En battant Stuttgart 3-0, le BVB s’est quasiment assuré une place en Coupe d’Europe la saison prochaine. Cela n’a l’air de rien mais c’est toujours ça de pris. Et dans le climat de sinistrose et de déprime qui entoure le club actuellement, on ne va pas faire la fine bouche. Un sésame européen, une victoire dans le Derby dimanche et la saison sera sauvée !
Comme les quatre demi-finalistes de la Pokal (Bayern, Schalke, Leverkusen et Francfort) squattent tous une place dans le top-five du championnat, on peut présumer que les sept premières places de la Bundesliga seront qualificatives pour une Coupe d’Europe en fin de saison. En recevant le huitième, Stuttgart, donc premier non européen, le BVB avait l’occasion de faire un pas décisif vers une qualification pour une Coupe d’Europe la saison prochaine, on verra pour laquelle plus tard. Bien sûr, quand nous nous sommes retrouvés avec cinq points d’avance sur le Bayern en tête du classement, nous avions des espérances un peu plus élevées pour cette saison. Mais tout n’a pas tourné dans le bon sens pour nous et il faut parfois savoir se contenter du minimum.
Mieux que Klopp…
Nous avons tous la nostalgie des années Jürgen Klopp mais n’oublions pas que, sur les sept saisons de Kloppo au BVB, il y en a trois où une qualification en Europa League était apparue comme le Graal absolu. En 2008-2009, nous avions manqué cette qualification sur la dernière journée en raison du but litigieux d’Hambourg à Francfort et de notre nul à Mönchengladbach mais nous avions quand même célébré nos joueurs pour nous avoir fait rêver d’Europe jusqu’au bout. La saison suivante, la qualification pour l’Europa League avait été fêtée en grandes pompes, ce d’autant plus que Brême avait anéanti nos rêves de Ligue des Champions en privant Schalke du titre. Enfin, lors de la dernière saison de Klopp, nous avions accueilli comme un titre la qualification en Europa League arrachée contre Brême lors de la 34ème journée lors des adieux de notre entraîneur chéri au Westfalenstadion.
Certes, le contexte était différent, l’équipe dégageait une énergie et une dynamique différentes que l’actuelle mais, on ne le répétera jamais assez : il ne faut jamais oublier qui nous sommes et d’où nous venons. Dans un passé très récent, une qualification européenne du BVB était célébrée comme un exploit et cela n’est jamais acquis d’avance dans un championnat aussi homogène que la Bundesliga. Il y a moins de dix ans, Brême et Hambourg étaient abonnés aux places européennes, ils n’y arrivent plus ; cette saison des ténors comme Schalke, Leverkusen ou Mönchengladbach n’ont pas eu les joies des soirées internationales : malgré nos difficultés, tout n’est pas à jeter dans cette saison 2017-2018, comme voudraient nous le faire croire les éternels frustrés et aigris qui se repaissent de chaque défaite pour venir déverser leur fiel et désigner des coupables. Tristes « supporters ».
L’arrivée du printemps
Tellement tristes d’ailleurs qu’on ne les voit jamais au stade. Dimanche, le printemps avait fait son arrivée sur le Pott, la température est supérieure à 20° et les Biergarten sont littéralement pris d’assaut. L’ambiance est plutôt joyeuse, on est assez loin d’un club en crise, il est difficile de voir le moindre rapport entre la sinistrose que certains ont voulu entretenir après la débâcle à Munich et l’enthousiasme primesautier de l’avant-match de Stuttgart. La composition d’équipe de Nobby est reprise presque comme au plus beau jour et, comme face à Hanovre après l’élimination contre Salzburg, le YNWA est repris avec une ardeur toute particulière. C’est dans ces moments difficiles que notre équipe a besoin de nous et que l’on reconnaît les vrais supporters.
Satané jeu sans ballon
Comme c’est souvent le cas depuis plusieurs mois, notre enthousiasme d’avant-match a été quelques peu douché par la performance de notre équipe. Pendant près de 40 minutes, notre prestation a été assez misérable. La domination est clairement souabe, même si, à part une tête mal cadrée de Gomez devant cette même Südtribüne où il avait vécu un vrai cauchemar en 2010, ce n’est pas très dangereux. Mais nous avons quand même un peu tremblé, notamment sur une longue séquence de pression souabe avec trois corners et un coup-franc où nos Jungs semblaient incapables d’éloigner le ballon de leur but. Lorsque l’écran géant affiche les statistiques après une grosse demi-heure de jeu, elles sont toutes à l’avantage du VfB : tirs, corners, possession…
Ce début de match a mis en lumière l’un de nos problèmes récurrents depuis plusieurs mois et mêmes années : la faiblesse de notre jeu sans ballon. Offensif et défensif. Quand l’adversaire possède la balle, nos joueurs craignent de faire le pressing en bloc et l’adversaire dispose toujours d’une solution pour sortir proprement le cuir. A l’inverse, quand nous sommes en possession du ballon, il n’y a souvent aucun joueur pour offrir une solution au porteur du ballon. Si le Westfalenstadion était plutôt bienveillant envers son équipe, il fait part de son courroux et de son agacement en deux circonstances : une fois lorsque Dahoud s’est retrouvé avec la balle en possession de dernier défenseur sans aucune solution de relance, une autre fois quand Bürki a été contraint de mettre la balle en touche faute de coéquipier démarqué et dans l’incapacité de dégager sous la pression souabe. En résumé : quand on n’a pas la balle, on n’ose pas aller franchement au pressing de peur d’être contré, quand on l’a, on n’ose pas offrir une solution au porteur du ballon, de peur de la perdre. Pas vraiment le signe d’une équipe en confiance. Pourtant, avec le retour des blessés et des joueurs comme Götze, Kagawa, Sancho, Isak, Yarmolenko, Castro ou Weigl sur le banc ou en tribunes, on attendrait que ceux qui sont sur le terrain démontrent davantage d’envie pour prouver à leur entraîneur qu’il a eu raison de leur faire confiance.
Le coup de chance
Alors que nous commencions à redouter une nouvelle désillusion, le BVB parvient à créer enfin un décalage sur l’aile droit grâce à une subtile déviation de Lukasz Piszczek pour Christian Pulisic. Notre Américain dévisse son centre (il l’a reconnu honnêtement) et celui-ci se transforme en lob parfait au deuxième poteau. Une réussite maximale pour notre première « occasion » de but. Mais un coup de chance qui va radicalement changer la face du match. C’est bien la preuve que notre équipe marche beaucoup à la confiance cette saison. Et que si peut-être nous avions connu la même réussite en d’autres moments de la saison, celle-ci aurait pu prendre une toute autre tournure. Sur ce match là en tous les cas, nos Jungs vont savoir faire fructifier ce coup de pouce du destin. Incapables de se créer la moindre occasion pendant les quarante premières minutes, ils ont été deux fois dangereux dans les cinq minutes précédents la pause avec des volées non cadrées de Reus et Philipp.
On déroule, enfin…
L’embellie va se poursuivre après la pause. Même les Pyros allumés par les Desperados, sous les sifflets d’une bonne partie du Westfalenstadion, en l’honneur des Boyz de Cologne, auto-dissous après un vol de drapeau à Hoffenheim, n’ont pas freiné l’élan des Jungs. Pour la première fois depuis l’arrivée de Peter Stöger, notre équipe parvient à dérouler et à trouver des espaces en menant au score. Nos Jungs doublent la mise rapidement au terme d’une action limpide entre Dahoud, Batshuayi, Sahin et à nouveau Batshuayi pour la conclusion. Le troisième ne se fait pas attendre trop longtemps sur un centre de Dahoud, une remise de Pulisic et une reprise en deux temps de Philipp. Toljan aurait même pu s’inviter à la fête sur un centre-tir détourné par le gardien Zieler, Philipp, Dahoud et Sahin sont également passés proches du numéro quatre mais on ne va pas faire la fine bouche avec ce 3-0. Et la réussite était définitivement avec nous en ce beau dimanche après-midi puisque Stuttgart ne sauvera même pas l’honneur, la frappe de Gomez heurtant la transversale. Le score relativement confortable ne doit pas occulter nos 38 premières minutes très médiocres mais Stuttgart était invaincu depuis huit matchs et le remplacement d’Hannes Wolf par Tayfun Korkut, c’est donc un succès qui n’allait pas de soi et qui est très bon à prendre dans le contexte actuel. Surtout qu’il nous procure onze points d’avance sur la première place non-européenne : la quasi certitude de disputer une compétition internationale la saison prochaine, compte tenu des nombreuses confrontations directes encore à venir entre les postulants aux places européennes.
On a également aimé le retour réussi de Nuri Sahin. Notre Dortmunder Jungs avait réussi un très bon début de saison avant de peu à peu disparaître de l’alignement avec l’apparition des difficultés et le changement d’entraîneur. Cela fait plaisir de le revoir, sa titularisation ne règle pas le problème de l’absence d’un vrai 6 dans l’effectif mais actuellement la paire Dahoud-Sahin est sans doute la meilleure que nous puissions proposer en Doppelsechs.
Wir wollen den Derbysieg
Cela faisait depuis la victoire contre Mönchengladbach fin septembre, encore avec Peter Bosz, que nous n’avions plus gagné en Bundesliga avec plus d’un but d’écart. C’était déjà par une magnifique journée ensoleillée et chaude. Une hirondelle ne fait pas le printemps mais on espère donc que notre équipe est enfin sortie d’un hiver long et difficile. Nous allons en avoir très vite la confirmation : dès les dernières minutes du match contre Stuttgart, les chants de la Südtribüne étaient déjà tournés vers le dimanche suivant et le Derby à Herne-West. Nous savons tous à quel point une victoire contre notre rival de toujours peut embellir le bilan d’une saison. Nous avons encore en mémoire la saison 2006-2007 : trois entraîneurs, un Hollandais pour commencer, déjà, van Marwijk, puis Röber et Doll, une équipe qui a lutté jusqu’en mars contre la relégation puis, après une saison déprimante, un final dans l’euphorie grâce à la victoire dans le Derby lors de la 33ème journée. L’enjeu sera moindre dimanche puisqu’il y a onze ans, Schalke était en tête du classement et nous étions le dernier rempart pour les empêcher d’accéder au Meisterschale. Néanmoins, une victoire dimanche dans la Turnhalle d’Herne-West, un retour triomphal le samedi suivant au Westfalenstadion des Derbyhelden pour un match décisif pour une qualification en Ligue des Champions contre Leverkusen, ça peut encore nous permettre de vivre une fin de saison pleine de joie et d’émotions.
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