Le « Duell der laufstärksten Teams der Liga » a nettement tourné en faveur du Borussia Dortmund sur la pelouse de la lanterne rouge Freiburg. Le BVB passera Noël en embuscade juste derrière le Bayern, alors que les Fribourgeois devront se coltiner la dernière place du classement durant les Fêtes.
En Allemagne, on aime bien donner des noms ronflants aux matchs. Il faut toujours que ce soit le derby ou le choc de quelque chose. Sauf qu’entre Dortmund et Freiburg, il n’y avait pas beaucoup de points communs ni au classement ni géographiquement. Heureusement, la statistique est venue à la rescousse de nos amis germaniques : Freiburg et Dortmund occupent les deux premières places du classement des équipes qui parcourent le plus de kilomètres par match. Et voici comment ce Freiburg – Dortmund est devenu le Duell der laufstärksten Teams der Liga. Je crois que celui-là, même notre spécialiste ès derbies improbables n’aurait pu l’imaginer. Et au passage, on constate que cette statistique, très à la mode en ce moment, ne prouve strictement rien puisque Freiburg et Dortmund occupent les deux premières places de ce classement des kilomètres parcourus mais se retrouvent quasiment aux deux extrémités du vrai classement, celui qui compte.
Les joies du Gästeblock
Le ciel est bas sur Freiburg, les cimes de la Forêt Noire disparaissent dans le brouillard et il pleut à verse. C’est donc avec un certain déplaisir que l’on constate que le bloc réservé aux supporters adverses est le seul endroit du stade qui n’est pas couvert et où il n’y a pas d’alcool dans la bière. Quand le speaker annonce une température de 3°, on en vient presque à espérer qu’elle chute de 2 ou 3 degrés pour que la pluie se transforme en neige… En plus, avec les filets, les grillages et les poteaux, on ne voit pas grand-chose. Ceci dit, on se plaint mais on n’aurait pas échangé notre place contre une loge à vie à Wembley. Car, en fin de saison, s’il y quelque chose à fêter, on se souviendra de ce déplacement dantesque et on se dira qu’on était là lorsque le club a remporté ce succès capital. Car après la victoire du Bayern la veille contre Cologne, il était essentiel pour le Borussia de l’emporter à Freiburg afin de garder le contact avec le Rekordmeister.
Comme aux Charmilles
Mais Freiburg se doit lui aussi de l’emporter pour éviter de finir l’année avec la lanterne rouge. Les Breisgauer se créent d’ailleurs la première occasion mais Putsila, seul devant le but, tire à côté. Le BVB se montre plus réaliste en concrétisant sa première occasion après une splendide triangulation entre Ilkay Gündogan, Shinji Kagawa et Robert Lewandowski. Si les grillages, ce n’est pas terrible pour la vision du match, ça a l’avantage qu’on peut s’y accrocher après un but (si on n’a pas d’alliance). La dernière fois que je m’étais accroché à un grillage, c’était à la décharge des Charmilles après un but de Pierre-André Schürmann pour le Lausanne-Sports sur une frappe de 35 mètres qui était rentrée après avoir tapé la latte. Je ne saurai pas te dire l’année mais ça ne rajeunira personne, si ça se trouve Lucien Favre était encore joueur dans l’équipe de Servette. On passe près du 0-2 sur un essai de Lewandowski détourné par le gardien Baumann mais, comme lors de ses précédents matchs contre Mönchengladbach, Marseille et Kaiserslautern, Dortmund a commencé à ronronner après avoir pris l’avantage et va se faire rejoindre.
Tant que l’arbitre n’a pas sifflé…
La fin de la première mi-temps a rappelé aux deux formations une vieille leçon du football qu’on nous a répété mille fois en juniors : on ne s’arrête pas de jouer tant que l’arbitre n’a pas sifflé. C’est tout d’abord la défense dortmundoise qui va se déconcentrer après une main non sifflée à mi terrain, permettant à Anton Putsila et Jan Rosenthal de s’infiltrer avec une facilité déconcertante au milieu de huit joueurs jaunes pour l’égalisation. Dans la foulée, Freiburg passe même tout près du 2-1 sur une frappe à côté de Cissé. On n’en mène pas large mais le BVB reprend l’avantage peu avant la pause sur une action curieuse : Jakub Blaszczykowski reçoit le ballon en position de hors-jeu, le juge de touche lève son drapeau, la défense s’arrête de jouer, mais, comme la passe venait du défenseur Pavel Krmas, l’arbitre décide de ne pas suivre son assistant et laisse le jeu se poursuivre. Du coup, Kuba et Ilkay Gündogan partent seuls au but ; le Polonais se souvient que, l’an passé, dans ce même stade mais devant l’autre but, il avait raté un goal tout fait qui lui avait valu une célébrité mondiale sur Youtube. Du coup, cette fois, il préfère refiler la patate chaude à son coéquipier Ilkay Gündogan qui nous fait un peu peur avec un tir à la trajectoire dangereusement ascendante mais, comme il était tout près du but, cela finit sous la barre. Voilà un but qui fera du bien à celui qui peine à assumer la lourde succession de Nuri Sahin et qui récompense ce qui est sans aucun doute son meilleur match sous le maillot dortmundois.
En démonstration
Ce but curieux va faire très mal au moral déjà chancelant des Breisgauer. Il y a bien eu un coup de tête décroisé en début de deuxième mi-temps mais le cœur n’y est plus vraiment et le BVB va rapidement assurer sa victoire. Même la sortie sur blessure de la moitié de la défense n’a pas perturbé le Borussia. C’est tout d’abord Kevin Großkreutz qui profite d’une passe en retrait de Robert Lewandowski pour déposer une merveille de balle enroulée dans le petit filet. La fête de tir sera conclue sur un contre rondement mené entre Shinji Kagawa, Kevin Großkreutz et Robert Lewandowski, permettant au Polonais d’inscrire le quatrième but dortmundois, le troisième dans le but vide après avoir mis hors de position toute la défense adverse. Une défaite 4-1, un match rapidement plié, une météo exécrable, une température glaciale, une équipe dernière du classement, on connaît pas mal de stades qui se seraient vidés bien avant la fin dans ces conditions. Mais là, il a fallu attendre la 88ème pour voir le premier type se lever et encore, si ça se trouve, c’était pour aller chercher une bière. Respect.
Freiburg en danger
D’ailleurs, on espère bien que cette équipe de Freiburg va s’en sortir et pas seulement parce que cela nous fait un déplacement à bon compte, vu sa proximité géographique. Mais aussi parce que c’est un club qui réussit des miracles avec peu de moyens et parce qu’il y a toujours une atmosphère très sympathique dans ce stade vétuste au charme un peu désuet qui tranche avec les Arena flambant neuves qui essaiment un peu partout en Allemagne. Mais le maintien s’annonce compliqué, Freiburg n’a pas le budget pour faire des folies durant le mercato hivernal et va même devoir lutter pour conserver son buteur vedette Papiss Demba Cissé. Il faudra tout de même que les dirigeants fribourgeois se posent la question de l’entraîneur car l’an passé à pareille époque, Freiburg avait 28 points contre 13 aujourd’hui et pourtant il n’y a pas eu de grands changements dans l’équipe. Sauf l’entraîneur. C’est dire si le néophyte Marcus Sorg n’a pas encore convaincu qu’il avait la capacité à réussir les mêmes miracles que son prédécesseur Robin Dutt.
A l’année prochaine !
Si le score est un peu flatteur, Dortmund termine bien un premier tour qu’on qualifiera de satisfaisant. Avec une infirmerie qui se remplit de plus en plus, le Borussia voit arriver la trêve avec satisfaction. Avant de goûter un repos bien mérité, les Borussen devront toutefois relever un dernier défi, en 1/8ème de finale de la Coupe d’Allemagne sur la pelouse du Fortuna Düsseldorf, leader de la Zweite Liga, dans un stade qui sera sans doute chauffé à blanc. Mais ce sera sans nous. On termine donc nos pérégrinations germaniques de cette année 2011 comme on les avait commencées : dans un Biergarten, par une température glaciale et avec une victoire du BVB. Rendez-vous en janvier 2012 pour de nouvelles aventures germaniques.
SC Freiburg – Borussia Dortmund 1-4 (1-2).
Badenova Stadion, 24’000 spectateurs (guichets fermés).
Arbitre : M. Perl.
Buts : 7e Lewandowski (0-1), 34e Rosenthal (1-1), 44e Gündogan (1-2), 59e Großkreutz (1-3), 70e Lewandowski (1-4).
Freiburg: Baumann; Schmid, Krmas, Ferati, Bastians; Caligiuri (82e Dembelé), Makiadi, Flum, Putsila, Rosenthal (70e Reisinger); Cissé. Entraîneur: Marcus Sorg.
Dortmund: Weidenfeller; Piszczek, Santana (71e Perisic), Hummels, Schmelzer (62e Owomoyela); Gündogan, Kehl; Blaszczykowski, Kagawa, Großkreutz; Lewandowski (85e Barrios). Entraîneur: Jürgen Klopp.
Cartons jaunes: 40e Rosenthal, 78e Lewandowski.
Notes: Freiburg sans Schuster (suspendu), Barth, Mujdza ni Bickel (blessés), Dortmund sans Koch, Götze, Bender, Subotic ni Leitner (blessés).
Classement (17 matchs): 1. Bayern 37 2. BVB 34 3. Schalke 34 4. Mönchengladbach 33 5. Bremen 29 6. Leverkusen 26 7. Hannover 23 8. Stuttgart 22 9. Hoffenheim 22 10. Köln 21 11. Hertha BSC 20 12. Wolfsburg 20 13. Hambourg 19 14. Mainz 18 15. Nürnberg 18 16. Kaiserslautern 16 17. Augsburg 15 18. Freiburg 13.
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