BVB – Gladbach : il fut un temps où ce n’était pas un choc au sommet mais un choc des extrêmes : Lucien Favre n’avait pas encore refait du Elf vom Niederrhein un club de pointe et Marco Reus marquait encore au Westfalenstadion pour le falsche Borussia… Mais le BVB était déjà en route pour un titre de champion d’automne. Le Borussia Dortmund avait été accroché l’espace d’une mi-temps par la lanterne rouge Mönchengladbach, avant de dérouler après la pause. C’est donc avec trois nouveaux points dans l’escarcelle et un titre de champion d’automne qui se précise que les supporters avaient pu aller savourer le Glühwein (mit Schuss) sous le mythique sapin de Noël de la Hansplatz.
C’est toujours avec une impatience non dissimulée que l’on attend les matchs du Borussia Dortmund durant le marché de Noël local. Non pas que l’on soit particulièrement attiré par les babioles que l’on trouve dans ce genre d’événements mais parce que c’est la grande fête dans les rues, toute la ville semble de sortie et se presse dans les innombrables stands de Glühwein qui entourent l’autoproclamé plus grand sapin de Noël du monde qui trône au milieu de la Hansaplatz. Ajoutant encore un peu plus à l’ambiance déjà très festive qui prévaut lors de chaque match à Dortmund. Et ce ne sont pas les rumeurs du triomphe de Schalke 04 à Kaiserslautern qui se propageaient dans des Biergarten combles, malgré le froid, qui allaient engendrer une quelconque morosité, bien au contraire.
Le choc des extrêmes
Après, encore fallait-il que le match du BVB ne vienne pas tout gâcher. Le risque paraissait ténu puisque le Borussia Dortmund, fringant leader de la Bundesliga avec la meilleure attaque et la meilleure défense, recevait, à l’occasion du 77e Borussen-Derby, son homonyme de Mönchengladbach, lanterne rouge et pire défense de la ligue, qui plus est privé de ses deux meilleurs arrières centraux, Dante et Brouwers, et contraint d’aligner un joueur, Jan-Ingver Callsen-Bracker, qui n’avait pas encore joué une seule minute cette saison. Dans ce contexte, les Fohlen n’ont bien évidemment pas débarqué au Westfalenstadion la fleur au fusil mais dans un dispositif extrêmement prudent, pour ne pas dire frileux. La domination dortmundoise est écrasante (72% de possession du ballon en 1ère mi-temps) mais la défense des Fohlen est bien disciplinée et parvient à contenir les assauts du leader. Grâce notamment à un excellent Christoph Heimeroth dans les buts, auteur de deux superbes parades sur un tir de Lucas Barrios et une tête de Shinji Kagawa.
Dortmunder Jungs
Comme souvent dans ce genre de match, c’est l’équipe dominée qui va ouvrir la marque sur sa première occasion : à la base, Idrissou a raté son contrôle mais le ballon parvient tout de même à Marco Reus qui slalome dans la défense avant d’adresser une frappe magnifique dans le petit filet. C’est d’autant plus rageant que Marc Reus est né à Dortmund et qu’il y a effectué ses classes juniors jusqu’à l’âge de 16 ans, avant de s’exiler à Ahlen puis à Gladbach… Dommage, celui qui s’affirme, à 21 ans, comme l’un des plus grands espoirs du foot allemand n’aurait pas fait tache dans le juvénile effectif du BVB.
Le tournant du match
A 0-1, une pointe d’anxiété commence à sourdre dans le temple jaune, surtout que Dortmund était en train de sécher, alors même qu’il attaquait face à la Südtribüne, là où il fait d’habitude la différence. Mais ce BVB 2010-2011 peut toujours compter sur une réussite insolente et un mental de vainqueur. Alors que l’on jouait les arrêts de jeu de la 1ère mi-temps, Mario Götze a déposé un corner sur la tête de Neven Subotic pour une égalisation qui a fait très mal à un Mönchengladbach qui se voyait déjà atteindre la pause avec un but d’avance. Sans conteste le tournant du match car, après le thé, le rouleau compresseur dortmundois s’est mis en marche et les Fohlen se sont fait aplatir comme onze des treize premiers adversaires du BVB en Bundesliga cette saison.
Et une démonstration de plus…
Le succès du BVB s’appuie sur un intense pressing offensif, usant pour l’adversaire, avec une volonté constante d’aller de l’avant dès la récupération du ballon. Ici, pas question de faire 62 passes latérales alibis avant de se demander si éventuellement, à la limite, on pourrait voir pour tenter une passe verticale, les joueurs jaunes et noirs s’engagent dans la profondeur à la moindre occasion. C’est très spectaculaire et très efficace dès que les espaces s’ouvrent dans la défense adverse. Gladbach en a fait l’expérience samedi lors d’une deuxième mi-temps à sens unique, encaissant trois buts, tous plus beaux les uns que les autres.
C’est tout d’abord Shinji Kagawa qui a profité d’une ouverture lumineuse de Mario Götze pour s’en aller battre très proprement Heimeroth. Le numéro trois découle lui d’une déviation de la tête de Mario Götze, d’une talonnade géniale de Lucas Barrios pour Kevin Groβkreutz qui est parti seul inscrire le but de la sécurité. Pour la première fois de la saison écarté du onze de base, le n° 19 du BVB avait sans doute envie de prouver à son entraîneur qu’il méritait une place de titulaire, alors qu’il vient de prolonger son contrat jusqu’en 2014. L’inévitable Lucas Barrios a scellé le score final après une ouverture millimétrée d’Antonio da Silva, dans l’ambiance de kermesse que tu imagines.
La totale
4-1, le résultat est logique, le pire c’est que Mönchengladbach est plutôt à créditer d’un bon match mais il est tombé sur une équipe qui évolue sur une autre planète en ce moment. Dans ces conditions, un match à Dortmund, c’est juste du pur bonheur avec une qualité de jeu remarquable qui coïncide avec le cadre et l’ambiance toujours grandioses du Westfalenstadion, la totale quoi. Comme les bonnes nouvelles vont de pair, celui qui est l’un des principaux artisans de ce renouveau dortmundois, l’entraîneur Jürgen Klopp, a lui aussi prolongé son contrat jusqu’en 2014, malgré les quelques appels du pied du Bayern Munich. L’avenir s’annonce donc plutôt radieux dans cette partie-là de la Ruhr. A priori, il y a encore quelques fêtes qui s’annoncent par là-bas dans les semaines et mois à venir, ce qui n’est évidemment pas pour nous déplaire.
Borussia Dortmund – Borussia Mönchengladbach 4-1 (1-1).
Signal Iduna Park, 79’200 spectateurs.
Arbitre : M. Gräfe.
Buts : 33e Reus (0-1), 45e + 1 Subotic (1-1), 52e Kagawa (2-1), 76e Groβkreutz (3-1), 88e Barrios (4-1).
Dortmund: Weidenfeller; Piszczek, Subotic, Hummels, Schmelzer; Bender, Sahin; Blaszczykowski (62e Groβkreutz), Kagawa (78e Lewandowski), Götze (83e da Silva); Barrios. Entraîneur: Jürgen Klopp.
Mönchengladbach: Heimeroth; Levels, Anderson, Callsen-Bracker, Daems; Herrmann (65e Matmour), Marx, Bradley, Reus; de Camargo (65e Bobadilla); Idrissou. Entraîneur: Michael Frontzeck.
Cartons jaunes: 71e Subotic, 76e Hummels.
Notes: Dortmund sans Kehl, Kringe, Owomoyela ni Zidan (blessés) Mönchengladbach privé de Bailly, Brouwers, Dante, Jaurès, Jantschke, Dorda et Janeczek (blessés).
Classement (14 matchs) : 1. BVB 37 2. Mainz 30 3. Leverkusen 26 4. Hanovre 25 5. Bayern 23. 6. Hoffenheim 22 7. Hambourg 21 8. Freiburg 21 9. Francfort 10 10. Nürnberg 18 11. Brême 18 12. Kaiserslautern 17 13. Wolfsburg 16 14. St. Pauli 14 15. Schalke 13 16. Köln 12 17. Stuttgart 10 18. Mönchengladbach 10.
0 commentaire