En battant le Werder Brême, le Borussia Dortmund s’est assuré du titre de champion d’automne de la Bundesliga. C’est une belle réussite pour un club en pleine reconstruction avec un nouvel entraîneur mais en aucun cas une fin en soi. C’est bien davantage une simple étape vers des lendemains qui chantent encore plus. Ou pas.
Décembre, c’est la période du Weihnachtsmarkt à Dortmund. Comme à peu près partout d’ailleurs mais Dortmund est très bien de son « plus grand sapin du monde ». Une période habituellement festive et conviviale : les rues s’illuminent, le Glühwein coule à flot, les habitants se retrouvent dans les bars et stands… Mais à Dortmund, plus que partout ailleurs, l’humeur générale est fortement corrélée aux résultats et à l’ambiance du club local. Et nous n’avions pas été gâté lors des derniers Weihnachtsmarkt : en 2013, une cascade de blessure avait anéanti les rêves de titre suscités par un début de saison tonitruant, 2014 avait vu le BVB se traîner en fin de classement dans une ambiance de fin de règne de Klopp, en 2015 on découvrait les premières limites du système Tuchel après des débuts prometteurs, en 2016, on commençait à comprendre les fractures qu’avaient provoqués notre entraîneur au sein de notre équipe et 2017 avait marqué la longue descente aux enfers de Peter Bosz. A chaque fois, on retrouvait les mêmes ambiances désabusées sous le gigantesque sapin de la Hansaplatz, les mines abattues, les conversations lugubres, la fête et les Glühwein au goût amer après une énième défaite, l’impression d’une ville qui souffrait avec son club. Alors on ne va pas bouder notre plaisir de retrouver un BVB en tête et qui nous remplit de bonheur semaine après semaine. Et, ce samedi après-midi, l’ambiance dans les différents bars du Weihnachtsmarkt, puis dans les Biergarten du Westfalenstadion, était plutôt enjouée : la victoire dans le Derby, la première place dans le groupe de Ligue des Champions et la perspective d’un titre (honorifique) de champion d’automne contre le Werder, Dortmund étaient plutôt en mode balade des gens heureux !
La mésentente géniale
La soirée débute par une séquence émotion avec les adieux de Nuri Sahin. Peu à peu, les héros qui nous ont tant fait vibrés avec Jürgen Klopp nous quittent et Shinji Kagawa pourrait bien être le prochain sur la liste. Ces joueurs garderont à jamais une place à part dans notre cœur pour toutes les émotions que nous avons partagées ensemble. Il appartient maintenant à la nouvelle génération d’écrire sa propre histoire et de nous porter aux mêmes succès. Et cela commençait par une victoire contre le Werder Brême, un Werder en pleine renaissance et qui paraît en mesure de retrouver l’Europe après une (trop) longue éclipse. Un adversaire dangereux donc. Pourtant, le début de match est plutôt à notre avantage : Klaassen doit sauver sur sa ligne devant Alcacer. Mais ce n’était que partie remise pour notre Espagnol : à la 19e, Reus et Guerreiro feignent la mésentente sur un coup franc sur le flanc droite mais, pour avoir déjà vu pareils schémas il y a plus de 20 ans avec le FC Echallens de Lucien Favre, on a plutôt l’impression que c’est travaillé à l’entraînement. Le centre du Portugais trouve la tête de Paco Alcacer pour l’ouverture du score. Oui. Non, but annulé. VAR, oui, but accordé. Quel cirque… Même si elle nous a été plutôt utile sur le coup, je reste plus que jamais opposé à ce gadget qui tue vraiment les émotions du stade.
Le chef d’œuvre de Kruse
Heureusement, pour le 2-0, il n’y a pas eu besoin d’assistance vidéo : le centre en retrait de Jadon Sancho est parfait, la reprise de Marco Reus millimétrée, le BVB double la mise. Et on a l’espoir que, après une série de victoires dans la douleur, nous allons enfin pouvoir nous offrir une soirée un peu tranquille.
Mais c’était compter sans l’imprévisible Max Kruse qui réduit le score d’une volée somptueuse. 2-1 et tout redevient possible, surtout que ni Reus ni Guerreiro ne concrétisent leurs occasions de nous redonner deux longueurs d’avance avant la pause. La période des victoires fleuves, Nürnberg, Stuttgart, Atletico est bien révolue : la Bundesliga en décembre, c’est souvent un combat et chaque point doit se mériter. Et le Werder nous le prouve en revenant très fort après la pause mais Bürki puis Piszczek évitent l’égalisation devant Kruse puis Möhwald. Ensuite et comme souvent ces derniers temps, le Borussia a inutilement souffert, faute de s’être mis à l’abri : Reus, Sancho, Alcacer ont l’occasion de faire le break mais le gardien Pavlenka ou le petit filet extérieur nous privent du 3-1. Et Thomas « Derbyheld » Delaney ne trouve que le poteau sur sa frappe. Brême est donc resté menaçant jusqu’au bout mais nos Jungs ont tenu bon pour s’offrir, nous offrir, cette victoire et le titre de champion d’automne. Un « titre » dignement et longuement fêté par la Südtribüne.
Tout reste à faire
Bien sûr, on connaît tous la statistique : à chaque fois que le BVB a été sacré Herbstmeister, il a remporté le Meisterschale en fin de saison (1994-1995, 1995-1996 et 2010-2011). Mais on a aussi gagné le titre sans être champion d’automne (2001-2002, Leverkusen et 2011-2012 Bayern). Donc nous n’avons encore rien gagné avec ce titre honorifique et tout reste à faire. Et la défaite à Düsseldorf nous l’a rappelé : ce premier revers en championnat, il devait bien arriver une fois, nous en avions déjà été tout proches à plusieurs reprises. C’est vrai que l’on n’avait pas forcément prévu que cela arriverait sur la pelouse d’un modeste néo-promu. Mais les Flingeraner ont parfaitement joué le coup et nos Jungs étaient très clairement un ton en-dessous. Nos adversaires commencent à comprendre comment nous contrer : ceux qui ont tenté de venir nous chercher avec un pressing haut, comme Leipzig, Augsburg, Leverkusen, Bayern, Bruges au match aller, nous ont bousculé mais n’ont pas tenu la distance à force de courir après le ballon et se sont effondrés sur la fin.
Bruges au match retour ou Freiburg ont montré que le schéma qui peut le plus nous ennuyer, c’est de nous laisser le ballon et de défendre très bas, sans chercher à aller agresser le porteur du ballon jusqu’à 35 mètres de son propre but. Le Fortuna a su parfaitement le mettre en pratique et cette défaite peut être salvatrice si Lucien Favre arrive à trouver la solution face à ce schéma de jeu auquel nous risquons d’être souvent confrontés ce printemps. Une chose est sûre : si on entre dans les matchs avec aussi peu d’agressivité, de volonté au duel et d’ardeur au pressing que mardi, on connaîtra encore d’autres défaites comme celle-là. On ne sait pas si c’est la fatigue, physique et mentale, après un long premier tour, un adversaire pris un peu de haut ou la décompression après une semaine faste avec le Derbysieg, la première place en Ligue des Champions et le titre de champion d’automne. Toujours est-il que nous sommes tombés droit dans le piège que nous avait tendu le Fortuna.
Finir en beauté
Mais il ne faut jamais oublier que notre équipe est jeune et en pleine reconstruction. Ce qu’elle réalise jusque-là est magnifique et, quoiqu’il arrive vendredi contre Mönchengladbach, ce premier tour est une réussite totale. Mais bien sûr, ce serait mieux avec une victoire contre les Fohlen, histoire d’assortir ce titre de champion d’automne d’une avance confortable au classement. Laissons les médias ou les Modefans rager et céder à la critique bête et stupide après la défaite à Düsseldorf. Les Fans, eux, ne vont pas bouder leur plaisir : quand on se souvient où on en était en mai dernier, avoir l’occasion de jouer au Westfalenstadion un Borussenderby au sommet entre les deux premiers du classement de la Bundesliga, c’est un cadeau inestimable sous le sapin.
On connaît l’ambiance bouillante qui règne toujours entre les deux Borussia mais là, entre l’ambiance festive de Noël et la situation au classement, cela va être grandiose. La fête au Weihnachtsmartk n’avait déjà pas été triste après le titre de champion d’automne contre Brême, alors si nous parvenons en plus à prendre nos distances au classement avec le faux Borussia, cela risque d’être l’émeute. Et en plus, nous avons tout le week-end pour fêter ! Alors, s’il vous plaît, les Jungs, vous nous faites rêver depuis cinq mois, on vous demande un dernier petit effort avant de goûter à quelques jours de repos bien mérités : une victoire contre Mönchengladbach. Histoire que le Glühwein sous le sapin de la Hansaplatz aie le goût de l’un des meilleurs premier tour de l’Histoire du club.
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