Lucien Favre s’est essayé pour la première fois à l’exercice du Podcast pour le site officiel du Borussia Dortmund. Encore plus que pour les joueurs, la situation actuelle est compliquée à gérer pour un entraîneur qui doit organiser des entraînements sans contact entre ses joueurs et garder son équipe sous tension sans savoir quand ni même si la saison reprendra. Notre entraîneur s’est donc confié sur la manière dont il vivait cette situation si particulière.

La téléphonie vidéo pendant la crise du coronavirus.

Nous la pratiquons beaucoup maintenant. Surtout avec nos deux petits-enfants qui ont deux et quatre ans. C’était fantastique que nous ayons vu un renard dans notre jardin et de pouvoir le présenter en direct par vidéoconférence. Pas seulement une seconde, le renard est resté pendant 30 minutes. Avec nous dans le jardin. Incroyable ! Nous l’avons montré à nos petits-enfants et ils ont demandé pourquoi il était là. C’était fantastique. Le renard arrive ponctuellement tous les soirs à 19:30. Il est venu par surprise il y a trois semaines, maintenant c’est tous les jours.

Le temps plus nombreux passé avec son épouse.

Nous sommes ensemble depuis plus de 40 ans. Ce n’est pas un problème. Nous avons un jardin. Nous pouvons faire une promenade. Bien sûr, nous devons être prudents et disciplinés pendant un moment à cause de la pandémie du corona. Mais ce n’est pas un problème pour nous. Et nous pouvons aussi nous entraîner, au moins un peu. Je ne suis donc pas seulement à la maison. C’est beau d’avoir un peu plus de temps maintenant. C’est bien. Maintenant, il y a un peu plus de repos, sinon tout va toujours très vite.

La réjouissance si le Bundesliga peut reprendre.

C’est une chose incroyable. C’est bizarre. Le coronavirus change beaucoup. Soudain, nous ne pouvons plus jouer au football, nous ne pouvons plus nous entraîner normalement. Nous espérons que le football recommencera bientôt. Naturellement, il nous manque. Mais ça va pour nous, c’est une période beaucoup plus difficile pour d’autres personnes en ce moment.

Les problèmes d’un entraîneur pendant la pandémie du coronavirus.

Je préfère voir le positif. C’est bien que nous puissions au moins faire certaines choses que nous n’avions normalement pas le temps de faire. Nous travaillons beaucoup dans le domaine individuel et technique. Technique au sol, technique en l’air, technique devant le but. Bien sûr, nous nous entraînons également sur le plan physique mais avant tout nous travaillons sur la technique des joueurs. D’habitude, nous ne le faisons pas beaucoup et nous en profitons maintenant. C’est sympa, les joueurs le font très, très bien. Nous sommes heureux de pouvoir à nouveau nous entraîner. Et les joueurs s’amusent beaucoup car ils ont toujours le ballon avec eux et peuvent apprendre beaucoup. Pied droite, pied gauche : c’est juste un entraînement différent que d’habitude.

L’entraînement actuel.

Nous ne pouvons pas toujours faire les mêmes choses et nous devons en imaginer de nouvelles. Jusqu’à présent, cela fonctionne très, très bien. Nous sommes toujours contents après l’entraînement. Nous devons nous préparer le mieux possible afin d’être prêts si les choses reprennent à un moment donné. Nous travaillons par groupes, changeons aussi les entraîneurs qui travaillent avec chaque groupe et gardons les distances. C’est très important.

La préparation de matchs à huis-clos.

C’est complètement nouveau, pour tous. C’est très, très étrange. Nous l’avons également remarqué à Paris. Nous devons très bien préparer l’équipe. C’est différent. Il n’y a pas de spectateurs, il n’y a aucun soutien des fans. Il n’y a aucune agitation dans les tribunes. D’habitude ici à Dortmund nous jouons devant plus de 80’000 spectateurs qui poussent l’équipe sans limite. Nous devons nous habituer au fait que ce sera complètement différent pour l’instant.

Les neuf matchs encore à jouer et des possibles surprises.

Personne ne peut encore le dire. Mais nous devons également être préparés mentalement. Nous allons être dans des stades qui sont vides, où il n’y aura ni bruit ni soutien. Pas de sifflets. Rien. J’espère que nous allons bientôt reprendre à onze contre onze à l’entraînement. Ce seront nos matchs de préparation. Nous en avons absolument besoin. Nous devrons le faire régulièrement pour nous habituer à l’entraînement à la situation sans spectateurs. Nous devons le faire au mieux. D’abord, deux fois 25 minutes, puis deux fois 35 minutes, puis deux fois 45 minutes. Sans matchs amicaux, il sera difficile d’être directement à nouveau performant. Mais nous devons y arriver.

La perte de substance des joueurs pendant la pause.

Les joueurs ne se sont entraînés individuellement à domicile que durant dix jours puis nous avons pu commencer par groupes de deux à l’entraînement. Ils n’ont pas perdu beaucoup. Mais nous n’avons joué aucun match depuis le 11 mars. Au final, cela fera bien deux mois sans matchs. C’est pourquoi nous devons simuler le plus de matchs possibles à l’entraînement, dès que nous y serons autorisés. Ce sera très, très important.

Le médecin de l’équipe Dr. Markus Braun.

Nos médecins ont beaucoup à faire et ils font un travail incroyable. Quand tu vois les images dans les hôpitaux ou tu lis ce qu’il s’y passe, c’est incroyable.

La renonciation aux salaires dans le football.

Je suis content qui nous puissions aider. Ce n’est pas une chose spéciale pour moi, c’est juste normal. C’est bien mais ce n’est pas extraordinaire. C’est pourquoi je l’ai dit très tôt. Les joueurs doivent comprendre cela, les entraîneurs doivent comprendre cela. Cela doit être tout à fait normal.

Ses espoirs sur la période après le coronavirus.

Je pense aux gens qui meurent. C’est très difficile. Les personnes qui décèdent ne peuvent à la fin plus voir leur famille ou leurs amis. Ils meurent seuls. Seul ! C’est très, très dur. C’est une catastrophe. Je suis triste quand j’en parle. J’espère que nous en retiendrons quelque chose. Nous devons également tirer les leçons de la crise pour l’environnement. J’ai vu une photo d’un village indien où les gens peuvent revoir les montagnes, alors que ce n’était auparavant plus possible en raison de la pollution de l’air. L’eau est aussi un peu plus claire à Venise. L’homme est capable d’inventer beaucoup de choses. C’est fantastique mais nous allons trop loin, nous allons simplement trop loin. L’homme va toujours trop loin. Nous devons y penser.

La solidarité avec les réfugiés des îles grecques.

Il y a beaucoup, trop de réfugiés à Lesbos – et ils sont tous ensemble. Ils dorment tous ensemble, ils doivent utiliser des toilettes que des dizaines de milliers de personnes utilisent chaque jour. Et ils doivent y rester. C’est incroyable – et ça ne peut pas être ainsi.

Source : bvb.de et propos repris dans la RuhrNachrichten.

Catégories : Nos Interviews

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