L’histoire retiendra que c’est à Madrid que le BVB version Lucien Favre a connu sa première défaite. Mais ce n’est sans doute pas le revers qui a le plus affecté le peuple jaune et noir. Entre le souvenir d’un magnifiques séjour à Madrid, une qualification et même une première place du groupe absolument pas compromises et surtout la perspective du choc à venir contre le Bayern Munich, cette défaite en terre madrilène pourrait même assez rapidement être reléguée au rang de l’anecdote.

C’était le déplacement que l’on était nombreux à avoir pointé du doigt pour cette phase de groupe. En effet, avec la faible capacité du stade et donc du secteur visiteurs, les déplacements de Brugge et Monaco ne permettaient pas vraiment les invasions massives qui ont construit la légende du Borussia Dortmund International. A Madrid, avec près de 4000 tickets reçus pour le peuple jaune et noir, c’était déjà plus conforme à nos standards de déplacements européens. Ce n’est peut-être pas la destination la plus originale puisque nous avons déjà eu largement l’occasion de nous y rendre avec nos multiples affrontements face au Real Madrid mais, cette fois, avec l’Atletico et son nouveau Wanda Metropolitano, ça nous changeait un peu d’un énième déplacement à Santiago Bernabeu.

Borussia Dortmund International

Je débarque donc l’avant-veille du match dans la capitale espagnol. Le jaune et noir n’est pas encore très présent, c’est l’occasion de faire un peu de tourisme. Et de découvrir quelques perles comme ce tombeau orné d’un RIP Baviera aperçu dans la crypte de la très impressionnante Cathedral Santa Maria la Real de la Almudena. A quatre jours de BVB – Bayern, on y voit un signe positif…

Mais, à mesure que le jour et l’heure du match approchent, les fans commencent à débarquer en masse et les visites cèdent le pas aux bars, tapas et autres jamon. On retrouve les potes, on se remémore quelques déplacements épiques du côté de Donetsk, Klagenfurt, Salonique ou Krasnodar, les bières s’enchaînent. C’est toujours des moments privilégiés ces déplacements européens entre visite, culture (enfin, à dose homéopathique), amitiés et fête. De l’avis général, ce déplacement à Madrid était vraiment une réussite en tout point et ce avant même que le match ne débute.

Wanda Metropolitano

D’ailleurs, le match, on a presque failli l’oublier. Dans toutes les conversations, l’affiche qui revenait, c’était bien celle du samedi. C’est sûr qu’avec nos 9 points en trois matchs, le 4-0 du match aller, on ne jouait ni notre destin européen ni même la première place du groupe dans cette rencontre face à l’Atletico. Bien sûr, une victoire nous aurait permis d’assurer la victoire dans le groupe et de jouer les deux derniers matchs de poule sans aucune pression mais c’était un enjeu secondaire par rapport à l’opportunité qui nous est donnée de prendre sept points d’avance en Bundesliga samedi… Le délire sécuritaire habituel de la police espagnol va achever de calmer les esprits : obligation d’accéder au stade depuis un arrêt de métro perdu, cortège dans l’obscurité encadré par la police montée, fouilles tous les cinq mètres et même pendant le match, absence d’alcool…

C’est un peu absurde mais tu fais la fête pendant trois jours et, quand arrive l’heure du match, sensé être l’objectif de la semaine, tu as tendance à décompresser. Pourtant, on découvre avec plaisir ce nouveau Wanda Metroplitano ; je n’aime d’habitude pas trop ces enceintes ultramodernes mais celle-là est plutôt réussie, on regrette le premier anneau un peu arrondi, par contre les anneaux supérieurs sont bien raides. Et l’ambiance, sans être à se rouler par terre, est quand même largement supérieure à celle de Santiago Bernabeu. Au moins à l’Atletico, on a l’impression d’avoir de vrais fans en face de nous et pas juste des touristes et quelques ultras repentis en mode réserve d’indiens derrière un but pour donner un aperçu aux touristes précités de ce qu’était l’ambiance d’un match de foot avant. Non, mardi, on a vécu une vraie ambiance de football, même si, de notre côté, contexte oblige, ça manquait un peu de passion et à vrai dire de tension, tant la perspective d’une défaite ne nous faisait pas vraiment peur.

Une demi-heure en contrôle…

Nous nous étions d’ailleurs posé la question de savoir si Lucien Favre allait aligner sa meilleure équipe ou faire tourner en prévision du match contre le Bayern. Il a finalement estimé qu’il y avait suffisamment de repos avant le choc de samedi et que ça valait d’aligner plus ou moins son équipe type pour tenter d’assurer le première place. Notre début de match n’est pas inintéressant. On s’attendait à voir des Colchoneros avides de faire oublier la débâcle du match aller qui nous mettent d’emblée sous pression mais Diego Simeone a retenu la leçon : pas question de venir presser comme ils l’avaient fait en début de deuxième mi-temps au Westfalenstadion avant de sombrer, l’Atletico démarre de façon plutôt prudente. Notre équipe contrôle donc plutôt bien le jeu pendant une demi-heure, on est même plutôt mieux en place que les Madrilènes, on arrive assez facilement à couper leurs lignes de passe. Mais ça manque cruellement d’occasion de but, on se contente de faire tourner le ballon mais on ne discerne pas vraiment de volonté d’aller faire mal à l’adversaire. C’est là qu’on se dit que nos Jungs avaient peut-être déjà aussi un peu la tête au Bayern…

Le déluge

En revanche, Atletico voulait vraiment sa revanche. Le plan de Simeone, c’était d’abord de jouer compact, gagner les duels et aller très vite vers le but. Et, après une ou deux alertes sans frais, leurs attaques ont commencé à se faire beaucoup plus tranchantes. C’est donc assez logiquement qu’est tombée l’ouverture du score : une récupération, une action qui part sur le droit, un centre en retrait et une frappe un peu ratée de Saúl Ñiguez, mais la déviation de Manuel Akanji trompe Roman Bürki. Pas beaucoup de réussite pour nos Jungs sur le coup mais la réussite en revanche sera de notre côté pour n’atteindre la pause qu’avec ce but de retard. Car les occasions pour les Colchoneros vont se multiplier dans le quart d’ehure précédent la mi-temps, une véritable avalanche qui déferle vers notre but à chaque récupération de balle, il faut le dessus de la latte, Bürki, quelques sauvetages en catastrophe pour atteindre la pause avec seulement 1-0.

Le hold-up manqué

Après la pause, la pression madrilène est moins nette mais les occasions restent pour l’Atletico. Roman Bürki, le meilleur dortmundois mardi, dévie notamment miraculeusement dans le petit filet. La possession est pour nous mais cela reste toujours aussi stérile. Et pourtant, nous avons bien failli arracher une égalisation qui aurait tout eu du braquage : sur un centre d’Alcacer, Guerreiro, qui venait d’entrer, se retrouve seul à cinq mètres du but mais ne parvient pas à cadrer sa reprise de la tête. Nous venions de laisser passer notre chance. Car, en contre, Griezmann inscrit le 2-0, à une dizaine de minutes de la fin, match plié. Et c’est complètement logique, même si l’écran géant indique au final 65% de possession de balle pour nos Jungs. Mais au décompte des occasions de but et des tirs, l’avantage est très nettement en faveur des Colchoneros.

Zieht den Bayern die Lederhosen aus

Au final, cette défaite n’a rien de dramatique. Et comme l’a dit Lucien Favre, elle nous permettra d’apprendre. Lors des trois matchs précédents, Hertha, Union et Wolfsburg, j’avais trouvé que nos Jungs étaient tombés dans une certaine facilité. La qualité de jeu est meilleure mais on n’a plus tout à fait la rage qui nous a permis d’arracher des buts et des victoires à l’énergie en début de saison. Et cela ne pardonne pas face à l’une des équipes les plus agressives et les plus efficaces d’Europe, un Atletico revanchard et qui avait besoin de s’imposer pour ne pas menacer sa qualification, beaucoup plus tranchant et déterminé dans le dernier geste.

Mais nous restons en tête du groupe et deux victoires, à domicile contre Brugge et à Monaco, nous assureront définitivement cette première place. L’heure n’était donc pas à la consternation à la sortie du stade, j’ai rarement vécu une défaite acceptée de manière aussi sereine et les « Zieht den Bayern die Lederhosen » entonnés en Gästebloc montraient bien qu’avant même le coup de sifflet final les esprits étaient déjà tournés vers le choc de samedi contre le Bayern. Et puis, si on veut gagner dans ce stade Wanda Metropolitano, on aura toujours l’occasion d’y revenir : c’est là que se jouera la finale de la Ligue des Champions en mai prochain. Les repérages sont faits !

Catégories : Au Stade

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