Au cours d’un week-end pascal touristico-footballistico-festif en Forêt-Noire, nous sommes tombés dans presque toutes les embuscades qui se sont présentées devant nous. Non sans déplaisir d’ailleurs. Mais la seule embuscade qu’il convenait de déjouer, c’était de s’en sortir sans dommage du piège fribourgeois sur le terrain et nos Jungs s’en sont plutôt bien tirés. Pour prolonger le rêve jusqu’au Derby. Et au-delà…

Pour une fois, les hasards du calendrier avaient bien fait les choses : Freiburg, un week-end de Pâques, c’était un cadeau. Car c’est sans conteste l’une des villes les plus agréables de notre saison d’Auswärtsfahrer en Bundesliga : une ville charmante, pas trop grande, universitaire jeune et donc vivante, avec des monuments, une cathédrale magnifique (et qui n’a pas brûlé, elle), les Bächle (ces petits ruisseaux traditionnels qui parcourent toutes les rues), les vieilles portes historiques…

Nous avons donc décidé de joindre l’agréable (trois jours sur place) au très agréable (le football). Et les alentours de la ville ne sont pas mal non plus, avec les collines et sommets de la Forêt-Noire. Nous consacrons une journée à l’ascension du plus haut sommet de dite Forêt-Noire, le Feldberg, qui culmine à 1’493 mètres. Une montagne à vaches pour nous autres Suisses mais, comme la région jouit d’un microclimat très particulier, la randonnée se fait pour l’essentiel dans la neige. Mais nous tenions à hisser les couleurs de notre Borussia tout en haut de la montagne, au sommet de laquelle trône d’ailleurs un ballon de football.

Almhütte, Biergarten et messe

Et puis, en route, entre ruisseaux, névés, lacs de montagne et pâturage, la région est parsemée de petits Almhütte, des bars de montagne, autant d’embuscades sympathiques dans lesquelles nous ne manquons pas de tomber.

L’embuscade suivante se situe sur les rives enchanteresses et les terrasses du Titisee, le lac au pied des montagnes, déjà en mode station balnéaire estivale.

Puis c’est le retour à Freiburg où nous attendent quelques Biergarten et quelques très bons restaurants, qui nous font même manquer la messe de minuit dans la cathédrale. Mais nous rattrapons le coup le dimanche matin : je ne suis pas croyant mais, après la victoire étriquée du Bayern la veille contre Brême, on se dit que cela ne peut pas faire de mal à notre équipe d’aller écouter ce que l’évêque local avait à raconter.

Les choses sérieuses

Après une Flammenküche de saison et de région, avec Bärlauch (ail des ours) et Spargeln (asperges) sur une sympathique terrasse le long d’un Bächle, il était l’heure de passer aux choses sérieuses : assez donné pour le farniente. Et, à Freiburg, les choses sérieuses commencent toujours dans l’énorme et sympathique Biergarten du PTSV Jahn. Les collines de la Schwarzwald et la Dreisam en arrière-fond, des bars partout, un soleil printanier, nous n’étions manifestement pas les seuls à avoir profité de ce week-end pascal pour prendre un peu de bon temps. L’ambiance est des plus festives, le Biergarten est bondé : entre deux tubes de Schlagerparade, les chants des deux clubs sont alternativement diffusés, repris en chœur par les fans des deux camps qui cohabitent le plus pacifiquement du monde et fraternisent joyeusement, les écharpes arborant conjointement les couleurs dortmundoises et fribourgeoises  sont légions. Cet endroit va nous manquer, lorsque le SCF aura construit son nouveau stade à l’autre extrémité de la ville. La seule fausse note du week-end, c’est, comme toujours à Freiburg, l’accueil au Dreisamstadion : un bloc visiteurs transformé en bunker, des policiers partout et pas d’alcool pour les fans jaunes et noirs. Il faudra m’expliquer la logique du truc, vu l’atmosphère festive et conviviale qui a régné tout au long du week-end entre Breisgauer et Borussen.

Le panache de Freiburg

Le match débute dans une superbe ambiance, tout à fait dans le ton du week-end. Ce stade n’est pas le plus fonctionnel ni celui qui garantit la meilleure vision (et encore, cette année j’avais une place Gäste assise, en debout tu ne vois pas grand-chose d’autre que les drapeaux des ultras et les grillages) mais il y règne vraiment une ambiance chaleureuse et conviviale, une sorte d’anti-Allianz Arena. Mais c’est aussi un stade qui peut se transformer en véritable piège avec ses fans très proches du terrain et qui transmettent beaucoup d’énergie à leur équipe.

Et, après être tombés dans autant d’embuscades depuis le début du week-end, on craignait que nos Jungs ne tombent à leur tour dans un traquenard, surtout si Freiburg avait décidé de poser le mur devant son but, un scénario de match qui ne nous convient guère. Mais nous allons rapidement être rassurés : dès le début, Freiburg attaque avec le jeu agressif et le pressing haut qui forment l’ADN de son jeu. Avec onze points d’avance sur un Stuttgart moribond à quatre matchs de la fin, les Breisgauer n’ont plus beaucoup à craindre pour leur maintien ; ils ont donc choisi le panache et de tenter crânement leur chance, pour aller chercher la victoire qui leur aurait permis d’assurer mathématiquement le Klassenerhalt plutôt qu’une stratégie frileuse pour embêter absolument le BVB et c’est tout à l’honneur de leur entraîneur, Christian Streich.

Un chef d’œuvre collectif

Ceci dit, Freiburg ne nous a fait aucun cadeau, bien au contraire. Leur pressing leur enthousiasme, leur envie nous ont posé beaucoup de problèmes en première mi-temps. Mais nos Jungs ont rapidement trouvé la faille grâce à une sublime triangulation sur la gauche entre Guerreiro, Götze et Reus qui sert Jadon Sancho pour l’ouverture du score. Après ce but précoce, on a surtout vu Freiburg mais sans beaucoup d’occasions. Néanmoins, Weigl doit sauver une fois sur une reprise à bout portant et Bürki réalise une magnifique parade sur une frappe de notre ancien joueur Stenzel. C’est dire qu’à la pause, nous n’étions pas mal lotis avec cet avantage de 0-1 sur notre seule vraie occasion, si l’on excepte un coup franc un peu flottant de Reus. Mais on sentait quand même chez nos Jungs une maîtrise dont nous n’avons que trop rarement fait preuve dans ce Rückrunde.

Le clin d’œil de Reus

Après la pause, Freiburg tire ses dernières cartouches avec une reprise juste à côté et une sortie un peu délicate de Bürki. Il n’a fallu qu’une dizaine de minutes à nos Borussen pour classer l’affaire sur une feinte subtile de Raphaël Guerreiro suivie d’une passe parfaite dans la course pour Marco Reus qui ne laisse pas passer l’aubaine. Notre capitaine nous a fait un plaisir fou en venant célébrer ce but devant nous et en appelant ses coéquipiers à en faire de même avec un poing rageur. Une osmose et une joie totales. Dès lors, c’est surtout sur des blessures que nous avons connu des frayeurs, d’abord avec la sortie de Wolf puis Reus qui reste à terre, heureusement finalement sans conséquences.

Au niveau de jeu, le match était plié, il y a encore eu quelques escarmouches fribourgeoises mais nous avons senti beaucoup plus de sérénité et de concentration dans notre arrière-garde que la semaine précédente contre Mainz. Le Borussia s’est donc fait plaisir et y ajouté la manière. C’est abord Mario Götze qui y va de son but après un déboulé de 50 mètres de Jadon Sancho et un caviar de Marco Reus. Et pourtant, Götzinho n’aurait plus dû être sur le terrain puisque cela faisait cinq bonnes minutes que Paco Alcacer attendait de le remplacer sur le bord du terrain. Mais le jeu était tellement intense et fluide qu’il n’y a pas eu d’arrêts de jeu durant tout ce laps de temps. Notre joker espagnol a quand même eu l’honneur de sceller le score à 0-4 sur un pénalty que Marco Reus a eu la délicatesse de lui laisser tirer

En toute amitié

La fête était complète et nous avons pu célébrer avec nos Jungs. Au coup d’envoi, nous étions à quatre longueurs du Bayern, tout autre résultat qu’une victoire eût été rédhibitoire mais nos Jungs ont su faire ce qu’il fallait pour déjouer le piège : trois premiers buts magnifiques, un réalisme implacable, une défense solide, cela n’avait rien d’évident sur un terrain où, rappelons-le, il n’y a pas si longtemps notre rival bavarois était venu égarer deux points (1-1).

C’était donc une superbe journée de football, tellement belle que même les joueurs fribourgeois sont venus saluer et applaudir notre performance en Gästeblock après le match ! Cette belle amitié s’est poursuivie dans le Biergarten. Re-chants des deux camps, bières à gogo et démonstrations de fraternité. Malgré la défaite 0-4, les fans du SCF fêtent comme une victoire et viennent nous féliciter, en nous souhaitant bonne chance pour la suite, nous avouant tous qu’ils ne sont pas trop déçus car ils préféreraient mille fois nous voir remporter le Meisterschale plutôt que le Rekordmeister. C’est presque à regrets que nous quittons cet endroit sympathique mais l’ambiance en ville n’était pas en reste : Biegarten, théories sans fin avec des fans des deux camps, restaurant, Bächle, discothèque …

Wir wollen den Derbysieg

Evidemment, ce ne sera pas tout à fait la même atmosphère avec les fans adverses ce week-end contre nos chers « amis » d’Herne-West. Dès la fin du match à Freiburg, nous avons entonné les chants traditionnels d’avant-Derby : c’est toujours le match le plus important de la saison mais là, en plus, nous avons la possibilité, en cas succès, de le terminer en tête du championnat. Au moins pour 24 heures, avant le match du Bayern dimanche à Nürnberg. Aussi tard dans la saison, ce serait juste un rêve. Nous savons bien que le Derby ne ressemble à aucun autre match et que le classement ne veut strictement dire dans un tel duel. Les Blauen peuvent sauver une saison calamiteuse s’ils parvenaient à venir ruiner nos rêves de Meisterschale. Mais, franchement, on n’a juste pas le droit : nous savons bien que notre rêve est en sursis depuis de longues semaines ; à la limite si nos espoirs avaient été anéantis dans cette belle ville de Freiburg ou la semaine suivante, à Brême (autre déplacement cinq étoiles), on s’en remettrait. Mais pas dans le Derby, pas contre eux, c’est juste inimaginable. Wir wollen den Derbysieg. Unbedingt !!!

 

Catégories : Au Stade

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