Ce match contre le 1. FC Köln était l’occasion de plusieurs premières : notre premier match 2020 au Westfalenstadion, les grands débuts d’Erling Haaland au Tempel der Glückseligkeit et la première sortie des Confrères du Lausanne-Sport sur les traces de Stéphane Chapuisat. Avec une victoire 5-1 et un doublé pour notre nouveau Torjäger norvégien, le moins que l’on puisse dire c’est que ce fut une première réussie, à tout point de vue.
Chez nous, à Lausanne, nous avons développé une relation d’affection avec le Borussia Dortmund. Notre club, le Lausanne-Sport, aujourd’hui en deuxième division mais bien parti pour remonter en première, a été le premier club professionnel de Stéphane Chapuisat et Lucien Favre. Alors, forcément, les résultats du BVB y sont scrutés avec un certain intérêt. Et quand la Confrérie, l’un des principaux clubs de soutien du club, m’a demandé d’organiser leur sortie annuelle au Westfalenstadion, je ne pouvais décemment pas refuser. Organiser trajets, hôtel et billets, ce n’est pas un souci. Ce que je ne maîtrise pas, c’est la ponctualité de la Deutsche Bahn et la performance de notre équipe, tous deux restent assez aléatoires. Mais nous sommes bien tombés puisque les deux ont répondu présents au rendez-vous pour nous offrir un week-end de rêve.
Apéros
Après un trajet sans histoire donc, nous débutons la soirée par un apéro dans mon appartement-musée de l’Innenstadt-Nord, transformé en studio de télévision par la présence de deux journalistes français pour Stade 2. A priori, en France, on est déjà tout émoustillé par le prochain BVB – PSG ; pour nous cela apparaît encore très lointain et, pour être franc, un peu secondaire, dès lors que c’est bien la Bundesliga qui constitue notre priorité cette saison. Et qu’on y a quelques grosses échéances à jouer avec de penser à la Ligue du Pognon. Une fois arrivés au stade, nous sacrifions à la traditionnelle tournée des Biergarten, avant, seul point noir du week-end, une file inhabituellement longue à l’entrée Süd du stade : près de 40 minutes d’attente contre les 15 habituelles. Et je rate mon traditionnel apéro d’avant-match sous l’écran est de la Südtribüne. Mais on n’était pas en manque d’apéros ce jour-là…
Mannschaftsaufstellung
Et nous étions bien en place pour l’hommage rendu au légendaire Hans Tilkowski. Puis vint la composition des équipes, pour nous rendre compte que Lucien Favre avait choisi de débuter avec le même onze qu’à Augsburg. Malgré son entrée tonitruante en Souabe bavaroise, Erling Haaland devra donc attendre pour fêter sa première titularisation en schwarzgelb. Ce n’est pas complètement idiot : notre nouveau Norvégien est encore très jeune et il a manqué une partie de la préparation, ce serait inutile de le griller trop tôt. Et puis cela donne une semaine à Lucien Favre pour cogiter sur la question de la meilleure manière d’intégrer son nouvel attaquant vedette dans son onze de base. Faut-il repasser en 4-2-3-1 pour aligner une attaque de feu Hazard, Reus, Sancho et Haaland avec encore le très offensif Brandt en soutien, au risque de péjorer l’équilibre de l’équipe ? Ou alors rester en 3-4-3, a priori plus équilibré et mieux adapté aux qualités de nos latéraux mais qui implique de sacrifier un membre du trio Hazard – Sancho – Reus, qui fonctionne plutôt pas mal depuis quelques matchs, pour intégrer Haaland ? On laissera à notre entraîneur le soin de répondre à cette épineuse question, en espérant qu’il saura trouver la meilleure réponse possible.
En démonstration
Si le onze de départ est la même qu’à Augsburg, on attendait que l’attitude, la concentration et la détermination soit toute autre qu’une semaine plus tôt en Bavière en première mi-temps. Et ce fut le cas : il faut attendre moins d’une minute pour voir le BVB ouvrir la marque. Une passe longue d’Hummels élimine le premier rideau de pressing colonais, Reus décale Sancho sur la droite et le centre de l’Anglais trouve Raphaël Guerreiro. La reprise du Portugais n’est pas optimale mais elle suffit à tromper le gardien du Effzeh Timo Horn, pas complètement à son avantage sur le coup. Le BVB ne s’est pas arrêté en si bon chemin : Horn s’interpose sur un coup-franc de Reus, à l’origine un pénalty que la VAR avait converti en coup-franc. Puis c’est Hummels qui trouve la barre de la tête après un corner d’Hazard. Le 1. FC Köln restait sur quatre victoires consécutives, sa meilleure série depuis 19 ans, mais il n’a pas eu voix au chapitre, à peine un tir non-cadré en première mi-temps comme seule occasion. Le deuxième but est tombé sur une longue ouverture de Mats Hummels pour Marco Reus qui devance la sortie d’Horn pour glisser le ballon entre ses jambes. But, hors-jeu, VAR puis but validé après trois minutes, pour les émotions on repassera mais l’essentiel, c’est que cela fait 2-0. Et c’était important pour notre capitaine de retrouver le chemin des filets après sa mauvaise prestation d’Augsburg. Et puis c’est également encourageant de voir Mats Hummels retrouver sa qualité de relance longue : c’est aussi pour sa capacité à varier le jeu et à alterner les relances courtes prônées par Lucien Favre avec ce type d’ouverture longue pour surprendre l’adversaire que nous l’avons fait revenir, ça n’avait pas suffisamment fonctionné au premier tour.
Une petite frayeur
Cela aurait même pu faire 3-0 à la pause si Hazard n’avait pas perdu son duel avec Horn. Mais ce n’était que partie remise : comme en première mi-temps, le BVB démarre la seconde sur les chapeaux de roue et marque d’entrée. Marco Reus trouve Jadon Sancho qui s’offre un petit numéro dans la défense des Geissböcke et fusille le malheureux Horn. La Südtribüne n’a donc pas dû patienter très longtemps pour savourer le premier but jaune et noir 2020 marqué devant elle… on espère qu’il y en aura beaucoup d’autres !
3-0, un BVB dominateur et qui ne laisse aucun répit aux Domstädter, une ambiance splendide, tout paraissait réuni pour une soirée tranquille de fête. Mais nous pouvons toujours compter sur notre proverbiale faiblesse sur balles arrêtées pour nous faire une petite frayeur. Même si Köln paraissait bien inoffensif, il a quand même trouvé le moyen de revenir au score : après un corner mal renvoyé, la balle revient sur Mark Uth qui arme une magnifique volée croisée. Il restait vingt-cinq minutes à jouer et le spectre de notre dernier match au Westfalenstadion, contre Leipzig, commence à hanter toutes les têtes. Certes, le Effzeh ne possède pas les mêmes arguments offensifs que les Dosen mais l’entraîneur Markus Gisdol fait alors entrer Anthony Modeste : le Français ne réussit plus rien de bien depuis son retour de Chine mais notre équipe est tellement schizophrène qu’elle paraît capable de relancer un joueur en pleins doutes depuis des mois. Heureusement, il n’en sera rien. Car Lucien Favre avait également dégainé sa nouvelle arme absolue : Erling Braut Haaland !
Une nouvelle histoire d’amour
Douze minutes. C’est le temps qu’il a fallu au Norvégien, entré à la 65e, pour s’offrir son premier but au Westfalenstadion. Devant la Südtribüne. Après un siège en règle du but colonais, la frappe de Guerreiro est renvoyée par Horn et Erling Haaland, en vrai chasseur de but, est le plus prompt à réagir pour propulser la balle au fond des filets. 4-1, on respire un peu mieux, cette fois-ci pas de remontée improbable, le Westfalenstadion pouvait célébrer ses héros. Erling s’est même offert le doublé : bien lancé par Mahmoud Dahoud, le Norvégien a éliminé proprement Horn avant de marquer dans un angle pourtant assez fermé avec un calme olympien. Cinq buts en 59 minutes de Bundesliga, on peut appeler cela des débuts réussis. A priori, le passage d’Autriche en Allemagne n’a pas impressionné le jeune homme plus que cela. Mais, derrière la froide Tormaschine, on a quand même vu le gamin se retourner avec les yeux brillants pour contempler ce mur jaune qui l’a instantanément adopté. Ce sera à confirmer contre des adversaires plus confirmés mais c’est une belle histoire d’amour qui vient de débuter entre la Südtribüne et son nouveau Torjäger venu des fjords.
Place à la revanche !
Un vendredi soir, une ambiance fantastique, une victoire 5-1, un nouveau renfort qui cartonne d’entrée, des Brinkhoff’s en pagaille : c’était difficile de rêver mieux pour ce retour au Westfalenstadion. L’année 2019 s’était terminée dans la déprime avec ce match nul rageant contre Leipzig et cette défaite affligeante à Hoffenheim, 2020 a démarré sur de bien meilleures bases. Pourvu que cela dure !
Le week-end a été d’autant plus réussi que Leipzig a eu la bonne idée d’aller perdre à Francfort : le BVB n’est plus qu’à quatre points de la tête du classement ! Nous savions que ce deuxième tour débutait par trois matchs, sinon faciles (il n’y a pas de matchs faciles en Bundesliga, surtout avec une équipe aussi inconstante que la nôtre), du moins relativement accessibles contre des adversaires situés dans la deuxième moitié du classement. Et qu’il fallait absolument débuter par trois victoires pour mettre la pression sur la concurrence. Nous avons franchi les deux premières étapes, dans la douleur à Augsburg, beaucoup plus facilement contre Köln, il reste à finit le job samedi contre Union Berlin, avant de passer à un menu plus corsé avec les déplacements à Brême en Pokal et surtout à Leverkusen en championnat. Mais il s’agira de ne pas sous-estimer cette équipe d’Eisern Union qui nous a infligé notre première défaite de cette saison. 2020 est parti sur une bonne dynamique, il ne faudrait surtout pas s’arrêter en si bon chemin.
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