Nos déplacements à Mainz se sont souvent déroulés selon le même scénario, surtout quand Thomas Tuchel et Jürgen Klopp se trouvaient sur les deux bancs. Un match accroché, intense, physique mais à la fin c’est le BVB et Klopp qui gagnaient. Comme en cet après-midi d’automne 2013 où Borussia Dortmund s’est fait passablement chahuter mais s’en est sorti sans dommage. A l’Italienne : en faisant preuve de davantage de réalisme que son adversaire et en marquant sur un coup franc et deux pénaltys. Cela nous a évité de devoir sortir les TaschenTuchel
Je commence par le bon mot du jour. Il n’émane pas de moi mais d’un fan taquin du FSV Mainz quand il m’a vu entrer avec un maillot dortmundois DFB-Pokal Finale 2012 floqué Piszczek dans un bus quasi exclusivement rempli de fans mayencennois en rouge : « Dortmund und Klopp sind in die Krise, ihr verliert erneut und ihr könnt die TaschenTuchel vorbereiten ». Tout le bus s’esclaffe, moi aussi. C’était drôle, surtout que j’avais suffisamment confiance en mon équipe pour penser que rira bien qui rira le dernier.
Les drôles d’expérimentation de Jürgen Klopp
C’est pour cela que n’ai pas trouvé très drôle le début de match. Tactiquement, Thomas Tuchel a nettement pris la mesure de son prédécesseur Jürgen Klopp dans la première demi-heure. Pourtant, il n’y avait pas besoin de taupe chère à Josep Guardiola dans le vestiaire mayencennois pour savoir comment le FSV allait débuter la partie : depuis le retour du Karnevalsverein dans l’élite en 2009, les matchs du BVB là-bas, que ce soit dans l’ancien Bruchweg ou dans la nouvelle Coface Arena, se déroulent tous selon le même scénario : Mainz attaque la rencontre à deux cent à l’heure avec un pressing haut dans le terrain et très agressif et met une grosse pression sur le Borussia. Mais à la fin, celui-ci finit toujours par laisser passer l’orage et par s’imposer.
Mais cela, je ne l’aurai pas forcément juré après trente minutes de jeu, tant le BVB s’est fait chahuter par la pression mayencennoise. On se doutait bien que Thomas Tuchel voudrait profiter de la fraîcheur de ses troupes pour imposer son Vollgas-Fußball contre un adversaire usé par une semaine européenne, on pensait que Jürgen Klopp ferait tourner son effectif pour contrecarrer ces plans. Et effectivement, l’entraîneur du BVB a fait tourner mais davantage le système que les hommes. Pour la deuxième fois seulement depuis qu’il s’est converti au 4-2-3-1 en octobre 2009, Kloppo essaie un autre système. La première fois, c’était un 3-5-2 en octobre 2012 dans le Derby contre Schalke et l’expérience avait tourné au fiasco. Le 4-1-4-1 tenté samedi à Mayence n’est guère plus convaincant. Je ne comprends pas trop ce que JK a voulu essayer de faire : on savait que l’adversaire allait venir fort, il me semble qu’il aurait fallu tenir le milieu de terrain avec des hommes frais plutôt que l’affaiblir en ne débutant qu’avec un milieu défensif, Bender, diminué physiquement. Kloppo n’est vraiment pas le prince du turn-over et le BVB s’en sort bien de ne pas avoir encaissé de but dans une première demi-heure à sens unique, avec notamment deux interventions délicates de Weidenfeller sur des frappes lointaines de Pospech et Geis. Et quand Dortmund trouve enfin le moyen de se procurer une occasion, elle est lamentablement gâchée par Lewandowski (évidemment….)
Le chef d’œuvre d’Aubameyang
Après une demi-heure pénible, les débats vont s’équilibrer et la pause est atteinte sur le score d’une latte partout, Bell de la tête pour Mainz, Aubameyang de volée pour Dortmund. Paradoxalement, le Borussia sera meilleur après la pause et les sorties sur blessure de Bender, Kuba et Reus, qui conduiront Jürgen Klopp à revenir à son 4-2-3-1 classique. Heureusement. On se fait toutefois encore une grosse frayeur sur une frappe de Choupo-Moting qui flirte avec les montants. C’est finalement une balle arrêtée qui va débloquer la situation, un petit chef d’œuvre de Pierre-Emerick Aubameyang sur coup franc. Avec l’aide du poteau, le Gabonais dépose le ballon au fonds des filets d’une frappe subtile et raffinée avec une insolente facilité. Le problème, c’est que généralement cette saison les coup-francs somptueux réussis par le Borussia Dortmund, comme ceux de Schmelzer à Nürnberg ou Reus à Wolfsburg, sont suivis d’une égalisation adverse. Celui d’Aubame n’échappera pas à la règle puisque, en ce jour de fête des prénoms composés, Mainz égalisera par Eric-Maxim Choupo-Moting via un pénalty justifié pour une faute complètement inutile de Lukasz Piszczez sur Yunus Malli. On sera toutefois assez enclins à pardonner au Polonais, de retour après une opération à la hanche et qui célébrait sa première titularisation depuis la finale de la Ligue des Champions en mai dernier.
Tout sauf Lewa…
Tout était à refaire pour le BVB et, à ce moment-là, on se voyait quand même perdre quelques plumes à la Coface Arena. C’est alors que Pierre-Emerick Aubameyang a pris de vitesse la défense adverse, éliminé le gardien Karius et a tiré dans le but vide, contraignant Elkin Soto à sauver de la main sur la ligne. C’était pénalty et carton rouge complètement indiscutables. Entre le coup de sifflet de M. Aytekin et l’exécution du coup de pied de réparation, j’ai eu l’occasion de répéter au moins septante-quatre fois « tout sauf Lewa… ». Le Polonais a transformé imparablement la sentence. Evidemment, 1-2 et un adversaire réduit à dix, l’horizon jaune et noir, demeuré bien sombre tout au long de l’après-midi, s’éclairait subitement. Il allait même devenir carrément radieux en toute fin de match avec un deuxième pénalty dortmundois pour une faute de Karius sur Durm. Après un bref imbroglio avec Mkhitaryan sur l’identité du tireur résultant d’une consigne floue d’un Jürgen Klopp qu’on a eu connu mieux inspiré qu’en ce samedi après-midi, Robert Lewandowski s’offrait le doublé. C’est tout de même assez étrange de penser que le joueur du BVB que je critique le plus depuis le départ de Nelson Valdez et dont je refuse de ressortir le maillot du placard caracole en tête du classement des buteurs de la Bundesliga. Mais cela ne m’empêchera pas de penser qu’un départ du Polonais à Noël et l’arrivée d’un nouvel attaquant seraient la meilleure chose qui puisse arriver au Borussia Dortmund.
Les mauvaises nouvelles du jour
Une fois n’est pas coutume, je vais féliciter l’arbitre, lequel n’a pas hésité à siffler trois pénaltys en vingt minutes, tous justifiés. Courageux, conséquent et cohérent, Deniz Aytekin est à mon sens le meilleur arbitre de Bundesliga actuellement. Bien sûr, cette assertion n’est en rien influencée par le fait que c’est la deuxième fois cette année, après Leverkusen en février, que M. Aytekin siffle deux pénaltys dans le même match en faveur de mon Borussia. S’il veut revenir au printemps contre Schalke ou le Bayern, on l’accueillera avec plaisir. Après deux défaites, le BVB renoue avec la victoire en Bundesliga, même si la manière n’était pas vraiment là. Au final, avec des Feuerwürste toujours aussi savoureuses, une belle ambiance, un match intense, et un final de folie, ce déplacement en Rhénanie-Palatinat aura comblé nos attentes. Et à la fin, c’est bien mon pote de Mainz qui a dû sortir son mouchoir. Note, j’ai aussi sorti le mien, non pas à cause du résultat mais en constatant que l’envahissante Bitburger avait remplacé la Kirner aux bars de la Coface Arena. Si même des Traditionsvereine comme Mainz s’y mettent, on va bientôt se retrouver avec la bière unique dans tous les stades de Bundesliga et ce serait vraiment dommage. L’autre mauvaise nouvelle du jour, c’est qu’avec trois nouveaux joueurs sortis sur blessure, l’infirmerie dortmundoise se remplit dangereusement, on ne sait pas trop quelle formation va pouvoir aligner le BVB mardi en Coupe à Saarbrücken, avant-dernier de Dritte Liga. Il s’agira de ne pas se rater car, la Bundesliga étant perdue et une victoire en Ligue des Champions paraissant difficilement envisageable, la DFB-Pokal constitue la meilleure chance du Borussia de remporter un troisième trophée cette saison après la Supercup et la victoire à Gelsenkirchen. D’ailleurs, je préférerai cent fois jouer la finale de la Pokal à Berlin et l’immense fête populaire qu’elle représente plutôt que celle, guindée et aseptisée, de la Ligue du Pognon à Lisbonne. Alors les Jungs, pas de mauvaise blague à Saarbrücken !
FSV Mainz 05 – Borussia Dortmund 1-3 (0-0).
Coface Arena, 34’000 spectateurs (guichets fermés).
Arbitre: M. Aytekin.
Buts : 70e Aubameyang (0-1), 74e Choupo-Moting (pénalty, 1-1), 78e Lewandowski (pénalty, 1-2), 94e Lewandowski (pénalty, 1-3).
Mainz: Karius; Pospech, Bell, Noveski, Park; Geis, Soto; Polter (89e Saller), Zimling (64e Malli), N. Müller (46e Choupo-Moting); Okazaki. Entraîneur: Thomas Tuchel.
Dortmund: Weidenfeller ; Piszczek, Papastathopoulos, M. Friedrich, Durm; Bender (32e Sahin); Aubameyang, Blaszczykowski (46e Mkhitaryan), Grosskreutz, Reus (46e Kehl); Lewandowski. Entraîneur: Jürgen Klopp.
Carton jaune: 59e Bell.
Carton rouge : 78e Soto (main sur la ligne).
Notes: Mainz sans H. Müller, Bungert, Koch, Baumgartlinger (blessés) ni Wetklo (suspendu), Dortmund sans Subotic, Hummels, Schmelzer ni Gündogan (blessés),
Classement (14 matchs): 1. Bayern 38 2. Leverkusen 34 3. BVB 31 4. Mönchengladbach 28 5. Schalke 24 6. Wolfsburg 23 7. Hertha 19 8. Mainz 19 9. Hanovre 17 10. Augsburg 17 11. Hambourg 16 12. Stuttgart 16 13. Brême 16. 14. Hoffenheim 14 15. Francfort 11 16. Mainz 11 17. Nürnberg 8 18. Braunschweig 8.
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