En février 2012, sur la route du Meisterschale, le BVB recevait Leverkusen avec seulement deux points d’avance sur le Bayern et trois sur Mönchengladbach. Même s’il n’avait pas spécialement brillé, le Borussia Dortmund avait aligné son quinzième match consécutif sans défaite en Bundesliga et restait accroché à sa première place au classement. En pleine déprime, Neverkusen attendait lui la réception d’un adversaire moins coriace, Barcelone, pour tenter de se créer une occasion de but.
Le Borussia Dortmund a enchaîné samedi un quinzième match sans défaite en championnat, récoltant au passage 39 points sur 45 possibles et égalant sa longue série d’invincibilité de l’automne 2011. Depuis le début de l’année 2012, en y ajoutant la Coupe, le BVB, c’est cinq matchs, cinq victoires, quinze buts marqués, deux encaissés. Clairement un rythme de champion, surtout que, comme la semaine dernière à Nuremberg ou samedi contre Leverkusen, le Borussia parvient aussi à gagner des matchs sans très bien jouer, ce qui est généralement le propre des équipes qui vont loin dans un championnat.
La Suisse-Romande est jaune et noire
Malgré la température glaciale (mais pas autant que pour le match du centenaire contre Freiburg), le stade affiche presque complet et les Biergarten sont pris d’assaut. Avec un soupçon d’accent francophone en plus que d’habitude. Quelques semaines avant de le rencontrer sur un terrain en huitième finale de Coupe vaudoise seniors, on aperçoit Stéphane Chapuisat devant le FanShop, avant d’aller boire l’apéro au Biergarten du Rote Erde Stadion avec une sympathique délégation de l’AS Haute-Broye. Alors que mes compagnons de route de la Broye fribourgeoise prennent la place en Südost Tribüne traditionnellement occupée par mes voisins polonais. Comme quoi, à force de faire du prosélytisme intempestif pour répéter en boucle que Dortmund c’est plus mieux que tout le reste du monde…
La prudence de Neverkusen
Le match du jour oppose le champion sortant Dortmund à son dauphin de l’an dernier, Vizekusen. Si le BVB tient son rang dans le présent championnat, c’est loin d’être le cas de la Werkself qui a quasiment abandonné tout chance d’atteindre son objectif minimal de la saison, soit d’obtenir une nouvelle qualification pour la Ligue des Champions. Néanmoins, le Bayer reste une grosse cylindrée de la Bundesliga et accessoirement la seule équipe allemande à avoir battu le BVB dans son antre du Westfalenstadion en 2010-2011. Après dix bonnes premières minutes, on sent les Pöhler dortmundois un peu plus craintifs que d’habitude, moins agressifs dans leur pressing offensif et moins dynamiques. Il faut dire que Neverkusen, décimé par les absences, débarque dans le temple jaune la peur au ventre. L’entraîneur Robin Dutt a troqué son habituel et plutôt offensif 4-2-3-1 contre un très prudent 4-4-2 avec un curieux milieu de terrain composé de quatre demis récupérateurs, laissant les seuls Kiessling et Schürrle animer l’offensive, ce qui s’avérera mission impossible.
Kagawa Shinji-la-la-la-la
Du coup, les occasions ne sont guère nombreuses. Pendant près d’une mi-temps, on ne dénombre qu’une sortie salvatrice de Bernd Leno devant Kevin Grosskreutz. Mais, même sans Mario Götze, absent, le BVB dispose d’individualités capables de faire basculer ce genre de match fermé. Cette fois-ci, c’est Shinji Kagawa qui s’y colle en se promenant dans la défense adverse avant de crocheter Oczipka et d’ajuster Leno d’un tir croisé dans le petit filet. De la belle ouvrage. Après un Hinrunde mitigé, on est en train de retrouver le Shinji éblouissant de l’automne 2010 et c’est plutôt réjouissant. On a juste eu le temps de sautiller trois fois en chantant « Kagawa Shinji-la-la-la-la » que déjà l’arbitre sifflait la mi-temps.
Leverkusen en plein Dutt
Cette ouverture du score n’a pas radicalement modifié la physionomie du match. Dortmund aurait pu et dû faire le break mais l’excellent Leno s’est interposé devant Lewandowski, Grosskreutz et sur la tentative d’autogoal de son coéquipier Kiessling, alors que le coup-franc de Subotic n’a fait que flirter avec la lucarne. Même s’il n’a pas réussi à se mettre à l’abri, le BVB n’a pas vraiment été inquiété, Leverkusen ne s’étant créé qu’une demi-occasion de tout le match, un tir de Schürrle qui a permis à Weidenfeller de réaliser un arrêt photo sans grande difficulté. Devant tant d’impéritie offensive, on se demande pourquoi Robin Dutt a une nouvelle fois laissé Michael Ballack s’échauffer quarante-cinq minutes sans entrer en jeu, comme un junior de 18 ans. On ne va pas s’en plaindre mais l’ancien capitaine de la Nationalmannschaft reste pourtant un joueur qui, dans ce type de match, aurait pu amener une égalisation sortie de nulle part, sur un tir de 25 mètres, un coup de tête rageur ou une passe géniale.
Robin Dutt faisait des miracles lorsqu’il s’agissait de faire déjouer les grands d’Allemagne avec le modeste Freiburg, il peine en revanche à endosser le costume du favori censé jouer le titre. Samedi, on a vu une équipe appliquée mais sans grinta et sans idée. Du coup, le Bayer est plus Neverkusen que jamais et Vizekusen ne pourra même pas postuler à un énième titre de vice-champion d’Allemagne. Ceci dit, depuis le début de cette saison, les Rheinländer ont toujours pu compter sur la Ligue des Champions pour oublier les difficultés du championnat. Du coup, après s’être montré incapable d’inquiéter la défense dortmundoise, Leverkusen voit sans doute d’un bon œil la venue imminente à la BayArena d’une défense passoire qui vient de ramasser trois buts contre le terrifiant Osasuna. Idéal pour se remettre en confiance dans un duel entre équipes larguées dans leur championnat respectif.
Samedi faste
Après cette victoire sans panache mais sans grands soucis non plus et après la halte d’usage au Biergarten de la piscine pour les Feigling et Jägermeister d’après-match, c’est le cœur léger et l’esprit libéré que nous nous sommes rendus dans un Strobels en ébullition pour voir l’éternel rival Schalke se faire démonter par Mönchengladbach, grâce notamment à l’ancien et futur dortmundois Marco Reus. C’était définitivement un samedi faste pour le BVB puisque, plus tard dans la soirée, le tirage au sort de la Coupe d’Allemagne lui a réservé un déplacement sur la pelouse du dernier rescapé de Zweite Liga en demi-finale, Greuther Fürth. Loin de nous l’idée de manquer de respect à Kleeblatt qui réalise une saison magnifique. Surtout que son entraîneur Mike Büskens, qui accomplit un travail fantastique en Franconie, est un ancien joueur emblématique de Schalke et aura à cœur de réussir un truc contre le BVB, tout comme le revenant Gerald Aasamoah, lequel n’a toujours pas digéré le titre perdu en 2007 avec les Knappen au Westfalenstadion. Néanmoins, cela reste un tirage a priori plus favorable que Mönchengladbach ou Bayern qui s’affronteront dans l’autre demi-finale. Du coup, lorsque je suis allé me coucher (paraît-il sur un coin du bar de l’hôtel au petit matin après une tentative avortée d’ultime bière), c’est avec des rêves de doublé plein la tête, même si le chemin est encore long et parsemé d’embûches. Ce serait tout simplement une première dans l’histoire du club.
Borussia Dortmund – Bayer Leverkusen 1-0 (1-0).
Signal Iduna Park, 80’400 spectateurs.
Arbitre : M. Perl.
Buts : 45e Kagawa (1-0).
Dortmund: Weidenfeller; Piszczek, Subotic, Hummels, Schmelzer; S. Bender, Kehl; Blaszczykowski (87e Perisic), Kagawa (89e Leitner), Grosskreutz; Lewandowski (77e Barrios). Entraîneur: Jürgen Klopp.
Leverkusen: Leno; Corluka (75e Bellarabi), Schwaab, M. Friedrich, Oczipka; Rolfes (61e Renato Augusto), Reinartz, Castro, L. Bender; Kiessling, Schürrle. Entraîneur: Robin Dutt.
Carton: aucun.
Notes: Dortmund sans Koch ni Götze (blessés), le Bayer privé de Kadlec (suspendu), Sam, Derdiyok, Barnetta ni Adler (blessés).
Classement (21 matchs): 1. BVB 46 2. Bayern 44 3. Mönchengladbach 43 4. Schalke 42 5. Brême 33 6. Leverkusen 31 7. Hanovre 31 8. Wolfsburg 27 9. Stuttgart 26 10. Hambourg 26 11. Hoffenheim 25 12. Köln 24 13. Mainz 23 14. Nürnberg 22 15. Hertha 20 16. Kaiserslautern 18 17. Augsburg 18 18. Freiburg 17.
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