Nous étions 22’000 Borussen en ce samedi 23 mars 2011 au Borussia-Park dans l’espoir de voir le Borussia Dortmund fêter son septième titre de champion d’Allemagne. Las, la victoire de Leverkusen contre Hoffenheim et notre défaite à Mönchengladbach nous avait contraints de différer la fête d’une semaine. Un mal pour un bien : nous avions ainsi pu célébrer le Meisterschale avec 80’000 fans au Westfalenstadion le samedi suivant contre Nürnberg.
Nous partîmes à deux ; mais par un prompt renfort, nous nous vîmes vingt-deux mille en arrivant au Borussia-Park. C’est en effet une véritable marée jaune qui déferle sur le Niederrhein en ce samedi pascal, avec l’espoir d’assister au septième titre de champion d’Allemagne du Borussia Dortmund. Si l’on excepte les finales de Coupes, il n’y a guère que dans le derby romain que l’on peut voir un stade pareillement coupé en deux camps plus ou moins égaux par le nombre. Ce qui ne manque pas de déboucher sur une ambiance assez dingue.
« On peut les embêter »
Le hasard du calendrier avait plutôt mal fait les choses en l’occurrence : j’aime bien Mönchengladbach et son entraîneur Lucien Favre, j’aimerai beaucoup les voir rester en Bundesliga. D’un autre côté, j’ai quelques vagues affinités avec le Borussia Dortmund, comme les plus perspicaces d’entre vous l’auront peut-être remarqué. Or, les deux Borussia avaient un urgent besoin de points, celui de Mönchengladbach pour conserver une chance de maintien, celui de Dortmund pour réaliser un pas peut-être définitif vers le titre. Joint la veille du match par téléphone, Lucien Favre était conscient de l’énormité de la tâche qui attendait son équipe : «Dortmund, c’est la meilleure équipe d’Allemagne, avec une politique et un recrutement très intelligents depuis plusieurs saisons, ainsi qu’un bon entraîneur, Jürgen Klopp, que je connais bien pour l’avoir côtoyé en cours d’entraîneur à Berlin. Mais je suis persuadé que l’on peut les embêter et que l’on a encore une chance de se sauver». On conclut en lui souhaitant bonne chance, tout en s’excusant d’avance pour aller prendre place dans la moitié jaune du stade.
L’inutile Hoffenheim
En arrivant au Borussia-Park, les écrans géants diffusent la Bundesliga Konferenz sur Sky et l’on assiste à la victoire de Leverkusen sur Hoffenheim. Définitivement, Hoppenheim ne sert à rien ! Avec ce résultat, le BVB ne pouvait plus être sacré champion lors de ce week-end pascal. Du coup, les guignols qui avaient déjà acheté leur t-shirt «Deutscher Meister 2011» à la gare de Dortmund n’ont pas l’air très malins. Même si le titre n’est plus accessible ce jour-là, le BVB avait tout intérêt à revenir du Niederrhein avec la victoire pour pouvoir assurer le sacre la semaine suivante à domicile contre Nuremberg, sans devoir spéculer sur un revers de Vizekusen.
Mais Lucien Favre avait plutôt bien préparé sa combine et, en première mi-temps, à aucun moment les 43 points séparant la lanterne rouge du leader n’ont transparu sur le terrain. Dortmund est certes dangereux sur un tir de Götze détourné par le gardien ter Stegen et un lob de Lewandowski sauvé sur sa ligne par Jantschke. Mais la meilleure occasion est pour les Fohlen, lorsque Marco Reus devance la sortie hasardeuse de Weidenfeller mais tire à côté.
Ter Stegen en héros
Il n’y avait donc pas à crier au scandale lorsque Mönchengladbach a ouvert le score sur un déboulé du Camerounais Mohamadou Idrissou, lequel a profité d’un tacle approximatif de Subotic et d’un angle bien mal fermé par Weidenfeller pour marquer au premier poteau. Dortmund aurait pu égaliser avant la pause mais Lewandowski a échoué seul devant ter Stegen. Après la pause, la physionomie de la partie change radicalement avec une écrasante domination territoriale dortmundoise. Toutefois, en l’absence de son maître à jouer Nuri Sahin, le jeu du BVB n’a pas sa fluidité habituelle et comme en plus le buteur Lucas Barrios, à peine remis d’une blessure, a été ménagé en début de match, l’offensive dortmundoise s’est trop souvent limitée aux seuls exploits personnels de Mario Götze. Ceci dit, Dortmund a quand même eu les occasions d’égaliser avec des têtes d’Hummels et Zidan à côté, un centre tir de Grosskreutz qui rebondit sur Barrios ou un tir de Subotic arrêté par le gardien ter Stegen.
Marc-André ter Stegen, 19 ans la semaine prochaine, c’est la dernière trouvaille de Lucien Favre. Guère satisfait du rendement des expérimentés Bailly et Heimeroth, Lulu a donc décidé de lancer dans le grand bain le portier de son équipe réserve. Avec succès puisque, pour ses trois premiers matchs de Bundesliga, le jeune homme a été impeccable. Et même plus que ça contre le BVB. Avec un soupçon de réussite, lorsqu’une volée somptueuse de Mario Götze s’est écrasée sur la latte (67e) ou lorsqu’il a miraculeusement détourné un centre tir de Marcel Schmelzer sur son poteau (76e). C’était les essais sur les montants n° 21 et 22 de la saison pour le BVB, qui est aussi en tête de ce classement là mais cette place de leader-ci, on s’en passerait volontiers.
La victoire de l’espoir
Ceci dit, ce n’était que justice que cette équipe de Gladbach ait une fois de la chance cette saison, elle qui mérite sans conteste le titre d’équipe la plus poissarde de la ligue entre blessures, erreurs de gardien, décisions arbitrales défavorables et on en passe. On peut douter de la pertinence de l’exercice mais le Sport Bild s’est amusé à calculer le classement de la Bundesliga «sans erreurs d’arbitrage», dans lequel Gladbach compte huit points de plus au compteur. Comme quoi, cela ne s’équilibre pas toujours sur une saison… Reste que sur ce Borussen-Derby, il n’y a rien à redire sur l’arbitrage. S’ils ont beaucoup subi en deuxième mi-temps, les Fohlen ont défendu intelligemment, sans jamais abuser des pertes de temps. Ils remportent donc un succès probant qui leur permet de quitter la dernière place du classement et de croire encore au maintien. Il leur faudra encore au moins deux victoires sur les trois derniers matchs (à Hanovre, contre Freiburg et à Hambourg) pour accrocher une place de barragiste, ça s’annonce compliqué mais pas impossible en rééditant le même genre de match que contre Dortmund (ce sera le cas, Mönchengladbach se sauvera en barrage contre Bochum).
La fête reportée d’une semaine
Le BVB voit lui son avance sur Leverkusen fondre à cinq points à trois matchs de la fin, ça reste confortable, même si une certaine presse s’est empressée de rappeler qu’en 2002, Leverkusen n’était pas parvenu à conserver les cinq longueurs d’avance qu’il avait sur… Dortmund à trois journées du terme. On ne veut pas croire à un pareil retournement de situation cette année mais ce qui est embêtant, c’est que pour être sacré samedi prochain à domicile, ce qui serait le scénario idéal, Dortmund doit non seulement battre Nuremberg, ce qui paraît envisageable, mais en plus compter sur un nul ou une défaite de Leverkusen à Köln, ce qui semble plus douteux (mais c’est finalement ce qui s’est produit, nous y reviendrons dimanche prochain pour célébrer le sixième anniversaire de cette journée magique).
Ces perspectives n’allaient guère entamer le moral des supporters en jaune pour un retour au bercail des plus épiques. Deux malheureux étudiants s’apprêtaient à fermer tranquillement le supermarché de la gare de Rheydt, où avaient été dirigés les supporters dortmundois, lorsqu’ils ont vu débarquer des hordes de supporters assoiffés. Du coup, l’heure de fermeture a été repoussée, les stocks d’alcool pris d’assaut et rapidement épuisés et nos deux étudiants complètement débordés derrière leur caisse. A 0,29 centimes d’euro le shot de vodka et 0,49 le demi-litre de bière, ce n’était pas vraiment une incitation à la modération. Les chants repartiront de plus belle dans un train spécial surchauffé et, à la fin du trajet, la défaite du Borussia-Park était déjà oubliée et tout le monde était persuadé que la grosse fête n’avait été que différée d’une semaine.
Borussia Mönchengladbach – Borussia Dortmund 1-0 (1-0).
Borussia-Park, 54’057 spectateurs (guichets fermés).
Arbitre : M. Stark.
But : 35e Idrissou (1-0).
Mönchengladbach : Ter Stegen; Jantschke, Stranzl, Brouwers, Daems; Herrmann (62e Marx), Neustädter, Nordtveidt, Arango; Reus (85e Schachten), Idrissou (79e Matmour). Entraîneur: Lucien Favre.
Dortmund : Weidenfeller; Piszczek, Subotic, Hummels, Schmelzer; Bender, da Silva; Blaszczykowski (64e Zidan), Götze, Grosskreutz (85e Stiepermann); Lewandowski (64e Barrios). Entraîneur: Jürgen Klopp.
Carton jaune : aucun.
Notes : Mönchengladbach sans Wissing, Jaurès, Dante, de Camargo (blessés) ni Hanke (suspendu), Dortmund sans Kehl, Sahin, Kagawa ni Owomoyela (blessés).
Classement (31 matchs) : 1. BVB 69 2. Leverkusen 64 3. Hanovre 57 4. Bayern 56 5. Mainz 49 6. Nürnberg 47 7. Hambourg 43 8. Freiburg 41 9. Hoffenheim 40 10. Schalke 40 11. Brême 38 12. Kaiserslautern 37 13. Stuttgart 33 14. Köln 35 15. Francfort 34 16. Wolfsburg 32 17. Mönchengladbach 29 18. St. Pauli 29.
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