisation d’Axel Witsel. Il faut croire qu’il a fait la même analyse que nous après le match d’Hanovre : notre système à deux milieux défensifs permet peut-être une meilleure assise défensive mais il manque de créativité face à un adversaire regroupé en défense. Et on ne s’attendait pas à voir un Francfort débarquer la fleur au fusil. Depuis sa splendide victoire en Pokal contre le Bayern en mai, SGE a subi le départ de son entraîneur, de plusieurs joueurs clés, une défaite en Pokal à Ulm (Regionalliga) et un cinglant 0-5 en Supercup contre le Rekordmeister. L’euphorie est donc déjà largement retombée dans la City et c’est surtout une certaine sécurité que recherche l’entraîneur Adi Hütter (Adolf pour l’état civil : quand ton nom de famille c’est Hütter, il faut quand même avoir l’esprit un peu tordu pour appeler son fils Adolf). Bref, face à ce SGE attendu plutôt attentiste, exit Witsel et place à une animation offensive à cinq avec Dahoud, Reus, Bruun Larsen, Wolf et Philipp. Séduisant. Sur le papier du moins, sur la pelouse ce le fut beaucoup mois…

Felipe Diallo

Car le BVB ne produit pas grand-chose. Il y a un souci constant de bien faire tourner la balle mais il y a un vrai problème de transition vers les lignes offensives : nous n’arrivons jamais à trouver nos fusées dans la course et en mouvement. Au final, nous nous retrouvons beaucoup trop souvent à court de solutions et statiques devant le bloc adverse, contraints de tenter un dribble ou une ouverture hasardeuse, généralement voués à l’échec. A l’exemple de Marco Reus, très discret car presque jamais trouvé dans la course et devant un espace, là où il excelle.

Face à ce BVB au jeu encore très inabouti, c’est même Francfort qui se crée la première occasion avec une frappe de Kostic détournée par un Bürki solide. Et, comme souvent en ce début de saison, après une grosse première demi-heure très laborieuse, c’est d’une balle arrêtée que va venir la lumière. Abdou Diallo surgit au deuxième poteau pour battre Kevin Trapp en deux temps, un but qui nous rappelle un peu celui, mythique, de Felipe Santana contre Malaga sauf que cette fois il n’y avait pas le moindre doute sur la licéité du goal. En plus, c’était devant le même but puisque les Adler avaient choisi, sacrilège, de défendre en première mi-temps devant la Südtribüne.

Comme un air de déjà vu

Avec cet avantage de 1-0 à la pause, le BVB n’était pas mal loti mais il n’a malheureusement pas su faire fructifier cet avantage. Nos Jungs mènent au score, tentent de gérer ce résultat, cherchent un peu maladroitement de marquer le deuxième mais pas trop, en pensant que l’adversaire, guère dangereux jusque-là, ne viendra pas égaliser. Et puis arrive l’accident : une double relance hasardeuse dans l’axe, un coup de billard et SGE trouve un espace sur le côté pour un centre et une reprise de Haller, 1-1. Il reste 25 minutes à jouer… C’est un scénario que l’on a connu à maintes reprises ces dernières saisons. Et trop souvent, le BVB, après avoir encaissé une égalisation un peu inattendue, sombrait dans un certain fatalisme et se montrait incapable de retrouver le fil du match, voire le laissait complètement échapper. Ce qui est intéressant, c’est que vendredi, le Borussia a su repartir à l’abordage et aller chercher le deuxième but, ce qui nous laisse à penser que cette équipe 2018-2019 est mieux armée mentalement que les saisons précédentes.

Les retrouvailles

Le kicker de la veille rappelait que Marius Wolf avait inscrit son premier but en Bundesliga contre le BVB : on s’en souvient c’était lors d’un 2-2 de très haut vol au Waldstadion et c’est ce jour-là qu’on avait découvert ce joueur (et probablement qu’Aki Watzke et Susi Zorc avaient coché son nom pour un futur transfert). Visionnaire, le plus grand journal sportif allemand pensait que Marius pourrait profiter des retrouvailles avec son ancien club pour inscrire son premier but en Schwarzgelb. Bien vu ! Cinq minutes après l’égalisation, l’ancien francfortois nous redonnait l’avantage sur un bel enchaînement amorti-demi-volée après une déviation de Reus et un superbe débordement de Sancho sur la droite. Enfin, nous avions trouvé l’espace et la vitesse qui avaient fait défaut depuis le début de match.

Le bizutage

Nous n’étions toutefois pas complètement au bout de nos émotions car, sur l’engagement ou presque, Francfort égalise. Frayeur mais le but est annulé pour hors-jeu. Mais il y a quand même eu quelques secondes d’angoisse en attendant une éventuelle infirmation de la VAR avant de reprendre les chants de victoire. Francfort, ça reste un rival et une victoire contre eux est toujours savoureuse. Finalement, cette victoire sera définitivement assurée par la nouvelle recrue Paco Alcacer d’une frappe enroulée légèrement déviée après un corner (encore une fois…) joué à deux avec Jadon Sancho. Willkommen in Dortmund, Paco ! Coaching gagnant pour Lucien Favre. Et au passage, on relèvera que ce n’est pas complètement un hasard si notre jeune joker anglais se retrouve impliqué dans deux buts : c’est peut-être le seul joueur de notre effectif capable d’éliminer un adversaire en un contre un en partant arrêtés, forcément il est précieux dans ce type de match où nous n’arrivons pas trouver espaces, vitesses et mouvement.

Le Westfalenstadion en fête

3-1, le Westfalenstadion pouvait célébrer la victoire. Je n’ai juste pas compris pourquoi Nobby avait scandé trois fois le prénom d’Abdou et Paco après leur but mais seulement une fois celui de Marius, qui a pourtant inscrit le game winning goal. C’est un détail mais je préférais quand il se contente, sauf événements exceptionnels, d’une seule annonce, ça avait un côté plus classe. Mais c’est un détail : une belle journée, une victoire, un vendredi soir bien arrosé, il n’en fallait pas plus pour que le Westfalenstadion célèbre en grande pompes cette victoire : ola, rappels, chants plusieurs minutes après la fin de match. Nous sommes encore très loin du compte en terme de jeu mais il y a quand même quelques prémices que quelque chose d’intéressant est en train de se mettre en place : une efficacité nouvelle sur balles arrêtées, une combativité et une ambition retrouvées, des nouveaux renforts qui marquent… Lorsque nous commencerons à trouver des automatismes et des solutions offensives, cela peut nous valoir quelques beaux moments du football cette saison avec notre BVB.

Catégories : Au Stade

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