Pour son premier tour de Pokal à Düsseldorf, le BVB a fait le job et a obtenu ce qu’il était venu chercher : la qualification. Ce fut loin d’être facile mais nos Jungs ont su accélérer en deuxième mi-temps. Au-delà d’un match sérieux, c’est surtout l’ambiance grandiose mise par les 15’000 Borussen présents au Merkur Spiel-Arena et les retrouvailles émouvantes avec Kevin Großkreutz qui auront marqué la soirée.

C’est une nouvelle saison qui débute mais il y a des choses qui ne changent pas. Comme l’inefficacité de la Deutsche Bahn, par exemple. J’ai atterri le matin du match à l’aéroport de Düsseldorf, distant d’à peine cinq kilomètres du stade. Mais ça aurait été trop facile. Je choisis de revenir sur Dortmund pour un repas à l’Alter Markt, quelques courses et ensuite effectuer le trajet avec les supporters. Mais, dix minutes avant l’horaire prévu pour le départ du Sonderzug, les écrans de la gare indique « Zug fällt aus », train annulé, sans autre explication ni plan B. Alors que les quais étaient déjà noirs et jaunes de fans…

Deux options étaient possibles pour rejoindre Düsseldorf, deux Regio, l’un par le Ruhrpott via Gelsenkirchen et Essen, l’autre par le Ruhrtal via Hagen et Wuppertal. Je choisis évidemment la deuxième option : moins je transite par Herne-West, mieux je me porte. Les ultras avaient fait le même choix. C’est une expérience sociologique intéressante mais somme toute moins agitée qu’on ne pourrait le penser, un trajet avec les ultras. Même quand le convoi s’éternise, notamment avec quatre arrêts pour la seule ville de Wuppertal. Le problème du déplacement avec les ultras, c’est qu’une fois arrivé à la gare, pas question de rejoindre le stade tranquillement avec le U-Bahn : tu es embrigadé dans la cortège avec les ultras. Ce qui signifie un voyage vers le stade en bus, sous haute escorte policière. Bref, il a fallu deux heures et demie pour effectuer un trajet qui aurait dû durer moins d’une heure… Mais nous arrivons encore suffisamment tôt pour déguster la Krakauer de Düsseldorf, il faut bien renouer avec les bonnes vieilles habitudes.

Le traquenard

J’aurai préféré jouer au Grotenburg, l’antre historique du KFC, cela aurait eu un côté vintage très sympa, mais le stade n’est pas homologué pour des matchs au-dessus de la Regionalliga. Néanmoins, l’ambiance est très sympa à Düsseldorf, le vrai coup d’envoi de la saison. Plus de 32’000 fans dont au moins la moitié de Borussen ; les Krefelder étaient aussi nombreux mais nous faisons beaucoup plus de bruit. Autant nous étions restés sur notre faim niveau ambiance lors de la Supercup, autant là c’était énorme : avec au moins 15’000 Schwarzgelben, cela restera l’un des tous gros déplacements de la saison, des fans déchaînés à l’idée de retrouver leur Borussia après une si longue pause, ça fait vraiment plaisir. Ce 1er tour de Pokal, le Chapuisatissico, le Burgsmüllerissico (le meilleur buteur étranger de l’Histoire du BVB et le meilleur buteur tout court du club venaient tout deux d’Uerdingen avant d’arriver à Dortmund) ou le Großkreutzissco, entre Uerdingen et le Borussia allait bien se jouer dans une ambiance fantastique.

Il restait encore à ce que notre équipe soit à la hauteur. Mine de rien, ce match était un vrai piège : Uerdingen, une bonne équipe de Dritte Liga avec déjà quatre matchs de championnat dans les pattes et donc plus de rythme, pas mal de joueurs expérimentés ayant déjà tâté de la Bundesliga et un entraîneur, le Suisse Heiko Vogel, qui a déjà éliminé Manchester United en phase de groupe puis battu le Bayern Munich à l’aller en huitième Ligue des Champions (avec le FC Bâle). Typiquement le genre d’adversaire qui peut te réserver une très mauvaise surprise si tu n’abordes pas le match avec sérieux et que tu arrives avec trop de confiance et de suffisance après une campagne de préparation euphoriques et une victoire en Supercup.

 

L’aimant autrichien

La physionomie du jeu est très différente que six jours plus tôt face au Bayern. Alors que le Rekordmeister avait dominé territorialement et avait effectué un pressing très haut, Uerdingen a choisi de nous attendre pour essayer de nous contrer. C’est sans doute un scénario que nous sommes amenés à rencontrer très souvent cette saison : notre armada offensive fait peur et la tentation va être grande pour nos adversaires de défendre bas et de manière compacte. Le BVB domine (80% de possession en 1ère mi-temps), forcément, et après un début de rencontre un peu timide, les occasions vont commencer à arriver. Mais dans les buts du KFC, il y avait un certain Lukas Königshofer. Un Autrichien de 30 ans, sans véritable référence, arrivé cet été d’Unterhaching après être passé par les Stuttgarter Kickers ou Halle… Pas vraiment un monstre mais, vendredi, il a fait notre désespoir pendant plus d’une mi-temps. A un moment, j’avais l’impression qu’il jouait avait des aimants dans ses gants tant il semblait attirer les ballons sur lui, notamment dans les dernières minutes de la première période. Deux premières parades devant Hummels et Alcacer puis deux autres en quelques instants juste avant la pause devant Sancho et Alcacer, on est partir chercher la bière de la pause en se disant que ce gardien allait peut-être finir par nous gâcher la soirée et plomber notre début de saison.

La délivrance

On était d’autant plus inquiets que le BVB n’était pas complètement serein en défense. Hitz a dû se détendre une première fois pour sauver d’une claquette puis il y a eu cette affreuse relance de Mats Hummels. C’est le Hummels que l’on n’aime pas voir, nonchalant et suffisant. Son retour ne fait déjà pas l’unanimité au Westfalenstadion et ce n’est pas avec ce type de relance qu’il va reconquérir les cœurs. Heureusement, cette fois cela n’a pas porté à conséquence puisque qu’Osawe part seul au but mais rate complètement son tir, beaucoup trop croisé. Ouf. Et re-ouf, quand à peine de retour du bar (ou plutôt des bars, le premier était en rupture de stock, il a fallu descendre deux étages pour trouver des bières…), le BVB ouvre le score. Sur une longue diagonale de Manuel Akani, Marco Reus, après un contrôle peut-être légèrement de la main, ouvre le score à bout portant. Une libération pour le peuple jaune et noir.

L’inévitable Alcacer

Tout est devenu plus facile après ce but. Autant Uerdingen était dangereux quand il ne s’agissait que de défendre, autant cela s’est compliqué quand ils ont commencé à devoir courir après le score. On les a sentis partagé entre l’envie de presser pour tenter d’égaliser et la crainte de se découvrir face à nos flèches offensives. Si bien qu’on n’a jamais vraiment redouté une égalisation. Le match était sous contrôle mais il restait encore à se mettre à l’abri, histoire d’éviter toute mauvaise surprise. Et depuis le début de la préparation, on a un joueur qui marque à chacune de ses sorties : Paco Alcacer. L’Espagnol n’entend plus se contenter d’un rôle de joker et le meilleur moyen d’en convaincre Lucien Favre, c’est d’enchaîner les buts. Cette fois, c’est sur un magnifique coup-franc que Paco a assuré notre victoire à douze minutes du terme. 0-2 du travail bien fait.

Dortmunder Jungs

C’est assez comique parce qu’on l’emporte sur le même score face au modeste Uerdingen que face au grand Bayern et avec des buts plus ou moins tombés aux mêmes minutes ! De là à dire que le KFC est aussi fort que le Rekordmeister… On n’a pas réussi un exploit mais c’est un match qui aurait pu mal tourner, surtout avec un gardien en feu en face, bravo à notre équipe d’avoir fait le job avec sérieux et application. Nous avons ainsi pu tranquillement laisser couler les dernière minutes dans l’expectative du moment que nous attendions tous avec impatience : les retrouvailles avec Kevin Großkreutz. Nous n’avons pas été déçus : Kevin devant ce mur jaune de 15’000 fans avec sa fille, un Dortmunder Jungs qui claque dans la nuit düsseldorfoise, la séquence émotion de la soirée. Et la satisfaction du devoir accompli, la première marche sur la route qui doit nous emmener en finale à Berlin. On n’oubliera pas que, la dernière fois que nous avions joué en Pokal à Düsseldorf, c’était fin 2011 contre le Fortuna, alors leader de Zweite Liga, cela avait été encore plus compliqué avec une victoire aux tirs au but après avoir joué plus de 90 minutes à 10 contre 11… L’étape la plus difficile sur la route qui nous menait au triomphe 5-2 en finale contre le Bayern Munich. De bon augure ? C’est sur cet heureux présage que nous avons quitté le stade pour aller fêter la victoire à l’Altstadt de Düsseldorf et ses nombreuses boîtes à Schlager. Le déplacement avait mal commencé avec l’annulation du Sonderzug, il s’est on ne peut mieux terminé dans l’une des rues les plus festives d’Allemagne.

Catégories : Au Stade

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