Le BVB a débuté sa saison par un premier trophée pour son premier match officiel : la Supercup après un succès convaincant contre le Bayern Munich. Ce n’est bien sûr pas le trophée qui nous fait le plus rêver mais c’est toujours bon prendre et c’est plutôt de bon augure pour la suite.
Comme chaque année avant la Supercup, on s’était fait la promesse qu’on n’en tirerait aucune conclusion péremptoire, quel que soit le résultat. Pas de triomphalisme béat en cas de succès, pas de défaitisme geignard en cas de défaite. Je vais donc m’en tenir à cette bonne résolution : c’est un premier trophée cette saison, c’était un match officiel mais cela reste avant tout un bon gros test de préparation. C’est d’autant plus vrai que la partie s’est disputée surtout avec les équipes de la saison dernière. Avec les absences d’Hummels, Morey, Hazard et Brandt, le Borussia n’alignait qu’un seul de ses nouveaux renforts, Nico Schulz. Le Bayern lui n’a débuté qu’avec des joueurs déjà présents la saison dernière. Et on sait que, lorsqu’il sent que sa suprématie sur le football allemand est menacée, le Rekordmeister réagit toujours de la même manière : en sortant son gros chéquier. L’équipe bavaroise qui débutera la Bundesliga le 16 août prochain contre le Hertha Berlin ne sera donc probablement pas tout à fait celle qui a perdu en Supercup au Westfalenstadion.
Un stade en mode touristes
Il y avait une belle effervescence en ville de Dortmund à l’idée de retrouver notre stade chéri après près de trois mois de séparation. Néanmoins, comme toujours en Supercup, nous nous apercevons que ce n’est pas tout à fait le même public qu’en Bundesliga. C’est encore plus flagrant en arrivant au stade : une file interminable s’est formée devant le Fanwelt, alors que les fans savent bien qu’il faut toujours éviter le Fanwelt un jour de match.
Evidemment, on préfère la tournée des Biergarten. Une fois celle-ci terminée, il n’y a pas presque pas de queue à l’entrée au stade : après avoir poireauté deux heures au Fanwelt, les touristes de la Supercup se sont précipités dans le stade pour prendre des selfies. C’est toujours le problème de cette compétition, boudée par les ultras et une partie des abonnés. Le match est fréquenté par un public beaucoup plus événementiel que d’habitude, tant mieux pour eux, mais l’ambiance s’en ressent forcément.
Malgré la victoire, on peut d’ores et déjà affirmer que cette Supercup restera comme la plus faible ambiance de la saison au Westfalenstadion, tant les chants sont demeurés timides. C’est pas grave, on s’y attendait mais cela fait toujours plaisir de retrouver les potes et notre cher Westfalenstadion. Celui-ci a d’ailleurs été magnifiquement redécoré : le béton derrière la Süstribüne prend désormais une réjouissante couleur jaune et noir, alors que les portraits de Stéphane Chapuisat et Manni Burgsmüller ornent désormais les murs extérieurs du Gelbe Wand, rejoignant ainsi les Kehl, Dede et autres Ricken.
L’intelligence
Le BVB n’a pas surclassé le Bayern dans cette Supercup. Néanmoins, notre victoire est entièrement méritée. Notre Borussia a été plus intelligent, plus solide, plus réaliste, plus tranchant et c’est lui a réussi à imposer son plan de jeu au Rekordmeister. Et nous avions dans nos rangs l’arme fatale : Jadon Sancho. Après une dure semaine d’entraînement à Bad Ragaz, le BVB n’avait pas vraiment les moyens d’imposer un pressing tout terrain au Bayern et Lucien Favre a donc choisi de laisser la possession aux Bavarois. Si le BVB tire en premier avec un arrêt de Neuer devant Reus, la domination est ensuite bavaroise mais sans grand danger.
Le Westfalenstadion frémit une deuxième fois lorsqu’Alcacer devance la sortie kamikaze de Neuer à trente-cinq mètres de ses buts mais la frappe lointaine de l’Espagnol vient mourir à côté du poteau. On l’avait pressenti après la préparation mais Julian Weigl et Ömer Toprak avaient marqué des points durant les amicaux, alors qu’ils étaient annoncés partants en début de mercato. Julian a su gagner ses galons de titulaire et a été préféré à Thomas Delaney aux côtés d’Axel Witsel. Alors qu’après le départ de Diallo, Ömer a su s’imposer comme première solution de rechange derrière le duo Hummels-Akanji et il a brillé par son calme aux côtés du Suisse. Autre joueur annoncé partant mais finalement présent samedi au Westfalenstadion, Raphaël Guerreiro a également brillé comme demi extérieur gauche et Lucien Favre va avoir l’embarras du choix, avec les retours de Brandt et Hazard, à ce poste-là.
Le TalHitzman
L’autre invité surprise de la soirée, c’est Marwin Hitz, qui remplace Roman Bürki, blessé. Le Suisse a réussi un match solide et sauve son camp une première fois devant Coman. En seconde période, après l’ouverture du score, il a réussi encore deux parades décisives devant Lewandowski et Coman. Notre deuxième gardien présente un bilan de 100% de victoires à chaque fois qu’il a été titularisé dans nos buts ; il n’a pas joué beaucoup de match mais il a tout de même deux succès contre le Bayern Munich à son actif. Un vrai porte-bonheur. Et cela valide le choix de nos dirigeants d’avoir préféré miser sur un deuxième portier d’expérience plutôt que faire confiance à un jeune : quand il s’agit d’être titulaire contre un adversaire comme la Bayern, c’est quand même plus rassurant.
Jadon Sancho, le match-winner
Lors de la Supercup 2013, Jürgen Klopp avait démonté Pep Guardiola, pour le premier match officiel de l’Espagnol à la tête du Bayern (4-2), en exerçant un pressing intensif sur Thiago Alcantara, qui découvrait lui aussi la Bundesliga. Six ans plus tard, l’ancien Barcelonais a eu le temps de s’acclimater à la Buli mais c’est à nouveau en déclenchant le pressing sur lui que le BVB a trouvé la faille en début de deuxième mi-temps : Jadon Sancho récupère la balle, passe en revue la défense munichoise et sert Paco Alcacer. La frappe en pivot de l’Espagnol à seize mètres est d’une précision diabolique et trouve le petit filet de Neuer pour l’ouverture du score. Hitz, Toprak, Akanji et les autres se sont ensuite chargés d’annihiler les tentatives un peu brouillonnes du Bayern. Il faut dire que, quand tu es mené au score, et que tu n’as pas mieux que Davies, Pavard et Sanches à faire entrer pour faire tourner le match, c’est que ton banc est un peu court. Quelque part, Niko Kovac a dû se dire que cette défaite aura eu au moins un point positif pour lui : inciter ses dirigeants à casser leur tirelire pour lui offrir les renforts qu’il réclame depuis des semaines. On a également constaté avec plaisir que, malgré l’absence d’Hummels, le BVB a très bien défendu sur les nombreux corners bavarois, alors que le Rekordmeister nous avait surclassé dans ce secteur du jeu lors de notre dernier déplacement en Bavière.
A confirmer. Solide en défense, le BVB était également plus tranchant en attaque. A 20 minutes de la fin, Jadon Sancho a assuré la victoire et le trophée en partant seul sur la gauche avant d’aller tromper Neuer avec beaucoup de sang-froid. Le Westfalenstadion pouvait célébrer la victoire.
La VAR, toujours aussi tragique
Durant l’été, nous avions failli oublier l’existence nuisible de cette catastrophe industrielle que constitue l’assistance vidéo. Mais, au premier match officiel, ce truc s’est rappelé à notre mauvais souvenir lorsque Joshua Kimmich est venu mettre, en dehors du jeu, une vilaine semelle à Jadon Sancho. Au mieux, le geste revanchard d’un sale gosse frustré par la défaite, au pire la volonté délibérée de mettre hors de combat un adversaire redoutable avant même le début de la saison… Même de nos places en Südtribüne, le carton rouge semblait clair. On pensait qu’avec trois arbitres sur le terrain et quatre en salle vidéo à Cologne, ils auraient dû être capables de voir ça. Mais non, Kimmich n’écope que d’un avertissement.
Les responsables de l’arbitrage se sont fendus de théories alambiquées pour expliquer que la décision était erronée et que c’était dû à une mauvaise application de la procédure. Tu me diras, ce n’est pas trop grave, le match était plié et Jadon n’était pas blessé. Mais non : en cas d’expulsion, Kimmich aurait dû prendre trois ou quatre matchs de suspension et il aurait manqué le début de saison en Bundesliga. Là, il échappe à toute sanction et le Bayern est déjà avantagé avant même le début de la saison : il pourra aligner un joueur qui n’a rien faire sur un terrain de foot sur les deux ou trois premières journées après un tel geste. Il faudra quand même qu’une fois les dirigeants du foot allemand se penchent sur ces petits avantages dont bénéficient régulièrement les Bavarois. On ne demande pas de cadeaux (et on ne nous en avait pas fait, par exemple sur les expulsions de Reus et Wolf lors d’un certain Derby de sinistre mémoire…), juste que tout le monde soit traité de la même manière. Ce n’est pas à cela qu’était censée servir la VAR, à la base ?
Place aux choses sérieuses
Enfin, on va oublier le vilain Kimmich et savourer ce succès. Je te mentirai en te disant qu’on a versé une larme pendant la remise du trophée, cela ne reste que la Supercup. Même si cela fait toujours plaisir de voir nos Jungs soulever un trophée devant la Südtribüne et la joie de Lucien Favre, dont c’était le premier trophée hors de son pays, nous a ravis. Et valide la bonne impression laissée lors des matchs amicaux. Maintenant, on n’oubliera pas non plus qu’en août 2014, nous avions enlevé cette même Supercup dans ce même Westfalenstadion sur ce même score de 2-0 après une performance pareillement convaincante. Cinq mois plus tard, on bataillait avec Freiburg pour éviter la dernière place du classement à Noël…
Les choses vraiment sérieuses, elles commencent vraiment vendredi en Pokal à Uerdingen, puis avec le début de la Bundesliga, la réception d’Augsburg et les déplacements chez les néo-promus Köln et Union Berlin. Ce sera des matchs très différents de la préparation ou de cette Supercup, face à des adversaires très agressifs qui vont sans doute nous attendre et nous laisser la possession du ballon. Soit un scénario de matchs où nous avons trop souvent failli la saison dernière, ce qui a fini par nous coûter le Meisterschale. Ce n’est qu’après ces premiers matchs que l’on pourra dire si nos ambitions, aspirations et rêves nés d’une campagne de transfert prometteuse, d’une longue succession de victoires en matchs amicaux et d’un succès convaincant en Supercup étaient davantage que le songe de nuits d’été ensoleillées. Et qui, en l’occurrence, pour celle-là, s’est terminée aux petites heures du jour. Supercup en bois ou pas, un trophée ça se fête !
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