Tout semblait en place pour un week-end festif et cela n’a pas raté. Enfin presque car il y a eu ce mauvais match du BVB contre Ingolstadt qui a bien failli tout gâcher. Heureusement, la réussite était de notre côté et, malgré 75 minutes de non-jeu de nos Jungs, on a pu fêter un succès flatteur contre l’avant-dernier du classement.
J’avais promis un jour d’emmener toutes mes collaboratrices au Westfalenstadion et j’ai pour habitude de tenir mes promesses. Nous embarquons donc dans l’avion en direction du Ruhrpott en ce vendredi matin avec mes deux associés et mes douze collaboratrices, dont la plupart n’avaient jamais vu un match de football dans un stade. Une soirée dans le plus beau stade du monde avec 81’360 fans, il y a pire comme baptême du feu. Le week-end commence par un bon morceau de viande au Pfefferkorn de l’Alter Markt. Ensuite, c’est le passage obligé par mon appartement de l’Innenstadt-Nord pour le dessert et l’apéro. Avec le prompt renfort de quelques amis allemands et français, nous voici une vingtaine dans ma modeste résidence secondaire dortmundoise, heureusement que le salon est grand. Après avoir dégusté un gâteau à l’effigie de notre entreprise et quelques délicieuses bières locales, nous partons pour le stade et l’inévitable tournée des Biergarten. Jusque-là, tout allait bien dans le meilleur des mondes.
Le match que l’on ne pouvait pas perdre
C’est à dessein que j’avais ciblé ce match contre Ingolstadt pour cette petite virée. Déjà parce qu’il était excessivement facile de s’y procurer des billets en suffisance. Ensuite, parce que les risques de défaite paraissaient proches du néant. Nous n’avons jamais perdu contre Ingolstadt et nos statistiques dans les Freitagsspiel au Tempel der Glückseligkeit sont monstrueuses. On sait bien qu’aucun match n’est jamais facile en Bundesliga, que nous avions eu besoin de quelques largesses arbitrales la saison dernière pour battre les Schanzer au Westfalenstadion et qu’au match aller là-bas nous étions menés 3-0. Mais d’un autre côté, lorsque nos Pöhler s’étaient enfin réveillé, ils avaient marqué trois buts et s’étaient créés une foultitude d’occasions en seulement vingt minutes et Ingolstadt semble désormais promis à une relégation certaine. Dans l’indifférence générale. C’est sans doute cela le plus terrible : Ingolstadt est un Werksclub artificiel, il n’a aucun histoire et doit sa présence en Bundesliga à la générosité d’un sponsor, Audi. Et pourtant, il est loin de susciter les mêmes réactions de rejet que ses homologues d’Hoffenheim et Leipzig. Pourquoi tant d’indifférence ? Sans doute parce qu’Ingolstadt affiche des ambitions beaucoup plus modestes, ne possède pas un patron aussi antipathique et arrogant que Dietmar Hopp ou Dietrich Mateschitz et qu’il n’a pas son Ralf Rangnick. Mais une chose est sûre : autant nous regretterons Darmstadt et le charme désuet du Böllenfalltor, autant lorsque les Schanzer vont réintégrer la Zweite Liga, eux et leur aseptisé Audi-Sportpark ne manqueront à personne.
Un but avant le néant
Le début de match a pourtant semblé prolonger notre magnifique journée. Il faut moins d’un quart d’heure à nos Pöhler pour percer la muraille bavaroise. Kagawa, Schmelzer, Aubameyang, cela fait 1-0, avec trois passes pour traverser la moitié du terrain. Comme à la belle époque de Kloppo sauf que là il y avait Aubame et non Barrios à la conclusion. Thomas Tuchel devrait quand même se poser quelques questions : malgré ses tentatives d’imposer un jeu plus léché et académique, nous ne sommes jamais aussi bons que lorsque nous revenons aux bonnes vieilles recettes d’antan : vitesse, verticalité et jeu à une touche de balle.
Malheureusement, on va s’arrêter là pour le positif. Nos Jungs ont littéralement cessé de jouer avec cette ouverture du score précoce. C’était mou, il n’y avait pas de rythme, pas d’idées, pas d’envie, franchement un vrai match oublier. C’était tellement insipide que le Borussia a même réussi à endormir et à tuer l’ambiance d’un Westfalenstadion pourtant en mode vendredi soir festif, c’est dire.
Le verrou suisse
Le seul point positif, c’est que, malgré ce non-match indigne, nous n’avons pas encaissé de buts. Avec pas mal de réussite. Car, galvanisés par notre léthargie, les Schanzer se sont enhardis et se sont créés au final pas mal d’occasions. Ils auraient même pu bénéficier d’un pénalty – nous aussi d’ailleurs, c’est l’une des très rares fois où nous avons failli pu croire à l’éventualité d’un deuxième but. Fort heureusement, nous avons pu compter sur un Roman Bürki impeccable. Le mur de Münsingen s’est fait l’auteur de plusieurs arrêts décisifs devant Leckie ou Morales et surtout d’une double parade miraculeuse devant Kittel et Cohen. Je n’écris pas cela parce que c’est un compatriote mais notre numéro 38 a vraiment prouvé cette saison qu’il avait l’étoffe d’un numéro 1, je ne comprends vraiment pas ceux qui fantasment sur la rumeur Szczesny. En tous les cas, les prouesses de notre gardien nous ont permis de préserver un succès pas du tout mérité après un très mauvais match contre l’avant-dernier du classement.
Le paradoxe
A l’heure de la pause internationale et avant d’aborder le dernier quart de la saison, le bilan n’est guère reluisant. Au-delà de la réalité comptable et de la déception d’avoir été écarté très tôt de la course au Meisterschale, c’est l’impression générale laissée par notre équipe qui n’est pas satisfaisante. Nous n’avons que peu vibré depuis le début de la saison, ce BVB 2016-2017 ne dégage que trop peu d’émotions, de passion, de rage ; nous n’arrivons pas à nous retrouver dans une ambition collective et à nous identifier avec une équipe à laquelle il manque les vertus essentielles de combat, de cœur et d’abnégation si chères au Borussia.
Mais, paradoxalement, cette saison si peu emballante jusque-là, peut encore se terminer en apothéose. Car nous sommes encore en course sur tous les tableaux : en Bundesliga, si le Meisterschale s’est envolé depuis bien longtemps, nous pouvons encore largement terminer sur le podium et peut-être même 2e. Nous ne sommes pas Vizekusen : le titre de Vizemeister nous importe peu mais terminer devant l’affreux RB serait tout de même assez savoureux. Et puis, il y a encore la perspective d’un trophée en Pokal ou en Königsklasse. Enfin, à condition de jouer un peu mieux que contre Ingolstadt, car, de la sorte, nous n’irons nulle part.
Wir wollen den Derbysieg !
C’est donc au cours de ces deux derniers mois de compétition que tout va se jouer, avec notamment un mois d’avril de folie avec Derby, les Klassiker contre Hambourg, Francfort et Köln, les deux déplacements à l’Arroganz-Arena et le quart de finale contre Monaco ! Que du lourd… Au lendemain de cette victoire contre Ingolstadt, nous sommes allés brûler un cierge au Dom de Köln, pour ne pas avoir trop de blessés durant la pause internationale afin d’aborder au mieux cette période charnière. Une période qu’il s’agira d’entamer de la meilleure des manières : par une victoire dans la Turnhalle d’Herne-West !!! Vous connaissez tous l’importance qu’a le Derby pour les fans du BVB. Une victoire contre S 03+1 pourrait (enfin) lancer une dynamique positive, indispensable avant la série infernale d’avril. En revanche, je n’ose même pas essayer d’imaginer la sinistrose en cas de défaite chez les Blauen… A la fin du match contre Ingolstadt, nous n’avons guère fêté nos Jungs, il n’y avait pas franchement de quoi, mais nous leur avons fait passer le message : Wir wollen den Derbysieg, wir wollen den Derbysieg !!! Sur ces bonnes paroles, et pour en revenir à mon escapade liminaire entre collègues, nous avons poursuivi notre week-end festif dans le NRW du côté de Köln pour une journée shopping (pour les dames), football (pour les hommes) et brasserie (pour tout le monde), un retour à Dortmund pour démonter le Bierhaus Stade et un dimanche à la Bolkerstrasse de Düsseldorf pour clore en beauté un week-end pleinement réussi. Enfin, sauf le match, c’est un peu embêtant car cela restait l’objectif principal du week-end mais c’était le seul élément de l’organisation que je ne maîtrisais pas. Enfin, à moins d’aller jouer à la place de nos Jungs mais, vu mes piètres qualités de footballeur et après toutes ces bières, je pense que j’aurai fait encore pire.
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