Il y a cinq ans, nous avions déjà eu droit à un déplacement un dimanche hivernal dans le Niederrhein, avec comme seul attaquant valide Balint Bajner. Vingt-quatre heures après un Schalke – Fortuna à Gelsenkirchen, nous avions alors poursuivi un week-end tout en romantisme vers une autre cité particulièrement glamour, Mönchengladbach, ses entrepôts déserts, ses parkings enneigés et glissants, ses zones industrielles, son équipe de football et son stade. Mais que reste t’il donc à Paris, Venise ou Vienne ?
Quand, pendant deux saisons, tu as eu la chance de faire la course en tête et de jouer pour le titre, d’entamer chaque match avec la perspective de se rapprocher du but suprême et de vivre semaine après semaine dans un état d’exaltation permanent, il devient difficile de se remotiver dès lors qu’il n’y a plus qu’une deuxième place à jouer. Certes, il y encore trois saisons, on aurait été comblé de voir unser BVB jouer pour la deuxième place mais là c’est un peu moins motivant. Et manifestement, les joueurs ressentent les mêmes sentiments car on a eu connu un Borussia Dortmund plus concerné et plus concentré que ce qu’il a présenté dimanche sous les flocons du Borussia-Park. En plus, en raison des suspensions de Lewandowski et Schieber, le BVB n’alignait qu’un seul attaquant de métier sur la feuille de match, Balint Bajner, un joueur emprunté à l’équipe réserve. Jürgen Klopp a bricolé une équipe avec Mario Götze en centre-avant et Moritz Leitner en meneur de jeu, ça n’a pas vraiment convaincu.
Journée déprime
Le tableau n’est guère plus rose du côté de Mönchengladbach, privé de ses deux créateurs à mi-terrain Juan Arango et Patrick Herrmann. L’autre Borussia connaît également une saison bien moins exaltante que la précédente, contraint à une longue course-poursuite pour tenter d’accrocher une place en Europa League. Fragilisés par leur élimination dans dite compétition à Rome contre la Lazio et sans doute encore un peu traumatisés par la claque du premier tour à Dortmund (0-5), les Fohlen débutent le match de manière ultra-prudente, sans franchement tenter d’aller marquer un but. Du coup, le spectacle n’est pas folichon. Tu sais que j’adore la Bundesliga (si, si…) et que je suis toujours le premier à défendre la qualité du jeu qui y est présenté mais il faut reconnaître qu’il nous arrive parfois de nous y ennuyer, surtout lors des matchs du dimanche, va savoir pourquoi… Pourtant, comme toujours lors du Borussen-Derby, l’ambiance était magnifique au Borussia-Park.
Götzeus évidemment
Bref, il ne se passe pas grand-chose entre un Mönchengladbach massé en défense et un Dortmund qui exerce une nette domination territoriale mais commet beaucoup trop de mauvaises passes et manque singulièrement de conviction dans les frappes de balle. A part une reprise contrée de Grosskreutz et une tête de Leitner facilement captée par ter Stegen, rien à signaler durant la première demi-heure. Comme souvent, la lumière va venir du duo Götzeus. Par ailleurs très discret pour son retour au Borussia-Park, Marco Reus lance Mario Götze qui est fauché par ter Stegen. Le pénalty s’imposait. Depuis l’échec de Blaszczykowski (au demeurant blessé dimanche) à Leverkusen dans cet exercice, Dortmund n’a plus de tireur de pénaltys attitré, alors c’est Mario Götze qui s’y colle pour ouvrir le score d’un contre-pied impeccable. On se disait que le plus dur était fait.
La bonne inspiration de Lucien Favre
Mais, à la pause, Mats Hummels doit céder sa place à Felipe Santana et le Brésilien se signale d’emblée par deux relances exécrables dans les pieds adverses. Les Fohlen commencent à se dire qu’il y a quelque chose à faire et s’enhardissent, Nordtveidt et Stranzl alertent Weidenfeller. En face, le BVB s’ingénie à mal jouer ses ballons de contre, comme ce centre qui traverse les seize mètres en évitant scrupuleusement les quatre bonshommes en jaune qui attendaient à la réception. On sentait arriver l’accident et celui-ci n’a pas manqué de se produire sur un centre dévié d’Oscar Wendt repris par Amin Younes dont le tir, également dévié, file hors de portée de Weidenfeller. Troisième apparition en Bundesliga, première titularisation, premier but : Amin Younes, 19 ans, international allemand M-19 d’origine libanaise, se souviendra longtemps de ce match contre le champion d’Allemagne (je ne vais pas rater une occasion de le rappeler, vu que ce n’est plus pour très longtemps). Lucien Favre prouvait là une nouvelle fois son flair avec les jeunes en lançant Younes, qui avait débuté la saison avec l’équipe réserve en Regionalliga, plutôt que l’onéreux Granit Xhaka lequel n’avait pas su saisir sa chance la semaine précédente à Hambourg en perdant bêtement le ballon qui avait précipité la défaite des Fohlen. Les jours de l’international suisse du côté du Borussia-Park semblent comptés.
Les balles de match
Après l’égalisation adverse, Dortmund vacille et de Jong est tout près de donner l’avantage à Gladbach ; le BVB parvient toutefois à reprendre le contrôle du match et à se réinstaller dans le camp adverse mais ter Stegen sauve devant Götze. Le match nul n’arrange finalement ni l’une ni l’autre des équipes : il ne permet pas à Mönchengladbach de revenir sur les places européennes, pas plus qu’il ne permet à Dortmund de creuser l’écart sur Leverkusen et Francfort qui lui disputent les deux tickets qualificatifs directs pour la Ligue des Champions encore vacants aux côtés du Bayern Munich. Alors chaque équipe va avoir dans les arrêts de jeu une immense occasion d’arracher la victoire mais il devait être écrit quelque part qu’il fallait mesurer moins d’un mètres huitante pour inscrire son nom au tableau des buteurs dimanche au Borussia-Park. C’est tout d’abord Peniel Mlapa pour Gladbach, bien lancé par Luuk de Jong, qui part seul au goal, élimine Weidenfeller mais ne peut redresser la course du ballon qui finit dans le petit filet extérieur du but désert. Puis, c’est Mario Götze côté schwarzgelb qui enrhume la défense locale et sert un caviar à Sebastian Kehl, seul au deuxième poteau à quatre mètres du but vide. Las, le capitaine du BVB, peut-être gêné par Kevin Grosskreutz, trouve le moyen de tirer à côté. Jürgen Klopp, avec sa légendaire bonne foi, incriminera l’état déplorable du terrain mais j’aurai tendance à dire que, ce genre d’occasions, même sur le terrain de Pailly avec ses fameuses taupinières, elles doivent finir au fond. C’est ballot, une victoire arrachée à la 92e nous aurait fait paraître moins long l’interminable trajet de retour depuis Mönchengladbach, surtout les quarante-cinq minutes où l’on est restés bloqués sur un parking glacial.
Le choc
On ne gardera donc pas un souvenir impérissable de ce Borussen-Derby. Heureusement, on aura vite l’occasion de tourner la page puisque déjà se profile le quart de finale choc de la Coupe d’Allemagne à l’Allianz Arena entre le Bayern Munich et le Borussia Dortmund. Le BVB vu à Gladbach n’a pas franchement rassuré trois jours avant de défier ce qui est probablement la meilleure équipe d’Europe actuellement. Mais chaque match a sa propre histoire. En récupérant Lewandowski, Schieber et, avec un peu de chance, Hummels, Blaszczykowksi et Piszczek (également sorti sur blessure dimanche), mais aussi en mettant bien davantage d’envie et d’intensité, on est persuadé que le BVB peut réussir quelque chose contre sa victime préférée. Et puis, la Coupe d’Allemagne cela reste la meilleure opportunité de ramener un trophée à Dortmund cette saison… Vivement mercredi !
VfL Borussia Mönchengladbach – Borussia Dortmund 1-1 (0-1).
Borussia-Park, 54’010 spectateurs (guichets fermés).
Arbitre : M. Perl.
Buts : 31e Götze (pénalty, 0-1), 67e Younes (1-1).
Mönchengladbach: ter Stegen; Jantschke, Stranzl, Dominguez, Daems; Marx, Nordtveidt; Rupp (93e Brouwers), Younes (80e Mlapa), Wendt; Hanke (63e de Jong). Entraîneur: Jürgen Klopp.
Dortmund: Weidenfeller; Piszczek (82e Sahin), Subotic, Hummels (46e Santana), Schmelzer; Gündogan, Kehl; Grosskreutz, Leitner (71e Bajner), Reus; Götze. Entraîneur: Lucien Favre.
Cartons jaunes: 26e Marx, 30e ter Stegen, 88e Jantschke, 89e Santana.
Notes: Mönchengladbach sans Herrmann (suspendu) ni Arango (blessé), Dortmund sans Lewandowski, Schieber (suspendus), Blaszczykowski ni Owomoyela (blessés).
Classement (23 matchs): 1. Bayern 60 2. BVB 43 3. Leverkusen 42 4. Francfort 38 5. Freiburg 35 6. Hambourg 34 7. Hanovre 33 8. Mainz 33 9. Schalke 33 10. Mönchengladbach 31 11. Stuttgart 29 12. Brême 28 13. Düsseldorf 27 14. Nürnberg 27 15. Wolfsburg 27 16. Augsburg 18 17. Hoffenheim 16 18. Fürth 16.
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