Comme à l’automne 2014, nous enchaînons le déplacement à Francfort avec la réception d’Hoffenheim. La petite différence, c’est que, samedi, nous attendons le jouet de Dietmar Hopp à la première place du classement et non à la dernière, comme ce fut le cas cette année-là. Ce fut une expérience qui avait eu le mérite d’être originale mais qu’on espère bien ne plus jamais la revivre.
Comme le savent tous les habitués du Westfalenstadion, un match à Dortmund dure bien davantage que 90 minutes. Si tu te contentes d’une halte au Fanshop avant d’aller sagement prendre place dans les gradins, tu ne te seras qu’imparfaitement imprégné de l’ambiance si particulière du plus beau stade du monde. Si tu veux vivre pleinement la magie du Westfalenstadion, cela implique forcément un passage par la case Biergarten entre joie de retrouver les potes autour d’une bière, plaisir de partager une passion commune et théories fumeuses sur le match à venir. Et dans les six semaines précédant Noël, cette indispensable préparation d’avant-match commence même déjà en ville devant un Glühwein dans l’un des innombrables stands du Weihnachtsmarkt.
Tendus ? Même pas !
Mais, en ce vendredi grisâtre et froid de décembre, l’ambiance est un peu différente que celle de joyeuse kermesse populaire qui prévaut habituellement. Il y a dans l’air une tension, une électricité sous-jacentes : notre BVB est dernier du classement, et, contrairement au match contre Gladbach, sans match en moins que la concurrence, après une journée pleine de championnat. Derniers ! Pour la plupart d’entre nous, l’expérience est inédite, du moins aussi tard dans la saison. Le caractère insolite de cette journée se précise en arrivant au Treffpunkt habituel de mes Borussenstern, avec la présence d’une équipe de la télévision Sport 1, venue prendre la température de fans historiques. Eh oui, en ce moment les vautours tournent autour de notre club favori et les médias s’en donnent à cœur joie pour nous enfoncer, à l’image de ces rumeurs grotesques de transfert qui laissent indifférents les fans mais dont se repaissent nos détracteurs et ennemis. En tous les cas, si les mecs de Sport 1 s’attendaient à trouver abattement profond et critiques acerbes, ils se sont trompés d’adresse avec mes Borussenstern : on réitère notre soutien inconditionnel à notre club, je laisse mes potes maîtrisant mieux la langue de Goethe l’exposer devant la caméra et me contente d’une apparition en chantant avec ma bière et mon vieux maillot floqué Degen ressorti pour conjurer le mauvais sort.
Un record
Dans le stade, c’est le même topo ; l’infime minorité d’excités qui avaient manifesté leur courroux à Francfort (dont le nombre avait largement été exagéré par les vautours et détracteurs précités) sont calmés, le peuple jaune et noir fait à nouveau bloc derrière ses Pöhler. On a des frissons pendant le YNWA qui n’a jamais été aussi indiqué : plus de 80’000 spectateurs pour une équipe dernière du classement, cela doit constituer un record du monde. Sans doute que l’on a perdu quelques-uns des opportunistes devenus subitement « fan depuis toujours » du BVB dans la folie des années 2011-2013, personne ne les regrettera, mais le noyau intangible, qui ne va pas se trouver comme par hasard des excuses débiles pour bouder le Westfalenstadion en période creuse, reste solide. Et, lors de notre prochaine grande victoire, toux ceux qui étaient là lors de ce match contre Hoffenheim pour apporter un soutien inconditionnel à notre équipe en détresse verront défiler devant leurs yeux cette soirée. Echte Liebe !
La délivrance
Pour ce match capital, Jürgen Klopp a décidé de revenir à sa défense historique des grandes années, sauf que Langerak remplace Weidenfeller dans les buts. Comme l’a justement expliqué Mitch, il ne s’agit pas (encore ?) d’une passation de pouvoir et Weidi reste le numéro 1 ; à mon sens, l’objectif de l’opération est double : 1. Kloppo ne veut pas donner l’impression d’une hiérarchie figée et d’un entraîneur qui, dans la difficulté, n’a d’autres ressources que d’aller puiser dans les vieilles recettes du passé 2. La succession de Weidi est ouverte pour juin 2016 et plusieurs de ses successeurs potentiels (Horn, Trapp, Bürki ou Karius) ont des situations contractuelles impliquant des négociations dans les mois à venir, il s’agit donc de tester Mitch pour savoir si l’on doit chercher un gardien n°1, n°1 bis ou n°2. L’expérience a bien fonctionné puisque le quintet Langerak-Piszczek-Subotic-Hummels-Schmelzer parvient à garder son but inviolé contre des Kraichgauer qui possèdent l’une des offensives les plus puissantes de Bundesliga. Parfois avec un peu de réussite (sauvetage d’Hummels en deuxième mi-temps) mais globalement avec bien plus de sécurité que lors de nos dernières sorties. Car que ce serait-il passé si Hoppenheim avait ouvert le score ? On ne le saura jamais et on n’a pas envie de le savoir. Dès lors, rendons grâce à Ilkay Gündogan d’avoir délivré le Westfalenstadion – sur un centre d’Aubameyang et de la tête (!) – après moins de vingt minutes de jeu. Dans notre situation, il était essentiel de faire la course en tête.
Berlin, Berlin, wir fahren nach Berlin !
Bien sûr, la suite du match n’a pas été de tout repos. Nos problèmes de réalisme ne se sont pas subitement envolés et, faute d’avoir inscrit le but de la sécurité, notre BVB est resté sous la menace jusque bout. Surtout que, comme le veut la tradition des matchs contre Hoffenheim au Westfalenstadion, l’arbitrage a fait polémique. On se souvient du pénalty que Wolfgang Stark avait fait retirer pour rien à Nuri Sahin, du coup franc inexistant de l’égalisation de Toni da Silva à la 93e ou encore des deux pénaltys et de l’expulsion de Weidenfeller qui avaient sauvé Hoppenheim de la relégation… Cette année, on a eu droit à un but d’Aubameyang refusé pour un hors-jeu inexistant et à un pénalty oublié pour une faute assez flagrante de Subotic. Enfin, l’un dans l’autre, cela compense car on aurait vraiment trouvé saumâtre de concéder l’égalisation dans ces conditions-là.
J’avais cru que la victoire contre Mönchengladbach nous avait remis sur le droit chemin mais derrière nous avions replongé à Paderborn, Arsenal et Francfort, je n’ose donc plus parler de déclic. Néanmoins, il nous faut maintenant enchaîner les victoires pour définitivement éloigner le spectre de cette dernière place. En supporter consciencieux, au lendemain de notre victoire contre Hoffenheim, j’ai été visionné notre prochain adversaire, Hertha Berlin, à Mönchengladbach (et merci à Lucien Favre pour l’accueil et le repas, soirée sympathique !). Cette Alte Dame m’a paru largement à notre portée. A confirmer samedi dans cet Olympiastadion qui nous est si cher et qui constitue un pèlerinage obligé pour tout fan dortmundois qui se respecte. Et ce depuis la mythique victoire en finale de Pokal contre Brême en 1989 qui marquait notre renaissance après plus de deux décennies de disette avec même un passage en Zweite Liga. La période sombre que nous venons de traverser n’est bien entendu pas comparable mais on espère bien que ce retour à l’Olympiastadion va constituer une autre forme de renaissance pour ne plus jamais débuter un match au Westfalenstadion à la dernière place du classement. Nie mehr !
Borussia Dortmund – TSG Hoffenheim 1899 1-0 (1-0).
Signal Iduna Park, 80’000 spectateurs (guichets fermés).
Arbitre : M. Zwayer.
But: 17e Gündogan (1-0).
BVB: Langerak; Piszczek, Subotic, Hummels, Schmelzer; Kehl; Aubameyang (92e Immobile), S. Bender, Gündogan (91e Ginter), Mkhitaryan; Ramos (83e Großkreutz). Entraîneur: Jürgen Klopp.
Hoffenheim: Baumann; Beck, Süle, Bicakcic, Kim; Volland, Schwegler (78e Salihovic), Polanski, Rudy (78e Elyounoussi); Firmino; Schipplock (46e Modeste). Entraîneur: Markus Gisdol.
Classement : 1. Bayern 36 2. Wolfsburg 29 3. Augsburg 24 4. Leverkusen 23 5. Schalke 23 6. Mönchengladbach 23 7. Francfort 21 8. Hoffenheim 20 9. Hanovre 19 10. Paderborn 17 11. Mainz 16 12. Köln 15 13. Hambourg 15 14. BVB 14 15. Hertha BSC 14 16. Freiburg 13 17. Brême 13 18. Stuttgart 12.
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