En cherchant un peu trop le geste parfait ou le schéma d’école, le BVB s’est un peu compliqué la vie à Wolfsburg en ne parvenant pas à inscrire le but du break et en étant tout proche de concéder l’égalisation sur la fin. Mais, au final, l’essentiel est sauf : le Borussia a abordé de la meilleure des manières cette période fatidique de novembre et décembre qui nous a si souvent été néfaste ces dernières saisons.
Depuis notre dernier titre en 2012, nous avons à plusieurs reprises réussis des débuts de saison qui nous ont laissé croire que notre club favori pourrait à nouveau rivaliser avec le Bayern pour la quête du Meisterschale. Cela a été le cas en 2013-2014 avec Jürgen Klopp, en 2015-2016 avec Thomas Tuchel et en 2017-2018 avec Peter Bosz : à chaque fois, nous avions traversé la fin de l’été et le début de l’automne comme dans un rêve, avec un BVB qui jouait bien, marquait beaucoup de buts et jouait la tête du classement. Mais à chaque fois, les mois de novembre et décembre nous avaient été fatals et nous étions arrivés à Noël avec, sous le sapin, le glas de nos rêves de titre en raison d’un retard insurmontable sur le Rekordmeister. Trois entraîneurs différents, des raisons pas toujours identiques, parfois les blessures, la fatigue, l’enchaînement des matchs, un effectif pas assez large, d’autres fois des mauvais choix tactiques, un manque de muscle et de guerriers dans l’effectif, la difficulté de se réinventer, un mental défaillant. Mais, au final, un constat identique : le BVB flamboyant de l’été et du début de saison n’avait pas résisté aux rudes batailles de l’hiver et s’était retrouvé à jouer au mieux pour la deuxième place au second tour.
Nul doute que ces difficultés hivernales ont aussi guidé les réflexions de nos dirigeants au moment d’entreprendre les nombreuses réformes dans notre club cet été : un entraîneur plus souple tactiquement et capable de faire évoluer et progresser son équipe, un effectif plus large, des joueurs plus combattifs et leaders… Sur le papier, nous sommes mieux armés que par le passé pour affronter cette période charnière. Mais cela reste de la théorie et, selon la fameuse maxime d’Adi Preißler « Grau is’ im Leben alle Theorie – aber entscheidend is’ auf’m Platz », nous attendons donc de voir les réalités du terrain. Mais on a vécu tellement souvent ces sorties de stade et retour glauques dans la nuit, le brouillard, le froid, la pluie de novembre, ces marchés de Noël de décembre où nous noyons dans le Glühwein la mort de nos rêves et illusions de titre nés dans l’euphorie d’un début de saison réussi que c’est une période de l’année que nous abordons avec une certaine appréhension.
Le bunker des Loups
Et surtout en commençant par le déplacement à Wolfsburg : car cette séquence avec le déplacement à Autostadt et la venue du Bayern au Westfalenstadion, nous l’avions déjà vécue en novembre 2013. Jusque-là, la BVB jouait bien et n’avait qu’un point de retard sur le Rekordmeister mais le déplacement chez les Wölfe avait constitué le tournant de la saison. Marco Reus avait ouvert le score mais ensuite on avait perdu Subotic sur une grave blessure puis le match 2-1, derrière les blessures s’enchaînent on perd contre le Bayern avec une équipe bricolée et on arrive à Noël en ayant perdu tout espoir de titre.
Nous arrivons à Wolfsburg en espérant bien sûr une issue moins funeste. Pourtant, ce déplacement débute mal. Autostadt, ce n’a jamais constitué le déplacement le plus fun de la saison mais le complexe Volkswagen autour du stade assurait toujours un déplacement sympa. Mais pas samedi dernier. La police avait décidé de transformer le stade en camp retranché : pas de bière même autour du stade, aucun accès aux Biergarten, une triple fouille aux entrées, des policiers partout même en Block, des sanitaires hors d’usage… Triste. Il y a bien eu quelques incidents ces dernières saisons entre ultras du BVB et de Wolfsburg (cela avait d’ailleurs été l’occasion de constater l’existence d’ultras à Golfsburg) mais toujours loin du stade, rien qui ne justifie un tel déploiement sécuritaire. N’oublions pas que le succès populaire de la Bundesliga repose sur une approche festive et conviviale incompatible avec une telle démonstration de testostérone de la part des forces de l’ordre. Et l’ambiance s’en ressent : par rapport à notre premier déplacement en Basse-Saxe cette saison, à Hanovre, dans un environnement beaucoup plus détendu et festif, l’ambiance est deux tons en-dessous, même en Gästeblock.
Le souci du détail
Mais on le sait: dans une saison de Bundesliga, c’est comme cela, il y a des déplacements moins sympas que d’autres où, finalement, tu y vas pour soutenir ton équipe et repartir avec les trois points même si ce n’est pas la même folie et le même plaisir que d’habitude. Et puis notre équipe va nous en donner du plaisir, en première mi-temps surtout. Nous avions des places en haut du Gästeblock et nous avons pu apprécier la qualité de l’occupation du terrain de nos Jungs. On avait l’impression d’évoluer avec deux joueurs de plus, alors même que l’adversaire courait bien davantage que nous : mais notre occupation rationnelle nous permettait toujours de trouver un joueur démarqué et des décalages alors que lorsque les Wölfe avaient le ballon nous avions toujours l’impression d’avoir un joueur pour couper les lignes de passe. Ce n’était peut-être pas très spectaculaire mais c’était assez impressionnant de maîtrise collective. Et ça a fini par payer, sur une action d’école avec Paco Alcacer et Marco Reus qui s’amusent de la tête pour ouvrir le score comme à l’entraînement. Nous avions vu nos Jungs entraîner ce type d’action cet été à Bad Ragaz, on pensait que c’était juste pour amuser le public en fin de séance mais, avec Lucien Favre, il n’y a jamais d’exercice inutile. Le souci du détail, toujours.
Attention aux fioritures
Toutefois, notre maîtrise collective ne nous a pas permis de classer l’affaire avant la pause. Pourtant, il y avait la place pour le faire. A plusieurs reprises, nous sommes parvenus à créer des décalages sur les côtés mais, à chaque fois, nous avons voulu tenter le centre en retrait pour inscrire un nouveau but de manuel. On pense notamment à cette action où Reus, en position idéale, laisse passer le ballon pour tenter la feinte géniale et le but d’anthologie, sans résultat. C’est très bien d’avoir une équipe qui veut régaler mais, des fois, le centre fort devant le but reste la solution la plus sûre de marquer, une déviation, un autogoal, c’est peut-être moins beau à voir mais ça nous aurait évité bien des frayeurs en deuxième mi-temps. Notre équipe est clairement en progrès dans la qualité de jeu mais elle se laisse parfois griser par un peu trop de facilité. Attention à ne pas vouloir faire de l’art pour l’art, à ne pas trop multiplier les fioritures : on arrive dans cette fameuse période de novembre et décembre où les matchs se durcissent, les conditions de jeu deviennent plus difficile, la fatigue commence à se faire sentir. A un moment donné, il faut avoir l’instinct du tueur et ne pas laisser passer l’occasion de tuer un match lorsqu’elle se présente.
Le danger
Déjà contre les deux clubs de Berlin, nous avions manqué de détermination au moment de marquer le but du break et cela nous avait valu des déconvenues en fin de match. L’ascendant physique que nous prenions sur nos adversaires en début de saison grâce à notre circulation de balle, qui nous avait permis quelques fins de partie spectaculaire, est beaucoup moins évident. Hertha, Union, Wolfsburg : trois équipes qui ne jouent pas de Coupe d’Europe et qui sont donc plus frais, à chaque fois nous avons connu des fins de rencontre pénibles. Car, après la pause, Wolfsburg s’est enhardi et est parvenu à desserrer l’étreinte. Ces Wölfe ne ressemblent pas vraiment à l’équipe sans âme des deux dernières saisons, qui avait dû jouer les barrages pour sauver sa place en Bundesliga. Ils jouent avec plus de confiance, plus d’allant et davantage de présence physique devant avec le duo Weghorst/Ginczek. Cela nous a valu bien des frayeurs en deuxième mi-temps ; à deux reprises, les Wölfe réclament un pénalty dont au moins une, sur une intervention très litigieuse de Zagadou à la 87e vraiment très limite. L’arbitre a décidé de ne pas siffler et de ne même pas consulter la VAR, tant mieux, car nous n’étions pas loin de la même déconvenue que contre le Hertha. Cela doit être la réussite du leader…
La bonne surprise
On aurait aussi pu s’éviter ces frayeurs en négociant mieux nos balles arrêtées : 14 corners, presque aucun danger, que des balles molles au premier poteau sur un joueur adverse, c’est clairement à corriger. Mais au final, on a tenu bon. Et on réalise même la bonne opération de la journée en apprenant le match nul du Bayern contre Freiburg. C’était une Arbeitssieg, ni le meilleur match ni la meilleure ambiance de la saison. Mais nous quittons le stade sourire aux lèvres, avec l’assurance d’aborder le Spitzenspiel de samedi avec quatre point d’avance sur le Rekordmeister. C’est la première fois depuis 2012 que nous allons pouvoir recevoir le Bayern dans notre antre du Westfalenstadion en étant devant eux au classement… et on se souvient tous comment ça s’était terminé ! Finalement, cette période tant redoutée de novembre et décembre n’a pas si mal commencé…
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